Censure et BD

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25. Oliv - 20/04/05 17:34
[unanémité]: transcription phonétique du mot "unanimité" dans le langage 62-59 ;-)

24. stanislas - 20/04/05 17:33
Oliv a raison, imaginez un peu que des enfants rencontrent un homosexuel qui fait des dessins, ça aurait pû les traumatiser.

23. helmut perchu - 20/04/05 17:16 - (en réponse à : Oliv)
l'unanémité? C'est quoi ça ? C'est quand tout le monde est unanéme ?

22. Oliv - 20/04/05 17:05
J'aime bien le "soit disant UMP", rien n'est plus simple que de vérifier l'appartenance politique d'un élu (le communiqué reste vague pour renforcer sa situation de victime?).

Que les élus se soient fourvoyés sur le contenu de la BD, éloigné de Spirou comme le souligne M. Maester (quoique le Petit Spirou n'est pas un exemple de probité et de sainteté), cela peut arrivé. L'annulation paraît peut être excessive, un encart mentionnant le contenu de la conférence aurait peut être été plus opportun. Toujours est il que dans l'urgence les élus sont amenés à prendre des décisions qui ne feront jamais l'unanémité.

21. Bert74 - 20/04/05 16:26
Comment passer, en une séance de conseil municipal, de la bande-dessinée à la bande de cons...

20. Maëster - 20/04/05 15:56
Le communiqué de presse des éditions Ego comme X précise bien ; "un élu soit disant opposant à la majorité UMP a fait irruption dans la séance".
Difficile donc de connaître l'appartenance politique du quidam.

Reste qu'une rencontre prévue de longue date ("la rencontre était prévue depuis cinq mois et avait l’aval du conseil municipal") a été purement et simplement annulée sur la menace d'un seul individu et sous couvert ensuite "d'erreur de programmation".

On peut penser que la programmation des rencontres à la bibliothèque de Viroflay est soit faite à la légère (et il aura fallu cet "incident" pour que les responsables réalisent que la BD dont ils avaient invité l'auteur et l'éditeur est assez éloignée de ce qui se fait dans Spirou), soit à la merci du plus infime lobbying lorsqu'il se drape dans la posture de la dignité outragée et de la Morale judéo-chrétienne.

Voilà. Cela s'appelle de la censure et les petits ciseaux sont toujours extrêmement actifs.

19. Gillix - 20/04/05 14:39
c'est un UMP selon le sujet connexe sur Bulledair.

18. philma - 20/04/05 13:29
Parce que vous croyez qu'il n'y a qu'à l'extrême-droite qu'on trouve des homophobes ???

Bien sûr que non mais connaître le bord politique de quelqu'un qui ose proclamer cet ostracisme m'intéresse en effet. Si c'est un membre de l'extrême droite c'est dans l'ordre des choses et on peut se dire que si ça avait été Riad sattouf ou Joann Sfar ça aurait été la même chose pour d'autres raisons. Mais une homophobie proclamée par un membre du parti qui enverra peut-être à l'élection présidentielle le maire de Paris, je trouverais ça..."intéressant".

17. Altaïr - 20/04/05 12:55
Parce que vous croyez qu'il n'y a qu'à l'extrême-droite qu'on trouve des homophobes ???

Histoire confondante... et j'apprends par la même occasion que ma bibliothèque a mis les BDs de Neaud à l'index. pffff

16. Oliv - 20/04/05 11:54
A quoi ça sert de savoir de quel bord politique, il est? Toujours est il qu'Odrade fait habilement remarquer qu'il existe un volet BD plutôt réservé aux adultes. La programmation de cette rencontre un dimanche aurait peut être favoriser la présence de jeunes enfants ce qui n'était pas forcément l'idéal.

15. marcel - 20/04/05 11:06 - (en réponse à : philma)
A ton avis ?...
(Petit bonhomme plein de sous-entendus).

Les mairies FN du sud de la France avaient deja bien montre ce qu'elles pensaient des choix litteraires (et bandes-dessinesques) dans les bibliotheques.

14. CoeurDePat - 20/04/05 11:06
Zut, problème de lien, désolé. --> lien correct.

13. CoeurDePat - 20/04/05 11:05
Je n'ai pas d'info supplémentaire, j'ai simplement reçu le communiqué d'Ego Comme X, recopié tel quel dans mon post ci-dessous. Voir le document pdf.

12. philma - 20/04/05 10:59 - (en réponse à : Coeur de Pat)
Il serait intéressant de savoir si c'est un élu de gauche ou un élu fn(est-ce qu'il y a des élus fn à Viroflay) ?
Mais pour tout dire ça ne m'étonne absolument pas. A force de naviguer dans un certain milieu on finit parfois par croire que les choses avances. Erreur, les retours de batons n'en sont que plus douloureux!

