Tchiii-tchaaa: du pop corn caramel dans le Gesamtkunstwerk (6e partie)

Les 1501 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



1251. heijingling - 30/01/24 15:00
Et puis, Cannes, c'est international, les oscars, c'est quasi exclusivement Us, anglophone à la rigueur, assorti du condescendant "meilleur film étranger"...

1250. pm - 30/01/24 14:36 - (en réponse à : Froggy)
Personnellement je pense qu'une palme d'or est bien plus prestigieuse qu'un oscar, et... difficilement comparable en réalité. Une palme d'or, un lion d'or, un ours d'or viennent généralement avant l'exploitation d'un film alors qu'Oscars, Golden globe et Césars viennent après.
Et c'est essentiel, car si un prix avant ou à la rigueur pendant l'exploitation peut promouvoir une oeuvre, même si la notion de comparaison est très discutable en matière artistique, elle n'a plus aucun intérêt autre que l'ego lorsqu'elle vient après. C'est un peu moins vrai en littérature où les contraintes d'actualité jouent moins ( un prix Nobel de littérature va probablement mieux vendre sur le long terme).

1249. egoes - 30/01/24 14:18 - (en réponse à : froggy)
Mmmmhhh.... pas convaincu.
D'une part, les artistes aux Césars (peut-être plus qu'aux Oscars, je ne sais pas) se mèlent allègrement aux politiques dans la salle et l'auditoire des intervenants est donc aussi politique. C'est donc une belle tribune, puisque la cérémonie est retransmise.
D'autre part, les interventions que je citais de Bacri et de Foresti n'avaient clairement pas pour objet les préoccupations des artistes, mais un cadre beaucoup plus large (même si, d'autres fois, ce fut le cas, notamment pour les intermittants).
;-)

1248. froggy - 30/01/24 04:48
J'ai trouve deplace, incongru, pueril, infantile, ridicule (etc.) qu'elle mentionne le sujet des retraites alors qu'elle vient de recevoir la deuxieme recompense la plus prestigieuse du cinema mondial, qui vient juste, juste apres l'Oscar, a savoir la Palme d'Or pour le meilleur film au Festival de Cannes. Ce n'est pas rien dans la profession, c'est un veritable honneur. L'audience presente lors de la ceremonie de cloture est en grande partie constituee de professionnels du cinema non francais, je n'ose imaginer tous les membres de ce parterre non seulement parfaitement au courant des reformes entreprises par le gouvernement d'Elizabeth Borne mais qui leur tiendrait autant a coeur que cela ne le fait pour Justine Tiriet.

Je concois tres bien que celle-ci fasse un discours sur l'exception culturelle francaise, vieille rengaine entendue depuis les accords Blum-Byrnes de 1946, qui fait que la France tel le village d'Asterix resiste a l'hegemonie d'Hollywood sur le cinema mondial, la France est un des rares pays au monde avec l'Inde qui continue a avoir une production cinematographique consequente dont les habitants continuent a aller voir la production nationale. Justine peut critiquer le gouvernement tant qu'elle veut sur cette question si cela la soulage, cela est de bonne guerre et si effectivement cela pourrait ameliorer la production des films "du milieu" chers a Pascale Ferran, cela serait une tres bonne chose.

Il en est differemment lorsqu'elle profite de cette tribune qui lui est offertement gracieusement pour evoquer un probleme franco-francais qui n'a strictement rien a voir avec l'industrie cinematographue mondiale. C'est un probleme de pays riches et favorises qui fait pleurer la pauvre petite fille riche. Les salaries de la majorite des pays du monde aimeraient bien disposer d'un systeme de retraite tel que celui qui existe ne France. Rien qu'ici, il y a des millions de salaries qui ont depasse l'age de la retraite en France parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, assurance medicale ou simplement une retraite trop petite pour pouvoir vivre decememnt. C'est d'une totale impudeur si ce n'est indecent. D'ailleurs, elle s'est bien gardee d'en parler a nouveau aux Golden Globes dans ses discours de remerciements, cela a ete un grand merci aux votants et a l'equipe du film. Cela suffit et on ne lui en demande pas plus.

Il n'empeche que la reaction de la ministre de la culture est stupide et demontre une fois de plus la petitesse d'esprit des politiciens et leur incroayble mesquinerie, Anatomie d'une chute est un film absolument formidable et aurait du etre le candidat de la France pour l'Oscar du meilleur film etranger, il le merite amplement et l'aurait certainement emporte considerant les 5 nominations qu'il a recues.

Les discours politiques aux remises de prix ne sont pas nouveaux bien que relativement recents puisqu'a ma connaissance, cela n'a commence qu'aux Oscars avec Marlon Brando pour Le parrain et puis cela a continue avec l'Oscar du meilleur documentaire remis a Bert Schneider en 1975 pour un documentaire sur la guerre du Vietnam qu'il avait produit. Je vous mets l'article de Wikipedia en anglais sur l'incident: "In 1975, Schneider received an Academy Award for Best Documentary Feature for producing Hearts and Minds (1974), a documentary film about the Vietnam War, directed by Peter Davis.[8] His acceptance speech was one of the most politically controversial in the ceremony's history. Schneider's speech included this statement: "It’s ironic that we’re here at a time just before Vietnam is about to be liberated." He then read a telegram from the head of the North Vietnamese delegation to the Paris peace talks. It thanked the antiwar movement "for all they have done on behalf of peace. Greetings of friendship to all American people." After receiving thousands of angry telegrams backstage, Frank Sinatra appeared later in the show to read a disclaimer that disavowed Schneider's statement, which in turn provoked angry responses from actors Shirley MacLaine and Warren Beatty. Beatty later berated Sinatra on stage, calling him "you old Republican."

Vous remarquerez que ces interventions ont eu trait a des problemes internationaux ou relatifs au cinema et non a des questions de politique interieure americaine sauf pour quelques personnalites americaines connues mondialement telle Meryl Streep critiquant ouvertement Donald Trump sans jamais le nommer lors d'une ceremonie des Golden Globes, 2017 si mes souvenirs sont bons.

Je ne sais pas ce qu'il en est des contestations pour la ceremonnie des BAFTA au Royaume-Uni, mais je me souviens tres bien qu'aux Cesars en France, c'est une tradition. Ou en est le statut des internmittents du spectacle a propos? :-)


1247. egoes - 29/01/24 23:29 - (en réponse à : VH)
C'est un peu mon sentiment et je m'étonne donc que froggy trouve cela déplacé.

1246. Victor Hugo - 29/01/24 22:04
S'offusquer qu'un artiste ait des idées politiques et les exprime, c'est refuser à un artiste d'être un artiste.

