
"Gunnm Last Order 7", de Yukito Kishiro. Glénat.
Il était temps ! Après sept albums d'une série culte, "Gunnm", dont Yukito Kishiro ne s'estimait pas satisfait, il aura fallu à l'auteur sept autres volumes du spin off "Last Order" pour nous mener au coeur même de l'intrigue. Autrement dit pour livrer de véritables informations sur le passé de Gally/Yoko et lier ensemble les images revenant par bribes à la mémoire de l'héroïne cyborg de ce thriller futuriste ultraviolent. Au profane, Last Order 7 apparaîtra comme une suite de combats sans réelle plage de repos, quoiqu'un peu moins gores qu'à certaines heures. Gally affronte un autre adepte du Panzer Kunst au coeur même de la station spatiale Jéru, alors même que dans l'arène, ses doubles déjantés Sechs, Elf et Zwölf poursuivent les combats dans le cadre d'un tournoi intergalactique sans merci. La mise en scène des batailles est comme de coutume virtuose, le style de Kishiro confinant à la perfection. Mais le mangaka détourne cette violence pour faire progresser ses personnages. Gally en apprend plus sur son passé de guerrière terroriste martienne et fait ainsi la paix avec elle-même. Sechs, pour sa part, se construit une personnalité propre au fil des combats, jusqu'à faire l'apprentissage de la compassion. Yukito Kishiro se plaît en marge à dérouler tout un aréopage de personnages hauts en couleurs, aux fêlures apparentes, qui donnent de l'épaisseur au propos. Et s'amuse à brouiller les cartes, loin de tout manichéisme. Le clown Jack Spring Foot apparaît ainsi comme une ombre entachant l'oeuvre caritative du Guntroll, ce groupe qui travaille pourtant à sauver les enfants de l'euthanasie... Ce septième opus se révèle donc essentiel pour la bonne compréhension de ce manga fleuve. Lequel reste avec une mise en place de 70.000 exemplaires à la nouveauté l'une des meilleures ventes du moment pour le manga en France.
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