11. Odrade - 20/04/05 10:53
Ici à ma bibliothèque, les livres "pour adultes" sont placés derrière les "enrégistreurs de prêt". On peut y accéder sans problème, ni (trop de) regards de biais.

Mais je trouve régulièrement des Manara érotiques ou autres au milieu des astérix. Bref, ils sont pas très pointilleux.

En ce qui concerne le Journal, il me semble qu'il est avec les bd tout public. Je pourrais comprendre qu'il soit avec les bd adultes.

Pour revenir à l'annulation de la rencontre Ego Comme X... C'était dans le cadre d'une présentation de la bd à des adultes ou à des enfants ? Dans le dernier cas, je comprends qu'ils se soient rendus compte de leur méprise :o)
Comme quoi il y aurait toujours des gens qui prennent la bd pour un médium "enfants". Ceci sans aucun jugement de valeur du Journal, bien sûr.

O.

10. lhub. - 20/04/05 10:28
j'aurais pu mettre ca dans le sujet"Liberty Meadows" aussi.
Sur le site de Frank Cho, vous avez qq 200 strips qui ont ete censures et interdits de publication dans les journeaux americains (http://www.libertymeadows.com/uncengal/index.htm).
Si vous allez a la fin de la FAQ sur le meme site, il explique ce qui a ete reproche a ces strips, c'est a peine croyable de voir une telle chape morale s'exercer encore avec aussi peu de discernement......

9. CoeurDePat - 20/04/05 10:20 - (en réponse à : Petite variante de cette chère Anastasie)

            Communiqué Ego Comme X

Les éditions ego comme x, représentées par Fabrice Neaud et Loïc Néhou, étaient invités ce dimanche 17 avril 2005 à la bibliothèque de Viroflay pour y parler d’autobiographie en bande dessinée.

Nous recevons la veille, un appel de la directrice de la bibliothèque, Madame Marie-Christine Jacquinet, qui se voit contrainte d’annuler la rencontre sur la demande du conseil municipal pour la raison suivante : vendredi soir, lors de la tenue de ce même conseil, un élu soit disant opposant à la majorité UMP a fait irruption dans la séance en hurlant qu'il était honteux que la ville s’apprête à accueillir, des gens faisant l’apologie de la pornographie et de l’homosexualité ! À l'appui de sa protestation, il brandit un tract reproduisant deux pages extraites du Journal (1) de Fabrice Neaud (nous ne parviendrons pas à savoir lesquelles, malgré nos demandes insistantes auprès de l’élu à la culture, Mme Simone Faulhaber), qu’il menaçait de distribuer dans toutes les boîtes aux lettres viroflaysiennes. En outre, il menaçait encore de venir perturber la rencontre, si celle-ci devait finalement avoir lieu malgré ses « dignes » et « très morales » protestations !…

L’élu à la culture, Mme Faulhaber, jointe aujourd’hui par Sylvie Chabroux n’a pu lui donner ni le nom du conseiller, ni une copie du tract. Et à la question pourquoi le conseil municipal a-t-il obtempéré sous la pression de cet élu, la seule réponse qui lui a été faite : il s’agirait d’une « erreur de programmation ». Envolé l’argument de l’apologie de l’homosexualité, restant celui de la pornographie, la rencontre avec ego comme x devenait incompatible avec une remise de prix bande dessinée pour les enfants devant attirer un public familial ce même dimanche.

Information importante, la rencontre était prévue depuis cinq mois et avaitl’aval du conseil municipal.

De plus, nous avions appris, il a quelques temps, que nos ouvrages étaient mis à l’index de certaines bibliothèques comme celle de Boulogne-Billancourt..

Qui l’eut cru ?....

C’est en France que ça se passe....

8. Lionel Jonqueaux - 21/05/02 22:48
Pour plus de clarté, je copie colle les articles ci-dessous. J'espère que leurs auteurs n'y verront pas ombrage :

La loi du 16 juillet 1949
"Anasthasie a encore frappé !", disait-on autrefois pour expliquer certaines coupes franches dans les livres et les revues...

Tout ça semble loin ! Et pourtant, il suffit d'ouvrir n'importe quel album de BD pour s'apercevoir que l'ombre de la censure plane encore au-dessus du neuvième art...

Une mention austère (et bien souvent mystérieuse aux yeux des jeunes et moins jeunes lecteurs) figure toujours aujourd'hui en première ou dernière page, sous le copyright de l'éditeur : "Déposé au ministère de la Justice, Paris (Loi n°49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse)." Quelle est donc cette loi et, surtout, quelles en furent les motivations et les conséquences ? C'est ce que nous allons tenter de comprendre cette semaine, à travers un mini-dossier que chacun pourra compléter en se plongeant dans la lecture salutaire de deux ouvrages de référence en matière de censure : Images interdites d'Yves Frémion et Bernard Joubert (éd. Syros/Alternatives) et On tue à chaque page ! coordonné par Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd. du Temps/ Musée de la bande dessinée)...