1245. egoes - 29/01/24 21:24 - (en réponse à : froggy)
J'éprouve quelques difficultés à te suivre dans ton raisonnement vis-à-vis du discours de Tiriet.
Je ne suis pas un spécialiste des Césars, loin s'en faut, mais si je surfe sur le net, je constate que le "détournement" politique ne date pas d'hier.
Jean-Pierre Bacri en a même fait un gag en déclarant, une année, qu'il n'avait pour une fois rien à dire, "parce que le monde allait bien" (alors que tout le monde l'attendait au tournant sur ce point, vu des déclarations lors des cérémonies précédentes).
Et Foresti, tout en second degré, elle aussi, d'interpeler gentiment Hidalgo sur ses petits problèmes de parking, alors qu'elle était maîtresse de cérémonie.
Ce ne sont que deux "petits" exemples, mais ils me semblent démontrer que le cas Thiriet n'est pas isolé, et que, régulièrement, des acteurs -sans parler des cérémonies durant les premières années #MeeToo- profitent de leur tribune pour faire part de revendications ou d'exaspérations.
N'est-ce pas par ailleurs le propre des artistes -qui le font bien souvent dans leurs films, en tant qu'acteurs- d'être quelque peu "avant-gardistes sur des sujets de société ?
;-)

1244. froggy - 29/01/24 01:04
Nous avons un point commun, Justine Triet et moi, un accent francais tres prononce et c'est un euphemisme.

Lorsqu'elle a fait son discours de remerciement aux Golden Globe, j'ai explose de rire tellement je me suis entendu parler. C'est hallucinant. Et ce n'est pas pour la denigrer bien au contraire, c'est tres amusant a entendre et je comprends mieux pourquoi certaines personnes ont du mal a me comprendre surtout que je parle assez vite et pourquoi tous les francais comprennent l'anglais quand je parle la langue de Shakespeare. Si jamais je deveais revenir en France, je me ferais professeur d'anglais.

Et puis, j'aime bien certain de ses choix. Allons, il y a quand meme du bon chez cette femme.



1243. froggy - 28/01/24 21:23
Avec tout cela, j'ai completement oublie de vous rappeler qu'un des meilleurs films de tous les temps, rien de moins bien sur, est en reprise a Paris. J'espere pour nos amis provinciaux de Marseille et d'ailleurs ainsi que pour mon ennemi de Toulouse (mais encore faudrait-il que je le considere comme tel, ne dit-on pas qu'on reconnait la valeur d'un homme a celle de ses ennemis?) qu'il sera distribue dans vos penates.

C'est Le limier de Joseph L. Mankiewicz avec Laurence Olivier et Michale Caine dans les roles principaux. C'est un jeu du chat et de la souris de la plus supreme intelligence, c'est brillament dirige et encore plus superbement joue. Bref, c'est genial. N'ayons pas peur des mots.

Je vous cree le lien de la salle ou il se joue pour que vous puissiez aller le voir.

Ce film est comme un restaurant 3 etoiles du Michelin, il vaut le voyage. Vous pouvez me faire confiance.

J'espere que cette reprise sera suivie d'un DVD pour ceux qui l'auraient rate.

1242. froggy - 27/01/24 18:02 - (en réponse à : Torpedo)
Je ne t'ai rien demandé non plus.

1241. torpedo31200 - 27/01/24 11:01 - (en réponse à : froggy - post # 1240)
La réforme de retraites et ses manifestations ont été évoquées dans beaucoup de pays, les limitrophes et les Etats-Unis entre autres.

Et tu as bien conscience que ce qui distingue en priorité un gros con nard, c' est sa propension à expliquer aux femmes comment elles doivent se comporter. (Alors qu' elles ne t' ont rien demandé)

1240. froggy - 27/01/24 05:32 - (en réponse à : marcel)
Et, d'ailleurs, aux Oscars ou aux Golden Globes, il y a beaucoup d'artistes americains qui profitent de leur prix pour faire un discours politique.

C'est vrai, cela a ete tres tendance dans les annees 70. Cela avait beaucoup enerve John Wayne lors de la soiree des Oscars 72 recompensant Marlon Brando pour Le parrain. Vous savez qu'il avait envoye une indienne, Sacheen Littlefeather, chercher la statuette a sa place qui en profita pour faire un discours sur la discrmination des indiens a Hollywood. Cela fit un enorme scandale dont on parle encore aujourd'hui ici.

Si Justine Triet s'etait cantonnee a dire les problemes rencontres pour financer son film, cela aurait ete encore acceptable. Mais evoquer la question des retraites en France devant un public international dont la majorite n'en avait jamais entendu parler ou a peine et qui s'en fiche eperdument parce que ce n'est pas leur probleme est non seulement deplace et inconvenu, c'est surtout completement infantile et ridicule. Heureusement que ce dernier ne tue plus. C'est dommage et regrettable parce que son film est vraiment formidable.

1239. marcel - 26/01/24 10:38
Je l'ignorais mais Anatomie d'une chute est ressorti a la faveur de son Golden Globe et se paye le luxe d'etre 9eme de la semaine, avec 60 000 entrees supplementaires.

1238. froggy - 26/01/24 04:19
Je parle des agressions sexuelles de Depardieu et tu me réponds que ça n'a pas toujours été le cas !!! Ce qui, en bon français, veut dire que les agressions sexuelles de Depardieu participaient au rayonnement culturel de la France ! Belle mentalité!
Mais c'est toujours pareil tu lis trop vite...car j'ai très bien compris que tu voulais dire que Depardieu a participé au rayonnement culturel de la France, ce qui est une évidence et que j'avais pris bien soin d'exclure en précisant mon propos.


Les medias americains ont tres peu repris l'affaire Depardieu. Son rayonnemment culturel est donc tres limite dans ce domaine. Cela me fait penser qu'il est etrange qu'une americaine qu'il aurait fricotee durant un de ses nombreux tournages ici ne se soit pas encore manifestee. C'est quand meme le pays qui a lance le mouvement #metoo.

1237. froggy - 26/01/24 01:19
Je crois que c'est dans le livre de souvenirs de Robert Evans le producteur du film, The Kid Stays in the Picture ou il raconte que la sequence devenue fameuse de Laurence Olivier torturant Dustin Hoffman a du etre remontee. En effet, le montage original etait tellement intense que les spectateurs lors des previews, quittaient la salle en hurlant. Ils ont du l'edulcorer. Je ne sais pas si la Paramount a conserve dans ses archives ce montage original, j'aimerais bien voir ca.

