Les 7 critiques de thierry sur Bd Paradisio...

Le peplum est un genre rare en BD. Dufaux s’y était deja essayé avec “la toile et la dague” et avec “Murena”, il signe probablement sa meilleure serie ! En suivant les traces du jeune Neron, fraîchement couronné empereur de Rome, Dufaux traite une fois de plus du pouvoir, un de ses thèmes favoris. Car Neron a fort à faire pour déjouer les tentatives de sa mère, Aggripine, pour le supplanter. Manipulations et trahisons se succèdent. L’un et l’autre n’hésitent pas à sacrifier des innocents pour arriver à leurs fins. Le scénario de Dufaux est parfait. Il allie rigueur historique et récit haletant. Du grand art ! Mais tout le mérite ne revient pas à Dufaux. Le travail de Delaby est tout aussi remarquable. Ce dernier s’impose comme un des meilleurs dessinateurs dans sa catégorie. Le plaisir que ces deux-la prennent à travailler ensemble est évident puisqu’ils vont remettre le couvert pour un deuxieme cycle de Murena et une série derivée de “la complainte des landes perdues”. Un des meilleurs albums de la rentrée !
Aaaaaaaah, Frédéric Beigbeder ! Avec un nom pareil, pas étonnant qu’il se soit mis à la BD ! Après la publicité (les spots Orangina orange sanguine, que du bonheur), la littérature (en tête 99 Francs, converti en 14,99 euros; nouvelles sous exctasy… pas mauvais du tout), son émission littéraire (belge, donc pas vu), sa campagne présidentielle pour Robert Hue (cause perdue, on lui laissera le bénéfice du doute), sa compilation (si, si, “Bande originale de ma jeunesse”), son hyper-show (plus connu sous le sobriquet d’hyper-bide) et en attendant sa carrière au cinema, sa comédie musicale, sa cassette de remise en forme et que sais-je encore, voici Beigbeder, la BD ! Plus que jamais, Beigbeder est devenu le seul publiciste entièrement dévolu à ne vendre qu’un seul produit: lui-même. Malheureusement, il semble que tout soit déjà vendu ! Il y a une nette tendance au plantage depuis le succès de 99 francs. “Rester Normal” confirme la tendance. C’est hallucinant de vide. Une ou deux phrases bien tournées (facon de parler), un héros avec la tête de Houellebecq (sans doute pour faire branché), une plongée dans la vie des milliardaires qui se cantonnent aux stéréotypes (du sexe, de la dope et de l’argent facile), prétendre cracher dans la soupe tout en s’y complaisant, une pointe de perversion pour faire ‘cérébral’ et le destin d’un pauvre petit garçon riche qui est bien malheureux dans sa cage dorée. Sans oublier la pirouette finale qui devrait surprendre mais qu’on voir venir depuis tellement longtemps qu’elle ne fait pas le moindre effet. “Rester Normal” est un album terriblement superficiel, qui surfe sur l’air du temps et sur la popularité d’un enfant gâté. Tout sonne creux, même le dessin de Bertrand qui évoque bizarrement les années 80 (je pensais au trait de Chantal De Spiegeleer, entre autres). Il se veut féroce, il n’est qu’agaçant. Dargaud espère-t-il tenir un nouveau Lauzier ? A moins qu’il ne compte que sur la popularité de son scénariste pour un succès de librairie quasi assuré mais probablement sans lendemain.
