Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Je croyais que ça allait commencer à s’essouffler, que la série perdrait en rythme, et c’est avec un regard déjà de parti pris que j’entamais la lecture de ce troisième album. Les démons d’Alexia, c’est une série très speedée, et réalisée avec beaucoup d’intelligence, qui sait tenir en haleine son lecteur dans la grande tradition des histoires d’aventure. Et force est de constater que cet album tient toujours bien le rythme imprimé par les 2 premiers tomes. Les auteurs nous précisent un peu plus la personnalité et les enjeux autour de la personne d’Alexia, nous emmènent plus loin à Yorthopia et nous préparent à de grandes dualités intérieures qui agiront sur le comportement du personnage central de la série. Ce court voyage en Norvège nous révèlera une Alexia toujours aussi généreuse, mais déjà aussi plus froide et calculatrice. Dans une série plus orientée jeunesse, on s’étonne même de la violence de certaines pages… Mais le tout se lit avec un grand plaisir, le dosage des ingrédients d’angoisse, de peur, d’aventure et d’intrigue étant superbement réalisé.
Léo grandit dans ce tome 3 et la cour de récré lui révèle la présence d’une existence bizarre, étrange, qui ne le laisse pas indifférent… celle des filles ! Lors d’une séance de sport à la piscine, Léo montrera sa naïveté raillée par d’autres garçons déjà nettement plus pervers ou voyeurs. Cela l’inquiètera un peu, il s’en ouvrira à ses parents, et le tout finira par une sorte de leçon de vie sur les dangers et dérives que peut avoir la définition machiste de la femme objet. C’est très, très bien amené, avec douceur et délicatesse, même si on sent fort le propos moralisateur ou préventif de l’album. Il faut savoir par ailleurs que cet album a été réalisé en partenariat avec l’Education Nationale et la Mairie de Rouen pour sensibiliser les jeunes sur les dangers des mécanismes de la prostitution et c’est pourquoi il est si didactique. Des scènes très sensibles servies par un dessin de plus en plus impressionnant de maîtrise d’un François Duprat en grande forme. Le trait est précis, net, et en même temps chaloupé. Le tout pour de beaux et bons sentiments bien rendus qui rendent l’histoire bien sympathique.
L’inventivité et la créativité d’Ibn Al Rabin n’est plus à démontrer. En de simples courbes et points, il créé des univers qui vous poussent à réfléchir, à vous interroger sur le sens de la vie, de la création, sur le sens des choses. Dans cet album surprenant qui fustige le rythme effréné de la consommation, du changement des mœurs, du renouvellement permanent de notre environnement, il place un personnage intéressé par un profit à court terme et qui accepte ainsi un logement dans un superbe appartement, dans un bel immeuble, pour un loyer ridicule. Chaque jour, son environnement va donc changer, mais pas seulement celui de son domicile. Ses voisins, l’orientation de l’immeuble, mais, surtout, chaque jour, il se réveille dans une nouvelle ville. A-t-elle changé ? Le déplacement de cet immeuble est-il surnaturel ? Quoi qu’il en soit, cet album vous promène sur des terrains peu balisés qui laissent place à votre libre interprétation des phénomènes décrits et vous laisse comme apaisé en bouclant une boucle incroyable qui mérite d’être lue.
Le premier tome était une mise en place vraiment réussie et la fin de l’album promettait beaucoup. Peut-être trop d’ailleurs car à la fin du diptyque, on reste un peu sur sa faim. C’est rondement mené, bien ficelé, mais la fin tombe comme une évidence sans surprise. C’est dommage parce qu’il y a de très bons temps forts, de la chasse à l’homme jusqu’à la découverte de cette vie parallèle dans la cité, et tout était en place pour vraiment faire une belle hyperbole de l’enfance difficile et des rêves perdus mais… Forcément à lire si on a lu le premier, sinon, ce n’est pas un album indispensable.
