
Noir, noir et noir. Le tome 2 de cette « Princesse du sang », récit inachevé de Jean-Patrick Manchette, complété et remis en forme par son fils Doug Headline, puis adapté en bande dessinée par Max Cabanes, est à l’unisson de son aîné. Âpre, dense, sombre, véritable plongée en apnée dans les arcanes du crime géopolitique, où le banditisme se pare des oripeaux du patriotisme (ou le contraire), avec de beaux discours couleur sang écrits à la machette. Manipulée par son protecteur, la belle Ivy Pearl, photographe de guerre en rupture de conflit, entre malgré elle en contact avec l’aventurier Maurer et sa protégée Negra. Laquelle pourrait bien être Alba Black, héritière d’une entreprise florissante de vente d’armes censée s’être fait buter quelques années auparavant, à l’instigation de son tonton chéri. Ivy se lie à ce couple sauvage. Et se trouve ainsi catapultée au beau milieu de la foire aux barbouzes. Tonton Aaron ayant retrouvé sa trace demande à ses hommes de finir le travail. Commence alors une course-poursuite qui mène irrésistiblement les protagonistes vers Aaron Black. L’agneau mené au sacrifice ? Voire. Les loups les plus féroces ne sont pas forcément ceux que l’on pense. L’écriture de Manchette, toujours moderne quinze ans après sa mort, et le trait de Cabanes se mêlent intimement pour nous emmener vers un final logiquement tragique, sur fond de magouilles à portée internationale. Implacable.
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