
Combien de temps peut-on tenir avec un concept aussi casse-gueule que Spoon & White sans faiblir ou jeter l’éponge ? Léturgie & Léturgie, Jean & Simon, père & fils, n’ont pas semble-t-il pas encore épuisé le filon. Rappelons le pitch. Les détectives Spoon (le nabot) et White (le bellâtre) partagent le douteux privilège d’être les seuls blancs travaillant dans un commissariat de noirs, d’être aussi crétins l’un que l’autre, et de poursuivre de leurs assiduités la même femme, la pulpeuse et très opportuniste journaliste Courtney Balconi. Leur incompétence notoire et leur sale habitude d’être là où il ne faut pas place systématiquement ces deux maniaques du flingue dans des situations impossibles. Pour les Léturgie, les aventures de ces sous-doués sont surtout l’occasion de se livrer à un pillage en règle, sur fond d’humour trash, de l’imagerie des films et séries du moment. « Neverland » leur permet de se jouer du phénomène « Lost » tout en taquinant les ayatollahs de la dictature écologique et les problèmes linguistiques de la Belgique désunie. Et le délire fonctionne toujours. Le dynamisme du scénario et le graphisme débridé de Simon Léturgie emportent l’adhésion sans soucis. L’intrigue elle-même est certes oubliée aussi vite qu’elle a été lue. Mais « Spoon & White » file toujours la banane. Et ça, c’est inappréciable.
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