L'Île de Jamais Jamais, le deuxième volume des Voyages de Juan sans terre, de Javier de Isusi, confirme tout le bien que je pensais du premier : c'est vraiment très très bon. L'ombre d'un célèbre marin de la bande dessinée (non, pas le Capitaine Haddock... Quoique...) plane plus que jamais sur cet album, qui conduit le héros Vasco sur l'île d'Ometepe au Nicaragua. Encore plus que dans l'album précédent, Isusi joue des références littéraires pour conter, sans avoir l'air d'y toucher, l'histoire récente de ce pays. Ce mélange des genres, entre les légendes et la réalité, ce double niveau de lecture donnent au livre une force inattendue. On est à la fois très loin et très proche des albums-témoignages, comme Pyongyang de Delisle ou Le Photographe de Guibert, Lefèvre et Lemercier : ici, l'Histoire avec un grand H n'est pas le sujet du récit, seulement son contexte. Il n'est pas nécessaire de s'y intéresser a priori pour prendre du plaisir à la lecture, mais on referme le livre avec l'envie d'en savoir plus. C'est drôle, bien écrit, passionant, bourré de références pas forcément attendues (je suis sûr d'en avoir loupé) mais sufisemment discrètes et bien amenées pour ne pas alourdir le récit... Bref, un bouquin très intelligent, chaudement recommandé. La seule toute petite chose que je regrette, c'est le choix de la traduction littérale du titre : l'Île de Jamais Jamais, en français, tout le monde la connait sous le nom de Pays Imaginaire... Dommage d'être passé à côté.