1236. MrDegryse - 25/01/24 22:01 - (en réponse à : Victor hugo)
Merci très sympa

1235. Victor Hugo - 25/01/24 19:38
Spéciale dédicace à Degryse


1234. torpedo31200 - 25/01/24 11:28 - (en réponse à : marcel - post #1233)
1er amendement.

1233. marcel - 25/01/24 10:38
Et, d'ailleurs, aux Oscars ou aux Golden Globes, il y a beaucoup d'artistes americains qui profitent de leur prix pour faire un discours politique.

1232. pm - 25/01/24 09:26 - (en réponse à : Froggy)
Et sur le fond tout le monde sait que c'est la ministre de la culture qui a mis son véto, choquée comme toi par le discours de la réalisatrice, qui a pourtant juste utilisé la possibilité d'être médiatisée grâce à sa palme d'or( que ce discours ne t'intéresse pas en tant qu'expatrié n'a aucune importance). Cette ministre, amie de longue date de la famille Macron, a été chaleureusement remerciée par le boss qui l'a remplacée par Rachida Dati.

1231. pm - 25/01/24 09:18 - (en réponse à : Froggy)
Je parle des agressions sexuelles de Depardieu et tu me réponds que ça n'a pas toujours été le cas !!! Ce qui, en bon français, veut dire que les agressions sexuelles de Depardieu participaient au rayonnement culturel de la France ! Belle mentalité!
Mais c'est toujours pareil tu lis trop vite...car j'ai très bien compris que tu voulais dire que Depardieu a participé au rayonnement culturel de la France, ce qui est une évidence et que j'avais pris bien soin d'exclure en précisant mon propos.

1230. heijingling - 25/01/24 09:18 - (en réponse à : pm)
C'est la photo corps recteur, Cetautomatix.

1229. pm - 25/01/24 09:13 - (en réponse à : Heijingling)
Rend à Cesar...( la phrase que tu attribues à marcel est de moi)

1228. heijingling - 25/01/24 07:05
-marcel: "Anatomie d'une chute fait plus en 2023 pour le rayonnement culturel de la France que la révélation des agressions sexuelles de Gérard Depardieu."

-froggy: "Ce ne fut pas toujours le cas. Il a fait son temps, tout simplement."


Tout à fait. Et comme les jeunes qui veulent prendre la place des vieux n'osent pas le dire directement (sauf les "OK boomer"), ils trouvent des prétextes pour les faire dégager. C'est comme pour Weinstein, tout le monde était au courant, mais vu qu'ils étaient essentiels pour l'industrie, on s'en accommodait, une fois devenus moins utiles voire encombrants, on s'en débarasse.

1227. heijingling - 25/01/24 06:57
"je ne sais pas si vous savez mais la grande famille du cinema francais n'est qu'une facade, il y a des haines et des jalousies feroces."

C'est pareil pour la grande famille de la BD (cf. l'affaire Seuls, pour l'actualité).
Et plus largement, c'est tous les discours sur l'harmonie familiale qui est une façade, c'est connu depuis Caïn et Abel...

Sinon, vu que Justine Triet a réalisé des documentaires politiques, elle est totalement légitime pour parler politique dans son discours d'acceptation du prix. Lui reprocher serait reprocher à Spielberg d'y parler de films d'aventures ou à Woody Allen de tragi-comédies humaines.

1226. froggy - 25/01/24 05:13
Est-ce que ce sketch a vieilli tant que ca?


1225. froggy - 25/01/24 04:57
Pour Telerama, grosso modo cela donnait ca: Godard, sublime; Zidi, caca. Remarquez qu'ils n'avaient pas tout a fait tort.

Je suis alle voir Les ripoux a sa sortie uniquement parce que Telerama avait aime. Il fallait que je vois le premier film de Claude Zidi, qu'ils avaient aime. Ils avaient raison, c'est un tres bon film.

1224. froggy - 25/01/24 04:50
Mais bon ça serait drôle que le pseudo le + gentil de BDP provoque sa fin.

Bertrand, tu dois etre content, tu viens de recevoir un bon point de Torpedo. Si mes souvenirs sont bons, Philippe en a deja deux. Il est donc toujours le premier de la classe. La classe!

1223. froggy - 25/01/24 04:26
Au sujet d'Anatomie d'une chute, je ne sais pas si vous savez mais la grande famille du cinema francais n'est qu'une facade, il y a des haines et des jalousies feroces. Je pense sincerement que son discours d'acceptation a Cannes a choque beaucoup des professionnels de la profession. Personnellement, je l'ai trouve totalement deplace et inaproprie, je n'en ai rien a faire des etats d'ame de la realisatrice sur le financement des films en France et sur la reforme des retraites qui venait d'etre discutee au parlement, ce n'etait ni l'endroit, ni le moment pour le faire. Je ne sais pas si Macron est intervenu pour que son film ne soit pas le candidat officiel dans la categorie Meilleur film etranger aux Oscars, cela m'etonnerait, je presume qu'il a bien d'autres choses a faire, enfin je l'espere pour lui. On le sait, certains politiciens se sont reveles d'une petitesse d'esprit et d'une rare mesquinerie quand il s'agit de revanche. Pour remettre Justine Triet a sa place, le comite de selection est "organisé par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), affilié au ministère de la Culture. Un comité choisit le candidat, plusieurs membres changent annuellement, désignés par le ministre de la culture. Souvent, plusieurs réunions ont lieu avec une présélection et une audition des distributeurs du films. Le comité avait des membres permanents de droit, des dirigeants d'institutions cinématographiques, dont notamment Thierry Frémaux (délégué général du Festival de Cannes), le président de l'Académie des César et le président de la commission d'avance sur recettes du CNC. Les candidats privilégiés furent souvent présentés aux festivals (surtout celui de Cannes) et ceux ayant un succès commercial, même modeste. Pour 2024, la commission est composée des exportatrices Sabine Chemaly et Tanja Meissner, des producteurs Patrick Wachsberger et Charles Gillibert, des cinéastes Mounia Meddour et d'Olivier Assayas et du compositeur Alexandre Desplat." (source wikipedia).

De mon cote, comme ce genre de comportement m'exaspere au plus haut point, les lamentations de l'Artiste en colere au festival de Cannes ou ce n'est pas la pauvrete qui regne, je m'etais dit que je n'irais pas le voir. Mais en lisant l'unanimite des critiques en France et ici, je me suis dit que je le ferais quand meme et j'ai eu raison de changer d'avis car le film est vraiment formidable, le genre de films qui redonne le gout de retourner au cinema, c'est vous dire. Le non choix de ce film est une enorme erreur.

