On en avait tellement parlé et Luc m'en avait - de manière indirecte - dit que c'était ce qu'il a fait de mieux, que une petite mise en condition s'imposait. Les enfants au lit, ma femme à son cours de danse (discipline qui n'est pas ma tasse de thé), je tamise un peu la lumière. L'iPod Nano tout neuf est allumé: je sélectionne "Noir Désir en Concert". Je crois que cela ne devrait pas trop casser l'ambiance, peut-être même que les riffs de guitare et la voix un peu rauque de Bertrand Cantat vont me mettre en condition optimale pour un récit très noir. 3,2,1 c'est parti ! La première impression est que Hirn a fameusement progressé depuis "Le Pouvoir..." et il nous sert des superbes couleurs un peu pâles - ou bien est-ce un effet du carton jaune sahara (ou une teinte tirant dans les beiges clairs), ce qui met plus en valeur son trait qui - la maturité sans doute ? - est cette fois beaucoup plus agréable tout en restant efficace. Je suis rapidement pris d'une certaine compassion pour ce jeune autiste, ce clown triste... Mais bon, on ne va pas en rester à un drame social qui rappelle pas mal de choses, et notamment l'actualité brûlante - si vous me passez le jeu de mot - des banlieues françaises. Et puis à mi-récit, le tournant : je ne ferai pas de "spoiler", laissons le suspense intact. La casserolle boût, le couvercle bouge, l'écume sort, cela va barder dans la Cité ! Vraie fausse alerte ? Non, un répit. L'explosion sera pour plus tard. Une poudrière. Et l'étincelle ? Ce sera pour la dernière page. Remarquable dans sa construction scénaristique, avec des flash backs pour éclairer la personnalité des "héros", Le Sourire du Clown est en effet l'oeuvre la plus aboutie de Brunschwig. Bien sur, au début du récit, on sent bien que l'idée lui est venue en même temps que "Le Pouvoir des Innocents" (dixit himself dans le dernier Bodoi) et il nous ressert sa "marque de fabrique", à savoir une grande dimension sociale et humaniste, sans pour autant tomber dans la démagogie façon Besancenot ou Buffet. Hirn a épuré son dessin - je ne dirai plus qu'il nous fait du "sous-Boucq", ce n'est plus le cas - tout en restant très efficace. Ma cote ? Hé bien, 5/5, pardi !