 Quelles motivations ? 
Au moment où elle fut votée, une foule de motivations semblait justifier cette loi. Marquée par quatre années d'Occupation, la France cherchait alors à se reconstruire sur de nouvelles valeurs, afin que les jeunes générations ne retombent pas dans la barbarie et l'obscurantisme passés. (C'est en tout cas l'état d'esprit dans lequel se trouvait, selon son propre aveu, l'un des promoteurs de cette loi, M. René Finkelstein.) Il fut donc décidé de créer un Comité de lecture pour vérifier le contenu des publications destinées à la jeunesse. Celles-ci ne devaient en aucun cas présenter sous un jour favorable le "banditisme", le "mensonge", le "vol", la "paresse", la "lâcheté", la "haine", la "débauche" et (à partir de 1954) les "préjugés ethniques".

 Conservatisme et Protectionnisme...



La recrudescence de la délinquance juvénile observée à l'époque tendait à justifier, aux yeux de l'opinion, de telles mesures : professeurs et éducateurs jetaient encore un regard plein de suspicion sur les "illustrés", qu'ils considéraient souvent comme des instruments"d'analphabétisation de la jeunesse"... Derrière les intentions morales avouées (louables en apparence, au lendemain des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, mais qui n'étaient, en fait, pas très éloignées du conservatisme de Vichy) et les visées strictement "pédagogiques" se dissimulaient une collusion d'intérêts n'ayant souvent que bien peu de rapport avec les professions de foi affichées... Les interdictions et/ou les censures dont furent victimes à la fin des années 50, les bandes dessinées de Pierre Mouchot (alias Chott, auteur et éditeur lyonnais condamné à un mois de prison parce qu'il avait dessiné un squelette et montré un peu de violence dans ses histoires…), mais aussi Tarzan et Le Fantôme du Bengale sont la preuve que les motivations des membres de la Commission dépassaient bien souvent le cadre de la "protection de la jeunesse": il y avait là, sous le voile hypocrite de la moralité, un véritable abus de protectionnisme (alimenté par un antiaméricanisme caractéristique de l'esprit cocardier), mais aussi une volonté à peine masquée d'éliminer la concurrence. En effet, les enseignants et les éducateurs n'étaient pas les seuls à siéger à la Commission de surveillance : quelques professionnels bénéficiaient également de ce privilège. Pour les éditeurs, la fonction de membre de la Commission s'avéra bien souvent pratique pour se débarrasser de rivaux encombrants...

 

 ''Le surhomme Tarzan n'est pas un exemple pour la jeunesse'', s'exclamaient les antiaméricains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale...

Paul Winkler (créateur d'Opéra Mundi et éditeur du Journal de Mickey) et Cino Del Ducca (patron des éditions Mondiales, qui publièrent, entre autres, Tarzan) en furent pour leurs frais. Le succès de leurs publications de BD américaines était si grand qu'il y a fort à parier que l'interdiction des héros masqués et costumés fut en partie promulguée pour leur nuire directement... En fait, le véritable problème posé par cette loi toujours en vigueur est, comme l'analyse fort justement Jean-Paul Gabilliet, le glissement sémantique qui s'est opéré entre "publications destinées à la jeunesse" et "publications de toute nature présentant un danger pour la jeunesse". Sur ce point précis (qui figure dans l'article 14), la loi du 16 juillet 1949 est en complète contradiction avec la notion de liberté d'expression. L'impact de cette loi, au-delà des interdictions qu'elle prononça, fut énorme sur la production franco-belge : la crainte de la censure corseta pendant des années la bande dessinée franco-belge. L'absence de femmes et de violence dans les séries les plus célèbres est une conséquence directe de l'existence de la Commission de surveillance des publications destinées à la jeunesse. Mais cette dernière n'empêcha pas pour autant les auteurs de BD de livrer (envers et contre tout) une flopée de chefs d'œuvre, tout comme le Code Hayes n'empêcha pas les réalisateurs américains de donner le jour à de grands films...

Benoït Mouchart







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Mis en ligne le 11/07/2000

"Incroyable mais vrai !", une évocation des BD les plus innocentes qui furent frappées d'interdiction...

Sources : Images interdites d'Yves Frémion et Bernard Joubert (éd.Syros/Alternatives) et On tue à chaque page coordonné par Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd. du Temps/ Musée de la bande dessinée), ainsi que la revue Le Collectionneur de bande dessinée.