Pour résumer, je trouve qu'Anatomie d'une chute fait plus en 2023 pour le rayonnement culturel de la France que la révélation des agressions sexuelles de Gérard Depardieu.

Ce ne fut pas toujours le cas. Il a fait son temps, tout simplement.

Vous vous réjouissez peut-être faussement de ce constat : qu'en savez-vous que ce n'était pas l'objectif (même possiblement discutée avec Triet) d'essayer de promouvoir un autre film, sachant qu'"Anatomie..." avait toute ses chances d'être nommé directement par ailleurs ?.

Personne n'est jamais sur de rien avec les nominations aux Oscars, c'est toujours plein de surprises. La preuve en est cette annee avec les absences de nominations de Greta Gerwig pour la realisation et de Margot Robbie pour la meilleure actrice, pour Barbie. A contrario, les 5 nominations pour le film de Justine Triet. Nul ne pouvait predire que son film serait parmi ceux pretendant a l'Oscar le plus prestigieux, celui du meilleur film. C'est enorme , je peux vous en assurer. Considerant la qualite du film et qu'il a manifestement touche de nombreuses cordes sensibles, on peut jouer a Mme Irma et sa boule magique et annoncer sans trop de risques qu'il aurait eu la recompense pour le meilleur film etranger.

Pour celui du meilleur film, c'est une autre paire de manches, Oppenheimer est le favori et devrait le remporter le plus logiquement suivant uen bonen tradition hollywoodienne qui adore les biographies filmees, ici, cela s'appelle un biopic. Mais peut-etre assisterons-nous a un coup de theatre du genre vu en 1999 avec Shakespeare in love battant Il faut sauver le soldat Ryan, Harrison Ford qui avait ete convie par l'Academie pour remettre la statuette a son metteur en scene des Indiana Jones ne s'en est toujours pas remis.

Depardieu avait raté l'oscar ( alors qu'il était favori)

Si mes souvenirs sont bons, il n'avait aucune chance face a un Jeremy Irons imperial dans Le mystere von Bulow et sa replique finale inoubliable.

1222. Bert74 - 24/01/24 20:05
Ça a toujours été catho de gauche Télérama. Jamais à droite. Ça doit faire plus de 40 ans que je le lis.

Je ne pense pas qu'ils en soient à taper sur un de leur plus fidèle abonné (qui n'a même plus le temps de les lire correctement) pour une obscure reproduction d'article lue par 5 pelés.

Et oui je suis gentil (je leur fais même de l'échantillonnage commercial gratos).

1221. torpedo31200 - 24/01/24 18:41 - (en réponse à : Mr Degryse - post #1219)
Il y a 30 ans, les critiques cinéma de Télérama étaient parmi les plus nulles que je pouvais lire (avec les Inrocks). Bon je reconnais que ça a progressé depuis (un de mes cinémas habituels reproduit des critiques presse et les affiche dans leur hall), mais je trouve que ça reste très marqué "généraliste", peu contextualisé et trop "tranché" limite radical.

1220. torpedo31200 - 24/01/24 18:36 - (en réponse à : Bert74 - post #1218)
Quand j' étais jeune, Télérama était très marqué catho/ droite "modérée". Donc ça m' a surpris.
Et il y a 10-15 ans, ils attaquaient les reproductions d' articles sans autorisation.

Mais bon ça serait drôle que le pseudo le + gentil de BDP provoque sa fin. J' adorerais, mais je crains que le service juridique de Télérama soit très réduit depuis.

1219. Mr Degryse - 24/01/24 18:30
je n'ai aucune honte à lire Telerama. C'est un de srares magasines généralistes traitant d'infos, de ciné, de bds, de musiques, de livres, etc.
Je ne suis pas toujours voir pas souvent d'accord ( surtout en ciné) mais j'aime bien lire.

1218. Bert74 - 24/01/24 18:28 - (en réponse à : Torpedo)
... Et j'écoute France Inter, et je regarde Arte... C'est pas ma faute, j'ai eu une misérable éduction bobo avant l'heure, coincé entre une mère prof de gauche et un père ingénieur écolo...

1217. Mr Degryse - 24/01/24 18:00 - (en réponse à : bert 74)
J'avais lu et étais au courant déjà auparavant par des connaissances bossant sur le tournage.

Pour moins que ça, Depardieu avait raté son oscar pour Cyranno alors qu'il était favori.

1216. torpedo31200 - 24/01/24 16:58 - (en réponse à : Bert74 - post #1215)
T' es abonné à Télérama ?

1215. Bert74 - 24/01/24 16:53 - (en réponse à : Jérôme, marcel)
Tiens, je vous mets l'article complet (et assez édifiant) de Télérama relatif à cette histoire :

Le réalisateur Samuel Theis accusé de viol : enquête sur un tournage devenu invivable

Le cinéaste (“Party girl”) et acteur (“Anatomie d’une chute”) est visé par une enquête préliminaire pour viol sur un technicien. Lui évoque un “rapport sexuel oral consenti”. Les faits sont survenus sur le tournage de son troisième film. Un cas emblématique des difficultés à gérer ces situations sur un plateau.

(Par Mathilde Blottière, avec Lucas Armati
Réservé aux abonnés
Publié le 06 janvier 2024 à 10h34)

Saint Omer, Le Procès Goldman, Anatomie d’une chute… Le film de procès est à la mode dans le cinéma français. Mais il en est un qui pourrait conduire son réalisateur devant une cour de justice, une vraie. L’été dernier, pendant le tournage du long métrage Je le jure, qui raconte l’histoire d’un homme tiré au sort pour devenir juré d’assises, un technicien, Antoine (1), a quitté le plateau avant la fin de son contrat après avoir accusé le réalisateur Samuel Theis, 45 ans, de l’avoir violé. Selon son témoignage, le cinéaste lui aurait imposé un rapport sexuel alors qu’Antoine se trouvait dans un état second, dans l’incapacité d’exprimer son consentement ou son refus de consentement. Selon nos informations, le jeune homme de 27 ans a depuis porté plainte auprès du procureur de la République de Metz. Contacté, celui-ci n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire. Quant à Samuel Theis, il a refusé de répondre à nos questions, disant ne pas savoir au moment où nous l’avons contacté si l’affaire faisait « l’objet d’une enquête pénale ». Mais il tient à « affirmer qu’[il] conteste cette accusation de toutes [ses] forces ». Il est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.