Je ne sais plus trop quoi penser d’Yslaire. Perdu celui de Bidouille et Violette, envolé celui des 4 premiers Sambre, le voilà dans le mystique avec XX° Ciel.com et dans l’appel à la Paix par la provocation dans ce dernier album. Larges cases qui lorgnent sur le travail de Bilal, photos retouchées, linéarité du découpage… Et pourtant… Il y a un je ne sais quoi qui se dégage, une atmosphère dans laquelle l’auteur arrive à nous immerger… Des images fortes, des ambiances poisseuses, puis un retour vers des cases claires, nettes, pour accentuer la transition et l’opposition, et puis un sujet lourd, très lourd. Celui des attentats kamikazes, celui de la lutte israélo-palestinienne et les horreurs qu’elle engendre. Sur fond pacifiste (et en cela j’ai adoré la façon d’Yslaire de poser le « Imagine » de Lennon sur ses cases de début d’album), il va tenter de faire réfléchir par l’union presque contre nature de Fadya, marocaine, avec Erwin Engell Stern, juif d’origine (pour simplifier)… Comment freiner la manipulation, l’embrigadement, la fanatisation ? Avec de l’amour en parfaite opposition avec les images diffusées par des télés avides de spectacles macabres ? C’est le chemin que trace Yslaire avec cet album qui se place juste avant la guerre en Irak et les premiers bombardements de Bagdad. Scènes fortes, difficiles, ambiguës même, on mesure rapidement le destin de Fadya, tracé pour elle par ses frères. Mention spéciale aux textes en arabe qui sont lisible par un habile procédé calligraphique d’ailleurs ! Animée par une haine ancestrale, par le conditionnement dont elle est victime, le destin de Fadya sera irrémédiablement changé… Reste à savoir ce qu’il en sera dans la clôture de ce diptyque. Côté dessin, je voulais juste signaler que même les plus fameux des auteurs ne sont pas à l’abri d’erreurs simples et en plus de la pinaille que vous trouverez dans BoDoï, je précise que le robinet de la case 2 de la planche 47 n’a pas de reflet du tout dans le miroir ! Ahaha ! Pour l’emballage, Futuropolis a encore soigné son livre… A vous de voir maintenant…
Enfin la suite de Jules, personnage tout droit venu de l’univers de la ligne claire dans ce qu’elle a de plus pure, et dont chaque histoire est truffée de connaissances, de culture, d’intérêt, ce qui en fait LA bande dessinée à conseiller aux lecteurs de tous âges qui veulent s’instruire en se divertissant. Dans cet album, suite à des cours séchés, Jules et Joris vont se retrouver punis et devront comme punition se fader un séjour maritime avec un religieux quelque peu atypique. Toujours brillamment, Emile Bravo distille des informations éducatives qui brassent large. Le clonage, la greffe de peau, les tortures au Moyen Age, l’étude de la philosophie par le biais de Moby Dick, les tests Adn, la météo, les règles de sécurité, et j’en passe, et le tout sur un fond plutôt anticlérical. Ce dernier point est d’ailleurs crucial car c’est la première fois que je vois cet auteur prendre à ce point partie pour quelque chose. A trop montrer les dérives de la croyance irréfléchie, il prend le risque de se voir reprocher cet anticléricalisme qui finit même dans la caricature sectaire ! Mais ça n’en reste pas moins fort, drôle et pertinent, et ces réflexions religieuses sont pleines de bon sens et d’ouverture d’esprit. A noter que le format a changé et que l’album s’est paré d’un emballage plus luxueux, d’une maquette cartonnée plus mate qui a une incidence sur le prix. Dommage de ce point de vue là ! Mais pour ma part, j’ai trouvé cet album à la hauteur des autres et je le recommande donc tout aussi prestement que les 4 premiers !
Pendant que certains personnages un peu pédants tentent de faire passer en force leur story-board pour des bandes dessinées, d’autres, à l’image de Stanislas, réussissent à nous offrir le story-board de leur film d’animation avec grâce et délicatesse. Cette plongée poétique dans un monde où les anges tombent du ciel inspire de vraies séances oniriques à l’auteur et plonge le lecteur dans la contemplation… Minimalisme jusque dans la pagination (il s’agit d’un « Patte de mouche » de 22 pages), on reste admiratif de l’ouvrage et on peut prolonger la rêverie en visionnant le film ici.