Incroyable mais vrai !



" Aux innocents les mains pleines " semble avoir souvent été l’adage préféré des censeurs…

L'ire de la Commission de surveillance des publications destinées à la jeunesse s'est souvent abattue sur des bandes dessinées dont on se demande bien aujourd'hui ce qu'elles pouvaient avoir de pernicieux ou d'amoral… Au chapitre des incongruités les plus célèbres, il fut réclamé à Franquin de gommer les revolvers que tenaient ses personnages dans Spirou et les héritiers. Résultat : ses héros étaient menacés par des index pointés...

Lucky Luke trop violent...



Dans le même ordre d'idée, Lucky Luke, bien qu'il n'ait jamais fait couler une goutte de sang en plus de 50 années d'aventures, fut un jour jugé beaucoup trop violent... En 1962, Morris et Goscinny virent leur album Billy the Kid interdit à l'importation en France, parce qu'une image de cette histoire représentait Billy, bébé, téter un revolver... Quel mauvais exemple pour les jeunes lecteurs !

Boule et Bill : incitation à la cruauté...



Plus surprenante encore fut l'interdiction levée contre un album de… Boule et Bill ! Dans la première édition de 60 gags de Boule et Bill#2, on voyait le chien Bill faire l'hélicoptère avec ses oreilles. Ce gag, plutôt attendrissant, fut qualifié par la Commission d'acte de torture envers un animal, et, par voie de conséquence, d'incitation à la cruauté…

Des éditeurs belges...


Les éditions Dupuis furent souvent dans le collimateur des Censeurs, moins pour la violence et les aspects " amoraux " des bandes dessinées qu'elles publiaient que pour… leur nationalité ! Dupuis, tout comme Le Lombard et Casterman est un éditeur belge, ce qui, dans l'esprit protectionniste de la Commission de surveillance, était une tare rédhibitoire…

Tout devint un prétexte pour empêcher les albums imprimés en Belgique de traverser la frontière. Sans doute sous l'impulsion des communistes, la Commission chercha des noises à Buck Danny pour les albums (il est vrai plutôt pro-américains) Ciel de Corée et Avion sans pilote. Les commissaires trouvèrent également déplaisantes les caricatures de policiers de Maurice Tillieux dans une enquête de Gil Jourdan : Popaïne et vieux tableaux… Mais les éditions Dupuis n'eurent malheureusement pas le triste monopole des interdictions à l'importation.

 ''incitation à la haine et à la violence''
 Lorsqu'Alix passa des éditions du Lombard à Casterman, deux albums de Jacques Martin furent menacés d'interdiction à l'étalage… " A cette époque, il y avait de véritables règlements de compte entre la France et la Belgique, se souvient aujourd'hui Jacques Martin. Les Légions perdues et La Griffe noire ont été interdits à l'étalage pour ''incitation à la haine et à la violence''… On me reprochait d'avoir dessiné un cagoulard sur la couverture, et on voyait dans ces histoires des insinuations directes à la guerre d'Algérie… C'était n'importe quoi, mais ces livres, avec une telle sanction, étaient voués au tombeau ! Je m'en suis ouvert à René Goscinny, qui est allé lui-même devant la Commission, pour que soit levée la censure. Il a obtenu gain de cause, pour mon plus grand soulagement ! "

Aux éditions du Lombard, les aventures de Blake et Mortimer connurent les mêmes soucis : selon les commissaires, les histoires de Jacobs étaient, elles aussi, des " incitations à la haine et à la violence "… Tant de mauvaise foi, concernant des bandes dessinées manifestement peu propices à l'incitation à la débauche, ne trompe pas : derrière les décisions de la Commission de surveillance se dissimulaient bien souvent des arguments de censure économique très éloignés des motivations premières de la loi du 16 juillet 1949. Le sort qui fut réservé aux bandes dessinées américaines l'atteste encore plus fortement…

Benoît Mouchart







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''Dehors, les yankees !''



Les plus tristes mésaventures des super-héros ont eu lieu en France: gouachages, coupes sombres et censures...

Sources : Images interdites d'Yves Frémion et Bernard Joubert (éd. Syros/Alternatives) et On tue à chaque page coordonné par Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd. du Temps/ Musée de la bande dessinée), ainsi que la revue Le Collectionneur de bande dessinée.