Les faits rapportés par Antoine se seraient déroulés dans la nuit du 30 juin 2023, à Metz, dans l’appartement loué pour le cinéaste et une membre de l’équipe. Cela fait alors déjà un mois que le tournage a commencé en Moselle. D’abord à L’Hôpital, non loin de Forbach, la ville où Samuel Theis a grandi, puis à Metz, où doivent se tourner des scènes d’extérieur, aux abords du tribunal. L’ambiance est bonne, les rushes sont enthousiasmants. Un pot de fin de semaine s’improvise. En proie aux émeutes qui embrasent la France en ce début d’été, Metz ressemble à une ville morte ce soir-là. Les bars sont fermés. Une grosse vingtaine de personnes trouvent donc refuge dans ce T4 proche du tribunal. De l’alcool, un peu de musique, une atmosphère bon enfant.

“Le tournage qu’on est content de faire”
Antoine boit de la bière et un verre de vin. Sans comprendre ce qui lui arrive, il fait « un black out ». Des témoins le retrouvent endormi sur les toilettes, avant que le cinéaste ne le transporte dans la chambre d’amis, inoccupée. C’est là, selon Antoine, que le viol aurait eu lieu, une fois les derniers convives partis. « Je n’étais pas dans mon état normal, j’ai l’impression d’avoir été drogué », dit-il. « Des allégations fantaisistes », selon Marie Dosé, l’avocate de Samuel Theis, qui évoque la présence d’une témoin qui contredirait cette version des faits. Contactée, cette collaboratrice du cinéaste, décrite par plusieurs personnes comme une de ses « amies » proches, et qui partageait le même appartement à Metz, raconte : « Au réveil, je suis entrée dans la chambre, qui donnait sur ma salle de bain. J’y ai été témoin malgré moi d’un moment intime entre Samuel et [Antoine]. Ce que j’ai vu ne m’a pas alertée. J’étais surtout gênée de déranger un instant d’intimité qui semblait partagé. » Elle affirme : « Je n’ai rien vu, ni pendant la soirée ni au réveil, qui donnerait le sentiment qu’[Antoine] ait été drogué par un tiers. » Mais durant le week-end, alors que toute l’équipe se déplace à Reims pour la suite du tournage, Antoine est prostré : « Je n’osais plus sortir de ma chambre d’hôtel, j’étais seul, je gambergeais. J’ai très rapidement compris qu’il s’agissait d’un viol, que ce n’était pas moi qui m’étais dit que j’avais envie de coucher avec lui. » Il se confie à sa petite amie, qui le rejoint le mardi.

[Mise à jour du 10 janvier : Le procureur de la République de Metz a confirmé à Agence France Presse (AFP) qu’une plainte a été déposée fin de juillet et qu’une enquête préliminaire est en cours. Une plainte avec constitution de partie civile a également été déposée à la mi-novembre. Sollicité par l’AFP, Samuel Theis estime dans un communiqué avoir « eu un rapport sexuel oral consenti » avec le plaignant, le lendemain de la fête. Quant au dispositif d’isolement du réalisateur mis en place sur son tournage, le communiqué dit : « Au vu des circonstances et des réactions de certains, [ce protocole était] un moindre mal, même s’il a été difficilement supportable pour le réalisateur, qui s’est senti nécessairement exclu de son propre tournage ».]


L’équipe, qui apprend progressivement les accusations d’Antoine dans la semaine, tombe de haut. « C’était LE tournage qu’on est content de faire », se souvient Jacques (1), un technicien. Tout comme les autres collaborateurs qui ont accepté de nous parler, il tient à préserver son anonymat. Dans ce milieu où l’emploi repose majoritairement sur la cooptation, la crainte de passer pour un fauteur de troubles l’emporte. Décrit comme quelqu’un de très sympathique, charmant même, Samuel Theis, grand gaillard aux yeux clairs de près de 1,90 mètre, fait l’unanimité. « J’avais vu son premier film Party Girl, raconte Antoine. Je trouvais que c’était un bon réalisateur, accessible, pas colérique, qui avait l’air sympa. » Selon Jacques, « on voyait que Samuel aimait faire la fête et s’amuser mais il n’avait jamais eu de gestes ou de mots déplacés ».


Quelques jours avant le premier clap de Je le jure, Samuel Theis était au Festival de Cannes aux côtés des vainqueurs de la Palme d’or, l’équipe d’Anatomie d’une chute. Il y joue le rôle de Samuel, le mari d’une écrivaine allemande dont Justine Triet retrace le procès pour meurtre. Du tapis rouge de la Croisette aux centrales à charbon du bassin houiller, le Lorrain enchaîne. Pour ce troisième film ambitieux – un film de procès, avec beaucoup de figurants, des comédiens à la fois professionnels (Marina Foïs et Louise Bourgoin notamment) et amateurs, et un budget plus confortable que pour ses précédents films (4 millions d’euros) –, il est une fois encore soutenu par Caroline Bonmarchand (Avenue B Productions), la productrice de Petite Nature, son précédent film. L’enfant du pays l’a dit au Républicain lorrain : Je le jure tournera « autour de la question du jugement, de la complexité des personnes ». L’histoire d’un trentenaire un peu largué qui va devoir décider de la peine d’un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire.


Le lundi 3 juillet, sur le tournage, tout le monde a oublié la soirée du vendredi. Sauf Antoine. Deux collègues proches nous confirment avoir perçu son mal-être. « Il était au radar, restait au camion et évitait la face [l’environnement immédiat de la caméra, ndlr], raconte l’un deux. Il portait des lunettes de soleil pour dissimuler son malaise. » Antoine se confie à son chef, qui lui conseille de demander une entrevue avec Samuel Theis. Laquelle a lieu le lendemain, en présence d’une tierce personne qui a assisté à la fête du vendredi soir. « Cette confrontation me paraissait inévitable pour avoir sa version, explique Antoine. Et peut-être qu’au fond, pour moi, c’était une façon de lui faire comprendre la gravité de son acte. » À l’issue de l’entretien, Antoine décide de quitter le tournage. Le soir même, la productrice Caroline Bonmarchand, arrivée dans la journée, est alertée par le réalisateur. « Samuel m’a expliqué qu’un des membres de l’équipe se considérait victime d’une agression de sa part. Lui n’avait pas du tout vécu les choses de cette manière-là. » La productrice, membre depuis sa création du collectif 50/50, qui lutte pour une meilleure prise en compte des violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le milieu du cinéma, comprend vite que la situation est sérieuse. « J’ai passé la nuit à éplucher les guides à l’usage des professionnels du cinéma confrontés aux VSS, le livre blanc du CNC, les écrits du collectif 50 /50… »