Léo m’avait séduit avec Aldebaran. Mais aussi bien Betelgeuse que Kenya me laissent sur ma faim. Ces 2 séries ne se distinguent pas assez d’Aldebaran pour ne pas susciter un sentiment de déja-vu. J’ai hesité avant d’acheter “Dexter London”. La couverture m’attirait, j’ai rapidement feuilleté l’album. La séquence d’ouverture m’a séduit et la suite semblait lorgner du côté des récits d’aventure exotique genre Allan Quatermain ou Indiana Jones. Je me suis donc laissé tenter. Dexter London est un aspirant aventurier engagé pour protéger un rejeton de bonne famille. En cours de route, ils rejoignent l’expédition d’une charmante biologiste à la recherche d’une créature mythique. Ajoutez à cela une situation politique trouble, des militaires inquiétants, un prince qui joue les filles de l’air (à moins que ce ne soit l’inverse), une bonne pointe d’exotisme… et vous avez tous les ingrédients d’une intrigue qui se promet passionante et pleine de rebondissements ! Pourtant, je me suis ennuyé. J’ai trouvé cet album lent et bavard. Mais ce n’est qu’un premier tome, me direz-vous. Il faut laisser le temps à Léo de planter le décors. Sans doute, mais ce n’est pas le principal reproche que je fais à cette nouvelle série. Le principal problème vient, selon moi, des personnages. Ils sont tous particulièrement transparents, à commencer par Dexter London. Il veut devenir aventurier, mais je suis bien incapable de trouver le moindre élément qui explique cette vocation ! Le fait-il pour l’argent ? Par goût du risque ? Autre chose ? Pour l’instant, il m’apparaît surtout comme un personnage mollasson privé de toute forme de volonté. Il n’a aucune crédibilite selon moi, pas plus que les autres personnages. Ils se contentent de débarquer et à nous de nous débrouiller pour y croire. Dans ce genre d’histoire, ou bien on sacrifie tout à l’action et on peut se permettre de négliger les personnages, ou on privilégie les personnages quitte à ralentir l‘action pour mieux les présenter. J’ai l’impression que Léo a choisi de négliger ses personnages ET l’action.
La SF en BD fait généralement la part belle à l’épique ou au spectaculaire. Avec Aldebaran, Leo préférait une appoche plus humaniste et écologique. Il accordait plus d’importance à ses personnages, les plus importants étant Aldebaran : sa faune, sa flore ainsi que la mystérieuse Mantrisse. En 5 albums, Leo bouclait une histoire personnelle, riches d’idées et de bons moments. J’avais malgré tout quelques réserves. Le dessin de Leo souffre d’un manque de dynamisme. Ses personnages manquent de vitalité et leurs expressions sont parfois forcées. Leur psychologie me semblait aussi parfois un peu caricaturale. Leur évolution manquait parfois de crédibilité. Le scénario en lui-même présentait quelques chutes de rythme. Mais l’un dans l’autre, Aldebaran représentait une très bonne surprise et une des meilleures séries de SF de ces dernières années. Ce second cycle a plus de mal à me convaincre. Leo emène une partie des protagonistes du premier cycle sur Betelgeuse pour enquêter sur l’échec d’une tentative de colonisation similaire à celle d’Aldebaran. Leo reste fidele a lui-meme faisant la part belle aux personnages et créant avec un plaisir évident un nouveau bestiaire. Malheureusement, son dessin garde les mêmes défauts et la psychologie des personnages présentent les mêmes maladresses que précédemment. Les intrigues sentimentales sonnent faux. Qui plus est, le canevas de l’histoire présente trop de similitudes avec le premier cycle, faisant de ce Betelgeuse un Aldebaran-bis. La lecture est plaisante, sans plus. L’attrait de la nouveaute ayant disparu, les défauts du premier cycle paraissent plus évidents et gâchent un peu le plaisir. Et sachant que Leo, cette fois associé à Rodolphe, semble remettre le couvert une troisieme fois avec Kenya, dont les prémices évoquent beaucoup (trop ?) Aldebaran et Betelgeuse, cela me donne l’impression que Leo tourne en rond, prisonnier de son succès.
