Les 13 critiques de krisv sur Bd Paradisio...

A mes yeux, il y a toujours eu 3 périodes chez Jacobs: La première SF-kitch, la seconde plus fantastique et une troisième plus policière. Chacune se rattachait à un contexte d’époque : la menace jaune et rouge, la technologie utilisée à mauvais escient, le grand banditisme, etc. Mon album préféré reste « l’affaire du collier » où B&M prennent plus d’espace et d’épaisseur dans les cases et révèlent leurs faiblesses. J’ai aimé « l’affaire Francis Blake » parce qu’il s’agissait d’un hommage (un exercice de style) au genre jacobien, j’ai détesté « Un étrange rendez-vous » qui auto-parodiait l’univers jacobien, le transformant en farce grand-guignol. Sente a le mérite d’apporter un changement : Des personnages féminins, des émotions, une enfance, un passé. D’autre part, il se penche sur les grands enjeux de l’époque : la guerre froide, les armes bactériologiques, l’espionnage, etc. A la manière d’un jacobs dénonçant les risques du clonage et les dérégulations météorologiques, Sente évoque à la façon ’50, les dangers des réseaux de télécommunication : piratage « informatique », virus, manipulation virtuelle. Mais aussi le trafic des matières nucléaires, par exemple. J’ai beaucoup moins apprécié le côté guide touristique de l’Expo 58 et du Bruxelles « qui brusselait » qui tirent l’histoire en longueur. Le part pris scénaristique d’un monde « civilisé » menacé par un 1/3 monde socialiste tombe à plat, même si une distinction est finalement faite entre les bons et les mauvais indépendantistes. Je préfère le prendre comme un « hommage » délibéré aux années ’50 plutôt qu’une profonde réflexion sur la naissance du 1/3 monde. Des deux héros asexués du magazine des lecteurs de 7 à 77 ans, Sente en fait des héros de chair embarqués malgré eux dans des intrigues jamesbondiennes réalistes tout en restant assez fidèle à Jacobs. Mais la construction scénaristique reste lourde, bavarde, didactique et multiplie assez d’enjeux pour remplir trois albums. Juillard fait moins du Jabobs et plus du Juillard malgré des efforts évidents. Mais ce changement de style va de pair avec une évolution scénaristque. Même si un tandem Sente-Benoit aurait été une bonne combinaison.
Que se passerait-il si des humains ayant plus de 1000 faisait un bond vers le futur de 50.000 ans ? Qu’y rencontrerait-on ? Des hommes, des clones, des bonhommes verts ou Dieu ? C’est cette expérience que tentent les vétérans de la guerre éternelle. Ces individus et leurs familles n’ont plus de place ni sur la terre, ni dans l’univers car ils appartiennent à une époque morte depuis des milliers d’années. Comme des dinosaures qui vivraient au XXIe. Ils vivent hors de leur temps et auraient dû mourir il y a bien longtemps. Ce sont des anomalies temporelles qui n’ont plus de raison d’être sauf…si tout cela n’avait été qu’une vaste expérience. C’est la question que se pose le grand arbre qui approuve ce voyage temporel. Si tout cela n’était qu’un test de laboratoire, la guerre éternelle devait l’être aussi. Einstein prétendait que l’infini de nous-mêmes c’est nous et qu’en allant vers l’infini sidéral, on finissait par revenir à son point de départ. En explorant l’espace, les premiers colons rencontrèrent les Torans qui en étaient arrivés au même degré de développement. Il en est sorti une troisième race, les clones. Mais était-ce vraiment un hasard ? Sinon qui est le maître de cette farce macabre ? « Libre à jamais » ne sonne pas comme un cri de liberté mais comme une condamnation ou un fardeau de 1000 ans. En reprenant ces personnages, Hadelman s’est joué un mauvais tour. Cette « suite » n’en est pas une. Il s’agit d’une longue réflexion philosophique sur la place des individus dans la création. Le fait que le personnage principal soit Marygay et non plus Mandela et que le style de Marvano ait évolué, montre très bien sa volonté de se démarquer de la série originale. Les fans de la première risqueront sans doute d’être déçus. Les amateurs de Star wars passeront à côté. A découvrir.