 Lug : Fantask... et Marvel



Il ne faudrait pas croire que l'antiaméricanisme dont fit montre la commission de surveillance à l'égard des publications de Cino Del Ducca et Paul Winkler dans les années 50 fut un fait unique dans l'histoire de l'édition des comics en France : la maison Lug (ancêtre direct de l'actuel Sémic) connut, elle aussi, bien des soucis avec la censure à la fin des années 60 et 70. Les commissaires s'acharnèrent plus particulièrement contre la série Les Quatre Fantastiques. Lancé en février 1969, le magazine "Fantask" remportait un joli succès en publiant les aventures du quatuor mutant… Les Quatre Fantastiques ne sont pas des super-héros comme les autres : ils ne se cachent pas derrière une double identité et rencontrent des problèmes moins " extraordinaires " que ne peuvent l'être leurs exploits. Comme l'analyse fort justement Jean-Paul Jennequin, les Quatre Fantastiques " n'étaient plus une simple panoplie que le lecteur était invité à endosser mais des êtres réels, proches du quotidien, amenés à vivre des situations hors du commun ".

Mais la " science-fiction terrifiante " et les " visions cauchemardesques " mises en scène par Jack Kirby n'eurent pas l'heur de plaire aux thuriféraires de la loi du 16 juillet 1949. Suite à un courrier de la Commission, "Fantask" ne put jamais éditer son huitième numéro. Lug ne s'avoua cependant pas vaincu pour autant et commença à publier en mars 1970 un nouveau périodique reprenant les aventures des Quatre Fantastiques :"Marvel". Un an plus tard, cette revue subissait une interdiction à la vente aux mineurs…

 Auto-censures...

Échaudées par ces expériences malheureuses, les éditions Lug se montrèrent par la suite beaucoup plus prudentes, et allèrent même, pour ne plus essuyer les foudres de la Commission, jusqu'à maquiller par leur propre soin tous les éléments qui auraient pu poser problème. " En fait, expliquait en 1985 un responsable de Lug à BernardJoubert et Yves Frémion, c'est le genre fantastique et super-héros qui n'est pas admis. On lui reproche de ne pas préparer les jeunes au monde d'aujourd'hui. " Pourtant, si l'on regarde de près certains comic-books, on se rend bien compte qu'il y est parfois question de certains problèmes contemporains d'envergure, parmi lesquels vient en tête la drogue…

Des seringues transformées en... balais !

Sauf dans les versions françaises éditées par Lug : lorsque Peter Parker (alias Spiderman, lorsqu'il revêt son costume rouge et bleu) y est confronté à de jeunes toxicomanes, les seringues de ces derniers sont miraculeusement transformées en…balais !

Chez Lug donc, s'installe un véritable atelier de retouchage, où le dessinateur-retoucheur Roger Médina gommait par anticipation toute infraction à la loi. Gérard Thomassian, grand connaisseur des petits formats (auteur d'une encyclopédie auto-éditée en plusieurs volumes), reconnaît que "la pression de la censure était tellement forte dans les années 1950/70 que les éditeurs pratiquaient une auto-censure préventive systématique." Même les bandes estimées "bon enfant" n'échappaient pas aux ciseaux de l'éditeur Lyonnais. "Dans les années 70, reprend Thomassian dans un autre ouvrage, les super-héros supplantèrent, dans l'esprit de la Commission, les pockets sur le plan de la "nocivité". Force est de constater aussi que cette auto-censure, pratiquée vaille que vaille, persista au-delà des années 80. Dans le numéro 88 des "Cahiers de la BD", Joubert constatait encore amèrement cette réalité. "Les planches américaines "retouchées" pour les éditions populaires françaises se comptent par milliers. On supprime les coups de poing, les onomatopées, les larmes, le sang, la sueur… On arrête des séries, on saute des épisodes d'auteurs comme Jack Kirby, Frank Miller et Bill Sienkiewicz (…) Les vieilles habitudes ont la vie dure", termine t-il alors. En décembre 1980, ce fut au tour de "L'inattendu" d'être rayé de la carte des kiosques. A toutes ces perturbations notoires (gouachage des armes, suppression de certaines cases, images redessinées…) s'ajoute également un remontage bien français des planches d'origine, pour les adapter au format de publication. Après ça, que reste-t-il, vous demandez-vous ?… Dans certains cas, pas grand chose, un produit final qui n'est qu'un "reflet pâle et déformé de l'original" (dixit Thomassian). Mais voyons le bon côté des choses. Ces perles rares de publications sont devenues aujourd'hui de véritables collectors. Certains, comme "Marvel" ou "Fantask", très recherchés et très cotés. D'autres beaucoup moins. Et ils augurent de joyeux moments ludiques en perspective. Du genre, cherchez les sept erreurs entre le comic initial et sa v.f.. A bon entendeur…

Christian Marmonnier et Benoît Mouchart

Sources : Images interdites d'Yves Frémion et Bernard Joubert (éd. Syros/Alternatives) et On tue à chaque page coordonné par Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd. du Temps/ Musée de la bande dessinée), ainsi que " Les Fantastic Four en France " de Jean-Paul Jennequin (in Les Inhumains sont parmi nous, éditions Bethy) et les volumes de L'Encyclopédie des bandes dessinées de petit format" (Librairie Fantasmak, 17 rue de Belzunce 75010 Paris).