Fin du triptyque des aventures autobiographiques de Renaud de Heyn dans son périple en pays musulmans. Pour clôturer ce chapitre dense de sa vie, il nous emmène dans ses bagages en Afghanistan et au Pakistan à la découverte de contrées difficiles, et à la rencontre du peuple Kalash, qui n’a aucune religion si ce n’est celle du respect de la vie. Alors que son aventure touche à sa fin, l’auteur nous replace dans le contexte et nous explique mieux la place de l’homme et la place de la femme dans l’Islam, le manque de gente féminine commençant à lui peser sérieusement. Une pensée qu’il partagera avec un étrange personnage d’origine allemande qu’il rencontrera au Pakistan, mais à son grand désarroi. Ce personnage, Laothi, se révèlera plus pervers qu’il ne le laisse paraître et montrera un visage bien sombre lorsque, lors d’une soirée passée à fumer de la puissante herbe qui fait rire, il se laissera aller à des confidences sur son antisémitisme qu’il peut vivre pleinement dans des contrées arabes éminemment hostiles aux juifs. Plus spirituel et introspectif, plus axé sur la religion et son interprétation, cet album est plus lent que les deux autres, plus personnel aussi, dans le sens de la confidence intime plus que sur le témoignage d’un occidental en pays musulman. Les dessins sont toujours aussi beaux, splendides, colorés, explosifs, et se succèdent ainsi des petites périodes narratives classiques en quelques cases, et des scènes en double page, plus en forme de carnet de voyage, avec des réflexions et pensées de l’auteur. L’ensemble est agréable, intéressant, enrichissant. Peut-être mon tome préféré. On peut lui préférer la contemplation à ce que Guibert et Lefèvbre nous proposaient comme action dans « Le photographe ». Mais on ressent au bout du compte la même lassitude chez les auteurs, la même peur, et la même fascination pur ces coutumes complètement étrangères à celles de l’homme de l’occident. Et c’est d’ailleurs la pression du monde musulman qui leur fera dire à tous deux, Guibert et de Heyn, qu’ils veulent qu’on « leur foute la paix » et qu’ils « n’en peuvent plus » et veulent rentrer au pays, l’esprit chargé de nouvelles connaissances qui ne les laissera à jamais indemnes.
Comment faire de la science-fiction à l’américaine dans un environnement typiquement français ? Demandez à Gabella, auteur ingénieux des « Mesures du temps » chez Petit à Petit entre autres, qui a su créer un univers riche et cohérent mêlant pouvoir médiatique, pouvoir politique, pouvoir policier, violence, folie, mutation génétique et idolâtrie tout en développant une intrigue étrange autour d’être mystérieux… Le dessin réaliste d’Emem n’est pas exempt de tout reproche et ses perspectives ou anatomies souffrent parfois d’approximation. La case 2 de la page 37 est un bel exemple de ce qu’est une vilaine main d’ailleurs ! Mais quoi qu’il en soit, si tout reste à la hauteur des pistes explorées, et que la série va crescendo, comme se nomme ce deuxième album, j’espère que le développement futur nous scotchera.
Ouh la la la la ! Attention, ce livre est glauque ! Ce n’est pas tant la présence de Richard Corben aux crayons qui veut ça. Pourtant, force est de reconnaître que ce spécialiste du dessin trash et gore est bien à sa place dans l’horreur narrée par Brian Azzarello. Alan Moore dit le plus grand bien de cet album, dans sa conception et sa narration, et bien nous sommes servis ! Nous voilà projetés dans un univers carcéral dur et hyper violent où chacun est à sa place, dans un gang, une fratrie, ou bien est tué, soumis sexuellement, et j’en passe et des meilleures… Toute l’organisation de cette prison semble bien huilée jusqu’à ce que débarque John Constantine… C’est étouffant, ignoble, révulsant, et tout autre qualificatif immonde pour décrire ce livre ! Et pourtant, tout est suggéré. Les situations les plus intolérables (y’en a-t-il de plus tolérables ?) sont amenées avec talent par un scénariste déchaîné. Et je vous assure que l’on tombe très bas, très, très bas ! En même temps, il y a une force dans ce récit qui en fait quelque chose d’inégalable. Comme une grande folie, une orgie de vice, la violence gratuite se déchaîne, va crescendo pour un final hallucinant qui, je paraphrase Thierry Bellefroid, ne laissera vraiment pas le lecteur indemne. Quelques fautes d’orthographe et une traduction approximative gâchent un peu le tableau mais les amateurs de sensations fortes qui secouent bien, ne devrons pas hésiter un instant ! Pour info : Les 2 autres tomes de cette série tentent de renouveler l’exercice mais restent malgré tout un ton en dessous. Moins de subtilité pour plus de violence et de carnage, Azzarello continue d’explorer la folie furieuse qui peut prendre un individu mais n’aura jamais atteint ce paroxysme étouffant de « Hard Time ». Son voyage dans le village natal, où toute la population semble avoir perdu la tête pour survivre, nous permet de découvrir une facette peu glorieuse du cinéma hardcore, tandis que John Constantine remonte à ses origines pour faire le ménage. Enfin, dans « Good Intentions », le tome 3 de cette série, il y a un huis-clos qui pourrait être étouffant mais là encore, ce n’est pas du niveau de Hard Time.
