1201. Bert74
- 03/02/12 10:25
- (en réponse à : suzy 1197)
|
Tu te trompes suzy, car avec Delisle il n'y a pas mise en abîme justement. La mise en abîme est quelque chose de particulier (le sujet de l'étude ou l'oeuvre influent eux-mêmes sur l'observateur ou l'auteur), vraiment différent de ce que fait Delisle. Ca n'a rien à voir avec du recul ou de la distanciation.
Sinon, il est bien le dernier Jérémhia ?
J'ai carrément perdu le fil depuis le Dernier Diamant, où j'avais rien compris à l'histoire.
|
1200. chienvert
- 03/02/12 10:20
|
Je viens de finir ,par acquis de conscience, un album emprunté à la médiathèque à priori très attractif pour les hurluberlus de mon espèce: "American Vampire T1" (co-signé par Stéphen King)!
Mon verdict: c'est tout à fait indigeste et sans intérêt malgré quelques fulgurances graphiques gores ça et là! On dirait du stephen King moderne: une soupe dont le vide scénaristique est masqué par un récit emberlificoté! En plus c'est très long! Quel ennui!
|
1199. chienvert
- 03/02/12 10:16
- (en réponse à : pm # 1196)
|
Attention parce que tu dénonces de la "malhonnêteté scénaristique" et maintenant tu proposes un "processus de distanciation" donc bien un artefact pour que le rendu soit de "nature" plus vrai!!! Ce que je te répondrais tout simplement c'est que Sacco, puisque c'est bien de lui dont il est question, assume aussi sa subjectivité et son point de vue! Il est plus engagé que malhonnête! Tout lecteur attentif sait bien qu'il nous livre son point de vue dénonciateur d'artiste engagé! Pour lui la BD est aussi un champ de combat politique c'est aussi pour ça que ses BDs sont brulantes!
Je viens de commencer Igort "les cahiers d'Ukraine", je te remercie, c'est tout simplement fantastique, bien au delà de mes premières espérances!
|
1198. herve
- 02/02/12 23:41
|
Mona Street (intégrale, édition définitive, Delcourt, Erotix) Leone Frollo
Leone Frollo, auteur de la série déjà remarquable et remarquée "Casino" ("maison close"en français) nous offre là de nouvelles aventures érotiques avec "Mona Street", publiées pour la première fois en 1988, aux éditions Dominique Leroy.
Cette superbe intégrale reprend l'ensemble de la vie de Mona, fausse ingénie mais vraie déesse vouée au sexe.
Tout d'abord, il faut souligner le dessin admirable de Frollo, un dessin plus fouillé et plus précis que celui employé sur "Casino". D'ailleurs, contrairement à cette série, les décors, les détails, voire les dialogues sont plus riches. On rencontre même dans cet album, la dame patronne de "One Two Two", déjà présente dans "Casino"
Leone Frollo développe tout son talent dans cette édition définitive, en dessinant avec maestria les lingeries, et tenues du début du XXème siècle.
Plus proche des "Claudine" de Colette & Willy que de la bd pornographique,cette intégrale possède un charme désuet mais si magnifiquement mis en page, que l'on ne peut s'en détacher.
Alternant dessin encré, et esquisse, cet album est , à mon avis, l'un des plus remarquables édité par Delcourt, dans la collection Erotix.
note:4/5
|
1197. suzy
- 02/02/12 19:18
|
et puis Davodeau fait aussi de la fiction.
Tiens, une bulle dans le dernier Jeremiah illustre parfaitement les qualités que vous attribuez au travail de Delisle : "Fascinante cette quotidienneté mise en abime avec tant de lucidité" dit une dame devant un débouche lavabo peint en rouge, oeuvre de l'Artiste. Alors que je pense plus à de l'opportunisme petit bourgeois.
|
1196. pm
- 02/02/12 18:16
- (en réponse à : chienvert)
|
Cela pose effectivement le problème de la bd faisant appel à la mémoire et je pense que la voix off est alors nécessaire ( un narrateur qui garde une certaine distance) ou un procédé de distanciation comme Spiegelman, ce qu'à mon avis Igort a réussi (mais Quentin n'est pas d'accord et a des arguments plutôt valables). Davodeau y arrive aussi pas mal mais ce n'est pas exactement le même registre car il ne fait pas trop appel à la mémoire , sauf sur un homme est mort qui m'est du coup apparu comme un docu-fiction et sur les mauvaises gens mais le sujet est moins polémique.
|
1195. marcel
- 02/02/12 17:27
|
Merci longshot, je raccroche un peu mieux les wagons.
|
1194. Mr Degryse
- 02/02/12 16:14
- (en réponse à : Longshot)
|
J'ai rien contre l'heroic fantasy ni les super héros. Je suis juste pas trop adepte de l'ésotérisme dans les bds. De pus, je n'aime pas trop voir pas du tout Dc Strange et là je trouve qu'on le voit trop. Autant j'adore Gaiman romancier autant ses bds ( même sandman) ne m'ont jamais emballé plus que cela.