Là-bas par krisv
« Il était une fois un homme qui dut fuir son pays… ». Adapté en BD un récit biographique est déjà en soi un défi. Evoquer pudiquement la difficile relation père-fille sur 48 pages sans sombrer dans le pathos ni dans l’eau de rose pour une BD d’auteur à vocation commerciale est un sacré challenge que Sibran (la Terre sans mal) ne réussit que partiellement. A mes yeux, la référence en BD reste « Le journal de mon père » et cet ouvrage souffre de la comparaison. Pour le plus grand bonheur des lecteurs, Sibran évite le piège d’une lourde introduction politico-historique sur l’indépendance algérienne. On y parle certes du FLN et de l’OAS mais indirectement. Ce récit traite de l’exil et des apatrides. Mais surtout de la perte des racines et de l’intégration. C’est lorsque l’OAS choisit d’abattre les Algériens et pas Alain que ce dernier réalise sa différence. Comme un écho plus tard, c’est au travers du regard des autres (Français) qu’il réalise qu’il ne sera jamais vraiment des leurs. Alain « meurt » en quittant Alger. En perdant sa sœur, Liliane, c’est son enfance dorée (l’âge d’or) qu’il perd définitivement. Le reste n’est que survie, descente aux enfers et moments de résurrection. Au travers du destin d’un « beauf », Sibran montre comment les aléas de l’histoire peuvent broyer et détruire les destins des individus. Le personnage de la mère méritait d’être développé. On espère que Sibran y consacrera un prochain livre. Le destin et les couleurs chaudes de Tronchet accentuent le côté « beauf » qui collent bien au récit. Il nous montre ainsi l’étendue de son potentiel. Une bonne BD au-dessus de la moyenne.
Le tandem Warn’s et Raives poursuit sa production inégale à un rythme d’enfer. Pensez, le premier diptyque de l’Orfèvre (Glénat) suivit d’un diptyque « Un diamant sous la lune » (Casterman), un 3e tome de l’Orfèvre, il y a quelques mois à peine. Le style hyper-réaliste de « l’Innocente » ou de « l’envers des rêves » a fait place depuis « La contorsionniste » à un crayonné épais proche du croquis et en couleurs directes. Ceci, pour le meilleur comme pour le pire. Avec ce nouveau diptyque, les auteurs quitte le soleil des Antilles pour celui de l’Extrême-Orient (j’oublie volontairement le navrant « KO sur ordonnance ») pour le meilleur. Pour autant qu’on se fasse à la marque de fabrique de ces auteurs : Ellipses, dialogues théâtreux, non-dits, on se met à apprécier cette nouvelle aventure qui a le mérite, et non des moindres, de nous ramener à l’époque de « Lou Cale » des mêmes auteurs. On en apprend davantage sur le passé trouble de Lafleur, agent très spécial du président. Pour les fans de Warn’s et Raives.