Il y a de sacrés bons sentiments dans cet album ! Frais, vivifiant, drôle, léger et pourtant lourd de symboles, vous ressortez guilleret de cette lecture. Georges Rainette est un jeune étudiant qui veut tout plaquer pour se consacrer entièrement à sa passion : le piano jazz. Le piano est son instrument, son inspiration, son ami, son confident… Malgré toutes les réticences de son entourage, Georges va tenter le grand saut et, envers et contre tous, va se heurter à un certain nombre d’obstacles. Mais parmi ces obstacles, il y a une embellie en la personne de Cora, jolie chatte aux pattes de velours… Son piano, délaissé, se plaindra de cette relation mais saura recueillir aussi toute la nouvelle inspiration du jeune pianiste tombé amoureux ! Il est difficile de lire cet album sans penser aux deux livres de Renaud Dillies (« Betty Blues » et « Sumato ») qui reprennent ce thème du petit animal épris de jazz et qui tombe amoureux. Pourtant, si on sait s’en départir, on prend un réel plaisir à lire cet album qui a son propre propos, sa propre vie. Georges est une admirable grenouille, attachante, et sa bonhommie, sa naïveté peut-être, le rend complètement unique, comme flottant dans un espace peu en prise avec la réalité de sa condition. Mais ces grandes cases, ces décors, ces couleurs, sont un vrai régal… On sourit souvent, on est plein de tendresse à l’égard du batracien et on a hâte de lire la suite… Si le tome 2 est encore en gestation, espérons pour vous qu’il ne soit pas tétard pour découvrir le premier tome ! Soyez confiants !
Attention, pour lecteurs, et lectrices, averti(e)s ! La belle Docteur en Pharmacie Aurélia Aurita nous emmène dans ses délires de jeune femme aux mœurs sexuelles débridées, et ce sans aucun mauvais jeu de mot ! Coquine, mutine, elle croque sa rencontre intime avec Frédéric Boilet en ne nous épargnant aucun détail, au point de réussir à régulièrement empourprer notre visage… Car effectivement, ça va loin, très loin, dans une forme de pornographie qui, pourtant, n’apparaît pas foncièrement comme vulgaire. Enfin, tout dépend du point de vue. De celui du père d’une jeune fille que je suis, je dois avouer moyennement apprécier l’idée qu’un jour, je puisse lire un tel condensé érotique de mon enfant amoureuse d’un homme âgé de 20 ans de plus qu’elle… Mais d’un point de vue purement stylistique, c’est plutôt réussi ! Car c’est dense, fort, plein d’amour, de tendresse, mais aussi de nudité et de crudité dans les propos ! La peur de l’amour que l’on masque derrière une énergie sexuelle débordante, mais aussi des fantasmes, des découvertes amoureuses, physiques, et avec le regard d’une femme qui nous livre ce que nous n’avions pas eu l’habitude de lire en BD dans ce registre… Car même si Aurélia Aurita semble « gourmande », il y a cependant quelque chose qui ne rend pas les scènes purement « animales » ni vulgaires comme ça aurait pu être le cas sous un autre crayon … En tout cas, une lecture excitante, c’est peu de le dire, qui nous offre un autre angle pour apprécier tout cela, en espérant que vous ne fassiez pas une indigestion de ces pages qui sont remplies de la même chose… Bel épilogue en tout cas !
