
"Archipels", de Frédéric Bezian. Editions Charette.
Assumer la charge d'éditeur est avant tout faire oeuvre de passionné. Pour ceux qui ont fait voeu de sauver de l'oubli quelques unes des petites perles du neuvième art oubliées ou écartées des catalogues, cela relève du sacerdoce. Loïc Dauvillier est de ceux-là. Aujourd'hui Bordelais, ce touche à tout de la bande dessinée, tour à tour organisateur d'événements, scénariste, éditeur déjà à l'origine de la résurrection du "Myrtil Fauvette" de Riff Reb's, s'attaque aujourd'hui à l'oeuvre de Frédéric Bezian. "Archipels", précédemment paru aux éditions PMJ, est une nouvelle noire pleine d'ironie, huis clos improbable mettant en scène deux hommes dans un terrain vague attendant le coup de fil de la complice invisible d'un coup dont on ne saura jamais rien. Une réflexion sur la différence, l'incommunicabilité, le temps et les cartes de téléphone magnifiquement soulignée par le graphisme sombre et nerveux de Bezian, auteur replacé sur le devant de la scène par le sublime "Ne touchez à rien" cosigné avec Noël Simsolo chez Albin Michel, et "Des soldats d'honneur", one shot de la série Donjon Monsters de Johann Sfar et Lewis Trondheim aux éditions Delcourt. Le coût (10 euros) est un peu élevé, mais l'impression brillante renforce s'il en était besoin le contraste et l'intensité du traitement noir et blanc. A (re)découvrir.
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