Les BD japonaises envahissent nos rayons mais que savons-nous au juste de ce pays? 16 auteurs (moitié Franco-Belges et moitié Japonais) nous donnent leur vision d’un lieu au Japon en une quinzaine de pages. Des auteurs triés sur le volet par Frédéric Boilet et qui représentent la crème de la BD d’auteur des deux pays, en tout cas pour le côté francophone avec Schuiten, Neaud, Sfar, Boilet, Aurita, Davodeau, Guibert, De Crécy (la seule erreur de casting étant Prudhomme), car côté Japonais, à part Taniguchi et Takahama, ca aurait pu être mieux. Résultat ? Mitigé. On se retrouve face à l’éternel problème des albums de ce genre (voir par exemple l’Association en Egypte, etc.). Le format réduit, l’ignorance des auteurs Européens et le manque de distanciation des auteurs Japonais encourage un traitement réducteur du sujet, se limitant aux clichés (les filles en mini-jupes et en bottes de cuir), aux anecdotes (le tri des poubelles), au nombrilisme, au folklore (les temples) ou un refuge dans l’imaginaire pour éviter de traiter du sujet imposé. On se trouve face à une collection d'essais hétéroclites, n'ayant pas toujours grand chose à voir avec le Japon, mais proposés par de tout grands auteurs qui ne font jamais rien de vraiment mauvais. On peut donc acheter les yeux fermés puisque chaque lecteur appréciant ces auteurs y trouvera sûrement son compte. Les dessinateurs Européens qui s’en sortent le mieux sont peut-être ceux qui jouent explicitement avec les clichés (Schuiten, Sfar) et ceux qui avouent leurs limites et leur ignorance (Neaud). Mais dans ce duel euro-asiatique, les auteurs qui sortent du lot et dominent le terrain restent au final ceux qui jouent à domicile. Taniguchi et Takahama nous offrent deux petites perles de simplicité et d’émotions retenues, et n’ont besoin que de quelques pages pour étreindre le cœur du lecteur et appeler ses larmes. Trop fort! A quand le match retour en France?