Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Alors oui, effectivement, le dessin de Casenave peut moins plaire que celui de Larcenet ! Oui, le scénario réserve moins de surprises parce que nous avons été préparés avec les 2 premiers tomes ! Oui, c’est peut-être un poil moins subtil ! Mais pour ma part, je me suis quand même bien amusé à lire la déchéance d’un des plus grands conquérants que la Terre ait jamais porté ! Ce petit bonhomme colérique, chassant ses démons et on ne sait quelles chimères, qui termine sa conquête du monde par la Beauce est vraiment drôle ! Entouré d’une horde de barbares assez débiles, mais sanguinaires, il va accomplir son destin et plonger dans une profonde dépression par la suite qui le conduira des sommets vers les pires basse-fosses… La rhétorique freudienne utilisée n’est pas de premier ordre, je vous l’accorde, et la question de l’existence de Dieu est-elle aussi pas spécialement exceptionnelle ! Et pourtant, en voyant ce petit brin d’herbe s’agiter et défendre son inflexible position, on ne peut que sourire, du moins c’est ce que j’ai fait ! D’ailleurs, la déchéance d’Attila s’accompagne même de la mise à mal de sa légende et effectivement, l’herbe se met à repousser après son passage… ;o) Et en ouverture de l’album, qui a vu l’hommage stupide au joueur international de foot turc ? Hein ? Le conseiller géographique Ümit rencontre le masseur Davala ! Ümit Davala ! Wouahahahahaha ! Désolé mais ça me fait beaucoup rire ! Surtout quand on connaît la coupe de cheveux du joueur de foot en question ! Enfin, bon, d’accord, pas le meilleur de tous mais ça fait marrer un moment quand même, c’est bien là le but non ?! ;o)
J’appréhendais quelque peu la relance du premier cycle qui, pourtant, nous laissait sur notre faim dans le sens où il avait aiguisé notre appétit ! Et bien je dois reconnaître que j’avais tort ! Il y a plus de place à l’action qu’à la réflexion dans ce tome mais il fait du bien ! On ne s’ennuie pas un seul instant à sa lecture et on le dévore d’une traite. Ce mélange d’aventure et d’intelligence, ces réflexions mathématiques enrichissantes, cette culture, je trouve que ça fait du bien ! Je ne suis pas historien et j’aurai du mal à vous dire si tout ce qui est, dans cette dimension parallèle, lié au siècle des lumières est vrai, mais les auteurs intègrent très bien la franc-maçonnerie, les complots, les guerres, les spoliations et la naissance des idées de la révolution à leur récit. Le dessin est très agréable, sorte de crayonnés passés à la couleur pour les arrière-plans, laissant l’encrage rendre toute sa force sur les premiers plans. Encore quelques belles énigmes, puis des choses plus litigieuses, mais cela nous offre à la fin un très bon récit dans un genre pour lequel je ne connais pas vraiment d’équivalent. J’attends la suite !
Angela par Coacho
Revoilà un western chez Delcourt. Ca faisait un moment que je n’en avais pas lu et je restais sur « Gibier de Potence », chez le même éditeur, et, plus ancien, sur les « 500 Fusils » ou « Adios Palomita » qui impliquaient déjà le sieur Vatine. L’histoire d’Angela ne bouleverse pas le genre et se révèle même assez classique. Une petite dont la vie se déroule pépère mais qui volera en éclats avec la réapparition d’un homme qui incarne le passé sombre de sa mère… Hold-up fou, poursuites, coups de feu, trahison, raison, voilà de quoi passer un agréable moment, presque linéaire, dans la pure tradition du western à papa ! Alors oui, c’est banal sauf que là, c’est le retour de Vatine aux crayons. Et même si le tout n’a rien de transcendant, le simple fait de pouvoir se délecter du trait du Monsieur, ça vaut le prix de l’album ! Je parle en groupie transie bien entendu, mais je m’en fous ! Ces cadrages, ces yeux, ces visages, ces corps, ces courbes, ces arabesques, ces bouches, ces dents, souvent imité, jamais égalé l’Olivier Vatine. C’est un genre de dessin qu’on apprécie ou pas, ça ne se discute pas, mais chez moi, ça fait mouche ! Alors je ne peux pas vous dire ce qu’il en est de la version couleur pace que je n’ai que le tirage vaguement limité qui a le mérite d’être en grand format, ce qui permet de mieux apprécier l’encrage et la composition des planches de l’auteur. Voilà. C’est donc ça qui guidera votre choix. Soit vous voulez un bon western, et je vous en recommanderai bien volontiers d’autres, dont ceux cités en introduction de ma chronique, soit vous voulez reprendre un peu du trait de Vatine et là, je sais que vous aurez déjà acheté cet album !