Après de longues années d’attente, il eut été difficile de satisfaire les nombreux fans conquis au fil des albums par ce thriller médiéval. Je n’ai pas aimé la comparaison (commerciale par ailleurs) avec le roman d’Umberto Eco. L’auteur italien exploitait le genre policier (un prétexte) pour dénoncer l’obscurantisme du Moyen-âge ; Le film éponyme n’en a malheureusement retenu que le côté policier. Ici c’est l’opposé que nous découvrons, le fantastique a dés les premières cases, utilisé la trame policière à la façon d’un gigantesque Cluedo, voire d’un jeu vidéo : Chaque tome distillait ses indices (et ses fausses pistes) et l’histoire avançait par niveau. Il suffit de regarder la façon dont les cases et les scènes d’action sont agencées : on grimpait sur les cathédrales, descendait dans les grottes, affrontait les méchants, etc. L’intelligence d’un Dorison a donc été de ne pas conclure par un « whodunnit » policier ou de couvrir son histoire de ridicule par des pseudo-théories religieuses (le côté grand guignol de Convard), mais en relançant sa conclusion vers le fantastique. En ce sens, il réinvente le genre et fait de son « troisième testament » un véritable chef d’œuvre. Autre comparaison qui vient immédiatement à l’esprit, c’est « Indiana Jones et l’Arche perdue » qui fonctionnait sur la même trame : une course contre les méchants avec la fin du monde comme enjeu. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce film ait inspiré tant de jeux vidéo. Il se terminait aussi par une touche de fantastique malgré une trame somme toute classique. Le seul bémol aura été de vouloir construire un cinéma blockbuster (le côté prise de Jérusalem) sur un support bd. Il s’agit d’une marque de fabrique Dorison (Sanctuaire, Prophet) et la couverture renvoie au combat Bien/Mal de « l’Empire Contre-Attaque ». Mais aussi qu’à force de vouloir mélanger les genres, il ait peiné à conclure (certaines longueurs). Alice a toujours autant de mal avec la physionomie de ses personnages : Elisabeth change d’une page à l’autre. Mais on reste très au-delà de la médiocrité des séries actuelles. Un must.
Ainsi s’achève la quête de notre voyageur malgré lui. Sans vouloir révéler le dénouement, celui-ci s’avère être assez prévisible. Dans le destin des protagonistes et surtout dans la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, on ressent le poids énorme de la tradition (japonaise). Le père d' Hiroshi a toujours choisi la voie du sacrifice et du dévouement. Il a toujours affronté avec fermeté, courage et honneur les responsabilités que la vie lui a rapidement confiées. Mais selon le code du Bushi, un homme ne peut se compléter et s’accomplir que s’il trouve sa voie et peu importe si celle-ci implique d’emprunter un sens contraire. La vie n’a rien de linéaire, elle n’est qu’une succesion d’étapes où nous sommes confrontés à des choix. Le père d’Hiroshi choisit de ne pas choisir, en ce sens qu’il accepte d’endosser les responsabilités de son ami mort à la guerre (s’occuper de sa femme, lui donner des enfants et la rendre heureuse), il accepte les responsabilités de chef de famille. En agissant ainsi, il décide de renoncer à ses propres choix et accepte son fardeau. Accepter son sort est une idée très judéo-chrétienne, mais renoncer à la réalisation de son « moi » peut être considéré comme intolérable dans le Bushi. Si le jeune Hiroshi ne l’avait pas compris à 14 ans, il le comprendra avec son expérience d’homme de quarante ans. Ce récit est (je pense) autobiographique et on retrouve les mêmes thèmes dans le « Journal de mon père » (le départ de la mère qui refait sa vie). Tanagushi interpelle l’homme (ou la femme) qui est en nous et pose la question : si nous avions le choix (et l’espoir) de réaliser nos rêves, aurions-nous le courage de renoncer à tout ce qu’on a ? Est-ce ainsi qu’on définit le courage ou bien est-ce en assumant ses responsabilités d’homme et de père de famille quitte à renoner à ses propres convictions que l’on reconnaît le vrai courage ? Son père a t-il réalisé ses rêves ? Peu importe. A t-il eu raison ? On s’en moque. Son père a choisi et il sait qu’il aura à vivre avec cette idée pour le restant de sa vie. La liberté est le pouvoir de choisir en âme et conscience. Avec « Quartiers lointains » Tanagushi nous offre aussi une réflexion sur le Japon d’aujourd’hui, sur la place de l’individu et de sa liberté. Un chef d’œuvre.
