
La critique du libéralisme n’a jamais rencontré autant d’écho depuis la crise mondiale. En tirer un pamphlet qui tienne la route – du moins en bande dessinée – est cependant toujours aussi difficile. Pluttark y parvient, paradoxalement, en déraillant ferme. Là où la plupart des auteurs peinent à s’extraire des poncifs sur la mondialisation et à donner souffle et dynamique à la satire, le bonhomme atteint son but en poussant les limites du système jusqu’à l’absurde. Là où d’autres démontent l‘idéologie libérale en l’étudiant de l’intérieur – lire l’excellent « Dans mon open space » de James, dont le tome 3 est au programme de la rentrée chez Dargaud – Pluttark lui fait les honneurs des orgues de Staline. En bref, l'outrance paye. Jouant essentiellement sur le gag de situation en une seule case – planche ou strip – l’auteur tient le rythme dans la démesure, détournant à l’envi de multiples situations avec un cynisme consommé. Ses « 100 idées pour vaincre la crise » sont à elles seules une belle preuve que l’économie de marché peut, elle aussi, assurer le spectacle. Au moins par intermittence…
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