Les 1 critiques de damien.grenier sur Bd Paradisio...

Pour un vieux fan comme moi, (déc)ouvrir un nouvel « Astérix » est une toujours une expérience douce amère. D’un côté, c’est replonger dans les joies d’une enfance envolée, goûter à nouveau à cette potion magique faite d’aventure, d’humour, de second et troisième sens caché, que l’on ne comprend qu’à la deuxième, troisième ou quatrième lecture (voire beaucoup plus) et qui font de la lecture de ces albums un plaisir toujours renouvelé. Mais hélas d’un autre côté, quand on est tombé dedans étant petit, les effets de cette potion deviennent permanent avec l’âge et on finit par la trouver... fade (n’est-ce pas Obélix ?). Je m’interdirais cependant de donner un avis sur un « Astérix » sans l’avoir lu au moins 2 ou 3 fois. Je ne me permettrais pas de juger l’oeuvre de Monsieur Uderzo après ne l’avoir feuilletée quelques minutes, aux détours des allées d’une librairie ou d’une grande surface. Je ne sacrifierais pas à la mode du rituel du « il est encore pire que le précédent », comme pour un beaujolais nouveau ! Je ne brûlerais (ni au sens propre ni au sens figuré) ce que j’ai autrefois adoré sans me laisser au moins le temps d’une deuxième lecture, le temps de la réflexion. Critiquons donc ce dernier album d’Astérix, je le veux bien, mais critiquons le avec intelligence. Évacuons pour commencer l’aspect graphique : comme d’habitude rien ou si peu à redire. Les éléments qui ont fait le succès de la série à sa grande époque, bien loin devant d’autres séries scénarisées par René Gosciny, sont là. Et même encore plus présents que jamais, ce qui n’est pas étonnant quand c’est le dessinateur qui scénarise... Pour ce qui est du scénario, depuis « Astérix chez les Belges », on est évidemment toujours en manque du foisonnement de jeux de mots, de situations comiques amenées de fort loin et conclues en apothéose, bref de tout ce que le grand René apportait à la série. Mais bon, ceci n’est pas spécifique à ce dernier album et ne jouons pas aux enfants trop longtemps gâtés. Jugeons aussi le scénario à l’aune des autres nouveautés qu’on nous soumet en ce moment et reconnaissons alors, que dans le genre comique, il y a bien pire... Le titre de « merde de l’année » attribué par certains au « Ciel lui tombe sur la tête » semble un peu usurpé. Cela ne veut pas dire que le scénario de ce dernier album ne me dérange pas. Il me laisse pour tout dire perplexe. Pas à cause de l’intrusion d’extra terrestres dans l’univers d’Astérix. Ce n’est pas la première fois que des éléments anachronique sont introduits en dans l’Armorique antique aux seuls fins de dénoncer des travers de notre époque moderne (souvenez vous « Obélix & Cie », ses énarques et leurs techniques de marketing). Ce qui me dérange c’est le décalage, l’écart de génération qui se creuse entre Albert Uderzo et ses lecteurs. Ces derniers ont pour la plupart, quand on leur parle Walt Disney ou comics américains, moins l’image des GI libérant l’Europe que celle de W. et de ses acolytes prêt à mettre le monde à feu et à sang pour un peu plus de pétrole, toujours plus de pétrole. Bercés des dessins animés japonais dans leur enfance, ils ont moins de réticence face à la déferlante des Mangas dans nos librairies que le Maître. Difficile dans ces conditions d’adhérer à un scénario où Albert Uderzo rend un hommage béat à une culture de la bande dessinée dont il s’est peut-être inspiré à ses débuts mais que lui et toute la bande de Pilote (mais aussi ceux de Tintin ou de Spirou), puis après eux toute une génération qui en est l’héritière, ont depuis longtemps surpassé, en créant quelques uns des plus beaux chefs d’oeuvre du 9ème art. Même si la caricature si peu indulgente du monde manga peut faire grincer des dents, on peut partager les craintes de l’auteur devant la tendance actuelle des éditeurs de céder à la facilité de traduire du manga plutôt que de soutenir la création d’œuvres originale. En lisant le dernier rapport de l’ACBD, force est de constater qu’Albert Uderzo ne livre pas là un combat d’arrière garde, avec 25 ans de retard. Mais par ailleurs, il démontre aussi, en livrant ce dernier ouvrage, que le potentiel de frappe de l’école franco-belge (une école de plus en plus européenne) reste intact. Avec 2 millions d’album écoulés, il surpasse en Europe à lui tout seul le phénomène manga dans sa totalité ! La violence de la contre-attaque a dès lors des arrière-goûts d’ostracisme qui mettent mal à l’aise. Personnellement j’aurais préféré une fin où tant les Tadsylwiens que les Nagmas repartent sans comprendre que la soupe que boivent les gaulois avant de partir au combat est plus que de la soupe. C’est, comme qui dirait, une espèce de potion magique. Et que tant qu’ils n’en auront pas compris, n’en serait-ce que l’intérêt, une partie de l’univers résistera encore et toujours à leur emprise. Et tant mieux pour nous ! Mais l’histoire du « Ciel lui tombe sur la tête », ce n’est pas cela et je trouve que ça tombe un peu à plat. Ca manque définitivement de relief. Une amertume qui se prolonge en bouche alors même que le souvenir de la douceur s’est estompé depuis longtemps. Dommage !

 
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