Voilà une nouvelle série de science-fiction qui nous vient tout droit des « Coups de pouce aux jeunes auteurs » de BD Paradisio. En effet, les auteurs d’Egovox ont déposé, il y a près de 2 ans maintenant, leur projet sur la rubrique du site consacré à la BD et il a été retenu par Akileos, la maison d’édition qui nous offre Shanower ou Ted Naifreh. Le sujet n’est pas nouveau, mais son traitement dynamique est amusant et vitaminé. Des hommes sont dirigés chaque matin par leur robot-aide-de-camp qui leur lit le déroulement de leur journée… Un petit côté « Jacques le fataliste » de Diderot quelque part ! Mais cette quotidienne faconde cache un dessein plus sournois qui n’est pas sans rappeler la sourde domination des machines à la Terminator ou à la Matrix… Ce ne sont d’ailleurs pas les seules sources d’inspiration du duo que ces deux derniers films ! Avec des noms comme Wooker (Wookie ?) et Leïto (Leïa ?) puis un vaisseau spatial ressemblant étrangement à un X-Wing de derrière les fagots, on sent que les bonhommes aiment bien Star Wars ! Et puis Vatine aussi parce que Milk-shake, il a vachement la tronche du Cybot d’Aquablue ! Mais cela est fait sous forme d’hommage et ça n’entrave en rien la lecture de l’album. La lecture est plus gênée par un lettrage pas fameux et que j’aurai préféré différent, plus clair et lisible. Quelques effets ‘toshop à déplorer même si on sent que techniquement, ça a plus sa place dans un récit SF que dans un récit moyenâgeux ! A la fin de ce premier album, on a envie d’en savoir un peu plus et c’est aussi prometteur qu’accrocheur. Une bonne série de science-fiction qui s’installe donc, dans un registre différent d’un « Orbital » par exemple, mais qui permet de passer un très bon moment.
Voilà donc le fameux album de la relève ! Boulet prend le siège de Lewis Trondheim pour ce nouveau tome de la saga africa… euh, Zénith ! On continue d’en apprendre chaque fois un peu plus sur la personnalité et le caractère des personnages, sur l’évolution de leurs rapports entre eux, mais aussi sur leur propre évolution liée à des contraintes, envies, refoulements et autres, et on s’aperçoit que le Sieur de La Cour est un fieffé bandit en plus de ressembler à Géo Toruvetout ! Pour ma part, cet album n’a rien de charnière malgré sa fin éloquente et lourde de sens, et se place plus comme un album de transition, pour que le dessinateur se fasse la main, et pour nous servir une série de bons gags qui ne font pas tous mouche, il faut l’avouer ! Du côté dessin, j’étais impatient aussi quand on sait, ou plutôt quand on avait vu, les ébauches aquarelles des personnages sur le blog de Boulet ! Et c’est là que je me plante ! Ce n’est pas que ce n’est pas beau ! Non, mais le moule Zénith existe, et la charte graphique est à respecter ! Si ç’avait été un Monster, on en aurait pris plein la tronche car ç’aurait été un one-shot sur lequel Boulet aurait pu libérer toute sa fougue ! Et j’en suis fort marri ! Car là, il ne reste qu’un auteur qui se sort assez bien du traquenard car qu’il doit être difficile de marcher dans les pas du Seigneur et Maître Lewis Trondhico ! Lewis Trondheim donc (loué soit son nom pour 1.000 générations !) a créé un univers basé sur son talent, codifié à l’extrême dans ce qu’il a d’unique ! C’est pas clair ? Ben regardez les albums de Lewis et vous comprendrez ce que je veux dire ! Là, Boulet n’a pour latitude que quelques figures de style, dont certains pensent qu’il abuse parfois en offrant trop de plongées, contres plongées, effets de mouvement et autres trompe-l’œil, et quelques tics très personnels comme les yeux souvent très ronds de ses personnages ainsi que les dents, souvent très rondes elles aussi (voir le Miya !). Alors victime d’un scénario de transition, et d’une charte graphique somme toute contraignante, l’album pâtit un peu de cette prise de marques. Tout du moins il m’aura personnellement moins passionné que d’autres mais n’aura aucunement freiné mon ardeur et ma fièvre acheteuse concernant cette série ! A noter la présence de Lucie Albon aux couleurs et des cases qui sont quand même super chouettes !