  Mis en ligne le 12/07/2000
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Les interdits d'Elvifrance
"Terrificolor", "Sam Bot", "Isabella", "Lucrèce" résonnent dans la mémoire collective des quadras d'aujourd'hui. Mais savent-ils que leur éditeur fut le plus visé de toute l'histoire de la censure française ?
Dans toute l'histoire de l'édition française du XXe siècle, l'éditeur qui a été le plus interdit se nommait Georges Biellec. Durant 20 ans, il mena un combat sans merci contre les censeurs qui s'acharnaient sur ses publications.

776 interdictions...
De 1972 à 1989, en effet, Elvifrance, sa maison d'édition, essuya 776 interdictions, allant de l'interdiction de niveau 1 (interdiction de vente aux mineurs) à l'interdiction de niveau 3 (interdiction de vente aux mineurs, à l'exposition et à toute publicité), la plus meurtrière… Celle qui mettait généralement un terme à la vie d'un magazine.

Un subterfuge cocasse...
Dès 1973, à la suite d'une série de premières interdictions, ce téméraire éditeur fut dans l'obligation de déposer ses parutions au minimum trois mois avant leur mise en circulation, afin que la Commission de Surveillance du Ministère puisse juger de celles-ci. D'autres auraient mis la clé sous la porte : pas Biellec. Il faut dire que ce dernier avait inventé un subterfuge des plus cocasses pour contourner la menace qui pesait sur sa maison et son métier. Dans un article sur le cas de ce singulier entrepreneur (Le Collectionneur de Bandes Dessinées # 80, été 1996), Bernard Joubert nous révélait le processus mis au point par Biellec : "Pour parer à ce risque, Elvifrance adopte l'extraordinaire solution suivante : ne faire imprimer, dans un premier temps, que des micro-tirages d'une trentaine d'exemplaires ! Si le délai légal de trois mois s'écoule sans que la Commission de Surveillance ne se manifeste, le tirage définitif est alors lancé à partir des plaques offset déjà prêtes. Mais si une interdiction rend le pocket impossible à commercialiser, les frais s'arrêtent là. L'opération se solde par une perte financière considérable, mais qui ne mène pas l'entreprise à la catastrophe."

De cette manière, et en présentant à la Commission un nombre supérieur de parutions (jouant ainsi sur des titres de "réserve"), Elvifrance put survivre et continuer, bon gré, mal gré, ses multiples séries et diverses collections. "Goldboy" (frappé par 5 fois), "Jungla" (3 fois), "Luciféra" (4 fois), les "Contes malicieux" (4 fois) ont pu ainsi persévérer, tout en conservant la part de "charme" et d'humour qui les caractérisait. Côté humour, la panacée revient sans aucun doute aux slogans et textes d'annonces qui ponctuaient les fins de volumes. C'était même le fer de lance de ces pockets : "La nouvelle BD EF qui ne décoiffe que ceux qui portent des bigoudis pour dormir la nuit" présentait la série "Les drôlesses" en précisant "PD s'abstenir !"... "Pour échapper aux conneries politico-merdeuses qui cherchent à nous transformer en pions ou en marpions (sic, ndlr), c'est selon." annonçait un numéro de "Salut les bidasses"...

  Un humour très "léger" et des scènes de plus en plus gore, pour certains titres ("Terrificolor", par exemple), ont probablement durci la situation entre Biellec et les membres de la Commission de Surveillance. Mais il n'y a pas que cela. "Le fait que Georges Biellec, remarque Joubert (article cité), se soit conformé scrupuleusement à la loi et ait persisté à exister au grand jour fut interprété -avec raison d'ailleurs-, comme un défi. Les rapports, très vite, s'envenimèrent et la situation se bloqua (...) Les auteurs de bandes dessinées usant de la loi de 49 dans un but protectionniste ne furent pas les plus acharnés. Il y eut davantage à craindre des représentants d'associations familiales, de mouvements de jeunesse et de l'enseignement privé. Et les interventions de l'un d'eux, qui siégea plus de 40 ans à la Commission, furent sans ambiguïtés quant à sa volonté de voir disparaître Elvifrance."

Propagande délibérée...