Sont tombés sous le charme de ce magnifique album, entre autres, Joe Quesada, J. Scott Campbell, Terry Moore, Tim Sale, Coacho… Oui, d’accord, il y a un intrus dans la liste… Je vous accorde le droit de ne pas trop connaître J. Scott Campbell ! Mais bon, la liste de ces auteurs américains dont le talent n’est plus à démontrer donne l’impression que le volume en vaut la peine… Et bien entendu, il en vaut la peine ! Herobear est une histoire d’enfant comme celles que nous avons sûrement encore tous planquées au fond de nous. Ces petites angoisses au ventre, ces rêves d’évasion, d’affirmation de soi, et bien Mike Kunkel a su les sublimer avec ce délicieux premier tome dont le dessin n’est que charme et élégance. Tout est en crayonné, comme à l’époque de son fanzinat actif, mais de ce coup de crayon léger et gracieux qui vous conquit immédiatement. L’histoire commence avec une rude épreuve puisque c’est en enterrant leur grand-père que l’auteur nous propose de découvrir Katie et son grand frère Tyler. Ils se voient tout deux léguer un cadeau de feu leur grand-père et malgré la certitude de la générosité de ce dernier, Tyler tique un peu devant cet ours en peluche un peu vieillot qui lui attirera l’animosité de ses camarades de classe… L’histoire est douce, belle, nostalgique, drôle, émouvante, et c’est un vrai délice que de suivre Tyler dans son univers cruel qu’est celui de l’enfance, et le voir découvrir que son ours en peluche et un ami costaud doté de super-pouvoirs ! Tout en noir et blanc, au crayon, avec les bâtis encore visibles, le dessin de Mike Kunkel est enivrant. Lorgnant du côté du dessin animé, il ose, prend des angles, nous offre plein d’effets avec pourtant peu de moyens si ce n’est son talent. Et puis il y a cette touche de rouge unique, la cape d’Herobear, qui imprime définitivement la particularité de Kunkel dans son histoire. A lire de toute urgence pour les adultes restés enfants… J’en suis !
Une maquette moins luxueuse que L’Eprouvette de l’Association, mais un gros travail expérimental derrière qui aura permis de défricher un peu le difficile champs de la critique BD. Le Comix Club est une initiative qui a débuté fin 2003, et qui va connaître bientôt sa 3° issue. Pour dire qu’au-delà du fanzinat, et un peu avant ce recueil de l’Association, Big Ben et d’autres se sont employés, sans vraiment savoir par quel bout commencer, à nous offrir une critique dessinée de l’Art qui nous séduit tous, les lecteurs de BD. Certains textes sont des réflexions de ce que l’on peut percevoir, ou comment ressentir la bande dessinée, d’autres sont des recueils de réunions entre auteurs, et enfin, le tout est entrecoupé d’illustrations et de petits récits qui sont aussi des chroniques… L’exercice est difficile, périlleux, mais a le mérite d’exister. On se croit parfois être au milieu de ces échanges et on se surprend à être parfois d’accord, parfois contre, parfois offusqué, ou encore conquis, par les idées mises en place dans ce premier tome du Comix Club. Entre naïveté et déconnexion, mais surtout avec acuité, culture, professionnalisme et foi profonde, on approuve autant qu’on réprouve certaines de leurs perceptions mais tout nous pousse à réfléchir. Un très bon exercice, et pour les auteurs, et pour les lecteurs, que je vous recommande, forcément !