Pour elle, et sa maison de production fondée en 2002, le défi est de taille. En tant qu’employeur, elle est responsable légale de tous les incidents qui surviennent sur le tournage, même et y compris lors d’une petite fête une veille de week-end. « À ce stade, ma priorité est évidemment de protéger la présumée victime, en l’écoutant et en l’accompagnant », dit-elle. Deux jours après son arrivée, Caroline Bonmarchand s’entretient avec Antoine, en présence de l’assistante de production, qui est l’une des deux « référents harcèlement » du plateau, afin de recueillir sa version des faits. « Le jour même, nous lui avons envoyé les coordonnées d’associations d’aide aux victimes et le contact de la cellule d’écoute d’Audiens. Je lui ai conseillé de se faire accompagner par un psychologue, et proposé une assistance juridique prise en charge par la production, notamment s’il souhaitait porter plainte. Il m’a dit qu’il allait y réfléchir mais qu’à ce moment-là il voulait surtout se reposer. » Dans l’après-midi, en accord avec la production, Antoine quitte Reims et retourne dans le sud de la France, où il vit. Le voyage se fait à ses frais. Il ne remettra plus les pieds sur le plateau.

Pour tous ceux qui restent, les secousses ne font que commencer. Soucieuse d’éviter l’omerta et pressée par certains chefs de poste, la production organise des réunions de crise destinées à informer et à réfléchir collectivement aux mesures à prendre. Les enjeux s’avèrent complexes. « Il fallait protéger l’équipe et faire en sorte que le tournage puisse se poursuivre dans des conditions admissibles par tous, y compris par Samuel, qui devait rester fonctionnel », décrit Caroline Bonmarchand. La production décide de confier une enquête interne à un cabinet d’avocats spécialisés en droit social. Mais, tout le monde le sait, le tournage sera terminé bien avant que l’enquête ne soit bouclée… En attendant, un protocole d’isolement très strict de Samuel Theis est décidé pour finir le film, et mis en œuvre dès le lundi 10 juillet.

« Les personnes qui ne souhaitaient pas être en présence du réalisateur devaient pouvoir continuer à travailler dans des conditions acceptables, explique Caroline Bonmarchand. Samuel a donc été installé dans une pièce séparée du plateau de tournage. » À ce moment-là, l’équipe a pris ses quartiers dans la grande cour d’appel de Reims. « On savait que Samuel était là mais on ne le voyait pas… C’était très étrange. », raconte Clément (1), un opérateur. Quand les acteurs arrivent le matin sur le plateau, le cinéaste procède à une mise en place avec eux puis se retire avec sa scripte dans une petite pièce où il dispose d’un retour vidéo et d’un talkie-walkie pour donner les instructions à son premier assistant. Ne pénètrent dans cette pièce que les collaborateurs qui le souhaitent. « Ceux qui allaient le voir de temps en temps étaient le premier assistant, le chef opérateur, parfois les acteurs, poursuit le jeune homme. J’ai dû y aller moi-même deux ou trois fois pour lui poser des questions très précises car c’était plus simple… » Samuel Theis ne peut pas prendre ses repas à la cantine avec tout le monde. Il est changé d’hôtel pour ne pas avoir à croiser ses collaborateurs. Sur le plateau, personne ne parle de l’éléphant dans la pièce, l’ambiance est pesante. Malgré les tentatives répétées de la production, le protocole ne sera jamais assoupli pendant la dernière quinzaine de tournage. Le tout dernier jour, l’équipe filme dans une prison et le réalisateur est contraint de superviser le travail depuis l’une des cellules d’incarcération.

Au sein de l’équipe, deux camps se dessinent peu à peu. Celles et ceux qui jugent trop cruel et contraignant ce dispositif de mise en quarantaine, et les autres, pour qui la présence du cinéaste est devenue incompatible avec une pratique sereine de leur métier. Une souffrance au travail à laquelle « ce protocole était censé répondre […] et à la nécessité pour eux de se sentir protégés. De quoi exactement ? Je n’ai pas très bien compris… » glisse Marie Dosé. Consultante sur le film – elle a participé à l’écriture des séquences judiciaires et était présente sur la partie du tournage dédiée au procès  –, la célèbre avocate (défenseuse entre autres de Philippe Caubère, Julien Bayou ou encore Riadh B., accusé de viol par Édouard Louis) est devenue entre-temps le conseil de Samuel Theis. Selon elle, « de nombreux techniciens et comédiens jugeaient [le protocole] disproportionné ». Clément évoque une situation très difficile. « Cette fin de tournage a tué la passion en nous. Il y a vraiment eu un avant et après. » Marc (1), l’un de ses collègues, regrette que cette disposition « absurde » ait « compliqué les conditions de travail sans rien changer au fond du problème ». Un autre salarié, Yves (1), indique que cet arrangement a pu apporter à certains un « soulagement », un sentiment de protection « réparateur ». Pour le comédien Emmanuel Salinger, qui joue le rôle de l’un des jurés du procès d’assises au cœur du film, « ce protocole exceptionnel, imaginé et mis en place dans un moment de crise par un collectif sous le coup de l’émotion », a au moins « permis de poursuivre le travail tout en protégeant et en ménageant la sensibilité de celles et ceux qui se sont sentis insécurisés après la mise en cause de Samuel et la démission [d’Antoine] ».

Une production “exemplaire” ?
Entendre le plaignant, rassurer les salariés, diligenter une enquête interne… Dans un secteur où le réflexe dominant a longtemps été d’étouffer ce genre d’affaires, beaucoup louent une production « exemplaire ». Mais d’autres refusent de la laisser se donner le beau rôle, à commencer par Antoine. « Au début, elle semblait bienveillante, dit-il. Mais j’ai progressivement eu le sentiment qu’elle cherchait avant tout à protéger ses intérêts. » Un événement en particulier heurte le jeune homme : lorsqu’il souhaite déclarer ce qui lui est arrivé comme un accident du travail, son employeur conteste cette qualification auprès de la Sécurité sociale. Motif ? Les faits ont eu lieu un vendredi soir, hors des horaires de tournage. Pour Caroline Bonmarchand, « c’était une question de principe : en quoi serais-je responsable de ce qui a pu se passer à 7 heures ou 8 heures du matin dans une chambre ? Mais j’ai compris qu’il existait une jurisprudence et qu’Antoine était sous contrat et dans le cadre d’une mission ».