Bon, ben… C’est en lisant ça et là des avis positifs sur cet album que je me suis laissé convaincre… Pourtant, la lente déliquescence de la série mère m’avait grandement refroidi sur le personnage de Carmen. Mais bon, l’idée d’un dérivé qui se verrait comme un bon divertissement en mangeant des fraises Tagada avait mûri et je m’attendais donc à rentrer dans une aventure menée tambour battant. Et je m’étais trompé… ou plutôt je ne m’étais pas trompé ! Encore un énième tome 1 de mise en place qui dure et dure encore, sous le prétexte de camper des personnages à grands coups de blablabla, au lieu de faire confiance au lecteur qui peut cerner un peu mieux qu’il ne paraît leur psychologie. Et puis on est dans l’Ira, une activité presque didactique et « fun » qui pourrait voir certaines vocations se former si les lecteurs se laissaient envoûter… Ironiquement, je souligne le fait qu’il y a une forme d’apologie de l’Ira, organisation malheureusement respectée et meurtrière, et tout ça me gène un peu. Carmen est mignonne, se laisse aller à la prise de quelques psychotropes, mais j’espère ne pas avoir à attendre 8 tomes pour comprendre ce qui l’a rendue si froide et distante. C’est pourquoi je reste clément, en souvenir des bons moments que nous avons passés elle et moi, et que je lui laisse le bénéfice du doute et un album pour me convaincre !
Dans le rayon des chroniques de grossesse, on peut maintenant ajouter cet album de Nicoby. Sa particularité est l’humour comme traitement de forme, à l’image du très drôle « Je veux un bébé » de Lynda Corrazza. L’autre particularité, et pas des moindres, c’est que l’auteur est un homme. Alors on nous montre un côté un peu puéril de l’homme immature, on s’amuse de quelques situations convenues, mais finalement, il n’y a rien de transcendant dans tout ça. Le point de vue d’un homme peut intéresser, oui, mais on lui préfèrera le doux, tendre et envoûtant « Onomatopées » de Frederik Peeters, bien moins trouvable que « Chronique Layette » me dois-je de préciser. Quelques moments drôles, de bonnes trouvailles, mais rien d’indispensable donc.
Il y a parfois des noms de séries BD qui vous titillent la nostalgie. Chéri-Bibi fait partie de ce panthéon un peu désuet que beaucoup d’entre nous ont visité. C’est donc l’adaptation de l’œuvre de Gaston Leroux par Pascal Bertho qui nous est proposée par Delcourt. Et je dois dire que c’est plutôt réussi ! Le format 48 pages contraint l’auteur à des concessions mais a pour effet positif d’accélérer le rythme du récit. Ainsi, l’histoire, composée d’habiles flashbacks et de voix off savamment distillée, peut paraître un peu brouillonne au départ mais tout se met rapidement en place. Ainsi le lecteur se laisse guider tranquillement à la découverte de la légende Chéri-Bibi ! Mais si cela ne s’arrêtait qu’à la force de l’œuvre écrite, ce qui serait déjà une chose formidable, ce serait passer sous silence le travail exceptionnel de Marc-Antoine Boidin. Moi, j’aime les Marc-Antoine ! Ceux de l’Histoire, ou ceux de Julius Corentin ! Et bien je vais aimer celui-ci à présent ! Après Kérioth, Les Contes de Brocéliande, Funky Cops, l’auteur met ses crayons au service d’une histoire qui lui permet un mélange de genre, avec beaucoup de mouvement, sur un récit quelque peu statique ! Et le mélange est détonnant. Le dessin est magnifique, plein de caractère, et de gueules, au sens noble du terme. Les planches sont superbement découpées et jamais le lecteur se perd, si ce n’est pour le plaisir d’admirer l’ensemble de la page. Les couleurs sont aussi en parfaite harmonie avec l’ensemble et le tout nous donne un album assez fort dont je ne regrette absolument pas l’achat ! Je ne sais pas de combien de tomes se parera la série mais je ferai inévitablement partie de futurs acheteurs… Et vous ?
Jolie livraison de la maison Akileos qui nous propose cette fois-ci d’être le témoin des affres de la création d’un auteur hors norme : Truman Capote. Tout au long des 120 pages de l’album, les auteurs vont nous montrer une facette peu connue de l’iconoclaste et talentueux écrivain en nous le faisant suivre durant l’élaboration de son roman « De sang froid ». Bien que romancé, le récit nous propose néanmoins une vision bien réelle de l’auteur qui se trouve dans la position de l’enquêteur qui veut recueillir le plus d’informations possible ainsi que toutes les difficultés auxquelles il se heurte. Mais cela va plus loin puisque face à l’insoutenable, l’écrivain va se retrouver face à ses propres angoisses, ses propres contradictions, et ça va le mener dans un tourbillon psychologique presque immaîtrisable. Derrière un trait efficace et racé, on se prend à regretter d’avoir si peu de pages à se mettre sous la dent. On aurait préféré mieux connaître cette petite ville peu accueillante, on aurait préféré mieux comprendre Truman Capote, on aurait préféré juste prolonger le plaisir de lecture en fait. Mais mieux vaut parfois savoir se contenter d’un condensé de qualité. C’est ici le cas.