|
1193. longshot
- 02/02/12 15:46
- (en réponse à : Degryse)
|
Ben, ça reste du super-héros, donc si on est vraiment réfractaire au genre ça passe sans doute assez mal. Mais c'est justement l'intérêt du bouquin a mes yeux de replacer les super dans un contexte héroïque plus classique, ça met en valeur les correspondances. Dans cette ambiance de fin de règne Élisabéthain, fin d'un monde, on retrouve pas mal de thèmes super-héroïques qui y prennent une autre dimension et une certaine noblesse dans la grandiloquence. Avec l'Amérique dans le rôle de Génosha, terre promise pour les mutants / parias / exclus de l'ancien monde.
|
1192. longshot
- 02/02/12 15:38
- (en réponse à : Spoiler pour Marcel)
|
Pas grand chose dans l'immédiat, dans mon souvenir, surtout que ça a rapidement embrayé sur civil war. Mais effectivement, le gros truc c'est qu'on revient à une petite population de mutant, et qu'on n'est plus du tout dans le trip plein de mutants partout qu'avaient initié Quietly et Morrison (dont j'avais beaucoup apprécié le passage). Il y a une quète pour retrouver / rassembler les mutants qui ont encore leurs pouvoirs, et retrouver Xavier qui semble-t-il a dû perdre les sien, puisqu'il n'apparaît plus sur les scanners. Et une grande question : où est passée toute cette énergie mutante qu'elle a donc pas pu disparaître comme ça ? Mais je me souviens plus de ce que la réponse a donné.
Après, on s'aperçoit qu'il n'y a plus non plus de naissances de mutants, donc c'est la grosse flippe. C'est là que naît Hope, qui va être recherchée par les gentils z'et les méchants, puis finalement enlevée et élevée par Cable (poursuivi par Bishop) dans le futur. Et c'est à peu près à son retour que j'ai dû arrêter de lire.
Ah, un autre truc intéressant, c'est là série Facteur X, format agence de détectives privés mutants (ou ex-) menée par Madrox, qui hérite du personnage de Layla Miller, et qui était plutôt sympa.
|
1191. Achab
- 02/02/12 15:34
|
le #1190 était pour suzy
|
1190. Achab
- 02/02/12 15:33
|
Je croyais ça aussi, et puis finalement...
|
1189. Lien Rag
- 02/02/12 15:32
|
Il est exact que Squarzoni met en BD les idées du Monde Diplomatique, et que sur Zapata et Garduno cela n'ajoute franchement pas grand-chose.
Mais sur Dol il le fait avec une telle recherche formelle que cela atteint une dimension supplémentaire et en fait une véritable oeuvre.
Quand à sa BD palestinienne, il me semble qu'elle traite bien plus du tourisme humanitaire que des territoires occupés, qu'en quelque sorte elle développe la conclusion d'André Brink dans "Une saison blanche et sèche": "Quoi que je fasse, je suis blanc, je ne peux pas sortir de là".
Le Photographe faisait pareil, mais en esquivant la question (il y a quand même tout un passage où il décide de faire du tourisme et exige du chef moudjahidine local un cheval et un guide, sans qu'à un seul moment il ne se rende vraiment compte, même a posteriori, du caractère colonial de son comportement) alors qu'il me semble que Squarzoni, sans insister, en fait un des leitmotiv de l'album, notamment avec le décompte des morts pendant que lui et ses amis font mumuse.
PS: Marvel 1602 c'est vraiment très bien, même pour moi qui n'aime pas trop les comics en collant...
|
1188. suzy
- 02/02/12 15:25
- (en réponse à : dany)
|
Je lis les Jeremiah depuis plus de 20 ans. Jer et Kurdy font partie de la famille. Je peux pas les abandonner tu vois! (;o)
|
1187. marcel
- 02/02/12 15:01
- (en réponse à : longshot)
|
Tu peux me faire un point rapide sur ce qu'il se passe apres si tu l'as lu ?...
* SPOILER *
Une partie des mutants a perdu ses pouvoirs, c'est ca ?... Et ensuite ?... C'est quoi la lueur qu'on voit a la fin ?... C'est a cause de ca l'installation des mutants sur Genosha ?...
|
1186. Mr Degryse
- 02/02/12 15:01
|
Alors moi par contre 1602 de Gaiman m'a gonflé. Je trouve que les x men dans un univers médeval cela fait juste de l'heroic fantasy bas de gamme. Je ne retrouve absolument pas le talent de Gaiman romancier.
|
1185. Danyel
- 02/02/12 14:38
|
Inutile de dire quoi que ce soit à Hermann. Il suffit de ne pas acheter ses albums. Le message passera beaucoup mieux, tu ne crois pas ? Et en plus non seulement tu ne perdras pas de temps à les lire mais en plus cela te fera de la place dans la biblio.
Perso, j'ai abandonné Jeremiah sans regret au 28e album et c'est déjà beaucoup.
|
1184. longshot
- 02/02/12 14:35
- (en réponse à : Achab)
|
Moi j'ai lu House of M lors de sa sortie en kiosque en France, et ça m'avait pas emballé. Faut dire que pour un super-méga-cross-over-qui-va-changer-la-face-du-monde-que-rien-ne-sera-plus-comme-avant comme ça avait été annoncé, ça avait été un peu vite expédié, et les motivations des persos ne m'avaient pas paru super-crédibles, un peu trop vertueuses pour être honnêtes. Par contre la promesse est tenue, mais franchement pour moi c'est le seul intérêt du truc. Les péripéties de l'évènement lui-même sont oubliables.