Autre grief soulevé par l’équipe : non seulement Caroline Bonmarchand ne propose pas à Antoine de voir la médecine du travail, mais elle lui explique d’abord que continuer à le payer en son absence pourrait être vu comme une volonté d’« acheter son silence ». Plusieurs techniciens le vivent comme une « double peine » infligée à leur collègue. L’un deux, Paul (1), se dit convaincu que « sans l’intervention de chefs de poste, la production s’en serait tenue à ne plus verser de salaire au plaignant ». Antoine a pu finalement bénéficier d’une dispense de travail rémunérée. « Je souhaitais pouvoir le payer jusqu’au bout, assure la productrice, mais je devais trouver le moyen de le faire pour ne pas que ce soit mal interprété et que cela se fasse dans un cadre juridique clair. Nous avons mis vingt-quatre heures à le trouver. »


Au fil des jours, les techniciens sont de plus en convaincus que la production n’a qu’un seul but : terminer le film à tout prix. Caroline Bonmarchand met quelques jours à informer les comédiens par « respect pour l’intimité d’Antoine » ? Jacques, Paul et les autres y voient surtout la volonté de laisser l’affaire de côté pour ne pas les déconcentrer. Un peu plus tard, ils découvrent que l’unique journée de tournage suspendue pour cause d’équipe sous le choc ne leur a pas été payée. « On a trouvé ça dégueulasse, les chefs de poste sont montés au créneau, la prod a cédé. Mais c’était une façon de faire pression sur nous pour qu’on continue à faire le film », estime Paul. La production, de son côté, plaide l’erreur vite réparée.

Une spécificité française
En réalité, l’impression que certaines options ont été d’emblée exclues crispe une partie des techniciens. Suspendre le tournage le temps de réfléchir à la marche à suivre ? Impossible : la clause d’assurance, qui permet désormais aux producteurs confrontés à une situation de VSS d’être indemnisés jusqu’à 500 000 euros pour la suspension de cinq jours de tournage, ne peut être activée en l’absence d’un dépôt de plainte par la victime et d’un signalement au procureur de la République par l’employeur. Or, à ce moment-là, il n’y avait pas encore de plainte. Quant à l’éventualité de mettre à pied Samuel Theis à titre conservatoire, elle est rejetée. « Les contre-arguments tournaient principalement autour de l’argent », indique Clément. Réponse de la production : « Un film de Samuel Theis doit être réalisé par Samuel Theis, sinon ce n’est pas le contrat passé avec les partenaires du film. La question du droit d’auteur est aussi centrale dans ce cadre. Le temps que la justice tranche ce qui s’est passé, le protocole permettait de conjuguer ces exigences. »

Le décor unique de Je le jure devient ainsi celui d’une lutte des classes à échelle réduite… Entre des techniciens vus comme des empêcheurs de tourner en rond et des patrons et artistes majoritairement soucieux de pouvoir finir le film. « On passait pour des gens qui n’avaient pas envie de faire leur boulot ! regrette Paul. Samuel était victimisé par la production, qui utilisait sa souffrance pour nous inciter à ne plus faire de vagues. » De son côté, Caroline Bonmarchand reconnaît « des erreurs » mais estime avoir fait « au mieux » et en accord avec ses convictions.

L’histoire en dit long sur une certaine spécificité française. Au pays de la politique des auteurs, l’idée d’écarter, en attendant d’en savoir plus, un cinéaste mis en cause se heurte au sacro-saint statut du réalisateur-auteur et au pouvoir que l’on prête à l’artiste. Un pouvoir qui s’exerce largement, y compris sur ses employeurs. « A l’étranger, sur un tournage où j’ai travaillé, une situation bien moins grave n’avait pas reçu du tout le même type de réponses, raconte Yves. Là-bas, c’était arrêt du tournage, séances avec des psychologues, des médiateurs : dès lors que des salariés étaient en souffrance, le projet est devenu secondaire. »

Le tournage raconte aussi un agrégat de solitudes. Solitude d’un plaignant qui décide de partir et voit son agresseur présumé rester. Solitude d’une production face à des responsabilités et des enjeux écrasants… « Nous ne sommes pas assez outillés ni accompagnés pour faire face à ce type de situations. On se retrouve seul pour construire des solutions par essence imparfaites », confirme Caroline Bonmarchand. Pour la directrice de casting Sophie Lainé-Diodovic, membre du collectif 50/50, « les producteurs ne sont pas des super héros, ils peuvent commettre des erreurs mais s’ils agissent et arrêtent de demander aux équipes de serrer les dents jusqu’à la fin du tournage, c’est déjà une avancée ». Il ne faut pas se tromper de cible, ajoute-t-elle : « Le problème, ce sont les agresseurs sexuels, pas celles et ceux qui essaient de traiter au mieux les conséquences de leurs actes. » D’autant que les problèmes ne font que commencer pour Avenue B Productions, mais aussi pour le distributeur du film, Ad Vitam, qui pourrait se retrouver avec un long métrage mort-né sur les bras.

Alors que le ministère de la Culture vient d’annoncer vouloir à terme former tous les métiers du cinéma à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ce tournage hors norme illustre la difficulté persistante à gérer ces situations, malgré les dispositifs déjà mis en place. « Ce qui s’est passé sur ce tournage nous a permis d’identifier les limites des plans de lutte contre les VSS dans le cinéma, positive Sophie Lainé-Diodovic. Il faut par exemple absolument extérioriser les enquêtes menées sur les plateaux ! » Comprendre : la production ne peut pas être à la fois juge et partie, décider elle-même du sort du tournage dont elle a la charge. La directrice de casting indique que des discussions transversales sur le sujet sont en cours entre le collectif 50/50, les syndicats et le CNC. Marina Foïs, l’une des principales interprètes du film (elle incarne la présidente de la cour d’assises), appelle de ses vœux une vraie ligne directrice. « Aujourd’hui, on peut être mis en examen pour agression sexuelle et poursuivre sa carrière tranquille, ou se faire virer à cause d’une rumeur infondée. En l’absence de règles, on improvise des dispositifs forcément bancals, dans l’urgence et sous le coup de l’émotion. Personne n’est formé ni compétent, et tout le monde prend des décisions. Il est urgent d’élaborer un protocole indiscutable qui soit le même pour tous et prenne en compte les spécificités d’un plateau de cinéma. »

À l’heure où nous écrivons ces lignes, Samuel Theis se concentre sur le montage de son film, qui, selon son avocate, « dit tellement sur la difficulté de juger et le sens de la peine… ». Les conclusions de l’enquête interne ont été rendues à Caroline Bonmarchand. « Elles m’ont conduite à sanctionner Samuel Theis sur le fondement des conséquences de cette soirée sur le collectif de travail, mais pas à rompre son contrat », indique la productrice, qui refuse d’en dire plus. De son côté, Antoine dit redouter la sortie de Je le jure. « Déjà, celle d’Anatomie d’une chute avait été un peu dure à vivre. Les affiches partout, les potes qui en parlent… Dans l’idéal, je voudrais que le film sorte, mais sans le nom de Samuel Theis au générique. » Le jeune homme souhaite surtout faire passer le message qu’« un viol, ça peut arriver à tout le monde, pas seulement à des femmes qui se font violenter. Ça peut être plus insidieux. Moi, je ne comprends toujours pas comment cela a pu m’arriver ».