Pour anecdote, citons le périodique "Hitler" qui fut frappé d'une interdiction de niveau 2 à la sortie de son deuxième numéro. C'est le commissaire zélé dont nous venons de parler qui, affecté de ne pas voir interdit le premier numéro, réussit à en faire parler à l'Assemblée Nationale. Là, en novembre 1978, Georges Marchais et Maurice Nilès(députés PC) interpellèrent le gouvernement pour qu'une "enquête sérieuse" soit menée sur ces publications soupçonnées de véhiculer une "propagande délibérée, quoique occulte". Durant ces deux décennies d'existence (ou de survie !), Georges Biellec a tenu bien haut l'étendard de ces "fumetti per adulti". Aujourd'hui, ces pockets ont disparu du paysage des "petits mickeys". Et, en dehors de rares articles sur Elvifrance, vous pouvez vous procurer une encyclopédie riche d'enseignement sur ces Petits Formats pour Adultes (éditée à petit tirage par Pressibus en 1996). Dans l'introduction de celle-ci, Alain Beyrand rappelle ce qui l'a motivé à amasser et lire ces pockets de gare : "Ce qui pousse à aller plus loin, c'est le plaisir esthétique d'avoir reconnu les "bons" des "communs" et des "mauvais", c'est la satisfaction d'avoir pimenté ses goûts habituels en plongeant dans des univers dépaysants, celui du stupre, de la vulgarité, de la paillardise, de la perversion ou de la fiction cynique. Si les pages réalisées par Frollo ou Hodges sont attrayantes, les dialogues de "Sam Bot", les couleurs de "Terrificolor", les dessins de Del Mestre peuvent déplaire de prime abord. Mais une bande dessinée doit être lue pour être jugée." Ce sera notre conclusion temporaire. Une conclusion que les censeurs du monde entier devraient apprendre par cœur.

Ch. Marmonnier

Sources : Images interdites d'Yves Frémion et Bernard Joubert (éd.Syros/Alternatives) et On tue à chaque page coordonné par Thierry Crépin et Thierry Groensteen (éd. du Temps/ Musée de la bande dessinée), Le Collectionneur de Bandes Dessinées" 80 et L'encyclo des PFA (Pressibus).

Mis en ligne le 13/07/2000
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Censure, la FNAC résiste !

Mis en cause, un journaliste-auteur monte au créneau...

Suite aux récentes affaires de censures en ou hors BD, Bernard Joubert, co-auteur d'''Images interdites'' s'est renseigné sur les plaintes déposées par des associations ''bien pensantes'' à l'encontre de certaines FNAC contre la présence dans leurs rayons d'albums jugés ''pornographiques''. Et là, surprise un de ses livres est attaqué…

L'association Promouvoir, pour la " défense des valeurs judéo-chrétiennes et de la famille ", à l'origine de la plainte ayant entraîné le retrait des écrans du film Baise-moi, s'intéresse également à la BD. Au mois de mai, usant de la même loi (l'article 227-24 du Code pénal dit " loi Jolibois "), elle a porté plainte contre la FNAC d'Avignon pour la mise en vente d'albums contenant des " messages violents et pornographiques susceptibles d'être perçus par des mineurs ". Dans ce cas de figure, c'est un tribunal correctionnel qui aura à juger de l'affaire, le 27 septembre prochain.

Selon les services juridiques et de communication de la FNAC, sont parmi les titres concernés :

- les Eaux de Mortelune tome 1 (l'Échiquier du rat) de Philippe Adamov et Patrick Cothias, chez Glénat, qui fut prépublié dans la revue Circus et dont la première édition remonte à 1986 ;

- la collection Selen chez Vents d'Ouest ;

- les albums de Dany chez P&T Production (Ça vous intéresse ?, Où voulez-vous en venir ?, etc.) ;

- l'art-book les Carnets secrets de Janice d'Erich von Götha et Bernard Joubert paru à la Musardine fin 1999.

Par ailleurs, les Eaux de Mortelune et les albums de Dany figurent également parmi les BD à l'origine d'une plainte déposée contre les FNAC de Lyon, en juin, par l'association Action pour la dignité humaine. Rappelons qu'en décembre, cette dernière avait obtenu la condamnation du Musée d'art contemporain de Lyon à qui elle reprochait, dans le cadre de son exposition " Cent millions d'étoiles ", consacrée à la BD de science-fiction, d'avoir affiché des planches originales d'Ailleurs (Robert Gigi), Port Nawak (David Prudhomme chez Vents d'Ouest), The Pact (un fanzine de Reedman et Brun), l'Imploseur (Stan et Vince et Benoît Delépine chez Albin Michel) et Urban Games(Christophe Raufflet aux Humanoïdes Associés). Elle a procédé pour les FNAC comme avec le musée, faisant, en premier lieu, dresser un constat d'huissier. Le procès aura lieu en octobre.