Si tu cherches du comics en collants, je te conseillerais plutôt Marvel 1602. Gaiman y met en scène quelques uns des persos les plus emblématiques de Marvel (les X-men notamment, mais je ne les cite pas tous pour ne pas déflorer leurs apparitions), transposés dans une réalité proche de notre début de XVIIe siècle (mais néanmoins subtilement différente), et il fait du Gaiman, révélant une certaine dimension mythologique des héros dans les archétypes qu'ils incarnent et les forces qu'il représentent. Bon, je surinterprète peut-être un peu, j'ai lu ça il y a un moment, mais pour le coup j'avais vraiment beaucoup aimé. (Et les couv's sont très chouettes. Par contre la suite est pas à la hauteur.)
|
1183. suzy
- 02/02/12 14:29
- (en réponse à : achab)
|
Il y a eu bien pire comme Jeremiah. Il est reviendu au trait, c'est déjà ça parce que sa couleur directe rendait parfois ses personnages bouffis. Ce 31e Jeremiah se lit. L'ambiance est bien en place. Les peros sont bien présents. Mais il ressemble à tellement d'autres que je me demande pourquoi personne ne le dit à Hermann : "eh tu nous ponds les mêmes Jeremiah depuis 20 ans, tu nous emmerdes! Prends un vrai scénariste bordel!"
|
1182. Achab
- 02/02/12 14:08
- (en réponse à : suzy #1176 )
|
Si même toi tu es réservé, j'ai bien peur que Jer' et Kurdy ne passent définitivement pas leur 29ème album dans ma bibliothèque...
Farewell, old chaps !
|
1181. Mr Degryse
- 02/02/12 14:07
|
Bendis c'est quand même beaucoup mieux écrit que Mark Millar même si j'aime aussi ce dernier. Dans Civil war seul le premier volume a trouvé grâce à mes yeux.
Sinon Alias est un petit bijou graphique très bien scénarisée J'adore cette anti héroine. De plus, la bd est bien ancrée dans l'univers comics ( Jamesson, Cage, Matt Murdock etc) sans que cela soit néfaste à la lecture pour un néophyte.
|
1180. chienvert
- 02/02/12 14:06
- (en réponse à : pm post 1178)
|
Je comprends! Cela dit, cela pose question par rapport à la Bande dessinée de reportage, parce qu'en tant qu'auteur, tu ne peux pas faire un travail vivant et attractif si tu dessines tout le temps un mec dans une pièce qui témoigne! :)
|
1179. Achab
- 02/02/12 14:01
- (en réponse à : marcel #1167 à propos de House of M)
|
C'était moi.
Je vais me laisser tenter, parce qu'en plus je viens de lire l'intégrale Alias et que Bendis jouit donc actuellement d'un certain crédit auprès de moi.
Par contre, si ça passe pas, je saurais que je dois faire une croix définitive sur ce genre de cross-over (Civil War, encensé de-ci-de-là, m'avait franchement déçu).
|
1178. pm
- 02/02/12 13:52
|
Pas de problème lorsqu'il donne la parole, c'est lorsqu'il met cette parole en scène que cela pose un problème, car il ne la met plus en scène avec le moindre recul ni comme quelque chose de raconté mais comme s'il l'avait vécu lui-même. Il y a une scène très violente dans Gorazde où deux gars inoffensifs rampent et se font canarder par des serbes, c'est super efficace et les serbes paraissent alors pour des gros salauds( ce qu'ils sont peut-être, là n'est pas la question), mais en fait c'est une scène racontée, évidemment, un simple témoignage oral. Il me semble d'ailleurs qu'il a pris un peu plus de précautions depuis.
|
1177. chienvert
- 02/02/12 12:56
- (en réponse à : pm)
|
Je te remercie d'avoir pris le temps pour ta réponse! De mon coté je ressens que le fait que Sacco fasse parler des protagonistes comme dans une interview dessinée (souvent des humbles, des " sans paroles") donne justement beaucoup de poids et de véracité à ses récits! La vérité à toujours plusieurs étages, il y a celle des pauvres gens, il y a celle des politiques, des gestionnaires, des économistes! Faire parler des victimes, rendre un évènement historique avec une somme de "je" n'est pas un acte de journaliste "malhonnête" il me semble! En plus souvent, Sacco donne la paroles aux différents partis lorsqu'il décrit un conflit!
|
1176. suzy
- 02/02/12 12:41
|
lu Jeremiah #31 de Hermann chez Dupuis (janvier 2012).