Seuil nous livre (une fois de plus) un somptueux ouvrage qui j’espère, séduira aussi un autre public que celui des bédéphiles. Tomine au travers de 4 histoires courtes, nous décrit avec bonheur la vie de ses comtemporain(e)s. S’il fallait dégager un fil conducteur, ce serait celui-ci : Chacun des protagonistes vit une crise profonde de valeurs (morales) qui se traduit par des difficultés à établir des relations avec autrui. Paradoxalement, certains personnages exercent un métier lié à la communication (livre, internet, musique, call-center,…) mais sont bien incapables de « partager ». C’est cette Amérique des années ’90 que nous décrit si bien Tomine : Sa jeunesse en mal de repères qui se refugie dans l’alcool, l’amour facile et le sexe. L’influence du cinéma indépendant US (je pense à Anderson, Cassavetes, Altman) se fait ressentir sur le découpage et le rythme des récits. Voici un auteur qui figure désormais aux côtés de Daniel Clowes, Burns et Stums. Un chef-d’œuvre.
Julien et Armand aiment Louise. Louise a peur d’être aimée et pourtant elle souhaite tellement être heureuse. C’est une histoire simple, une bleuette qui finira en drame. Les trois protagonistes de cette histoire sont des âmes errantes comme on en rencontre tant, à la recherche du droit au bonheur : Louise fuit son passé et préfère des aventures sans lendemain. C’est plus simple et ça fait moins mal. Armand collectionne les aventures faciles, mais désire tellement être aimé. Julien est un solitaire, évoluant entre un travail insipide et un appartement vide au point de focaliser toutes ses attentes sur la première silhouette entrevue. Mais est-ce de l’amour ou du désir ? Pourquoi est-ce si difficile d’aimer ? Et si c’était simplement ça, la vie ? La folie guette et n’est jamais loin. Paradoxalement, Paris n’a jamais été si lumineuse. La promiscuité de cette grande ville n’interdit pas la solitude. Avec « le Cahier bleu », André Juillard nous livre son plus bel album et certainement le plus personnel. Un incontournable.
Cette merveilleuse bd nous fait vivre plusieurs jours de la vie d’une équipe hétéroclite de base-ball ambulant. Vivant de charité, leur marginalité est leur point commun : juif, noir, faux-juif et vrai alcoolique. Presque tous sont juifs d’origine mais américains de cœur jusque dans leur passion pour le base-ball, fierté du peuple américain mais aussi véritable langage universel pour ce pays. Ils ne se reconnaissent nullement dans la génération de leurs parents, ni dans la religion de leurs ancêtres et préfèrent l’exil. Mais dans cette Amérique profonde où les mentalités sont lentes, ils ne trouvent que haine, exclusion et racisme. Cette marginalité, cette différence ils la revendiqueront à même la peau avec cette étoile de David sur leurs uniformes. Mais surtout sur le terrain en montrant qu’au-delà de la haine, ce sont avant tout des hommes. Leur salut, leur courage et leur succès viendra du Golem, être fantastique et mythologique qui a toujours su protéger la communauté juive du danger. Mais aussi être d’argile et à la vie éphémère comme le destin de cette équipe. Les dernières pages nous offrent les doutes du narrateur qui se demande si au moins une fois, ils ont été pris au sérieux et considérés par leus pairs comme des égaux ? Et si après tout ils n’avaient été qu’une équipe de clowns ? C’est au travers de ce sport et de ses légendes, monument de la culture US, que Sturm décortique les comportements de ses concitoyens. Cette Amérique, terre de pionniers et de libertés et pourtant terriblement (déjà ?) refermée sur elle-même qui maltraite ses propres enfants. A posséder.