“Avant l’Incal” s’attache à nous faire découvrir l’enfance de John Difool. Autant dire que son enfance est un drame familial à faire palir de jalousie les lofteurs. Son père, inventeur farfelu et voleur maladroit, va sortir pour la Xeme fois de prison, alors que sa mère se drogue et se prostitue. Il traine avec des petits voyous qui survivent de petites magouilles et en guidant les aristos qui viennent s’encanailler dans la zone de l’Anneau Rouge. Après avoir “L’Incal” et “Apres l’Incal”, j’ai décidé de profiter de la réédition avec nouvelle mise en couleur d’”Avant l’Incal” pour compléter le tryptique de Jodorowski. La maquette m’avait déjà fait hésiter, et après avoir feuilleté quelques pages, je n’étais pas très chaud, le dessin me parassant approximatif. Mais puisque j’avais apprecié les autres séries liées à “L’Incal”, je me suis laissé tenter quand même. Quelle déception !! Il n’y a absolument rien à sauver dans cet album. Il me semble avoir lu que plusieurs pages ont été refaites. Le niveau graphique reste pourtant très faible, et ce n’est pas la mise en couleur qui améliore la situation. Il est aussi surprenant de voir le nombre de cases, surtout dans la seconde partie, ou les décors sont réduits à leur plus simple expression (simple dégradé de couleur ou halo photoshop). Le scénario est abracadabrantesque. Tous les défauts de l’Incal y sont sans les qualités. Les délires ésotériques de Jodo sont particulièrement lourds, les dialogues affligeants, les situations téléphonées… Les rares bonnes idées sont noyées dans un fatras de n’importe quoi. Il y a aussi la polémique liée à l’auto-censure appliquée par les auteurs. Que l’on rajoute une nuisette ca et la n’est pas un drame en soi, mais la scène du viol de Tete-de-Biche a visiblement été remontée et n’a plus aucun impact. Elle frise même l’incompréhensible. Un album a fuir !!!
Quelques mois après que Schuiten ait été récompensé du Grand Prix de la Ville d’Angoulême, j’attendais avec impatience ce nouvel album des “Cités Obscures”. Cette fois, les auteurs nous invitent à suivre Roland de Cremer, un jeune cartographe, collaborant à la cartographie de la Sodrovnie. En ouvrant cet album, je me suis directement retrouvé plongé dans l’univers familier de Schuiten et Peeters. Et pourtant, il marque une rupture à plus d’un égard. Plusieurs évolutions esquissées dans les albums précédents se retrouvent amplifiées. Les personnages prennent de plus en plus le pas sur le décors. Le héros se prend même d’amitié pour un chien. Voilà un fait inédit dans le Monde Obscur ! Plus de ville, mais un microscosme isolé en plein desert. Et surtout, il y a le thème de ce récit, étrangement contemporain : la manipulation de l’histoire à des fins politiques. “La cartographie est une branche de l’art militaire”, déclare un personnage. L’allusion à la Grande Serbie est évidente, mais on songe aussi au Proche-Orient, au Tibet… Les auteurs dénoncent aussi la tendance au jeunisme et la substitution de l’humain par la technologie. Schuiten et Peeters frappent fort avec “La Frontière Invisible”. Ils livrent un album dense, passionnant à plus d’un égard. Sans doute un des meilleurs épisodes de la série !
Une nurse est accusée d’avoir sauvagement assassiné ses employeurs. Tout l’accuse mais elle clame son innocence. A Canardo de la disculper, et ce ne sera pas facile ! Je n’avais pas du tout aimé le dernier épisode du plus célèbre palmipede en imper du monde de la BD. Après un bon début, Sokal s’était égaré au propre comme au figuré dans les paradoxes temporels. J’avais donc une certaine appréhension quant à cet album. Sokal ne change pas grand chose à sa formule. Il balance un Canardo plus désabusé que jamais dans un milieu petit bourgeois où il ne fait pas bon ouvrir les placards. Manipulation, mensonge, sexe, drogue… la routine pour Canardo, même s’il n’est pas à l’abri de mauvaises surprises. Evidemment, Sokal est loin de nous refaire le coup de “Noces de Brume” ou de “L’Amerzone”, mais cette enquête a un petit goût de retour aux sources pas désagréable. Après s’être définitivement (?) débarrassé de Raspoutine et avoir fait un détour peu convaincant par la science-fiction, il se “contente” d’une intrigue policière classique mais efficace. Ajoutez à cela quelques répliques cinglantes comme il en a le secret et vous obtenez un bon Canardo.

 
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