Classique. Bonne mise en action. Ambiance à la fois lourde et insouciante. La tension monte crescendo. On se demande comment ça va se terminer ... et puis c'est bâclé en 2 pages! Pour les amateurs du genre uniquement ou ceux qui n'en auraient jamais lu. Note 2,75/5
|
1175. Quentin
- 02/02/12 12:15
|
Je n’ai pas aimé les carnets Ukrainiens d’Igort. Je n'ai pas de problème avec la série d’interview des Ukrainiens sur leur passé en URSS, mais sa mise en images est mauvaise. Mélange bizarre de voix off (machin me dit ceci, il a fait cela) et de cases où des petits personnages se disputent avec des dialogues limite ridicules en regard de ce qui est dit en voix off. Par ailleurs, il y a beaucoup de malhonnêteté à dessiner des souvenirs de 1932 (les témoins doivent avoir dans les 90 ans) sans aucun travail de critique historique. Sacco au moins, il essaye de coller le plus près possible à ce qui s’est passé. Il connait son sujet et essaye de faire réaliste, quand il reconstruit les événements. Et s’il ne sait pas de quoi il parle, il donne plusieurs versions. Igort, lui, ne connaît rien de l’Ukraine mais ne connaît pas le doute. Les choses se sont passées ainsi, point. Une autre chose qui me dérange dans Igort: sa reconstruction véhicule plein de clichés misérabilistes. Visages émaciés, humiliation, et larmes étalés sur 150 pages. Personne ne sourit en Ukraine, non, non. A en croire le ton du livre, ca devait sans doute être interdit par l'URSS.
|
1174. pm
- 02/02/12 11:38
|
J'ai trouvé que le Glidden et le Delisle se complétaient très bien( il y a même un quasi cross over dans le Delisle). Moi aussi ce sont les gens mais ça m'intéresse le point de vue d'un occidental qui en gros passe un an de vacances et regarde autour de lui, et puis je ne suis pas tellement d'accord Delisle rencontre plein de monde( des guides, des religieux, des étudiants...), les relations ne sont pas toujours super approfondies mais ces petites touches ça me parle.
|
1173. pm
- 02/02/12 11:32
- (en réponse à : Chienvert, Quentin)
|
Je me suis expliqué, je trouve que raconter en images quelque chose qui n'est que rapporté par un tiers est malhonnête ( c'est écrit deux ou trois posts plus bas). Le mot est fort mais le procédé aussi car l'image a un impact beaucoup plus fort et immédiat que les mots.
Un bouquin de Sacco ça se rapproche d'un grand reportage filmé, or il insère de nombreuses scènes racontées par des témoins ( (toujours soumis à caution les témoignages) mais il les insère en image comme si lui-même en était témoin, et non juste avec le témoin qui raconte, ce qui serait la manière honnête mais peut-être plus ennuyeuse. Je simplifie exprès pour qu'on me comprenne. Quand Igort met en scène le témoignage d'une ukrainienne nous expliquant que Staline avait décidé d'affamer toute la population , que lors d'un hiver il n'y avait tellement plus rien à manger que les gens bouffaient des racines puis de srats morts puis se bouffaient entre eux dès qu'il y en avait un qui mourrait on ne perd jamais de vue que c'est un témoignage, ça reste en image mais il reste un narrateur alors qu'avec Sacco tout est fait pour qu'on perde de vue cette distance narrative entre de ce qui est vécu et de ce qui est raconté.
Je ne sais pas si j'ai été très clair pour le coup!
Oui, Quentin, c'est ce que je dis , je trouve Sacco diaboliquement bon et efficace et malhonnête, et j'ai l'honnêteté de le dire. Squarzoni lui, qui est plus ou moins du même bord, est tellement mauvais qu'en effet on a l'impression qu'il récite son monde diplo appris par coeur, ça n'a aucun impact aucun intérêt. De Maximilien Le Roy je n'ai lu que Nietzsche qui n'est pas du reportage et qui montre pas mal de limites.
|
1172. chienvert
- 02/02/12 10:04
- (en réponse à : pm)
|
Excuse moi pm mais je ne comprends pas! C'est quoi exactement ce que tu appelles "la malhonnête narrative" de Sacco? J'aimerais comprendre? C'est de mettre le doigt là ou ça fait mal?
|
1171. Quentin
- 02/02/12 09:12
- (en réponse à : pm)
|
Si tu préfères Gorazde, c'est que tu préfères la malhonnêteté - tu devrais avoir l'honnêteté de le reconnaître ;o)
Aucun des auteurs cités ne fait de l'ethnologie. Sacco fait de l'histoire et du journalisme. Les passages où De Heyn joue un peu à l'ethnologue (dans sa vallée perdue, dans le 3e tome) sont les moins intéressants - c'est à dire que ce qui est intéressant est moins le côté exotisme culturel que le contraste avec le monde en dehors de la vallée. Ce qui m'intéresse, ce sont les gens, plus que les vieilles pierres. Le bouquin de Mattotti sur Angkor? Bof. Je suppose qu'il faut avoir vu Angkor pour apprécier. Et ce qui m'intéresse le plus dans les gens, ce sont les ceux que les auteurs rencontrent, pas tellement les auteurs eux-même. Les dessinateurs qui promènent leur nombril partout, oui ca peut être marrant, mais à la longue, c'est toujours la même chose. Sauf, évidemment, s'il se passe quelque chose de dramatique dans la vie de l'auteur, comme pour Glidden dans "Comment comprendre Israel en 60 jours" (mais on ne trouve rien de cela dans Delisle). Et quand on parle des gens que les auteurs rencontrent, ce qui m'intéresse le plus, ce sont ceux qui sont très différents de l'auteur (et donc de moi). Le point de vue des routard et des humanitaires, mouais, je connais. J'ai été routard et j'ai fait de l'humanitaire :o) Mais le point de vue de Palestiniens, d'Israéliens, de Serbes, de Bosniaques, etc., c'est ca que je trouve intéressant. L'auteur a sa place dans le récit, mais si cette place est le point focal, je trouve ca moins intéressant.
|
1170. pm
- 02/02/12 00:50
- (en réponse à : Quentin)
|
J'aime beaucoup Sacco et Gorazde est mon bouquin préféré, même si je trouve que c'est un livre un peu malhonnête, plus exactement que certains procédés narratifs sont malhonnêtes, ce qui ne les empêche pas d'être des livres très efficaces. J'ai lu The fixer également qui m'a moins marqué. Je pense avoir lu tous ses livres( celui sur le rock est très mauvais) et j'ai beaucoup aimé son dernier livre également, son reportage sur l'Inde est excellent, il met bien en scène le principe d'incertitude appliqué aux sciences sociales.