Visitez un moteur de recherche Internet et faites une recherche sur « Nevada ». Intéressez-vous à la période 1945-1955. Vous sortirez en vrac des histoires sur Las Vegas, Roswell, les essais militaires à White Sands. Vous découvrirez même l’existence longtemps oubliée des POW camps de la WW II. Récupérez la doc sur Las Vegas déjà rassemblée pour Pin-Up. Ajoutez-y une dose d’humour qui tombe à plat sur les homos et les cocos, remplacez les Chinois par les Tex-mex. Secouez bien le tout et tissez un scénar cousu de fil blanc dont les maigres rebondissements se construisent sur des anecdotes et sur le thème : Mac va t-il enfin retrouver Alix et vivront-ils heureux dans une maison de passe à Hong-Kong ? Versez le tout dans un verre à bière et vous aurez une série qui aurait dû s’arrêter, il y a bien longtemps.
Variations sur un même thème ? Depuis le “Journal de mon père” et l’homme qui marche” (je mets volontairement de côté « le chien Blanco »), Tanigushi continue à nous conter des histoires différentes mais qui s’articulent toujours des mêmes thèmes. Le (difficile) passage de l’adolescence de Hiroshi qui est évoqué ici fait indéniablement écho à celle de Yiochi dans « le Journal de mon père ». Comme si des choix de notre enfance, dépendait la pleine réalisation de notre vie d’adulte. Il nous est tous arrivé un jour, le souhait de tout recommencer. Ce fameux « et si j’avais… », en espérant que la vie prendra une autre tournure et correspondra de manière plus satisfaisante à nos attentes. Comme si la pleine réalisation de nos rêves, était la condition majeure pour la réalisation de notre vie : le plein-épanouissement, la pleine réalisation du moi sans laquelle nous nous considérons comme des êtres incomplets. Cette idée de destin et de continuité dans toute chose est très spécifique de la philosophie de vie japonaise. Dans « Le Journal », les blessures liées au départ inexpliqué de la mère et l’éloignement du père faisaient que le héros n’arrivait pas à réaliser sa vie de jeune marié, préférant se réfugier dans son travail. Ici, c’est le départ inexpliqué du père et ses conséquences sur le destin des protagonistes qui est évoqué. Les deux héros sont condamnés à vivre au sein d’une famille monoparentale et sont ainsi obligés de subir les conséquences du choix des autres. Dans le premier cas, c’est en faisant le deuil du père et en pardonnant à sa mère, qu’il se donne une seconde chance. Dans « Quartiers lointains », Hiroshi a l’opportunité miraculeuse de tout recommencer. Il est aussi indéniable que malgré ses maux, l’adolescence reste lié à l’idée de famille telle qu’elle n’existe plus au Japon. Tanigushi nous ramène à cette période de l’après-guerre, dans une structure familiale où trois générations vivaient sous le même toit. Dans les deux histoires, on quitte la métropole et on regagne la province. L’occupation militaire américaine (et accessoirement l’humiliation de la défaite) était indirectement évoquée dans le « Journal », la guerre est aussi évoquée par la disparition de premier époux et la famille recomposée. Tanigushi lève un voile pudique sur un sujet tabou au Japon. Autre détail, les métiers de l’enfance sont liés au petit commerce de province et les métiers d’adulte sont liés au grand capitalisme. Le contraste est d’autant plus frappant qu’il se réfère à une société moderne stressée, individualiste, oublieuse des vraies valeurs, calculatrice : Hiroshi adulte boit et oublie, l’ « homme qui marche » marche et reprend contact avec la nature. Autre contraste, la décision de sa fille d’aménager avec son compagnon (et de quitter le domicile familial), même si la scène est rêvée par un Hiroshi (re)devenu adolescent s’oppose au fatalisme avec lequel la mère de Hiroshi accepte le futur départ du père. Autre temps, autres mœurs ? Cette référence à l’âge d’or, au Japon d’avant est aussi évoquée de manière plus formelle et didactique dans « Au temps de Bochan » qui, à dire vrai, m’a laissé de marbre. Bien plus, son message semble nous dire que la génération de 45-50 ans, a été sacrifiée sur l’autel de la réussite et du grand bond industriel de l’après-guerre (de la même manière l'ère Meiji avait sacrifié le Japon traditionnel). Mais n'est-ce pas cher payé? A bien des égards, l’auteur en fait son œuvre la plus aboutie (mais si ceci ne reste qu’un premier tome).