(1) Les prénoms ont été modifiés.

1214. Mr Degryse - 24/01/24 16:23 - (en réponse à : marcel)
Le grand public l'a su dernièrement mais cela se sait depuis un bon moment en off, dans le milieu du cinéma depuis aout 2023.

1213. Bert74 - 24/01/24 15:06 - (en réponse à : marcel #1206)
Quand je parle de "nommé", je pense à nomination (mais j'aime pas utilisé l'affreux anglicisme "nominé"), ce qui est effectivement le cas pour Anatomie d'une chute.

Après, je pense sincèrement que tous ces pontes du ciné (décideurs, producteurs, réalisateurs, ...) ne font pas de stratégie de victoire et vise surtout la réussite d'être nommé/nominé (voir la joie de Justine Triet à cette annonce, justement).
Donc, je maintiens la possibilité d'une tactique concertée possible.

1212. marcel - 24/01/24 15:05
Tiens, les nominations pour les Cesars sont tombees aussi.
Sans trop de surprise, les plus nommes sont Anatomie d'une chute, Je verrai toujours vos visages et Le regne animal.
Un truc m'a surpris : dans la categorie meilleur second role feminin, 4 sur les 5 nominations sont pour Je verrai toujours vos visages. (Et aucune pour le second role masculin. Ils ne demeritent pourtant pas dans ce film, assez equilibre de ce cote-la).
Raphael Quenard est nomme en premier role pour Yannick et second role pour Chien de la casse. Et, quoique courte, sa scene dans Je verrai toujours vos visages est assez marquante. C'est vraiment son annee.

1211. marcel - 24/01/24 14:46
Oui, mais c'est pas l'acteur principal et c'est pas sur ce film-la. Ca, ca me semble plus etre un ecran de fumee (apparu tres tard) pour justifier la non-selection.

1210. Mr Degryse - 24/01/24 14:35 - (en réponse à : anatomie d'une chute)
On peut aussi se dire que si le film n'a pas été envoyé c'était aussi pour la mise en examen pour agression sexuel de son acteur principal ( Samuel Theis ). Depardieu avait raté l'oscar ( alors qu'il était favori) sur des déclarations sur le viol. Ici on a un acteur mis en examen pour viol d'un hetero sous alcool. On pouvait craindre une mauvaise pub. Mais les ulcérations sont sélectives dans les 2 camps ( aussi bien chez Manu que chez les ricains)

1209. longshot - 24/01/24 14:33
Ce qui me dérange c'est que dans sa position privilégiée, avec la façon dont sont montés les films français, elle vienne jouer les syndicalistes.

Cette pourfendeuse de la justice sociale, elle participe ou pas à ce film?

Je la remets parce que c'est toujours pareil :






À part le « je suis très intelligent »…

1208. suzix@bdp - 24/01/24 14:29
Attends, il me faut un peu de temps pour te répondre. Je me pose des questions d'abord. Et comme je suis un peu limité, ça va me prendre un peu de temps. Et ensuite il faut que je consulte Torpedo pour qu'il valide ma réponse.

1207. marcel - 24/01/24 14:15
Pose-toi des questions sur ta condescendance.
C'est condescendant de te faire remarquer que tout le monde te dit que tu dis de la merde ?... Alors, oui, je suis condescendant.
C'est mieux que d'etre un con montant (froggy, celle-la, c'est cadeau).

1206. marcel - 24/01/24 14:09
Vous vous réjouissez peut-être faussement de ce constat : qu'en savez-vous que ce n'était pas l'objectif (même possiblement discutée avec Triet) d'essayer de promouvoir un autre film, sachant qu'"Anatomie..." avait toute ses chances d'être nommé directement par ailleurs ?
J'y crois pas une seule seconde. S'il etaient si surs qu'elle serait nommee en meilleur film (ce dont je doute), elle a malheureusement peu de chance face a Oppenheimer. Alors qu'en film etranger, elle avait toute ses chances.

1205. marcel - 24/01/24 14:03
Non elle accusait l'état de vouloir le changer.
Et ?... Les deux, oui.

1204. Bert74 - 24/01/24 13:53
1178. pm- 24/01/24 10:42
100% d'accord avec marcel, au mot près.

1177. froggy- 24/01/24 04:36
Et pan dans la gueule effectivement pour le comite de selection des films francais a l'Oscar. Pour une fois qu'un des notres avait toutes les chances de remporter celui du meilleur film etranger, ce qui n'est pas arrive depuis pour l'annee 1992.

1176. marcel- 24/01/24 01:29
Qu'on soit d'accord ou pas avec ce qu'elle a dit (et je le suis), était-ce une raison pour la "punir" en n'envoyant pas son film officiellement aux Oscars et ne faire aucune communication officielle pour la féliciter de sa Palme d'or ?... C'est juste minable et affiche la connerie crasse de Macron qui, pendant ce temps-là, soutient Depardieu sans avoir un mot pour les victimes présumées.
Les Oscars, sans le savoir, lui ont fait un gros bras d'honneur bien mérité. Et ça m'a fait ma journée.


Là, chers amis, je vous trouve bien prompts à l'interprétation de choix de décision auquel vous n'avez pas participé et dont vous ne pouvez connaitre la teneur véritable.

Vous vous réjouissez peut-être faussement de ce constat : qu'en savez-vous que ce n'était pas l'objectif (même possiblement discutée avec Triet) d'essayer de promouvoir un autre film, sachant qu'"Anatomie..." avait toute ses chances d'être nommé directement par ailleurs ?

Le constat de ces nominations c'est que si c'était ça l'objectif pour la reconnaissance du cinéma français, c'est en grande partie gagné.

1203. suzix@bdp - 24/01/24 13:18
1201. marcel - 24/01/24 13:15
J'avais pas vu le post de Torpedo. Sans se concerter, on tombe a peu pres sur le meme constat. Pose-toi des questions, peut-etre ?... Ah non, pardon.


Pose-toi des questions sur ta condescendance.

1202. suzix@bdp - 24/01/24 13:15
Non elle accusait l'état de vouloir le changer.



 


Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio