Soyons Woke

Les 1218 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



1068. froggy - 12/02/24 01:31
Ce ne sont certainement pas les insultes proferees de part et d'autre qui vont fait avancer vos discussions. Surtout en considerant ce que vous pensez l'un de l'autre.

En attendant, j'aime beaucoup la citation de Pier Paolo Pasolini, je ne la connaissais pas, le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle anti-fascisme.. Elle est tres juste.

De toute facon, Jean-Loup Amselle, aurait du arreter son article des la premiere phrase: Radio Classique est une station de radio du groupe LVMH, dirigé par Bernard Arnault., tout y est dit. Le reste n'est que redondance.

Il aurait pu au moins faire l'effort de savoir quelle est l'audience de la'station? Sa PDM etc. A mon avis c'est tres reduit et surtout cette audience ne connait rien a la musique dite classique. Quand j'etais encore en France, Radio Classique ne diffusait que des extraits d'oeuvres du genre, voici le dernier mouvement de la 9eme de Beethoven, le premier mouvement du Concerto No 1 pour piano et orchestre de Chopin etc. Ce qui est totalement nul et surtout extrememement frustrant pour ceux qui connaissent et aiment ces oeuvres. Je ne sais pas si ils le font encore. J'avais rapidement arrete d'ecouter la station a cause de cela.

1067. longshot - 11/02/24 17:06 - (en réponse à : Tullius détritus)
C'est ta mauvaise foi habituelle qui t'empêche de faire la différence, ou est-ce qu'à force de dire de la merde tu as fini par t'en coller dans l'œil ?

1066. heijingling - 11/02/24 09:26
À dire vrai, le lien était déjà dans l'article, et je l'avais mis dans mon message. Il semblerait que ce ne soit donc parfois pas complètement inutile de lire des textes avant d'y répondre...

1065. longshot - 10/02/24 21:33

1064. heijingling - 09/02/24 10:06
"« Musique blanche » à Radio Classique
Par Dania Tchalik, le 17 décembre 2023

Le 19 novembre 2023, l’anthropologue de l’EHESS Jean-Loup Amselle faisait paraître dans la revue en ligne AOC un brûlot1 épinglant Radio Classique et sa programmation qui, selon lui, viserait sournoisement à promouvoir une culture « blanche », « française2 », donc foncièrement conservatrice si ce n’est réactionnaire et d’extrême droite – le tout en fournissant comme il se doit une liste noire dans la plus pure tradition du gauchisme culturel (et accessoirement du stalinisme qui lui a servi de modèle). Cette diatribe n’est pas tombée dans l’oreille de sourds : quelques jours plus tard, une chroniqueuse de France Culture3 manifestement désireuse de se signaler du bon côté de l’histoire n’a pas manqué de lui emboîter le pas.

S’il n’est pas infondé de noter le caractère généralement peu aventureux de la programmation de Radio Classique qui recoupe peu ou prou les goûts du mélomane lambda, de critiquer la concentration économique autour du groupe LVMH et de pointer les liens parfois occultes liant des musiciens (parfois connus) et journalistes à cette entité financière, le recours aux généralisations abusives et le manque de rigueur et de nuance tendent à desservir le propos et l’auteur rate sa cible à force de négliger l’impératif wébérien de neutralité axiologique que l’on sait pourtant indissociable du discours scientifique. Cette faillite est d’autant plus regrettable que la marchandisation de la culture, dont les dangers avaient déjà été pointés par Adorno en son temps, ainsi que les effets néfastes de la concentration des médias de masse aux mains de quelques multinationales constituent autant de sujets sérieux qui mériteraient d’être traités sans effets de manche.

Les quelques points abordés ci-dessous montrent dans quelle mesure le ressentiment, l’aveuglement idéologique, mais aussi l’opportunisme et, il faut bien le dire, la méconnaissance du sujet traité allant parfois jusqu’à l’imposture sont devenus monnaie courante au sein du discours académique. Celui-ci se voit en outre pris dans une contradiction permanente et insoluble entre la volonté d’imposer coûte que coûte un discours à visée normative (pour ne pas dire moralisante) et la propension non moins systématique à plaquer ad nauseam la « philosophie du soupçon » sur tout propos émanant d’experts, en l’occurrence des musiciens et des musicologues.

1. Dans une démocratie libérale une entreprise privée est libre de définir une ligne éditoriale (nécessairement sélective) et un public cible (idem). Rien n’empêche donc l’auteur de l’article d’être en désaccord avec ces orientations, de s’abstenir d’écouter cette station ou encore de créer sa propre chaîne de radio avec la programmation qu’il juge opportune, voire de bénéficier à cette fin de subsides publics s’il en fait la demande.

2. Dans ce contexte, l’accusation de racisme et de xénophobie (« musique blanche » et « française ») n’est pas étayée et tombe à plat, relevant au mieux du procès d’intention. D’une part, le ciblage du public s’effectue ici davantage en fonction de la catégorie socio-professionnelle (en d’autres termes, de l’épaisseur du portefeuille) que de la couleur de peau, et si l’on peut effectivement constater l’exclusion de certaines musiques, cela n’est pas dû au « racisme » supposé des responsables de la programmation mais à la volonté de coller au plus près au goût (réel ou supposé) des auditeurs. D’autre part, un Noir ou un Asiatique peut parfaitement aimer et pratiquer Mozart (qui, du reste, n’est pas un compositeur français jusqu’à preuve du contraire), il suffit de constater le nombre de musiciens étudiant et pratiquant – librement, loin de tout colonialisme ! – la musique classique européenne en dehors de notre continent et en particulier dans les pays asiatiques4 pour s’en convaincre. L’accusation d’extrême droite n’est pas moins farfelue puisque la liste des intervenants fait apparaître une coloration majoritaire de centre (voire de centre gauche si l’on pense à Rachel Khan) et de droite bon teint et pro business, très loin de la subversion annoncée.

3. La ligne idéologique néo-bourdieusienne de l’article semble pour le moins datée. Depuis la fin du xxe siècle, les classes dominantes qui passent par Sciences Po ou HEC – qu’on pense à un Nicolas Sarkozy, emblématique à cet égard – font souvent l’économie (c’est le cas de le dire) de la culture générale et s’intéressent davantage à Aya Nakamura5 qu’à Mozart ou à Rachmaninov. Et si la ligne « classique » et « patrimoniale » (sic) est bel et bien conservée au sein des choix éditoriaux de certains titres de presse du groupe LVMH, cela est dû bien davantage aux goûts personnels de son PDG (grand amateur de piano) et de ses proches qu’à un habitus sociologique que l’on sait en forte régression. Quant à l’emploi d’un français châtié, qui se fait par ailleurs de plus en plus rare dans nos médias de masse eux aussi saisis par la frénésie disruptive, il devrait au contraire être salué par une gauche qui, historiquement, avait toujours placé la maîtrise de la langue et l’accès de tous à la culture comme le premier de ses combats pour l’émancipation. L’accusation faite par l’auteur à cette radio de faire de l’idéologie et de perpétuer le goût des « dominants » ne résiste donc pas à une analyse un tant soit peu poussée.

4. Si l’on se place toujours d’un point de vue de gauche il aurait sans doute été plus judicieux de pointer les dérives de l’audiovisuel public qui, pourtant en principe délié de l’obligation de faire du chiffre, tend chaque jour davantage à s’aligner sur la logique marchande du privé (introduction de la publicité, course à l’audimat, suppression de programmes jugés trop exigeants, management parfois autoritaire et opaque, etc.) plutôt que la ligne éditoriale d’une radio privée dont les missions sont par nature liées à la notion de profit. On pourrait aussi s’intéresser à la programmation non moins conformiste voire démagogique de certaines salles publiques, à la baisse du financement des institutions de diffusion (les opéras et salles de concert sont sous-financés y compris par des politiciens de gauche et écologistes, ce qui pose pour le moins question) et de formation (depuis des années les conservatoires6 voient leurs budgets amputés et leurs missions subverties par les majorités successives, indépendamment de leur couleur politique), le tout dans le contexte du renoncement des pouvoirs publics à élever le niveau culturel de la population. Bref, les sujets ne manquent pas… Mais l’attitude vindicative de l’auteur pourrait être résumée par le dicton bien connu : quand le sage montre la lune l’imbécile regarde le doigt – ou comment se fourvoyer et se tromper totalement de combat.

5. Enfin, l’affirmation néo-structuraliste selon laquelle la délimitation entre genres musicaux n’aurait « pas d’existence objective en soi » et qu’ils ne seraient qu’autant de discours ou, mieux, de « répertoires langagiers7 » fait fi de l’essentiel, à savoir du contenu des œuvres et des intentions exprimées ou sous-jacentes de leurs auteurs. S’il est toujours instructif de connaître les conditions d’apparition et la réception d’une œuvre musicale, cela ne nous dispense pas de nous intéresser à l’œuvre elle-même et à ses caractéristiques au sens le plus concret, tangible et artisanal du terme, sous peine de tomber dans le sociologisme. En d’autres mots, tenir un discours fondé sur la musique présuppose la maîtrise d’un ensemble de connaissances techniques pointues propres à ce champ, ce qui nécessite des années de travail acharné ainsi qu’une modestie qui n’apparaît pas nécessairement comme la qualité première des propos de l’auteur.

Certains sociologues feraient donc mieux de ne pas sortir de leur champ d’(in)compétence et d’éviter le mélange des genres entre discours scientifique et militantisme, dont l’article de Jean-Loup Amselle constitue hélas un exemple loin d’être isolé et néanmoins éloquent à plus d’un titre. Le temps est au nécessaire rappel des évidences : l’universalité de la pensée humaine dans ses manifestations les plus élevées ne se réduit pas à un taux de mélanine, contrairement à ce que nous serinent les nouveaux émules de Jdanov. Et la dénonciation de la « musique blanche » n’est rien d’autre que « la permission d’être démocratiquement raciste », pour paraphraser Jankélévitch8 ; qu’on se souvienne qu’il y a près d’un siècle, d’aucuns nous promettaient d’extirper à jamais la « musique juive », avec les suites que l’on connaît.

L’avertissement prophétique de Pasolini sonne donc plus que jamais d’actualité : « le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle anti-fascisme9 ». Et si l’on se demande toujours comment une logorrhée d’une telle indigence a pu devenir la norme au sein de pans entiers de nos universités et institutions culturelles ou de recherche, si nous avons fini par être habitués (anesthésiés ?) à ces extravagances, il serait bien peu judicieux de tolérer, de banaliser la bêtise la plus criante sous l’effet de son accumulation, en faisant comme si elle allait désormais de soi. Car ce qui apparaît comme autant de balivernes et d’enfantillages est susceptible de se transformer insidieusement en cauchemar si leurs auteurs s’emparaient tout à fait des rênes du pouvoir : prenons-y garde et renouons avec la raison.

Notes

1 – https://aoc.media/opinion/2023/11/19/radio-classique-ou-la-production-dune-culture-musicale-blanche-et-de-bon-ton/

2 – À noter que les guillemets associés par l’auteur à ces deux termes ne sont pas anodins et dénotent une forme de double pensée caractéristique du milieu des faiseurs d’opinion, qu’il soit pédagogique, culturel, universitaire, politique ou médiatique. L’auteur s’aventure en connaissance de cause en terrain glissant (l’emploi péremptoire du registre racialiste étant à l’origine associé à l’extrême-droite et fait à juste titre scandale en France) pour aussitôt « rétropédaler » et, à travers l’emploi des guillemets, relativiser sa propre affirmation : à la fin on ne sait plus si elle relève du premier degré ou de la métaphore. Il est vrai qu’un universitaire émérite « ne devrait pas dire ça ».

3 – https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-regard-culturel/le-regard-culturel-chronique-du-lundi-27-novembre-2023-4696796

4 – À ce titre, on ne manquera pas de mentionner la violoniste d’origine chinoise Zhang Zhang, également engagée dans la lutte pour les Lumières et l’universalisme républicain, et qui a très récemment publié une réaction des plus pertinentes aux accusations de Jean-Loup Amselle visant Radio Classique https://www.lefigaro.fr/vox/culture/zhang-zhang-quand-france-culture-s-offusque-que-radio-classique-diffuse-de-la-musique-classique-20231130 .

5 – https://www.lefigaro.fr/culture/aya-nakamura-erigee-en-ambassadrice-de-la-langue-francaise-par-un-depute-lrem-20201119

6 – Voir sur le blog d’archives : http://www.mezetulle.net/article-l-enseignement-de-la-musique-et-la-subversion-de-l-ecole-par-d-tchalik-110568577.html

7 – Où l’on voit que l’auteur ne dédaigne pas à son tour l’emploi d’un français (qu’il imagine) châtié et qui marque indubitablement l’appartenance à une (certaine) élite détenant et octroyant les brevets de légitimité dans le champ académique.

8 – Il n’est d’ailleurs pas anodin que ce nouvel avatar postmoderne du racisme se double généralement, comme par coïncidence, d’un antisionisme viscéral qui n’est que de « l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous ». Bien avant la vague woke, Jankélévitch ne s’y est pas trompé : « Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre : ils auraient mérité leur sort ». Lire : Vladimir Jankélévitch, L’Imprescriptible. Pardonner ? Dans l’honneur et la dignité, Paris, Seuil, 1986.

9 – Pier Paolo Pasolini, Lettres Luthériennes. Petit traité pédagogique, Paris, Seuil, 2002 (1975)."


https://www.mezetulle.fr/musique-blanche-a-radio-classique/

Prochain combat essentiel des wokes: accuser les supermarchés français de suprémacisme blanc parce qu'ils vendent de la nourriture et des vêtements surtout "français".

1063. egoes - 07/02/24 17:52 - (en réponse à : Je pose ça là...)
https://www.rtbf.be/article/trop-peu-de-femmes-recompensees-aux-ensors-en-flandre-lorganisation-cherchera-une-alternative-11325873.
Et un retour de plus à l'Ecole des Fans ?

1062. froggy - 07/02/24 05:57
1061. Bert74- 06/02/24 19:20
Qu'est-ce que ça a voir avec le wokisme, Les Valseuses ?
Je ne vois pas quelle valeur qu'ils défendent ça attaquerait. Faut pas confondre avec le puritanisme (qui s'est bien exprimé à la sortie du film, d'ailleurs).


Pas tant que ca Bertrand, je te rassure. Entre de tres nombreuses autres choses, les annees 70 ont vu l'eclosion des cinemas pornographiques. C'etait cela qui affolait les conservateurs. Un des candidats a la preisdentielle de 1974 etait Jean Royer, alors maire de Tours, surnomme Le pere la Pudeur. De mon cote, pendant des annees alors que j'arrivais de ma banlieue a la Gare St Lazare, Cour du Havre, nous etions accueillis par une douzaine d'affiches pour les cinemas porno de la rue St Lazare aux titres (s)explicites. Mon vocabulaire en la matiere s'est beaucoup enrichi durant mon adolescence. LOL J'adorais les accroches publicitaires tels que Les Nymphomanes, Grand Phallus d'Or au Festival de Copenhague et autres fredaines du meme genre. Cela me fait encore rire. Les films porno avaient beaucoup de succes et se classaient regulierement parmi les 15 meilleures entrees de la semaine sur Paris/RP selon l'hebdomadaire professionnel Le film francais. Il y a un bon gag de Reiser sur le sujet mais je ne sais plus dans quel album.

Et puis, a partir du milieu des annees 80, cela a commence a reculer, petit a petit. Et on en est arrive la, les puritains ont pris le dessus. Il faut dire que les reseaux sociaux leur ont donne un echo incroyable.



1061. Bert74 - 06/02/24 19:20
Qu'est-ce que ça a voir avec le wokisme, Les Valseuses ?
Je ne vois pas quelle valeur qu'ils défendent ça attaquerait. Faut pas confondre avec le puritanisme (qui s'est bien exprimé à la sortie du film, d'ailleurs).

Y sont un peu con ces journalistes du Figaro (tautologie).

1060. suzix@bdp - 06/02/24 16:26
ben tu devrais! Qu'est-ce que tu fous! Tu vas être le prochain à être cancellé!

1059. longshot - 06/02/24 15:54 - (en réponse à : suzix)
Ah ? En tout cas je n'ai rien dit contre L'homme qui aimait les femmes, encore moins sur facebook…

1058. suzix@bdp - 06/02/24 14:58 - (en réponse à : Longshot)
Tu es la preuve qu'il y a des wokistes approchant la 50aine.

1057. longshot - 06/02/24 14:16 - (en réponse à : froggy)
Sur facebook ? Alors ça n'a sans doute rien à voir avec le wokisme, censé être en pointe chez les plus jeunes, ou alors il faut revoir la définition : tout le monde sait qu'il n'y a plus que des boomers sur cette plateforme.

Allez, à tout les coups ta grosse discussion, c'est un type qui a dit vous allez voir que les wokistes vont l'interdire, et cinq cent péquins qui renchérissent, sans qu'aucun « woke » n'ait émis la moindre critique. Je me trompe ?

1056. suzix@bdp - 06/02/24 11:45 - (en réponse à : froggy #1055)
C'est un mouvement "léger" mais bien présent. Ca et les modifications de livres et BD. La question est de savoir si ces "choix artistiques ou éditoriaux" vont se multiplier et est-ce que cela va in-fine rendre certaines oeuvres (cinéma, livres) introuvables. Une sorte de censure ? Jusqu'où cela peut-il aller !? ... n'oubliez pas que lorsque la Chine a confiné tout le monde chez soi, on s'est dit que cela ne pouvait pas se passer ainsi en France ... le pire est toujours à craindre. Ne faites pas confiances au major US Netflix, Disney et autres. Ils se plieront à la masse écervelée pour préserver leur business. Achetez des DVD ! Ca ne coûte plus rien. Vraiment.

1055. froggy - 06/02/24 00:10
Quels autres films vont devenir invisibles pour cause de wokisme?

En ce moment, sur Facebook ,il y a une grosse discussion sur cette question au sujet de L'homme qui aimait les femmes, le plus beau film de Francois Truffaut a mon avis. Passera t-il a la trappe lui aussi?

1054. nem° - 25/11/23 02:10


Je ne sais pas pourquoi il dit "Zaouss Park".

1053. heijingling - 23/11/23 08:59
Vu que de plus en plus de gens, y compris des universitaires, soutiennent l'opinion qu'Israel commet un genocide des Palestiniens, ceux qui soutiennent le contraire vont bientot etre consideres comme des negationnistes.
Et alors que ceux qui petionnaient pour l'annulation de l'expo Vives affirmaient que ce n'etait pas de la censure, le refus par un journal de publier un article est lui vu comme un acte de censure.

https://www.theguardian.com/education/2023/nov/22/harvard-law-pro-palestinian-letter-gaza-israel-censorship

1052. suzix@bdp - 31/10/23 15:47
A ce qu'il parait! ... asquip ou assekip ou askip ou asequip ... (;o)

1051. Odrade - 31/10/23 15:43
"asequip" ?

O.

1050. suzix@bdp - 31/10/23 12:01
Moi je joue avec les règles du jeu. Si s'offenser permet de gagner des points dans le grand jeu de la vie sociale, alors j'utilise cette règle. Mais je crains que ceux qui ont créé cette règle ne s'attendent pas à ce qu'elle soit utilisée contre eux. J'imagine qu'ils ont déjà trouvé la parade. Quand cette "parade" aura été instaurée en règle universelle alors je l'utiliserai aussi.
Exemple : les "mâles" blancs de plus de 50 ans sont la plaie de la société asequip. Pourtant c'est une minorité ... lol. Elle est pas belle la vie quand on joue avec les règles des autres?

1049. longshot - 30/10/23 22:36
Certes. Mais tu as raison, c'est pénible ces gens qui s'offensent pour un rien.

1048. suzix@bdp - 30/10/23 21:03
L'humour peut être mauvais et/ou ridicule.

1047. longshot - 30/10/23 20:36
Typhaine D. est dans l'excès volontaire jusqu'au ridicule.

Quand c'est un homme, en général on appelle ça de l'humour.

1046. suzix@bdp - 30/10/23 13:02
Typhaine D. est dans l'excès volontaire jusqu'au ridicule. Du coup ceux (et celles pourquoi pas) qui prennent cela au pied de la lettre entrent dans sa stratégie de faire parler pour changer in fine que qq mots comme elle le dit elle-même à la fin du texte de Figaro.

1045. froggy - 29/10/23 20:55
On l'a reconnue, elle ose tout.

Certains commentaires sont tres spirituels, ce qui est suffisamment rare dans ce journal pour etre signale tellement il y a de nostalgiques de Vichy parmi ses lecteurs.

1044. froggy - 15/10/23 10:06
A cette époque, les années 70, Bild était honni par la gauche allemande. Il est même le modèle du journal dans le film L’honneur perdu de Katharina Blum de Volker Schlondorf.

Je crois que le journal est un peu mieux maintenant et est devenu plus respectable.

1043. heijingling - 15/10/23 07:52
C'est week end portes ouvertes dans le Monde diplo, alors je me lache un peu.

1042. heijingling - 15/10/23 07:51

Le syndrome du piranha

En 1977, le journaliste allemand Günter Wallraff se fait embaucher sous une fausse identité dans une édition locale de « Bild Zeitung », la puissante feuille à scandale conservatrice. Il en tirera un ouvrage qui dévoile les rouages du journalisme. Une « fake news », montre-t-il, n’est que le comble de l’information-marchandise : « Bild » accentue jusqu’à la caricature des traits présents dans la plupart des rédactions.
par Günter Wallraff


Schwindmann, le rédacteur en chef, me remet une invitation : exposition d’aquariums et de terrariums au centre de loisirs Vahrenwald pour les 80 ans de la Société de biologie Linné. Sous le titre racoleur de « Des piranhas à Vahrenwald » commence un texte assez objectif : « Le 27 mars 1977 à 11 heures, Monsieur le maire le Docteur Schell inaugurera au centre de loisirs Vahrenwald à Hanovre la dixième exposition d’aquariums organisée par la Société de biologie Linné à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire. Les membres de l’organisation et ses nombreux jeunes adhérents n’ont pas ménagé leur peine pour présenter aux spectateurs intéressés les cent trente espèces de poissons qu’ils ont élevées, réparties par continent, dans une soixantaine de bassins. La pollution, qui n’épargne plus le moindre ruisseau ni le moindre étang, a fait que l’on reconstitue la nature chez soi, dans son appartement, sous forme d’aquarium. La preuve en est que plus d’un million d’aquariums se trouvent dans les salles de séjour des citoyens allemands, pour les inviter à méditer. » Puis vient une page de description sur les différentes espèces de poissons exposées, la dernière phrase seule étant consacrée aux piranhas : « Le redoutable piranha ou piraya, connu par de nombreuses histoires ou récits de voyage, est bien sûr présent lui aussi. »

Schwindmann me dit : « Ce sont exclusivement les piranhas qui nous intéressent ; tu peux oublier toutes les autres bestioles. Je veux une histoire qui donne vraiment le frisson. Prends un photographe avec toi. »

Le président de la Société Linné, Peter Wilhelm, est ravi de nous voir. Il me traîne de bassin en bassin pour me présenter les perches pourprées, les gouramis chocolat qui portent leur laitance dans leur gueule, des vivipares ; il m’explique leurs particularités et leurs comportements.

Au début, je me prête à ce jeu par politesse, jusqu’au moment où je lui explique ouvertement : « Bien que toute l’exposition m’intéresse beaucoup à titre privé, Bild m’a envoyé ici uniquement pour les piranhas. Où se cachent donc ces petites bêtes ? » Il m’entraîne vers un petit aquarium dans lequel nagent quelques petits poissons, plutôt ridicules et insignifiants.

Question : « En Amazonie, ces poissons s’attaquent fréquemment à l’homme, ainsi que l’expliquent les romans d’aventures et aussi de temps en temps les journaux… »

Réponse : « Les journaux en question, c’était certainement la Bild Zeitung. »

Il essaie ensuite d’attirer à nouveau mon attention sur tous les autres poissons d’ornement. Je regarde ma montre. Dans un quart d’heure, le temps que Schwindmann m’a fixé sera écoulé. Je m’excuse auprès du président des amateurs d’aquariums : « Je ne voudrais pas être impoli, mais ce n’est pas de ma faute si Bild est branché exclusivement sur ces animaux. C’est inutile. Je peux parler des autres poissons au maximum en une toute petite phrase. Je déteste d’ailleurs mon job », lui dis-je à titre d’explications, et j’ajoute : « Je ne l’exerce que provisoirement. »

« J’ai pensé que “Bild” se jetterait sur ces poissons sanguinaires. Autrement on ne nous consacrerait pas une ligne. »

Alors, l’amateur d’aquariums dévoile ses batteries : « Puisque vous êtes franc avec moi, je peux moi aussi vous dire la vérité. Nous avons utilisé les piranhas uniquement pour appâter la Bild Zeitung. J’ai pensé que Bild se jetterait sur ces poissons carnassiers et sanguinaires. Autrement, on ne nous consacrerait pas une seule ligne. »

Je ne peux que lui donner raison et nous nous réjouissons tous les deux, car, avec cette histoire, l’exposition recevra certainement un flot de visiteurs. J’explique encore au président : « Mais cela ne suffit pas de constater les faits, j’ai encore besoin de sensationnel pour donner le frisson. »

Il va chercher le gardien de l’aquarium à piranhas, un jeune homme insouciant, qui a un rapport vraiment amical avec ces animaux apprivoisés ; ça ne semble même pas l’effleurer d’avoir peur. Il raconte que les piranhas ne sont dangereux qu’à partir d’un certain âge et seulement lorsqu’ils sont en grands bancs. Impossible de faire un papier là-dessus. Alors j’insiste : « N’y a-t-il pas eu un accident une fois à Hanovre ? » Il comprend immédiatement où je veux en venir.

« Oui, il y a huit ans, il s’est passé quelque chose. Le directeur de l’aquarium du musée régional, qui élevait ces bestioles, a été mordu par un poisson après s’être ingénié à tout faire de travers. Il voulait sortir les poissons dans un aquarium presque vide pour les mettre ailleurs. Complètement paniqué, un poisson lui a mordu le bout d’un doigt. Il manquait un tout petit morceau, qui a pu être recousu. » Je note le nom de la « victime ».

Je mentionne l’« accident » à la fin de mon histoire, dans un membre de phrase. Le rédacteur en chef, qui m’a déjà énervé pendant que j’écrivais avec des questions du genre : « Mais la distance de sécurité est-elle suffisante ? N’y a-t-il pas un danger direct pour les visiteurs ? », reprend mon morceau de phrase pour en faire le gros titre : « Des piranhas arrachent partiellement la main du directeur du musée. Les médecins recousent ». Cet incident, relaté en caractères gras, sert aussi d’introduction à l’histoire : « C’était tout simplement une erreur. Günter Kluge, directeur du musée régional de Hanovre, mit la main dans l’aquarium de son bureau, alors qu’il était en train de nettoyer. Aussitôt, 147 dents, effilées comme des lames de rasoir, viennent se planter dans sa main et lui arrachent un morceau de chair. Appétit sanguinaire des piranhas, les poissons d’eau douce les plus dangereux du monde. Vous pourrez voir sept exemplaires de ces poissons d’Amazonie à partir de demain 11 heures, au centre de loisirs de Vahrenwald. Günter Kluge a d’ailleurs eu de la chance. Le poisson, élevé en captivité, a recraché le petit morceau de main. Le directeur du musée a pu aller se le faire recoudre à l’hôpital. »

Le fait que l’événement remonte à huit ans est tout simplement omis. C’est ce qu’on appelle « actualiser », à Bild. (…)
Inspirer la peur, décourager le démenti

Après la publication de l’article, le directeur du musée, qui, malade, est justement chez lui, reçoit des quantités astronomiques de coups de téléphone du monde entier, des concitoyens avides de sensations, ainsi que des visites de condoléances d’amis qui voudraient jeter un œil sur sa main mutilée. Il ne pense pas à bouger ni à exiger un rectificatif. Dans n’importe quel journal de province, le rédacteur en chef aurait reçu une lettre plutôt salée. Tout ce qu’il y a eu dans ce cas, c’est une interview fort réservée de la victime des piranhas dans le journal Neue Hannoversche Presse, qui parle du « degré de véracité dans cette histoire sanguinaire et d’autres ». Il est question d’« un journal à sensation ». Bild n’est pas nommé.

Aucune protestation ne vient non plus du président des amateurs d’aquariums. Il est satisfait de l’afflux de visiteurs — « six mille en une semaine » — qui sont obligés de constater à regret, une fois sur place, que les inoffensifs bébés piranhas ne peuvent même pas leur donner le grand frisson.

Günter Wallraff
Le Journaliste indésirable, François Maspero, Paris, 1978 (extrait).

1041. heijingling - 15/10/23 07:41


Un appel à résister
Karl Kraus, contre l’empire de la bêtise

Les médias disposent des moyens d’entretenir l’illusion d’une équivalence entre liberté et liberté de la presse, alors que cette dernière signifie surtout liberté des industriels qui possèdent la presse. Sous l’apparence du « débat public », les journalistes dominants ont réussi à imposer leurs normes à des militants et à des intellectuels. Le satiriste Karl Kraus fustigeait déjà ces formes de « bêtise » dans les années 1930.
par Alain Accardo

[Écouter cet article]

Ceux qui auront l’occasion de se plonger dans la lecture des Derniers Jours de l’humanité et de Troisième nuit de Walpurgis, deux ouvrages majeurs de Karl Kraus (1874-1936) publiés récemment (1), partageront sans doute le jugement que le philosophe Jacques Bouveresse porte sur l’œuvre du satiriste autrichien : « Peu d’auteurs sont susceptibles de nous apporter une aide aussi précieuse dans les combats que nous avons à mener aujourd’hui. »

Aucune introduction à la lecture de ces ouvrages ne peut mieux que la préface de Bouveresse à Troisième nuit de Walpurgis aider les lecteurs à comprendre exactement ce que fut le rapport de Kraus à la société de son époque, et plus précisément le sens et la portée exacts de l’incomparable satire qu’il en donne. Ces ouvrages, élaborés quasiment « à chaud », dans un esprit militant, l’un dans le contexte de la première guerre mondiale pour stigmatiser la guerre et le bellicisme, l’autre dans le contexte de la montée du nazisme en Allemagne et en Autriche pour en dénoncer la folie criminelle, ont encore quelque chose d’important à dire aux Européens de ce début de XXIe siècle célébré à l’envi comme une « ère de paix, de prospérité et de liberté pour tous ».

Justement, une démarche dont on pourrait dire qu’elle est d’inspiration krausienne consisterait à dénoncer le règne du faux-semblant généralisé dans lequel sont installées les puissances occidentales. Contrairement aux apparences, ce monde « développé » moderne ne connaît ni la paix, ni la prospérité, ni la liberté pour tous, sinon en trompe-l’œil comme privilèges de minorités dominantes, masquant une réalité fondamentalement faite de violence, d’inégalité et d’oppression. La barbarie moderne n’a pas diminué, mais elle a appris à se farder davantage.

On fera remarquer que cette dénonciation est déjà, de façon de plus en plus explicite, à la base du refus que beaucoup de gens opposent au système établi. Il n’est pas douteux, en effet, que des personnalités, voire des petits groupes militants, font preuve d’une lucidité, d’une rigueur de pensée et d’un courage intellectuel et moral qui pourraient être qualifiés de krausiens, même si ces qualités ne s’accompagnent pas nécessairement d’un égal talent de satiriste. Mais l’existence d’un courant de critique radicale ne saurait faire oublier la persistance massive de ce qui constituait la cible centrale de Kraus et qu’il désignait globalement du terme de « bêtise ». Pratiquement tous les ingrédients de l’effarante stupidité qu’il stigmatisait sans relâche dans sa revue Die Fackel (« Le Flambeau ») et dans ses livres sont encore agissants dans le monde actuel, et souvent se sont renforcés.

Kraus ne s’attaquait pas à une idée métaphysique de la bêtise, mais à ses manifestations et incarnations concrètes dans la société de son temps. En démontant ses multiples formes environnantes, il en dégageait des aspects essentiels, parfaitement reconnaissables à notre époque encore, dont le trait commun est l’incapacité d’analyser rationnellement la réalité et d’en tirer les conséquences. La doctrine hitlérienne, par exemple, était pour Kraus un fatras d’insanités idéologiques et de mensonges éhontés qui n’auraient su résister à un examen de la saine raison. Mais ce qui rendait ce délire irrésistible, dans l’Allemagne des années 1930, c’est que les nazis étaient passés maîtres dans l’art de soumettre l’intellect aux affects, de rationaliser des émotions viscérales, de « faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison, de transformer l’impair en effet, bref dans ce que l’on appelait autrefois : abrutir ». Cette entreprise de « crétinisation caractérisée », commente de son côté jacques Bouveresse, a eu pour résultat de faire « perdre tout sens de la réalité, aussi bien naturelle que morale », aux individus soumis en permanence au pilonnage de la propagande.

C’est très exactement l’état dans lequel la propagande, telle qu’elle est actuellement développée, systématisée et « euphémisée » sous les espèces de la « communication » et de l’« information », tend à mettre les populations, au bénéfice des grands exacteurs de l’ordre établi. L’honnêteté oblige à dire qu’aujourd’hui comme hier, et peut-être plus encore, le processus d’abrutissement par l’évacuation de la réflexion critique, par le martèlement des slogans exaltant le vécu immédiat, le pulsionnel et le fusionnel, par la réduction du langage au boniment publicitaire et par l’appauvrissement intellectuel qui l’accompagne, a pénétré profondément l’ensemble de la culture et de la vie sociale et provoqué de terribles dégâts.

Lorsque le discours public ne sert plus qu’à masquer le vide de la pensée, à proférer avec aplomb des arguments spécieux ou controuvés, à habiller d’une apparence de bon sens le déni de toute logique rationnelle, à rendre admirables et honorables des actes ou des idées ignobles et méprisables, lorsque parler et écrire ne sont plus, pour beaucoup, que des moyens, non pas de chercher vérité et justice, mais de séduire et de mentir aux autres comme à soi-même, bref quand le langage n’est plus que le véhicule d’une manipulation démagogique et un instrument de domination parmi d’autres, mis au service des puissants par des doxosophes (2) de tous acabits, alors c’est une tâche primordiale pour ceux qui savent encore ce que parler veut dire et refusent de s’en laisser conter de mettre méthodiquement en lumière, comme faisait Kraus, le fonctionnement de la machine à abêtir.

Si Kraus pourfendait la bêtise sous toutes ses formes, ce n’était pas tant la bêtise puérile et honnête, si l’on peut dire, celle des esprits simplets, que celle des intelligents, la bêtise chic et distinguée, instruite et éloquente, spécialement chez ceux des intellectuels qui utilisent la culture et le raisonnement pour rendre acceptable, par eux-mêmes et par les autres, la démission intéressée de l’entendement en face de certaines situations réelles. Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple particulièrement significatif, Kraus fustigeait-il « ces hommes de main qui font dans la transcendance et proposent dans les universités et les revues de faire de la philosophie allemande une école préparatoire aux idées de Hitler ».

Parmi eux, il s’en prenait particulièrement à Heidegger, dont les nazis avaient fait un recteur de l’Université et qui « align[ait] ses fumeuses idées bleues sur les brunes » en appelant ses étudiants au culte du Führer et au « service militaire de l’esprit ». Sans aucun égard pour la réputation de philosophe éminent que s’était acquise Heidegger, Kraus décocha ce trait, qui n’était pas chez lui simple banderille : « J’ai toujours su qu’un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un penseur néo-allemand. »

Plus généralement, Kraus excellait à souligner l’incohérence de tous les faiseurs de démonstrations s’ingéniant à bricoler des prémisses rationnellement acceptables pour justifier des conclusions dictées d’avance par des croyances affectives et des intérêts partisans, tels que les préjugés racistes ou nationalistes, ou, davantage encore, à tourner en dérision ceux qui, abdiquant toute exigence intellectuelle, se félicitaient de faire partie des gens qui, ainsi que l’écrivait un éditorialiste, « ont appris, comme nous, à renoncer à tout degré dans l’ordre de l’intellect pour non seulement vénérer un tel Führer mais l’aimer tout simplement ».
Se prostituer à l’ordre établi

Parmi les différentes catégories intellectuelles qui, de plus ou moins bonne foi, se complaisaient à prendre la nuit pour le jour, et travaillaient à croire et à faire croire que l’ordre nouveau nazi était, sinon toujours absolument irréprochable, du moins contrôlable, amendable, et donc acceptable, il y en avait deux en particulier qui fournissaient une cible de choix à Kraus : les partisans de la social-démocratie et les journalistes, chez qui cécité et surdité au réel composent une forme de bêtise proche de l’autisme.

L’aptitude des sociaux-démocrates à emboîter le pas aux nationalistes et bellicistes lors de la première guerre mondiale avait édifié Kraus sur leur inaptitude politique et morale à faire front. Où trouveraient-ils la force de résister, demandait-il, « alors que chaque fibre de leur être incline à pactiser » avec le monde comme il va ? Aussi ne les croyait-il pas en mesure de s’opposer à la barbarie montante. Pour Kraus, l’essence même de la « bêtise » social-démocrate, c’était le réformisme de principe, l’illusion de croire qu’on peut dîner avec le Diable, le refus systématique de l’affrontement, la volonté forcenée d’intégration, le désir éperdu d’être bienséant, de « mener une vie bien tranquille dans une jolie petite opposition sécurisante », et l’irrémédiable naïveté de penser que les bandits d’en face allaient respecter ces beaux sentiments et être assez raisonnables pour entendre raison.

Si on peut dire aujourd’hui que les partis sociaux-démocrates et ceux qu’ils influencent n’ont pas su tirer de l’expérience d’un siècle d’histoire d’autre enseignement que celui d’un acquiescement encore plus délibéré à la dictature du « réel » (ennoblie de nos jours en « logique de marché »), que dire alors de l’activité de la presse et de ses journalistes, de cette « journaille libérale » pour laquelle Kraus éprouvait une exécration à la mesure du rôle essentiel qu’elle jouait dans l’entreprise d’abrutissement généralisé des populations ?

Une grande partie du travail de Kraus, pendant des lustres, a consisté à lire attentivement la presse de son époque et à en démonter savamment, méticuleusement, le discours, pour en montrer toute l’imposture, à partir « de l’usage qu’elle fait du langage, de la déformation du sens et de la valeur, de la façon dont sont vidés et déshonorés tout concept et tout contenu ». A ses yeux, le penchant naturel de la presse était de se prostituer à l’ordre établi. Il prenait soin d’ailleurs de préciser : « Je mets la fille publique, du point de vue éthique, au-dessus de l’éditorialiste libéral et je tiens l’entremetteuse pour moins punissable que l’éditeur de journal. »

Sa critique s’adressait alors essentiellement à la presse écrite. Il n’aurait rien à rabattre de sa sévérité aujourd’hui, bien au contraire. Tout au plus, compte tenu de l’évolution sociologique de ce secteur, de sa croissance explosive, de la concentration des titres, stations et chaînes entre les mains d’un petit nombre de groupes capitalistes, admettrait-il peut-être de faire une distinction entre la caste dirigeante et éditorialisante du monde journalistique, quasi tout entière acquise à l’économie libérale et au maintien de l’ordre idéologique, et l’armée des simples exécutants, dont beaucoup connaissent les affres de la précarité et dont quelques-uns se battent courageusement, seuls ou avec leurs syndicats, contre l’arbitraire patronal privé ou public et contre la tendance, plus prononcée que jamais, à la prostitution de la presse au pouvoir économico-politique de l’argent.

Kraus, qui est mort en 1936, n’a pu voir le règne nazi de la force s’effondrer sous l’assaut d’une force extérieure plus grande encore. Mais, bien qu’on puisse supposer dans toute posture satirique un appel à se battre, l’espoir d’être compris et le projet au moins implicite de corriger ce que l’on dénonce, il semblerait que, comme la plupart des esprits très acérés, en particulier chez les moralistes, Kraus n’ait pas été excessivement optimiste sur les dispositions de ses contemporains à faire preuve de lucidité et de courage.

Peut-être est-ce là, peut-on penser, un « travers » d’intellectuels que leur vaste culture et, de surcroît, la lecture intensive des journaux inclinent à discerner le tragique dans toute farce et la farce dans toute tragédie, et à prendre leurs distances avec les illusions communes. Il n’en reste pas moins que le cours historique des choses réserve bien des surprises. Le pire n’est pas toujours le plus probable et, s’agissant des luttes sociales, elles ne sont vraiment perdues, on le sait, que lorsqu’on se refuse à les livrer. Nous venons de l’expérimenter une fois de plus. Quand, en mai 2005, les Français ont porté le premier coup d’arrêt à l’étouffante bêtise qui croyait avoir assuré son empire en Europe.

Alain Accardo
Coauteur de Journalistes au quotidien et de Journalistes précaires, Le Mascaret, Bordeaux, 1995 et 2000, respectivement, et de De notre servitude involontaire : lettre à mes camarades de gauche, Agone, Marseille, 2001.

(1) Karl Kraus, Les Derniers Jours de l’humanité, traduit de l’allemand par Jean-Louis Besson et Henri Christophe (version intégrale), Agone, Marseille, 2005, 787 pages, 30 euros ; Troisième nuit de Walpurgis, traduit de l’allemand par Pierre Deshusses, préface de Jacques Bouveresse, Agone, 2005, 562 pages, 28 euros.

(2) Doxologie : étymologiquement, prière à la gloire de Dieu. Doxosophe : personne impliquée dans le champ intellectuel et dont le fonds de commerce est la défense de la doxa (l’opinion commune et dominante).

1040. heijingling - 15/10/23 07:16



Pourquoi, dans un État très pauvre comme la Louisiane, une majorité de la population vote-t-elle pour des candidats républicains, hostiles aux allocations sociales ? Sociologue, femme de gauche, Arlie Hochschild a enquêté sur ce paradoxe.

Pourquoi Donald Trump a séduit l’électorat populaire
Anatomie d’une colère de droite
par Arlie Hochschild



Une histoire profonde, c’est une histoire épidermique, celle que nous inspire notre ressenti, dans le langage des symboles. Elle abolit le jugement, éclipse les faits. Elle détermine ce qui nous anime. Elle permet à ceux qui se trouvent aux deux extrémités du spectre politique de faire un pas de côté et d’explorer le prisme subjectif à travers lequel le camp d’en face appréhende le monde.

J’ai voulu reconstruire cette histoire pour présenter — sous une forme métaphorique — les espoirs, les peurs, la fierté, la honte, le ressentiment et l’anxiété de gens dont j’ai croisé le chemin en Louisiane. Je l’ai ensuite testée auprès d’eux pour voir s’ils la jugeaient conforme à leur expérience. Ils m’ont assuré que oui.

Telle une pièce, elle se joue en plusieurs actes. Vous attendez patiemment dans une longue file qui mène jusqu’au sommet d’une colline, comme lors d’un pèlerinage. Vous êtes au milieu, parmi des gens tous aussi blancs que vous, tous pareillement chrétiens, certains plus âgés, d’autres moins, de sexe masculin pour la plupart, tantôt diplômés, tantôt peu ou pas du tout qualifiés. Sur l’autre versant de la colline s’étend le rêve américain, but du voyage de chacun.

Tout en bas de la file se trouvent les personnes de couleur — pauvres, jeunes ou âgées, dépourvues pour la plupart d’un diplôme universitaire. Regarder derrière vous vous fait peur ; ils sont si nombreux à vous suivre. En principe, vous ne leur voulez pas de mal. Mais vous avez attendu longtemps, travaillé dur, et, devant vous, la file bouge à peine. Vous mériteriez d’avancer un peu plus vite. Vous prenez votre mal en patience, mais vous êtes inquiet. Vos pensées sont tournées vers ceux qui vous précèdent, et surtout vers ceux qui ont déjà atteint le sommet.

Le rêve américain est un rêve de progrès — l’espoir que vous vous en sortirez mieux que vos parents, qui eux-mêmes s’employaient déjà à s’en sortir mieux que les leurs. C’est un rêve plus grand que l’argent et les biens matériels. Pour un salaire de misère, vous avez enduré un travail de forçat, les licenciements, l’exposition aux produits toxiques. Vous avez tenu bon dans l’épreuve du feu. Le rêve américain de prospérité et de sécurité n’est que la juste récompense de vos efforts, une manière de reconnaître ce que vous avez été et ce que vous êtes — une sorte de médaille d’honneur.

Il fait de plus en plus chaud et la file n’avance toujours pas. On dirait même qu’elle recule. Vous n’avez pas reçu d’augmentation depuis des années et ce n’est pas de sitôt que l’on risque de vous en accorder une. En fait, vos revenus n’ont cessé de décroître au cours des vingt dernières années, surtout si vous n’avez pas de diplôme universitaire, et plus encore si vous n’avez pas le baccalauréat. Vos copains ont tous connu le même sort. La plupart ne se donnent même plus la peine de chercher un emploi décent, parce qu’ils se disent que c’est un trésor hors de la portée de gars comme eux.
Pactiser avec les resquilleurs ?

Vous vous êtes accommodé de cette situation car vous n’êtes pas du genre à vous plaindre. Tout compte fait, vous avez de la chance. Vous aimeriez aider davantage votre famille et votre église, car c’est en elles que vous placez votre foi. Vous voudriez qu’elles vous soient reconnaissantes pour votre générosité. Mais la file n’avance toujours pas. Après tant d’acharnement, tant de sacrifices, vous commencez à vous sentir piégé.

Vous pensez à ce qui vous remplit de fierté — à commencer par votre morale chrétienne. Vous avez toujours chéri la probité, la monogamie, le mariage hétérosexuel. Cela n’a pas toujours été facile. Vous avez subi vous-même une séparation, peut-être même un divorce. Les gens de gauche disent que vos idées sont démodées, sexistes, homophobes, mais personne ne comprend rien aux valeurs qu’ils prétendent défendre. Ils parlent de tolérance, mais vous gardez le souvenir de temps meilleurs où, enfant, vous commenciez votre journée à l’école publique par la prière du matin et le salut au drapeau, dans lequel la formule « sous l’autorité de Dieu » n’avait pas encore été reléguée au rang d’option facultative.

Regardez ! Devant vous, des tricheurs se faufilent. Vous suivez les règles ; eux, non. Pendant qu’ils progressent, vous avez l’impression de perdre du terrain. Comment osent-ils ? Qui sont-ils ? Certains sont noirs. Grâce aux programmes de discrimination positive mis en place par le gouvernement fédéral, ils disposent d’un accès privilégié aux universités, à l’apprentissage, à l’emploi, aux aides sociales, aux repas gratuits. Des femmes, des immigrés, des réfugiés, des fonctionnaires : où cela s’arrêtera-t-il ? Votre argent s’écoule dans une passoire égalitariste qui échappe à votre contrôle et à votre approbation. Vous auriez souhaité pouvoir jouir des mêmes chances quand vous en aviez besoin — personne n’a songé à vous les proposer dans votre jeunesse, alors il n’y a pas de raison d’en faire profiter les jeunes d’aujourd’hui. Ce n’est pas juste.

Et Obama ! Comment diable a-t-il fait, celui-là, pour se hisser jusqu’à la Maison Blanche ? Le fils métis d’une mère célibataire à bas revenus qui devient le président du pays le plus puissant de la planète, ça, c’est quelque chose que vous n’avez pas vu venir. Dans quelle posture vous place le triomphe d’un homme comme lui, quand, dans le même temps, on vous explique que vous êtes tellement plus privilégié ? Par quelle faveur Barack Obama a-t-il pu étudier dans une université aussi chère que Columbia ? Où Michelle Obama a-t-elle trouvé assez d’argent pour aller à Princeton, puis à la faculté de droit de Harvard, alors que son père n’était qu’un petit employé du service des eaux ? Jamais on n’a rien vu de tel. À coup sûr, c’est l’État fédéral qui a réglé la note. Michelle devrait éprouver de la gratitude pour tout ce qu’elle a, au lieu d’être sans arrêt furieuse. Elle n’a aucun droit d’être en colère.

Les femmes : encore un groupe qui vous passe devant impunément. Elles réclament le droit d’occuper les mêmes emplois que les hommes. Heureusement que votre père n’a pas eu à se soucier de leur concurrence pour décrocher son poste d’employé de bureau. Et que dire des fonctionnaires, recrutés pour la plupart parmi les femmes et les minorités ? D’après ce que vous en savez, ils sont beaucoup trop payés pour en faire beaucoup trop peu. Prenez cette assistante de direction du département de la régulation : aucun doute qu’elle jouit d’horaires confortables et d’une position garantie à vie, avec, devant elle, la perspective d’une retraite fastueuse. En ce moment, elle est probablement avachie devant son écran à faire du shopping en ligne. En quoi mérite-t-elle des faveurs auxquelles vous, vous n’aurez jamais droit ?

Il en va de même pour les immigrés. Visa ou carte verte en main, Philippins, Mexicains, Arabes, Indiens ou Chinois vous doublent dans la file d’attente, quand ils ne s’y introduisent pas en resquillant. Tout récemment, vous avez vu des hommes ressemblant à des Mexicains en train de construire le camp qui hébergera les tuyauteurs philippins du groupe Sasol. Vous voyez qu’ils travaillent dur, et vous avez du respect pour cela, mais vous ne leur pardonnez pas d’évincer la main-d’œuvre américaine en acceptant des salaires au rabais.

Les réfugiés ? Quatre millions de Syriens ont fui la guerre et le chaos, une partie d’entre eux en direction des côtes grecques. Le président Obama a décidé d’en accueillir dix mille sur le territoire américain, dont deux tiers de femmes et d’enfants. Mais la rumeur prétend que neuf réfugiés sur dix seraient des hommes jeunes, possiblement des terroristes, déterminés à vous griller la politesse dans la queue et à mener la belle vie avec l’argent de vos impôts. N’avez-vous pas enduré des inondations, des marées noires et des pollutions chimiques ? Il est des jours où il vous semble être vous-même un réfugié.

Il n’est pas jusqu’au pélican brun qui ne se moque de vous en battant de ses larges ailes enduites de pétrole. Cet oiseau typique de la Louisiane, emblème officiel de l’État, niche dans les mangroves le long des côtes. Longtemps menacé d’extinction par les pollutions chimiques, il s’est refait une santé, au point d’être retiré de la liste des espèces en péril en 2009 — un an à peine avant la terrible marée noire provoquée par BP. Pour survivre, il lui faut du poisson non contaminé, de l’eau sans pétrole, des palétuviers propres, des côtes protégées de l’érosion. C’est pourquoi le pélican brun vous devance dans la file, lui aussi. Pourtant, c’est juste un oiseau !

Noirs, femmes, immigrés, réfugiés, pélicans, tout le monde vous passe sous le nez. Mais ce sont des gens comme vous qui ont fait la grandeur de l’Amérique. Autant l’avouer, les resquilleurs vous exaspèrent. Ils bafouent les règles du jeu. Vous ne les portez pas dans votre cœur et ne voyez pas pourquoi vous devriez vous en excuser.

Vous n’êtes pas dépourvu de compassion. Mais votre compassion ne saurait englober tous les fraudeurs qui jouent des coudes devant vous. Vous êtes vacciné contre les injonctions à la sympathie. Les gens n’arrêtent jamais de se plaindre. Le racisme. Les discriminations. Le sexisme. On vous a rebattu les oreilles avec des histoires de Noirs opprimés, de femmes dominées, d’immigrés exploités, d’homosexuels persécutés, de réfugiés désespérés. Arrivé à un certain point, vous vous dites qu’il est temps de refermer les frontières de la sympathie humaine — surtout quand celle-ci profite à des gens qui peuvent vous causer du tort. Vous, vous avez enduré plus que votre part de souffrance, sans jamais pleurnicher.

À partir de là, vous devenez soupçonneux. Si tous ces gens se permettent de vous bousculer dans la file, c’est que quelqu’un d’important leur apporte son soutien. Qui ? Normalement, il y a un homme qui contrôle la file, qui la parcourt de haut en bas en veillant à ce que chacun reste à sa place et que l’accès au rêve américain se fasse dans des conditions équitables. Cet homme, c’est Barack Hussein Obama. Oui, mais voilà : au lieu de rabrouer les tricheurs, il leur adresse des saluts amicaux. Il leur témoigne une sympathie que, manifestement, il n’éprouve nullement pour vous. Il est de leur côté. Celui qui a la responsabilité de régler la progression de la file d’attente veut que vous pactisiez avec les resquilleurs.

Vous vous sentez trahi. Vos défenses sont à présent bien activées. Ce président-là ne connaît rien à l’immense fierté d’être américain. Être américain représente un honneur que vous avez plus que jamais à cœur de défendre, compte tenu de la lenteur à laquelle se traîne la file du rêve américain et de l’insolence des propos déversés sur les Blancs, les hommes et les chrétiens. Aujourd’hui, il suffit d’être amérindien, femme ou gay pour s’attirer la sympathie de l’opinion publique. Ces groupes sociaux en ont laissé un seul derrière eux : le vôtre.

Vous ne possédez peut-être pas une grande maison, mais cela ne vous empêche pas d’être fier de votre pays. Quiconque s’en prend à l’Amérique s’en prend aussi à vous. Et si vous ne pouvez plus être fier des États-Unis à travers leur président, il vous revient de vous associer à ceux qui, comme vous, se sentent étrangers dans leur propre pays.
La machine à rêves est hors service

Parmi les images des Noirs ancrées dans l’esprit des gens que j’ai pu rencontrer, une manquait : celle d’une femme ou d’un homme attendant comme eux la juste récompense de leurs efforts. L’histoire profonde que se racontaient les Blancs, les chrétiens, les personnes âgées ou les réactionnaires de Louisiane répondait néanmoins à un traumatisme réel. D’un côté, l’idéal national du rêve américain, c’est-à-dire du progrès. De l’autre, une difficulté croissante à progresser.

Pour la population « du bas », soit neuf Américains sur dix, la machine à rêves installée du côté invisible de la colline ne fonctionne plus, mise hors service par l’automatisation, les délocalisations et le pouvoir exorbitant des multinationales sur leur force de travail. Au sein de ce très large groupe, la concurrence entre Blancs et non-Blancs est devenue de plus en plus féroce — que ce soit pour l’emploi, pour une place dans la société ou pour les allocations.

La panne de la machine à rêves remonte à 1950. Les personnes nées avant cette date ont vu leurs revenus croître à mesure qu’elles prenaient de l’âge. Pour celles qui sont nées ultérieurement, c’est l’inverse.

Arlie Hochschild
Sociologue à l’université de Californie à Berkeley, auteure de Strangers in Their Own Land : Anger and Mourning on the American Right, The New Press, New York, 2016, dont ce texte est adapté.
En perspective


1039. suzix@bdp - 13/10/23 16:30
Concernant "Infiltrée chez les wokes", le simple fait qu'elle ait été harcelée et qu'elle est fait l'objet de moqueries et des mêmes indique que de nombreuses personnes se reconnaissent dans ce terme de "woke". Ou bien dans des comportements qui sont attribuées à tort ou à raison, exagéré ou non, aux wokes.

CQFD.

1038. LienRag - 13/10/23 15:32
Flûte, j'ai raté mon lien vers le fil de Devereaux...

1037. LienRag - 13/10/23 15:29
Post 983 : Ben oui, c'est ce qu'on dit depuis le début...

Tiens, Devereaux (un libéral bon teint mais cultivé contrairement aux libéraux ordinaires) vient de sortir une réflexion intéressante sur le sujet...

Post 986/1022 : ben le problème c'est justement que n'existe pas "ce qu'on appelle le wokisme" puisque chacun y met un contenu différent.
Bon, ce n'est pas tout à fait pour autant un concept sans aucun intérêt opérationnel, puisqu'il permet d'identifier tous ceux qui l'utilisent comme étant au mieux incohérents intellectuellement.