On remarquera qu'autant dans les Eaux de Mortelune que les Carnets secrets de Janice sont tournés en dérision des représentants de la religion, de la même façon que, dans l'affaire du musée de Lyon, il était reproché au fort sage Port Nawak " qu'une femme dénudée [fasse] référence à sainte Marie-Madeleine ". On vit alors, fait incroyable (car sans fondement légal), la juge lyonnaise retenir dans ses motifs de condamnation le caractère " blasphématoire de certains dessins ".

La FNAC indique avoir maintenu l'ensemble des ouvrages en rayon, ce dont nous ne pouvons que la féliciter. L'action concertée de ces associations vise avant tout à susciter des réactions d'autocensure chez les libraires. Au-delà de ces procédures judiciaires, somme toute très peu nombreuses et au résultat incertain (il arrive que le plaignant, débouté, ait à payer l'ensemble des frais de justice), leur véritable travail de terrain se fait par le biais d'adhérents ayant pour mission de se plaindre systématiquement aux caisses des points de vente et d'écrire à la direction. Ne pas leur céder relève du devoir civique.

Bernard Joubert (coauteur des Carnets secrets de Janice)

7. Lionel Jonqueaux - 21/05/02 22:40
À défaut de Neuvième art, vous pour vez lire un dossier reproduit dans le site suivant : http://perso.club-internet.fr/poncetd/CENSURE/comicsdaily.htm
Instructif !!

6. ? - 21/05/02 22:03
Ben non, justement, rien n'a été dépenalisé. Belle manoeuvre de nos politiciens qui en fait ont simplement dit qu'ils allaient envisager de réfléchir au fait qu'il fallait peut-être changer quelque chose dans certaines matières. Mais rien n'a changé. Détenir, importer, fabriquer, vendre, acheter ce que tu crois être autorisé, reste un délit.

5. pierre tombal - 21/05/02 21:05
c'est moi qui vient de le lancer mais apparament j'ai été censuré, désoler mais je ne voulais en aucun cas choquer, inciter, nous somment bien dans un pays qui a dépénaliser partiellement certaine "drogue" non????????
merde je croyais qu' ont étaient en démocratie en belgique!!
dommage......

4. ouais - 21/05/02 20:51
Ou plutôt "censure et BDP": c'est un sujet consacré au lien entre drogue et bande dessinée qui vient de disparaître avant même que j'ai eu le temps de le lire. Ca craint.

3. hips - 26/10/99 15:45 - (en réponse à : hips)
ACHETONS TOUS DU SCHETTER, TOUS LES EDITEURS LE CENSURENT, C'EST UNE HONTE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
HIPS+

2. Mike - 26/10/99 15:17
est-ce que "Hitler = SS" de Vuillemin et Gourio est toujours censuré ? et "les aventures de Madame Pompidou" de Cabu ?
...
la meilleure censure c'est celle des auteurs qui tombent dans le politiquement correct. C'est logique: au début on veut percer et il faut plaire à un large public qui va de l'ado boutonneux jusqu'aux vieillard valétudianire en passant par la ménagère de moins de 50 ans. Ensuite lorsqu'on est connu on se dit qu'on peut publier des albums plus risqués. Mais le fera-t-on ?
Honnêtement je crois que beaucoup d'auteurs réfléchissent comme ça car ils ne veulent pas ramer toute leur vie durant ni crouler sous les procès ou être censuré (l'éditeur tousse). Le but d'un dessinateur pro c'est de vivre de la BD et de plaire à tous.
Le deuxième censeur c'est le lecteur, càd nous tous ici présents. Nous qui ne lisons presque plus la presse, qui en rentrant le soir allumons la télé et sommes informé par TF1 BOUYGUES ou F2.
Ainsi le lectorat devient de plus en plus conservateur...alors faisons un acte civique: une fois par semaine achetons un album dont le tirage est si faible que ça ressemble presque à de la censure...("la bitte à Urbain" de Tronchet, "Raoul Teigneux contre les Druzes" de Vuillemin, "Ivan Morve" de Mattt Konture, etc....)

1. Briard - 26/10/99 00:14 - (en réponse à : briard@altern.org)
Suite à une longjue discussion sur le chat, je lance le sujet ici.
Nombreux sont les albums de BD qui ont été censurés. Certains à raison, d'autres à tort. Nous pouvons en débattre. Dans les années 70, des journaux tels Fantask en France, qui présentait des BD américaines tels les 4 Fantastiques ont été censurés au bout de quelques numéros, parce que jugés dangereux pour la jeunesse.
Sur ce sujet, je vous propose de lire l'excellent dossier de la superbe revue 9ème Art (n°4), sur la censure BD en France. Cette revue est très chère, mais je vous invite à la feuilleter, tout de même, car c'est très complet




 


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