Je ne sais pas si tu as raison de vouloir qu'ils aient systématiquement un regard d'ethnologue, c'est intéressant certes mais il n'y a pas que ça dans la bd de reportage.
|
1169. Mr Degryse
- 01/02/12 23:30
- (en réponse à : Marcel)
|
Non pas moi.Je connaissais et en disais du bien un peu plus bas.Même avis que le tien
|
1168. Quentin
- 01/02/12 22:39
- (en réponse à : Manu et pm)
|
Les carnets Birmans de Delisle sont franchement mauvais. On n’apprend quasi rien sur la Birmanie. Ils auraient tout aussi bien pu être faits en Thailande, qu’on n’y verrait que du feu. Je m’étais donc juré de ne plus rien acheter de Delisle, mais je dois dire qu’en feuillettant sa BD sur Jérusalem, j’ai failli changer d’avis puisque, pour le coup, ca semblait plus parler de Jérusalem que de Delisle-qui-s’occupe-de-ses-gosses-pendant-que-sa-femme-travaille. Mais sinon Manu, avoue tout de même qu’il est bizarre qu’on nomme meilleur album un truc de quelqu’un qui dit: "Mais moi je suis un type comme tout le monde. Je suis juste là pour garder mes gosses et dessiner un peu". Les BD d’expatriés sont chiantes. Les carnets de voyage des routards le sont souvent tout autant (Simon Hureau par exemple). Au moins, dans Maximilien Le Roy, on apprend quelque chose. On est forcé à réfléchir sur la position de l’auteur, même (et surtout) si on n’est pas d’accord. Les carnets de voyages que je préfère, ce sont ceux de Renaud de Heyn (« La tentation »). Là, il s’agit d’un vrai voyage, où l’auteur part dans l’inconnu et prend des risques. On est très loin 1) des expatriés qui restent dans leur petit cocon (Delisle), 2) des routard qui se targuent de sortir des sentiers battus mais qui ne causent qu’à d’autres routards et n’ont que peu de contact avec l’habitant (Hureau), 3) des humanitaires qui sortent bien des sentiers battus mais qui causent toujours plus à leurs copains humanitaires qu'aux types qu'ils sont censés aider (dans "Le photographe" de Guibert, on ne parle pas de religion ni de politique. On se ballade, on a mal aux pieds, on mange et on dort mal, on distribue des médicaments, on se fait chier, mais heureusement que quelques gosses sont photogéniques et que les montagnes sont belles) se baladent dans les montagnes et distribuent des médicaments, 4) ou des gauchistes qui transcrivent les articles du monde diplomatique en BD, avec tous ses poncifs et ses raccourcis (Le Roy, Squarzoni). De Heyn, lui, il s’en va carrément causer avec les talibans (ce que même les gauchistes du diplo ne font pas – ils ne se saliraient pas les mains en parlant à ces gens là). Chapeau !
Mais je préfère de loin le genre journalistique/historique de Sacco aux récits de voyages. Surtout que Sacco se met savamment en scène dans ses BD et dans sa recherche de « la vérité », ce qui permet de prendre une certaine distance critique avec ses propos. Je comprends ton désarroi, pm, à la lecture de Gorazde, mais quand on lit « The fixer » (une BD à ne pas manquer), on n’a plus aucun doute sur la complexité du conflit et sur les difficultés à écrire dessus. Petit bémol : la dernière BD de Sacco et son traitement de l’immigration clandestine à Malte. Il vire au "gauchiste mettant le monde diplomatique en BD". C'est lourd, chiant, larmoyant, et on n'est pas plus avancé à la fin de la lecture qu'au début. En fait, Sacco est bien meilleur quand il traite de l’histoire que quand il traite de l’actualité.
|
1167. marcel
- 01/02/12 21:15
|
Je sais plus qui me demandait un avis sur House of M (Degryse ?...).
Dans le genre crossover (dont je ne suis pas forcement tres friand), c'est plutot un des meilleurs trucs que j'aie lu. L'idee de base de Bendis est amusante et bien developpee, avec une chute moins convenue qu'a l'habitude. Du coup, c'est un peu frustrant de ne pas connaitre ce qu'il se passe un peu avant (la Sorciere rouge qui s'en prend aux Vengeurs) et surtout apres (la, je dis pas).
Cote graphique, Coipel fait le boulot, avec des jolis moments, meme si c'est pas tres original.
Mais bon, franchement, vu le prix par rapport au nombre de pages, ca vaut le coup de tenter.
|
1166. Mr Degryse
- 01/02/12 20:59
|
En traduction.Sinon en vo,je crois qu'on est à 100.Il faut que j'occupe mon immobilisation
|
1165. chienvert
- 01/02/12 20:20
|
Tu as lu un manga jusqu'au tome 95??? Gasp! C'est surréaliste les choses que l'on peut lire ici bas! :)
|
1164. Mr Degryse
- 01/02/12 18:14
- (en réponse à : kejo)
|
Merci. Je viens de lire aussi jusqu'au tome 95. C'est dingue comment ce manga agit comme une drogue. Toujours pas de lassitude après de si nombreux albums. Il réussit même l'exploit d'être même franchement drôle. Un must pour moi.
|
1163. thierry
- 01/02/12 16:27
|
j'ai aussi découvert Freddy Lombard récemment. Longtemps, je n'avais lu que la comète de cathage qui est assez expérimental et fascinant, mais pas le reste.
Les deux premières aventures sont assez dispensable, et j'ai détesté "vacances à Budapest"
Comme Kikom, j'ai attaqué F52 avec la certitude me faire chier. Mais quelle claque, dont j'ai dit beaucoup de bien ici
|
1162. marcel
- 01/02/12 16:01
|
Marrant, moi aussi je ne me suis fait les Freddy Lombard qu'assez recemment, et le seul qui m'ait plu, c'est F-52.
Quoique, c'est aussi le seul que j'avais lu ado...
|
1161. Kikôm
- 01/02/12 15:51
|
Lu Freddy Lombard tome 4 " Voyage à Budapest" et tome 5 "F52" de Chaland.
Quand on lit un peu de BD, il y a de ces auteurs qu'on connait sans même avoir eu besoin de les lire. C'est le cas de Chaland pour moi, auteur dont je connais le ton et le dessin par coeur, sans avoir concrètement lu beaucoup plus que quelques strips du Jeune Albert dans Métal Hurlant… Bref, c'est tout frais que j'ai découvert Freddy Lombard. J'étais toujours passé à côté.
La fraicheur à été à la hauteur de ma déception avec "Voyage à Budapest". Ca m'est tombé des mains. Je me suis emmerdé d'un bout à l'autre. Merde, j'étais déçu… J'ai trouvé le voyage fadasse. Les personnages transparents, et leurs histoires pas suffisamment intéressante pour faire pénétrer dans l'Histoire. A aucun moment je ne suis rentré de manière sensible dans cette ville assiégée par les russes. Je suis resté devant de jolis et froides illustrations servant de décors à un scénar tenant sur un ticket de métro… Ce qui me semble un peu problématique quand on traite d'événement aussi dramatiques.. Rien de plus à en dire.
C'est dans cet état d'esprit que j'ai entamé "F52". Décidé à le torcher vite fait. A la première page, j'ai pensé en voyant le dit F52 "ok on est parti en mode Dan Cooper, je vais aller me faire un oeuf au plat". Et en fait, pour le coup, j'en suis resté comme deux rond de flan.. J'ai été sidéré par la violence psychologique des personnages de cet album. Rarement lu un truc pareil. Surtout en contraste avec un trait si faussement souriant. L'humanité que nous dépeint Chaland est immonde. Les personnages sont tous présentés soit comme des cons stupides, ou comme des sociopathes en puissance. A tous les âges. Enfants, adultes, vieillards.
Et c'est pas les 2 cases et demi de happy end qui vont faire illusion.. Les monstres sont des quidams qui n'ont pas le look des bad guy. Ils se méprisent, se torturent et se détruisent sans cesse les uns les autres. L'air de rien. Par pur stupidité ou par profond sadisme… Une sorte de violence d'autant plus glaçante qu'elle est gratuite. Comme une plongée dans le dark side du FB. Dans une mare de pulsions sadiques refoulées à la lecture de tant d'aventures de héros souriants. Un pavé dans la gueule de Spirou (et de Dan). Et dans la mienne par la même occasion.
|
1160. suzy
- 31/01/12 18:10
- (en réponse à : manu)
|
mouais ... j'aimerais l'entendre de sa bouche alors. Parce que tu lui prêtes sans doute des intentions qu'il n'a pas.
Bon! Puisque d'après toi, il a fait cela à dessein, c'est qu'il a un BUT. Il faut donc maintenant savoir si le ballon a franchi la ligne. S'il a scoré. Là est l'important. Je vois Delisle comme un avant-centre, non pas un avant-centre, plutôt un n°10 qui par hasard arrive dans les 16 mètres adverses. Il ne lui reste qu'à dribbler le gardien pour faire lever le stade ... mais non, au lieu de cela il fait un passement de jambes vachement subtile et se retrouve ... avec toute la défense adverse entre lui et le but! Pourquoi a-t-il fait cela? Oh mais o génie, il était en chaussette sur la pelouse. Bien lui en a pris de ne pas tenter ce dernier dribble! C'est un génie. Car maintenant il peut faire une magnifique passe latérale et lumineuse à ... suzy. Suzy qui se retrouve comme un con et bien embarrassé avec toute la responsabilité de devoir lui-même faire une lucarne dont il est bien incapable. Voilà comme je vois Delisle : un n°10 en chaussette!
|
1159. pm
- 31/01/12 17:59
- (en réponse à : manu)
|
Je vacille depuis longtemps déjà, je me demande même si je n'ai pas toujours vacillé, mais tu as très bien exprimé le processus du livre de Delisle.