Longshot : cela n'empêche pas qu'il y a il me semble des problèmes spécifiques dans l'approche des problèmes faite actuellement, et ce même à gauche.
Arrêt sur Images identifie cela comme "la pureté militante", c'est pas mal vu mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça, la pureté militante existait avant.
Au minimum, la loi de Goodhart (les indicateurs deviennent des objectifs) qui caractérisait le sarkozysme se répand aussi à gauche : c'est le principe du "mâle hétéro cis de 50 ans" par exemple.
Là où une photo de groupe présentant uniquement des "MHCd50" était le signe d'un problème dans la constitution du groupe, il est devenu courant de considérer que le problème est seulement la présence des MCH50 et qu'on le règle en mettant un peu de diversité sur la photo.

D'où d'ailleurs la polémique sur la dernière vidéo antiraciste de Gabriel Attal, qui regroupait les vainqueurs de je ne sais plus quel concours : personne ne s'est posé la question des mécanismes qui produisaient un panel de vainqueurs entièrement blanc, la "gauche morale" comme dit Bricmont¹ s'est contentée de râler contre la vidéo.
Résultat, la vidéo a été retirée, les mécanismes qui font que les concours vont continuer à produire des panels exclusivement blancs sont toujours là, mais les "antiracistes" considèrent que c'est une victoire...


¹ Sans que je le cautionne par ailleurs

1036. suzix@bdp - 09/10/23 21:36
LOL !

1035. pm - 09/10/23 21:27 - (en réponse à : Suzix)
Toi tu ne parles que de l'angine.
Partageons nous le travail, tu luttes contre l'angine et je concentre contre le cancer.

1034. pm - 09/10/23 21:25 - (en réponse à : Suzix)
Nan mais j'en fais pas tout un plat et je suis plus inquiet du cancer.

1033. suzix@bdp - 09/10/23 21:09
Donc quand tu as un angine, tu ne te soignes pas, tu l'ignores ? (;o). Tu sais pourtant que cela peut s'aggraver ?

1032. pm - 09/10/23 21:01
Le wokisme ne m'impose rien du tout, je suis libre d'ignorer tout ce que tu signales.

Et sur l'angine et le cancer c'est à peu près ça. La comparaison n'est pas mauvaise, je vais porter mes efforts sur la lutte contre le cancer plutôt que contre l'angine.

1031. suzix@bdp - 09/10/23 19:23 - (en réponse à : heijingling)
Il ne s'agit pas de toi. Hollywood c'est l'image du monde occidental.

1030. heijingling - 09/10/23 18:23
Hollywood c'est mort pour moi. Deja qu'ils se sont vendus a la Chine, ils peuvent faire les conneries qu'ils veulent, je m'en fiche.

1029. suzix@bdp - 09/10/23 17:36 - (en réponse à : heijingling)
OK. Bien, maintenant on va refaire "La case de l'oncle Tom" avec un blanc dans le rôle titre et on va voir les réactions.

Le lien que j'ai mis plus bas explique de Hollywood est grangrené par des décisions wokes, mettant de côté les hommes blancs hétéro. Mais c'est normal. C'est un nouvel apartheid mais celui-là il est bien vu parce qu'il est de gauche!?

1028. heijingling - 09/10/23 17:19
"Le wokisme n'est pas aux portes du pouvoir. Il est déjà là! Et il t'impose des choses sans que tu t'en rendes compte ... comme une Blanche-Neige noire. Ce n'est que le début."
Tu as raison, c'est dramatique, si on ne reagit pas, on va se retrouver avec un chaperon rouge noir et un chat botte en tongs.

1027. suzix@bdp - 09/10/23 16:52 - (en réponse à : pm)
Le wokisme n'est pas aux portes du pouvoir. Il est déjà là! Et il t'impose des choses sans que tu t'en rendes compte ... comme une Blanche-Neige noire. Ce n'est que le début. Mais pourquoi comparer ce qui ne l'est pas? Donc toi tu as une angine, tu ne vas pas chez le médecin parce que hypothétiquement, on est tous guettés par le cancer ?

1026. pm - 09/10/23 16:33 - (en réponse à : Suzix)
Qu'est ce que le wokisme t'impose ? Rien, tu es même tout à fait libre de le critiquer, et tu ne t'en prives pas.
Je peux t'assurer que si l'extrême-droite sous une forme ou une autre arrive au pouvoir, ce ne sera pas du wokisme mais ils t'imposeront beaucoup plus de choses désagréables, très très désagréables. Et eux sont vraiment à la porte du pouvoir, on n'est pas dans un fantasme de suppositions.

1025. froggy - 09/10/23 16:00
Je crois que les wokistes recrutent beaucoup de nouveaux adeptes, on peut donc dire que le woke enrôle.

->

1024. suzix@bdp - 09/10/23 15:06
Le pb des mouvements de gauche c'est qu'ils ont besoin d'impliquer voire d'imposer leur vision aux autres. Je vois cela comme du prosélytisme. J'aime bien les hippies des 70's qui avaient une vision différente de la vie mais se démerdaient pour faire cela en petits groupe parfois dans des communautés. Pareil avec les anar'. Les autres, j'ai bcp de mal. A contrario, les libéraux font ce qu'ils veulent de leur côté. Tu adhères ou participe c'est ok. Tu refuses, pas de pb, démerde-toi. Pourquoi les wokes ont-ils besoin d'imposer leur vision à toute la planète (enfin pour le moment aux pays occidentaux) ? Perso, le mec qui veut qu'on l'appelle madame, c'est son problème, pas le mien. Rien à foutre et ce n'est pas à moi à m'adapter à sa volonté. Pareil pour le communiste qui veut tout partager, il le peut très bien. Qu'il partage à son niveau ce qu'il a mais ne vienne pas farfouiller dans mes poches.

1023. pm - 09/10/23 14:10 - (en réponse à : Suzix)
Ah, il y a des trucs de l'intersectionnalité ( féminisme, antiracisme, antihomophobie ...) avec lesquels je suis peut-être d'accord. Ce sont les excès qui sont critiquables.
Je suis persuadé que les racistes, les homophobes, les suprémacistes etc. sont plus dangereux, même si c'est parfois les mêmes.

1022. suzix@bdp - 09/10/23 13:06
986. pm - 06/10/23 23:21 - (en réponse à : Longshot)
Je continue à penser que ce qu'on appelle le wokisme est un épiphénomène [...]

Je crains que tu te trompes. Cela va changer nos vies et les change déjà. Ce qui est pernicieux c'est que tu ne te rends même pas compte.

1021. suzix@bdp - 09/10/23 13:04
1000. heijingling - 07/10/23 15:02
Faire un yatta, c'est woke ou fachiste?


Ca dépend! Si yatter offense ne serait-ce qu'une plante ou insecte ce n'est pas woke. Mais faschite, c'est carrément impossible. Si des faschites arrivaient au pouvoir en France, nous n'aurions plus accès à ce site belge et anarchiste. Et peut-être passerions-nous qq semaines en prison pour nous interroger sur notre activisme BDParisien !

1020. pm - 08/10/23 09:07
Je ne suis pas opposé à la vision de longshot et d'heijingling même si les choses sont plus complexes.
En liaison avec ce qu'il se passe en ce moment il parait clair qu'il est impossible qu'Israël devienne un état binational, les haines sont trop fortes, il y aurait de la violence et du terrorisme sans arrêt.

1019. pm - 08/10/23 09:01
Il n'y a pas de débat sur le fait que les juifs étaient colonisés dans tout le monde arabe, qu'ils habitaient depuis des siècles, généralement antérieurement à la colonisation arabe ( la synagogue de la Griba à Djerba date de l'antiquité et est antérieure à la destruction du second temple ) et où leur condition de dimmhy ( sous citoyen) n'a été abrogé que par le colonisateur français. Suite à la décolonisation ces pays se sont séparés de leur population juive qu'ils ont fait partir et ont même retiré de leur Histoire tout lien avec les juifs. Alors qu'ils étaient plusieurs centaines de milliers dans le maghreb avant la décolonisation, aujourd'hui il reste à peine mille juifs en Tunisie, officiellement plus aucun en Algérie, c'est un peu moins dramatique au Maroc.



 


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