Ouh la la ! C’est sous les conseils de l’Amiral Laurent Percelay que j’ai acheté cet album. Un conseil d’un homme de goût est toujours bon à suivre ! Dessin énergique, histoire sur-vitaminée (mais pas exempt d’erreur – p.3 case 5, les pieds croisés du personnage laissent apparaître le dessin des semelles qui, très clairement, montrent qu’il a… deux pieds gauches !), et personnages hauts en couleur, on embarque pour un voyage d’une violence assez inouïe ! Dans un genre, il y avait Sin City, dans un autre, Hellblazer, il y a donc aussi Body Bags ! Deux chasseurs de primes refusent d’appartenir à une holding du genre qui veut les recruter et ils sont sur le point de se faire éliminer. Mais Clown Face n’a pas dit son dernier mot… Ce qu’il ne sait pas, c’est que sa jeune enfant, la jolie et pulpeuse latino, va le rejoindre au milieu de tout ce foutoir ! Et ça dégomme sévèrement ! Je vous passe les scènes d’une incroyable cruauté dont l’auteur détourne la responsabilité par une explication qui, si elle tient la route, n’en est pas moins abjecte (p.5 du chapitre 1) mais au moins, le ton est donné ! Après, c’est un festival et ça dépote tellement que l’on se croit au volant d’une voiture puissante qui finit par nous dominer jusqu’à ce qu’on en perde le contrôle ! Cool le ride ! A vous d’essayer !
Si vous suivez parfois les blogs de certains auteurs, vous devez connaître ces deux là ! Loïc Dauvillier, scénariste talentueux de « La petite famille », du « Super cochon » de mon ami Efix à moi que j’ai, du « Portrait » avec François Ravard, et du blog du Bac+3, et Mickaël Roux, dessinateur de « Piraterie », « Un gâteau de grand », « J’ai pas droit à me salir » entre autres, nous offrent un conte sur l’enfance… Mickaël Roux nous avait montré d’ailleurs sur son blog des extraits de cet album délicieux. Son trait, tout en rondeurs et arabesques, se rapproche de l’univers du Tim Burton de « L’Etrange Noël de Monsieur Jack » ou du « Corpse Bride », et ce n’est pas pour me déplaire. Il croque une galerie d’enfants incroyables grâce à son scénariste qui a décidé de nous emmener dans une école réservée aux petits monstres qui n’ont jamais si bien porté leurs noms ! Fable détournée sur la petite enfance et son apprentissage de la vie et de ses valeurs, on suit avec plaisir Hecto (plasme) le petit fantôme, Couture le petit aveugle qui n’écoutera que son cœur et Strappe (ceux qui ont eu des entorses à la cheville seront ravis de voir leur bande préférée citée ainsi !) la momie. Une vie paisible dans une petite école de province, bercée par les cours de magie, les sorts improbables, les camaraderies, et les petites déceptions qui font grandir, qui va être perturbée par l’arrivée d’un ignoble et repoussant monstre qui aura pour nom Beurk : un petit humain normal. Avec finesse et délicatesse, les auteurs nous délivrent des messages moralistes positifs et agréables sur la différence, l’acceptation, la gentillesse et le partage… et même l’amour parce que la belle Bella fait battre bien des cœurs… Le tout avec des couleurs vives et joyeuses, et voilà un bien joli album pour les plus jeunes qui saura aussi ravir les moins jeunes ! Je reprocherai à Carabas d’avoir peut-être pas amené le soin suffisant à l’impression de l’album car entre les planches visibles sur le Blog de Mickaël Roux et la version papier, il y a quelques décalages qui rendent le tout un petit peu plus flou… N’hésitez pas à lire les tranches de livres dans les bibliothèques, vous y trouverez des titres à lire plus que recommandables ! Et n’essayez pas le sort de Poipoi Panda (p.13), il paraît qu’en réalité, il fait pousser de sacrées touffes de cheveux !
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