Les 38 critiques de Nevermore sur Bd Paradisio...

C’est à travers cet album que j’ai découvert l’existence de “Marlysa”, et, au final, je ne le regrette pas. Appréciant moi aussi le style de Crisse, les dessins me semblent excellents, particulièrement dans le domaine concerné, l’héroïc-fantasy, où l’essentiel est de savoir décrire les créatures mythologiques les plus excentriques qui soient (je serais néanmoins un peu plus réservé sur les personnages humains, Marlysa ne valant tout de même pas Atalante). Bien que ne connaissant pas les épisodes précédents, on entre assez vite dans la compréhension du scénario et son contexte général. L’histoire est parsemée de nombreuses séquences, et les scènes d’action sont aussi vivantes que les couleurs qui les accompagnent. La beauté y côtoye constamment l’horreur, et le récit arrive à tenir en haleine dans un genre souvent simpliste où les conventions aboutissent généralement à des fins attendues. Je ne dirai pas que l’album est d’une haute originalité, et la psychologie des personnages appartient justement à ces impératifs de l’héroïc-fantasy où il se doit d’exister un héros parfait, un dangereux ennemi inconnu, son cruel larbin, la blonde type surtout préoccupée de son sex-appeal (Cilia), l’élément comique (l’homme à tête de saurien), le “Sage” qui détient la “Vérité” (le Grand Ancien)... C’est vrai que l’on peut vite se lasser dans ce genre, et il ne faut pas en abuser. Mais il paraît que la série ne durera que 5 cycles, et c’est vrai que la fin tragique de l’épisode me donne envie de connaître la suite de cette épopée... Donc malgré certaines réserves, “Marlysa” a plutôt constitué une bonne surprise pour moi.
J’arrive un peu comme les carabiniers d’Offenbach pour commenter cet album, apparemment l’un des plus contestés de la série “B&M”, et je peux compter les cadavres dans les deux camps. Je vais quand même me lancer dans la bataille... Les dessins de Juillard ne sont pas déplaisants et celui ci a réalisé une performance honorable. Pour le scénar, Sente a surtout commis le tort d’écrire une histoire d’espionnage (une de trop à mon avis après “L’affaire Francis Blake”). Certes, le scénario ne manque pas d’idées, et l’histoire se laisse lire, mais aucune inspiration réelle ne vient les marquer, et la plupart des séquences manquent d’originalité. C’est le genre d’histoire qui satisfait relativement quant on la lit, mais dont on risque d’oublier les détails six mois plus tard. L’ensemble m’a paru incroyablement long, et je pense qu’il faut en imputer la responsabilité à deux facteurs. D’abord un style plus verbeux que jamais dans les dialogues par rapport aux autres albums (laissons de coté les incontournables et inutiles commentaires accompagnant les actions). Ensuite, et parallèlement, le nombre particulièrement restreint de scènes d’action, l’album se résumant surtout à une série de pauses. J’ai également relevé quelques invraisemblances frappantes : ainsi, le temps incroyablement long que mettent les héros à comprendre que le virus est porté par des enfants, alors que tous savent depuis le départ que les jeunes rats semblent immunisés contre celui ci ; l’ambassade britannique qui choisit décidément très mal ses secrétaires qui relèvent forcément du K.G.B ; quant à Blake, le voilà transformé en Protée, capable tour à tour de se faire passer pour un assistant de Mortimer, et, pire, pour l’ambassadeur anglais en Union Soviétique, pourtant certainement bien connu du K.G.B. ! Un bon point pour la série : le rôle d’Olrik, qui n’est pas réduit à l’état de fantoche comme ce sera le cas pour l’album suivant “L’étrange rendez-vous”. Autre bon point : l’importance accordée aux femmes (il n’y en a pas moins de trois qui participent activement à l’histoire). Je pense que la confrontation de Blake et Mortimer avec un stalinien en Union Soviétique recelait de nombreuses potentialités à coté desquels Sente est passé (la séquence finale et décisive se déroulant par exemple à la Loubianka au lieu de n’en faire qu’un épisode mineur... l’intervention de Kroutchev à point nommé pour arracher les héros des griffes de Voronov... enfin bon, je rêve... c’est permis, non ?!) Pour conclure, oui, l’album manque d’éclat, mais il n’est pas catastrophique... Mais c’est hélas le lot des excellentes séries : moins bon que les précédants... et paf ! le couperet tombe (franchement, est il vraiment crucial d’énumérer le sacro-saint credo jacobsien, et commencer à compter s’il y a autant de poursuites dans un souterrain que dans l’album X, ou s’il n’y a pas le traditionnel “fog” sur Londres comme dans l’album Y ?). Malgré les imperfections de “La machination Voronov”, je préfère un “B&M” moyen à un bon... (mettez la série de préférence que vous détestez le plus !)
Le vendeur qui m’a vu acheter l’album m’a dit : “C’est une sorte d’hommage à “Blake et Mortimer”, et, ma foi, il n’a pas tout à fait tort. D’abord par l’emploi de la ligne claire ; ensuite par les personnages britanniques jusqu’à la caricature, avec un flegmatique héros en kilt et un officier de l’armée de Sa Gracieuse Majesté en tunique rouge et casque colonial ; enfin la prédominance de ce que l’on croit d’abord être du fantastique avant de réaliser que l’explication relève du domaine de la science-fiction. De plus, je trouve le suspense bien entretenu, et la résolution du mystère convaincante. Les auteurs reprennent cette idée à la vogue (depuis le film “Stargate” notamment) de l’apport civilisateur d’extra-terrestres à la civilisation égyptienne. Qu’on prenne ou non cette thèse au sérieux, elle passe bien dans une fiction comme celle ci ou rien ne peut sembler trop extravagant. Le coté “kitsch” de l’histoire (qui se déroule en 1895) est renforcé par des détails sortis tout droit du roman-feuilleton, avec rebondissements théâtraux à l’appui (l’irruption d’une compagnie entière de soldats britanniques dans les grottes du château, juste à point nommé). Enfin, la cerise sur le gâteau : l’humour constant, très “british”, qui perce à travers les échanges des deux héros, et un “méchant” écossais qui m’a fait immédiatement songer à Sean Connery !(simple coïncidence ?). En conclusion, un album qui mériterait d’être lu par tous les aficionados de “Blake et Mortimer” qui s’éreintent à s’entre-déchirer sur la qualité de la série officielle reprise par Van Hamme et Ted Benoît, car à mon avis, “Rendez-vous à Dunmhor” la vaut largement.
Arachnéa (Thorgal) par Nevermore
Aucun commentaire sur “Arachnéa” ? C’est d’autant plus injuste que les deux albums suivants de la série “Thorgal” ont recueilli - surtout “Le royaume sous le sable” - une avalanche de critiques, dont la majorité était pour le moins négative. Alors, au lieu de vouloir systématiquement comparer ces albums à la “grande” époque en laissant couler une larme au coin de l’oeil au sujet du déclin de la série (dans le genre : “Ah là là, les poulets que nous mangeons ne sont plus ce qu’ils étaient, ma bonne dame !”), regardons par exemple “Arachnéa” pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il devrait être... C’est vrai, pour ce dernier, que Rosinski s’est un peu relâché au niveau des dessins, et je n’hésite pas un instant entre la beauté de “Shania” (dans “Au-delà des ombres”) et celle de Maïka (dans “Arachnéa”). Mais enfin, les traits de plume de Rosinski restent d’un niveau tout à fait acceptables, voire d’un bon niveau (d’ailleurs, je trouve la couverture de “Arachnéa” aussi bien réussie que celle de “Au-delà des ombres”). Quant au scénario de Van Hamme, il est plutôt sobre, voire un peu basique, mais efficace, notamment par l’attente qu’il suscite quant à l’identité de la fameuse Arachnéa et le destin qui attend ses fiancés dont l’un d’entre eux ne semble visiblement pas trop envier cet honneur insigne qu’on lui fait. Le final,avec la victoire remportée par l’innocence de Louve, me paraît un peu trop larmoyant (Thorgal, en définitive, n’est pas le véritable héros de l’histoire). Mais on peut également le considérer comme une belle histoire d’amour, parallèlement à l’horreur de certaines situation(personnellement, j’ai franchement songé à une situation comparable dans “La Belle et la Bête”, le conte de Madame Leprince de Beaumont adapté par Jean Cocteau au cinéma). En bref, pour moi qui suis un arachnophobe convaincu, et qui ne m’endormirait pas avec la conviction qu’une araignée domestique circule au même moment quelque part dans ma chambre, cette aventure m’a fait passer d’excellents moments.
Pour commencer, car je me fiche comme d’une guigne de ce débat, je ne suis ni “Van Hammophile”, ni “Van Hammophobe”. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas qui dessine ou fait le scénario, mais le résultat à l’arrivée. Alors voilà pour le résultat à l’arrivée : - En ce qui concerne les dessins, je n’ai aucune raison de trouver que Ted Benoît dessine plus mal que dans “L’affaire Francis Blake” , ou que Jacobs lui même (en clair, il dessine bien, me semble t’il). J’avoue que la prédominance de la couleur orange dans la coloration ne m’avait pas frappé. Moi, je trouve la coloration bonne. En revanche, la couverture m’a choqué : d’abord les couleurs criardes du triple rayon (on croirait un élève de maternelle qui a sorti ses pinceaux), et puis le fait que deux scènes temporelles distinctes s’y superposent : Mortimer poursuivi par les “Jaunes” ne voit pas en même temps les fameux rayons. “Simple détail”, me dira t’on, et c’est sans doute vrai. - En ce qui concerne le scénario, je suis plus mitigé : l’histoire (et particulièrement l’épisode de la Guerre d’Indépendance américaine) me semble excellente... jusqu’à la page 32, tout du moins. C’est à dire que le récit est passionnant tant que le mystère n’est pas élucidé... mais ensuite, quelle déception ! D’accord à la rigueur pour les futuristes venus se venger de nos inventions nucléaires, quoique je pense que l’on pouvait trouver mieux. Ensuite, le “come-back” de l’incontournable - et increvable - Olrik qui, à mon sens, est devenu un “méchant” superficiel et sans envergure, contrairement à certains récits de la période “Jacobs”. Et voilà en prime Basam Damdu et ses vilains “Jaunes” ! Et là, je dis : “les clins d’oeil et les courbettes en hommage au grand maître, ça va un instant, mais il y a un jour aussi où il faut que ça s’arrête !” Tant qu’à faire, on aurait aussi bien pu inviter Sharkey, Nasîr et le sheikh Abdel Razek, on aurait pu mettre la nappe sur la table pour le“goûter annuel des anciens combattants” ! Enfin, la bataille finale entre les “Jaunes” et le FBI est mortelle, mais pas seulement pour les acteurs en question, mais d’ennui pour le lecteur. Alors maintenant, les bons points : l’histoire est dense et passionnante dans sa première partie. Je le répète : les dessins sont bons. Enfin, depuis “L’affaire Francis Blake” et “La machination Voronov”, cela faisait deux albums de suite où la science-fiction était absente, et même si je respecte les opinions des amateurs d’histoires d’espionnage, je me dis que deux de suite, cela en fait un de trop pour une série comme “Blake et Mortimer”. Alors merci aux auteurs pour avoir réintroduit le genre S-F qui était tout de même la marque principale de la période “jacobsienne” ! Un ultime commentaire sur les “Jaunes” (j’ai cru comprendre qu’ici ou là, chez certains lecteurs, l’expression avait très mal passé). Le problème, c’est que “Le secret de l’Espadon” (auquel fait référence l’album sur ce point) a été élaboré dans l’immédiate après-guerre, à l’époque où le souvenir de l’impérialisme nippon était encore frais dans les mémoires, et que le mythe du “Péril Jaune” était encore à la mode. De ce point de vue, la transposition au début du 3° millénaire est malheureuse, d’autant plus que si Van Hamme les appelle “les Jaunes”, c’est probablement parce qu’il ne peut pas les appeler “les Tibétains”, qui, loin d’être impérialistes, sont devenus le peuple martyr que l’on sait de la main de la Chine communiste de Mao. Comme quoi, Jacobs ne n’y entendait pas beaucoup en matière de géopolitique (en revanche, il serait inique de l’accuser d’avoir été raciste). Comme quoi aussi, le désir constant de rendre des hommages posthumes au “Maître” pour satisfaire les goûts conservateurs d’un public qui tourne de l’oeil dès que sa série favorite se trouve un tant soit peu modifiée, trouve ici, plus que jamais, ses limites.
Je me vois obligé d’ajouter un petit (?) bémol aux deux critiques précédantes : “L’affaire Francis Blake” m’a un peu laissé sur ma faim (et aussi un peu lassé sur la fin, et tant pis pour le mauvais jeu de mots). Je tiens à dire que c’est surtout le scénario qui me gêne un peu aux entournures. D’abord, qui peut croire un instant, connaissant la série, que Francis Blake allait réellement passer à l’ennemi et perdre son statut de héros parfait et immaculé qu’on lui connait depuis plus de 50 ans ? Au demeurant, le stratagème ne semble guère réussi, puisqu’il se sent contraint de se dévoiler dès la première épreuve à laquelle le soumet Olrik. Et le thème de l’homme contraint de découvrir le “vrai méchant” pour pouvoir lui même se disculper renvoie immédiatement au film de Hitchcock, “Les 39 marches”. Mais c’est la fin qui m’a le plus déçu : “tac tac tac” et “wiz wiz wiz” : la bagarre finale entre les SAS et les sbires d’Olrik dans un souterrain abritant un sous-marin pour la retraite. On dirait une des pires scènes sorties d’un des films de James Bond ! (lesquels films, eux même, ne sont guère une référence, mais celà est une appréciation qui n’appartiendra qu’à moi). Comme je suis vraiment un ennuyeux (pour ne pas user d’un terme plus vulgaire), je ferais enfin remarquer que la scène où Mortimer découvre dans une caverne des symboles pictes pourrait passer pour totalement gratuite et inutile pour ceux, évidemment, qui ne sont pas tintinophiles, et qui n’auraient pas saisi l’allusion à une scène similaire dans “Tintin en Amérique” - seulement, tout le monde n’est pas obligé d’avoir lu l’album en question. Arrêtons là et terminons sur le positif, parce qu’il y en a. Bien sûr que Ted Benoît imite à merveille le style de dessin de Jacobs ! (entre nous, au risque de heurter certains, il n’est quand même pas si difficile que cela d’imiter ce dernier - que Ted Benoît essaye d’imiter le style de Druillet, et on en reparlera...). Donc, les dessins sont bons, et “Mathieu” a raison : la couverture de l’album est probablement la meilleure de la série. Et puis, enfin une BD qui ne s’avale pas en 15 minutes montre en main ! Mais il ne faut pas non plus encenser l’album juste parce qu’il constitue une tentative de poursuivre une excellente série après la mort de son fondateur. Au final, je mettrai la mention “Pas mal, mais peut mieux faire”.
“La caste des ténèbres” est de très bonne qualité à beaucoup d’égards. D’abord, l’idée d’aborder le thème du loup-garou, plutôt rare dans le monde de la BD, voire inexistant d’après ce que je crois savoir. Ensuite, les dessins de qualité de D’Fali, qui met son talent au service d’une véritable symphonie lugubre où alternent particulièrement les couleurs noires et rouges (les principales scènes se déroulent de nuit), d’autant plus qu’il ne nous épargne aucune scène sanglante et macabre à souhait (mais c’est bien ce que l’on attend d’un récit d’épouvante, et c’est fort bien). Enfin, le scénario imaginé par Gaudin nous présente une variation sur le thème du garou qui, si elle n’est pas entièrement novatrice, nous livre quelques trouvailles : un alchimiste chargé de créer une nouvelle race d’hommes-bêtes maléfique pour le service d’un comte aux projets démoniaques ; l’émancipation d’un garou pire que les autres, et contre lequel se liguent ses camarades ; la manière dont le loup-garou est perçu sous un angle double : celui du criminel volontaire et démoniaque, incarné par Blaville, et celui du monstre malgré lui, qui doit combattre le mal qui le ronge, incarné par le héros principal, Tanaris. Le suspense est bien entretenu, et c’est encore plus vrai pour les deux albums suivants de la série, “Alissia” et surtout “Le cloître des damnées”, qui constituent d’excellentes prolongations du premier épisode que l'on se doit évidemment de lire pour appréhender le contexte général qui donne le ton et les références de base à la série.
Mon opinion sur cet album est à peu près identique au premier de la série. Les dessins sont corrects - pour ne pas dire bons, sans être exceptionnels. L'histoire est particulièrement intéressante dans la mesure où, pour une fois dans une série, on ne sait pas du tout où les auteurs veulent en venir, et qu'est ce qui débouchera sur ce scoop théologique inédit. J'admire la forte documentation de Convard, qui rend le récit dense en informations. Pour le reste, je trouve que le scénario fait preuve d'une fausse audace : les cathares, les francs-macs, les templiers d'un côté, et les ignobles corbeaux du Vatican en face. Facile de taper sur l'Eglise ! C'est à la mode, et ça permet de se faire passer soi-même pour un nouveau bien-pensant(e). D'autant plus qu'à la rigueur, si j'apprécie le mystère qui entoure la démarche, l'aspect théologique n'est d'aucun intérêt réel, en définitive : que ce soit Jésus, Thomas ou Aristide qui ont été crucifiés, cela ne change rien au christianisme et aux valeurs humanistes qu'il nous a apportés. D'où une opinion mitigée sur la série. J'attends (et redoute un peu) quand même la suite...
Même si le goulag a disparu et que la série a un peu décliné depuis, Dimitri est encore capable de beaux restes. Cet album en est un. L'idée de confronter un parti féministe créé par Loubianka à une nouvelle organisation politique adepte de la "troisième voie" (cette nouvelle utopie à laquelle nous rêvons tous) est bien trouvée. D'autant plus que tout se termine par une affaire de famille, où Evguéni, le fiston idéaliste qui se prend pour un nouveau Lénine est ramené à la maison par sa mère, tandis que Krampon, lui, préfère bizarrement la solitude de la liberté en s'éclipsant subrepticement sous prétexte de s'acheter des cigarettes qu'il ne fume jamais. Drôle d'image de cette Russie nouvelle où le chaos a succédé à un petit monde bien structuré et bien policé (une manière ironique d'évoquer une Russie nouvelle qui n'arrive toujours pas à se retrouver et où certains rêvent encore avec nostalgie du K.G.B. à coté de ceux qui, au contraire, cherchent à singer l'Occident capitaliste ?)
J’ai emprunté “Kursk” parce que Dimitri m’avait laissé un excellent souvenir pour des albums comme “Sous le pavillon du tsar” ou “Kamikaze”, le premier parce qu’il ne négligeait pas le contexte historique, très bien décrit, le deuxième parce que l’on pouvait se sentir touché par le destin inévitablement tragique de ces curieux héros-suicides. Mais “Kursk” ne sait pas choisir entre le compte-rendu historique instructif (un novice dans le domaine de la 2° GM se demandera tout de même qui a gagné cette bataille) et le journal personnel (la personnalité du héros-narrateur est sans relief, et aucune réflexion personnelle intéressante ne semble se dégager chez un homme juste devenu une machine à tuer - ou à survivre). En tant qu’amateur de cette période de l’Histoire militaire, j’ai bien apprécié l’exactitude des détails réalistes, des conditions de combat, voire des véhicules de combat utilisés. Mais, s’agissant des soldats allemands de la 2° GM, n’y avait il pas plus à dire que de montrer qu’une bataille pouvait être éprouvante et réduisait le soldat à l’état de bête traquée (merci à Dimitri en tout cas de ne pas en avoir fait un super-héros comme certains mauvais films de guerre) ? L’album aurait pu être consacré à un Soviétique à la bataille de Berlin ou un Britannique à celle d’El Alamein, son intérêt n’aurait guère été plus signifiant.
C’est avec bonheur que j’ai découvert l’existence du 15° tome d’une série que je considère comme l’une des meilleures dans le domaine humoristique, mais j’ai assez vite été déçu : Dimitri ne saurait-il plus quoi raconter depuis la disparition des goulags en Union Soviétique ? Pourtant, il y aurait beaucoup à narrer sur cette Russie post-communiste qui n’en finit pas de ne pas s’en sortir... comme disait Eugène Krampon dans cette excellente réflexion qui semble valoir pour l’Histoire russe en général (je cite de mémoire) : “Ils (les Russes) crevaient la dalle sous les tsars, ils mourraient d’inanition sous les communistes, et maintenant, ils sont pauvres... c’est sans espoir !” Là, le désir de Krampon de forniquer en apesanteur avec sa Loubianka chérie semble le seul et pauvre intérêt de l’histoire (même le thème de la conquête spatiale ou la rivalité entre les deux anciens géants auraient pu pourtant aboutir sur une ou deux réflexions comiques et absurdes comme l’auteur en avait le secret : je pense aux seaux que doivent porter les prisonniers du goulag dans les premiers albums). Même le volapük russe qu’avait inventé Dimitri avec talent à l’origine ne suffit plus à faire rire.
J’avais déjà lu le 2° tome de la série, mais sans que celà m’en laisse un souvenir impérissable. Pourtant, je me suis lancé dans la lecture de ce 1° tome parce que le fantastique/épouvante n’est pas aussi fréquent qu’on ne le pense dans le monde de la BD (où on fait surtout dans l’heroïc-fantasy ou l’insolite). Evidemment, le thème du vampire traité en littérature depuis 2 siècles et au cinéma depuis 80 ans est difficile à renouveler, et je ne pense pas que Swolfs ait innové beaucoup dans ce domaine, car tous les clichés sont présents. Un aspect qui m’a posé problème : Jehan de Rougemont qui se suicide pour ne pas devenir vampire à son tour (mais, dans la logique traditionnelle, il se damne quand même). Celà dit, les dessins sont excellents, les scènes et les décors sont lugubres à souhait, et l’histoire est bien racontée. C’est du Bram Stoker en BD, mais du bon.
Comme aurait dit Lapalisse : "Quand on s'appelle Gilles Chaillet, on fait du Gilles Chaillet". A partir de celà, on peut aimer ou ne pas aimer cet album pour la même raison qu'on aime ou pas les "Vasco". Si on veut savoir à quoi ressemblait le Forum et les autres monuments de l'antique Rome, on est servi. Si on n'aime pas les dessins de personnages un peu trop figés, on le sera moins, bien que personnellement, celà me choque surtout dans les scènes d'action (ah ! la superbe énergie des mouvements dessinés par Palacios dans la série "Mac Coy" !)... Le sujet est original, avec cette confrontation de l'arrière-garde du paganisme antique face au christianisme conquérant, pour une époque peu souvent racontée en BD. Dans ce domaine, je redoute un peu les clichés de part et d'autre, en faveur de l'un ou l'autre camp, mais je réserve mon jugement sur ce point si j'ai l'occasion de lire le tome suivant. La partie fantastique du récit m'a semblé la plus intéressante.
Ramaïoli dessine bien, c'est un fait. Et il maîtrise parfaitement un sujet historique quand même novateur (un épisode de l'Histoire de l'Afrique avec un point de vue partiellement en faveur des "indigènes"). Mais là, je dois reconnaître que j'ai été un peu déçu par ce 15° tome d'une série qui n'en finit pas (déjà le tome précédent, entièrement consacré à la mort du prince Louis-Napoléon, qui sent l'histoire à rallonge) C'est aussi le cas ici pour une bataille qui n'est que brièvement esquissée alors qu'elle constitue le tournant de la guerre... résultat : des disgressions mauvaises et des pas meilleures sur des épisodes mineurs sans intérêts ou l'humour "éléphantesque" incarné par le sergent Quincannon (parfaite réplique de Victor Mc Laglen dans les films de Ford, à cette différence que Mc Laglen y était nettement plus drôle). Bref, on se dit qu'il serait temps que celà se termine, d'autant plus que les héros maintenant bien connus n'ont plus aucun trait de personnalité inédit qui aurait pu relancer l'intérêt du récit. Dommage, car la série, dans son ensemble, reste de très bonne qualité - seulement, six ou sept albums auraient largement suffi.
Le Pacte (Atalante) par Nevermore
Les dessins de Crisse sont excellents - on peut vraiment dire qu'il a UN style ! Il est aussi à l'aise pour dessiner les femmes un peu pulpeuses (bon, ça peut aussi être un défaut, c'est vrai, le coté "belle, intelligente, courageuse, volontaire, et tout celà à la fois"), que les monstres hybrides de la mythologie grecque. Evidemment, il vend plusieurs thèmes pour le prix d'un (les Centaures, Jason et les Argonautes, les Amazones, la petite fille vouée à la mort et adoptée par des créatures de la forêt). Mais cette richesse rend le scénario intéressant, même si tout semble prédestiné par les trois déesses qui ont présidé à sa naissance. On ne s'ennuye pas du début à la fin de l'album, et c'est sans doute l'essentiel.
L'archange (Jhen) par Nevermore
"L'archange" est sans conteste pour moi l'un des meilleurs albums de la série. La plume de Pleyers est toujours aussi apte à reproduire sous nos yeux les divers aspects du Moyen-Age dans une série de portraits somptueux, hauts en couleurs et riches en détails. Les traits de visages sont parfois imprécis, et on désespère d'y trouver une jolie femme (ici, Typhaine de Melan), mais il faudra se faire à cette idée que les personnages de Martin ou de ses épigones ne seront jamais que des éléments d'un décor ou d'une action qui priment sur le reste. Le graphisme restitue bien l'atmosphère fantastique diffusée par cette étrange cathédrale plantée au milieu des marais à deux pas de Londres. Au niveau du scénario, on peut secouer la tête en estimant peu crédible le récit d'événements aussi spectaculaires dans un cadre prétendument historique, mais cette intrigue qui commence par une série d'énigmes presque policiers pour s'achever sur une conclusion surnaturelle m'a semblé passionnante et très bien construite, jusqu'à l'épilogue qui donne à l'album son excellente couverture. Et pour les amateurs d'Histoire, on y trouve une rencontre intéressante entre le héros et l'insignifiant Henri VI qui dilapidera l'héritage territorial de son père en France, et qui perdra lamentablement sa couronne durant la Guerre des Deux Roses (Shakespeare n'est plus très loin !)
Bien que j'ai beaucoup d'admiration pour Jacques Martin, je suis obligé de renchérir sur les précédentes critiques : la série "Alix" est morte, paix à ses mânes ! Au niveau du graphisme, les décors sont irréprochables de précision et de minutie (d'où le 2/5), mais pour les personnages !!.. Déjà "à la limite" dans "Les barbares", il devient franchement odieux dans "La chute d'Icare" : Moralès ne sait tout simplement pas dessiner un visage. Alors, à quoi bon lancer deux femmes dans l'histoire, dont "la belle Julia" (sic)? Quant au scénario, j'aurais été à la rigueur prêt à pardonner à Martin son manque d'imagination, mais à quoi bon rescussiter un Arbacès mort depuis 17 albums au moins ? Pourquoi impliquer Numa Sadulus, qui, au moins dans "L'enfant grec", présentait un visage plutôt sympathique ? Pourquoi ne pas en profiter pour créer une nouvelle personnalité de "méchant", un peu plus fine, comme l'ambigu Adroclès, le frère d'Arbacès ? Pourquoi ressortir Quintus Arenus, un personnage secondaire issu du premier album, "Alix l'intrépide" ? Sinon pour faire la promotion des premiers albums de la série ? Et puisqu'on parle de femmes, la présence d'Archéola aurait pu donner naissance à un développement intéressant, puisqu'elle semble amoureuse d'Alix. Mais non ! Alix est assexué, et Martin continue à se cantonner dans la B.D. pour moins de 10 ans ! Quant à Julia, son personnage est à la limite du machisme : ambitieuse, calculatrice, impulsive et capricieuse, délurée face à un couple d'hommes (hum !) très sages... A la fin de l'album, Enak médite : "Nous sommes arrivés à bord d'un bateau semblable et nous repartons de même, comme si rien ne s'était passé" Tout est dit.
Plutôt bien partagés, les avis, non ? (je pense aussi à celui de Thierry Bellefroid). En ce qui concerne le dessin, c'est vrai que Chaillet semble plus à son aise pour les tronches un peu laides (comme Montbard, le chef des mercenaires) que pour son héros principal. Celà dit, les décors sont somptueux et nous renvoient toujours à un album de géographie, en l'occurence celui de l'Italie du XIV° siècle, ses châteaux, ses palais, ses ruines au coeur même de Rome... En ce qui concerne le scénario, eh bien oui, j'ai beaucoup aimé, mais je précise que j'ai peut être eu la chance de n'avoir pas lu "Rienzo", ce qui fait que le destin tragique de ce personnage historique était nouveau pour moi. Le seul défaut à l'histoire est que Vasco se trouve le plus souvent relégué au simple rang de témoin d'évènements qu'il ne peut maîtriser. C'est là toute la problématique des "aventures historiques" : comment leurs héros peuvent ils coller le plus près possible de la réalité historique sans perdre leur personnalité ? Mais à partir du moment où Chaillet a voulu raconter la chute de Cola di Rienzo, je vois mal ce que Vasco aurait pu faire de plus que de subir : en tout les cas, je n'aurais pas apprécié que le héros change le cours de l'Histoire.
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