Pour en revenir à Sacco ( je ne connais pas Maximilien Leroy!), j'aime beaucoup son travail mais il y a un biais énorme que j'ai ressenti très fort en lisant Gorazde ( curieux, je n'ai aucune origine serbe !). Dessiner ce qui est raconté par un tiers exactement de la même façon que ce qui est vécu est très déstabilisant, même si on sait quelque part que c'est raconté par un tiers, car tout est fait pour qu'on l'oublie. C'est la limite du travail militant qui est déontologiquement très discutable. Je sais d'ailleurs que Sacco en est parfaitement conscient, qu'il essaie de prendre des précautions ( dans Gaza 1956 en particulier), mais tout de même ça pose problème car l'image reste la plus forte.
|
1158. Manu temj
- 31/01/12 17:55
- (en réponse à : suzy)
|
Non...
Sur place il est tenu par son statut particulier. Pas possible de faire un "reportage" puisqu'il n'en a pas les moyens. Il ne peut pas explorer, enquêter, sortir des sentiers battus... dont acte.
En rentrant, il peut dire tout ce qu'il veut. or, s'il voulait faire un "reportage militant" avec ce qu'il a vécu et ramené il ne parviendrait à rien (il n'a pas recueilli les "biscuits" pour ça). L'accuser de ne pas le faire ne mène donc nulle part.
Il choisit alors de se mettre en scène dans quelque chose d'apparemment linéaire et assez spontané (mais je le maintien : très travaillé , aussi parce que presque entièrement produit a posteriori), qui lui permet de nous faire ressentir ce qu'il a envie qu'on voie et ressente de ses souvenirs. De son ennui, de sa routine, de ses petites découvertes, il ne garde que ce qui lui paraît signifiant et efficace et le "monte" pour nous embarquer là où il le souhaite, au rythme qu'il souhaite.
Je maintiens que Delisle défend bel et bien, et tout à fait à dessein, une "thèse" dans son livre. Il y a un "propos". Ce n'est pas la "promenade en Israël" que la couverture voudrait malicieusement nous faire croire.
C'est ce qu'il avait un peu loupé dans Chroniques Birmanes où la somme des anecdotes prenait le pas sur le fil conducteur qui n'était pas très clair (parlait-il plus de son statut d'expatrié ou voulait-il dire quelque chose de la Birmanie ?). Pas dans ce livre là.
A vrai dire, c'est même assez vicieux comme procédé mais ça marche fort bien.
|
1157. pm
- 31/01/12 17:47
|
J'y suis donc allé un peu à reculons sur celui là et j'en suis ressorti vraiment conquis.
Tout pareil !
|
1156. pm
- 31/01/12 17:46
- (en réponse à : suzy)
|
L'Algérie c'était trois départements français, finalement ce n'était pas très éloigné de la Corse si la citoyenneté avait été donnée. Est-ce que les guadeloupéens où les corses ont massivement envie d'avoir leur indépendance ? Mais je t'accorde que c'est de la pure politique fictions et que les choses auraient été complètement différentes sur bien des points.
De gaulle n'a pas eu le choix, il est arrivé très tard pensant garder l'Algérie française mais comme ce type était plutôt intelligent il a vite compris que ce n'était plus possible, au grand dam de ses partisans et de ses proches amis politiques.
|
1155. pm
- 31/01/12 17:41
- (en réponse à : Suzy)
|
Je ne te parle pas durant la guerre d'Algérie mais avant, au plus tard à la sortie de la deuxième guerre mondiale. Et sur le plan démographique je fais le pari qu'en se fondant dans la société française l'évolution aurait été de pair et aurait rejoint assez rapidement la démographie métropolitaine ( c'est exactement ce qu'il s'est passé avec les juifs d'afrique du nord).
|
1154. suzy
- 31/01/12 17:34
|
Je ne fuis pas! eh l'autre! Bien obligé de vous faire des concessions vu que pas l'un de vous ne semble vouloir infléchir sa position, bornés que vous êtes tous. Ton post est assez honnête. Je serais assez pour cette vision de sa BD (puisqu'on ne peut attaquer l'homme ...).
Cependant, il faut que tu m'explqiues (et pas que tu poses cela comme un fait établi) pourquoi tu écris
"son travail qui, quoi qu'on en pense, est bien plus subtil que ça (aussi - et même surtout - par sa construction très habile)."
Juste avant tu m'expliques qu'il a un devoir de réserve pour ne pas déranger le job de sa femme et de MSF par ricochet. En gros, cet air de ne pas y toucher ne serait pas une volonté mais une contrainte. De laquelle il s'accommode en ne prenant pas partie. En faisant un truc mou du genou ... et vous d'y coller tout un tas de ressorts scénaristiques pour nous faire réfléchir et encore plus fort pour tenter de mettre le colon israêlien en face de ses actes! Mais le colon, il les a tous les jours que Dieu fait ses actes en face de lui !!!
... oui, il y a un point (ou deux) de mauvaise foi mais tu n'es pas mal non plus sur ce point!
yek yek yek!
|
1153. Manu temj
- 31/01/12 17:20
- (en réponse à : suzy)
|
Eh ! Eh ! Tu fuis en resserrant le débat sur Delisle... ;o)
Très bien ! Resserrons...
Bien que mon entourage soit très fan de Delisle j'étais un peu plus réservé. J'avais trouvé Chroniques Birmanes agréable (et je l'ai même défendu face à des gens qui - comme tu le fais - accusent Delisle de ne pas prendre parti) mais je n'en faisais par un aussi bon livre que ça.
J'y suis donc allé un peu à reculons sur celui là et j'en suis ressorti vraiment conquis.
Il faut se sortir de la tête - même s'il est interrogé tous les quatre matins à la radio pour ça - que Delisle puisse être un "reporter". Je crois qu'il ne l'a jamais revendiqué dans son oeuvre. Delisle se pose en "témoin", et même en témoin "non militant". Il est là, de facto, parce qu'il suit son épouse (ou un engagement professionnel dans ses premiers livres). Il est d'une part tenu à une forme de devoir de réserve (pour ne pas mettre en péril la mission de sa femme, on le sent bien à plusieurs reprises), mais il doit aussi s'occuper de sa famille et n'est donc pas là pour se mettre en danger.
C'est là que généralement ses détracteurs voient des limites rédhibitoires : puisqu'il ne se mouille pas, il n'a donc rien à dire... cqfd.
Je ne partage pas cet avis et son travail qui, quoi qu'on en pense, est bien plus subtil que ça (aussi - et même surtout - par sa construction très habile).
Dans tous ses bouquins de voyage il nous renvoie d'abord bel et bien - en étant "au contact" des événements sans en faire partie (c'est presque toujours comme ça quand on est expatrié : je l'ai été à une époque) - à notre statut d'observateur occidental privilégié et impuissant. Vous voyez, nous dit-il, je suis comme vous, je vis à côté et - même si je voulais faire partie du truc, je suis en dehors. Mon statut d'expatrié me met de facto dans une sorte de bulle confortable, qui me préserve en même temps qu'elle me cache ce qu'on ne veut pas que je voie. Il n'y a pas tant que ça de témoignages de cet "état" particulier de l'expatrié. c'est déjà intéressant.
Ce qui est très perceptiblement différent dans celui-ci c'est qu'il y a une véritable progression. En Birmanie ou en Corée il est d'emblée fasse à un mur qui ne se fissure jamais. Il arrive à en pointer les aspects ubuesques mais c'est tout. Ça fonctionne très bien à PyongYang car la situation est énooorme à tous points de vue. c'est plus limité en Birmanie où les choses sont un peu plus vicieuses.
Ici, même si tout est fait pour le maintenir dans l'illusion d'une situation "équilibrée" et qu'il ne fait lui-même rien de plus qu'ailleurs pour "se mouiller", progressivement, il nous démontre, sans avoir l'air d'y toucher, qu'à moins d'être ouvertement pro-israélien il n'est pas possible de ne pas prendre parti pour les Palestiniens.
je trouve cette progression par petits pas, par "petits rien successifs" assez vertigineuse et très puissante. Je ne suis pas surpris qu'elle ait fait un peu vaciller pm dans son opinion. A mon sens le résultat est bien plus fort que ce qu'obtiennent Joe Sacco (même si je vénère son boulot par ailleurs) ou Maximilien
Le Roy. Eux sont des militants. Ils prennent parti, te jettent à la gueule la souffrance palestinienne. Si tu es partisan, sympathisant, parfait, tu trouves ça très fort. Mais si jamais tu doutes ou si tu as tendance à avoir plus de sympathie pour les israéliens, leur travail ne te fera ni chaud ni froid. Tu le rejetteras et y trouveras tous les biais possibles.
Avec Delisle ce n'est pas possible. Il désamorce immédiatement ces arguments en te disant "Mais moi je suis un type comme tout le monde. Je suis juste là pour garder mes gosses et dessiner un peu". Ce n'est pas Guy Delisle qui te colle son bouquin dans les mains en te disant "lis ça et tu verras comme l'attitude israélienne telle qu'elle est aujourd'hui est révoltante", c'est toi même qui en vient à cette conclusion en ayant simplement l'impression de te balader à ses côtés au fil du temps, sans qu'il fasse grand chose de passionnant au quotidien.
C'est beaucoup plus déstabilisant.
|
1152. suzy
- 31/01/12 17:19
|
Possible. Mais les juifs algériens n'étaient que quelques dizaines de milliers (130.000 dixit wiki?). Rien à voir avec les presque 10 millions de musulmans algériens pour peut-être 1 million(?) de pieds-noirs et 45 millions de français. Sans compter que la population algérienne augmentait plus vite et qu'il y avait un véritable désir d'indépendance bien compréhensible.
Imaginons maintenant que les français aient donné les mêmes droits aux Algériens qu'aux Français. Outre les difficultés d'accepter cela de la part du peuple français, qui nous dit que les Algériens n'auraient pas réclamé leur indépendance ultérieurement? Genre ex-URSS? Cela aurait fait encore plus mal je pense. C'est ce qui est arrivé presque partout à la fin du 20e! Finalement De Gaulle a sans doute vu juste en "lâchant" l'Algérie.
|