Torso par krisv
Grosse déception pour cet album pourtant vainqueur des Eisner Award en 1999 (et future adaptation au cinéma). Bendis n’apporte rien de neuf au genre du serial-killer. Il se contente de diluer son intrigue à outrance en noyant ses pages sous des tonnes de dialogues bavards. Il accumule des scènes inutiles telles que les préférences sexuelles d’un des flics, les problèmes conjugaux de Ness, alourdissant encore plus une histoire qui a du mal à décoller. Pis, il s’auto-parodie, reprenant ci et là des situations déjà vues chez Sam&Twitch (la morgue, l’interrogatoire) ou Powers (le caléidoscope). Une fois de plus (de trop ?), il rate sa fin alors qu’il s’était efforcé tant bien que mal de construire une once de suspens. On reste loin de « From Hell ». Aucune seconde on y croit tant le scénario semble avoir oublié d’insuffler un minimum de suspens et de dynamisme à l’intrigue. Ce qui est déjà inquiétant pour une histoire de serial-killer. Lorsque le tueur se rend à la Police, sûr de s’en sortir et faisant preuve d’un cynisme inouï, on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle avec John Doe de Se7en, référence majeure de cet album. La grosse surprise vient surtout du graphisme. Bendis passe au dessin avec brio. Le découpage, l’agencement des cases, l’utilisation de la reproduction et de la photographie parviennent à créer une atmosphère particulière. Dispensable.
Voici une suite que j’attendais avec une impatience non dissimulée. Résultat ? « Ni pour, ni contre bien au contraire ! » Passé la (lourde) phase d’introduction de l’album précédent ainsi que la (nouvelle) présentation des protagonistes, on était en droit d’attendre un développement original. Hadelman se débarrasse (enfin) de ses tics guerre du Vietnam/ Guerre éternelle qui analysait la guerre du point de vue des soldats. L’originalité de la première trilogie venait de cette approche particulière du space-opéra (décalage spatio-temporel). Hadelman ne pouvait pas se répéter, qui plus est l’effet de surprise serait retombé à plat. Au contraire, il va plus loin et transcende ce qui a faisait l’enjeu principal de la guerre du Vietnam : la lutte entre deux idéologies. Deux conceptions de l’humanité s’opposent : celle de l’individu et de ses libertés fondamentales et celle de la communauté où chaque unité est perçue comme étant au service de l’ensemble. Les deux ayant la prétention de proposer une société idéale. C’est un peu cette version du « zéro et de l’infini » cher à Koestler qu’on retrouve dans cette nouvelle trilogie. La planète sur laquelle les vétérans ont trouvé refuge est précieusement conservée par les Taurans comme un laboratoire idéologique (et génétique), suscitant la curiosité. Le paradoxe est qu’au nom de la défense de leurs libertés (et surtout du droit de vivre comme ils l’entendent), les vétérans n’hésitent pas à sacrifier les leurs (Kate et Bill) pour la survie du groupe et de ses valeurs. Par les thèmes qu’elle suscite, cette nouvelle trilogie est bien plus riche que la précédente. En ce sens, le dernier tome, « révelations », est donc très attendu. Le défaut de cette suite, c’est Marvano. Autant son sens du découpage et de l’illustration (il vient de l’illustration S-F) atteignaient la perfection sur la première trilogie (sans oublier Bruno Marchand), autant ici il se montre incapable d’insuffler une once de dynamisme. Pis, il commet des erreurs grossières. Après « Dallas Barr », je commence à douter du potentiel de Marvano en BD. Même B. Marchand qui nous avait habitué à des couleurs froides (bleu, vert), nous sert des tons orangés. A suivre.

 
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