Je me souviens de cette impatience mensuelle qui me conduisait à lire en premier lieu la dernière page de mon Fluide Glacial. La raison ? Lamorthe et son impassible Chaponoir ! Des gags muets et noirs qui me faisaient hurler de rire. De plus, ce dessinateur, largement influencé par le grand Don Martin du magasine Mad (regardez de plus près ses pompiers, c’est une hallucinante filiation !), pouvait passer de la plus sobre situation à la plus scabreuse avec le même aplomb. En recueil, et peut-être avec l’âge, ça passe un peu moins bien… Le bien s’intercale entre le moins bien et même les jeux, dont la chute était pour moi la crise sur le gâteau, tombent un peu à plat. Quoi qu’il en soit, ce Chaponoir reste un peu m madeleine et je ne peux que vous conseiller de découvrir cet auteur et son personnage fétiche. Au moins avec le premier tome !
J’adorais mes Special Strange quand j’étais môme mais depuis, j’avais remisé mes comics pour ne plus suivre les aventures des héros en collants. Lire des comics m’était devenu difficile et pourtant, joie de découvrir Frank Miller, Alan Moore, et tout un tas d’autres talents américains m’avait remis en confiance. Et c’est sous des conseils enthousiastes divers que je me suis laissé embarquer dans ce diptyque de gamines super-pouvoirtisées ! Il me fallait passer un dessin pas vraiment emballant en grand format, des couleurs plutôt criardes, et des flous photoshop en veux-tu en voilà au point de ne plus savoir si ma vue était correcte ou non. Et voilà donc une histoire pseudo adolescente avec pourtant quelques scènes chouettes (quand elles sont lisibles) mais dont les rebondissements sont aussi trépidants qu’une figue molle qui s’écrase sur un trottoir. Le personnage le plus intéressant, sorte de fille naturelle ou pas de notre grand Wolverine, est malheureusement pas mis dans la lumière que j’attendais. 2 albums plus tard, pour moi, le cycle est clos, et on ne m’y reprendra plus. Vivement le Fables 3 !
Alors que certains, comme moi, continuent d’espérer une hypothétique suite au Dernier Loup d’Oz, Lidwine s’offre une pause humaniste en publiant cet album réquisitoire. A coups de crayons rouges, bleus et noirs, il offre ce qui pourrait être des dessins de presse mais qui sont des dessins d’humeur, un peu désespérés. Le 4° de couverture joue la ségrégation et l’image du mouton, tandis que la couverture, malgré son noir très présent, joue l’espoir de la jeunesse (adultes noirs et résignés qui vont dans un sens pendant qu’un jeune enfant va à contresens). L’intérêt supplémentaire de ce livre, imprimé sur du papier recyclé, est que 50% des droits recueillis seront reversés à l’Association Inti-Sud Soleil, soulignant ainsi mieux l’action humaniste qui a mu l’auteur. Le livre est parsemé de définitions remaniées qui nous éclairent sur le cynisme du monde mais on peut reprocher parfois un peu trop de naïveté, ou de démagogie, ou encore de parti pris partisan, comme cela avait pu être reproché à Squarzoni avec ses deux livres parus chez les Requins Marteaux. Mais ça a le mérite d’exister, et il est bon de louer les efforts de tous ces artistes qui se bougent au sein des Dessin’acteurs… C’est pourquoi je soutiens cette initiative, ce livre, en notant plus généreusement que j’aurai pu le faire cet album. Néanmoins, ça reste un bon livre avec un coup de crayon… remarquable. A ne pas manquer, le certificat de contrôle qualité en fin de livre… Hilarant !
Je le disais par ailleurs, Morvan aime choquer, secouer, éclabousser de sang ses lecteurs. Les aventures Billou ont fait aussi parler les bédéphiles. Des couvertures jugées laides, des couleurs criardes, un dessin nerveux, et une histoire à dormir debout, bref, ça irritait. Et pourtant, depuis le début de la série, j’accroche à ce petit truc délirant qui tient depuis maintenant 3 tomes. Les couleurs sont passées de Stamb à Kness et c’est le talentueux Walter qui est maintenant aux affaires pour notre plus grand plaisir ! Alors ça continue à partir dans tous les sens, les personnages sont toujours aussi disparates et improbables que jamais, l’ET continue d’attiser toutes les convoitises et d’offrir cette sensation de bonheur à tous ceux qui respirent son souffle et là, on commence à comprendre ce qui lie tout ce beau monde. Bon, d’accord, il faut s’accrocher ! Ca cartonne, ça tire, ça flash-back de façon stroboscopique et ça en devient compliqué à suivre ! Mais ça tient en haleine et ça captive. C’est ce que je demande à un album de BD. Le dessin de Lejeune s’affirme avec le temps et les albums et il se permet plus d’audace dans ses scènes tout en gardant un peu de cette confusion chaotique voulue par JD Morvan. Moi, ça me branche ce délire !
Qu’est-ce que c’est que ce fouillis là-dedans ? On se rend compte de la richesse de l’album rien qu’en le feuilletant. On sent aussi que ça va être un peu sombre un peu glauque, un peu désespéré… Les magnifiques couleurs de Serge Pellé y sont d’ailleurs pour beaucoup. Le dessin est poisseux, voire désespéré, et accompagnent des dessins qui ne sont pas sans rappeler ceux de Bilal, on pourrait avoir un héritage plus honteux ! Alors l’histoire, qu’est-ce que ça donne ? Et bien Sylvain Runberg, que nous avons parfois la chance de croiser sur les forums, évite tout un tas d’écueils de la SF telle que nous la livre massivement Delcourt ou les Humanos. Malgré la variété des races, les univers, lieux, les langues, les antécédents, etc, tout reste lisible, compréhensible, et ce talentueux scénariste arrive à nous faire assimiler aisément son univers. Ce n’est pas simple et ça mérite d’être souligné. Quelques maladresses peut-être parfois, et des fautes d’orthographe (si, mais là, au moment où je rédige, je n’ai plus la page en tête !), mais rien qui puisse entacher la lecture de cet album très mature. C’est dans la mixité des antagonismes que se trouve peut-être la paix de demain… C’est un peu le fond de cette histoire qui prône la tolérance et le dialogue. Et puis si Sylvain Runberg dédie cet album à Jean-Florian (que j’imagine être Tello, l’auteur tragiquement disparu des 2 premiers tomes de Marshall aux Humanos), c’est bien que la culture SF de ces 2 auteurs est une passion déraisonnée et ça augure de très bons prochains albums pour Orbital. A lire d’urgence !
Le premier tome a été décrié, donc le 2° a sûrement moins eu de lecteurs ! Du moins, c’est ce que j’imagine. Et pourtant, je continue de trouver intéressante la démarche de Morvan. De façon parfois maladroite, il essaye d’instiller un peu de valeurs humaines, d’éveil de conscience, et souvent par des démonstrations inversées. Pour mieux m’exprimer, il a tendance à lutter contre la violence par surabondance de celle-ci dans ses histoires. Du moins je ressens cela ainsi. Nirta Omirli est un truc qui va dans ce sens et de manière un peu manichéenne (comme cette démagogique mais pourtant poignante dernière case de la page 43), avec des personnages avec des caractères peut-être un peu stéréotypés, mais qui intrigue. Entre intolérance et violence, nous suivons un groupe aux passés peu clairs dans une histoire qui lorgne du côté du voyage dans le temps. Une personnalité, qui a donné son nom à la série, se retrouve ainsi 2 fois morts à 23 ans d’intervalles. Comment, pourquoi ? A vous de le lire… Mon avis reste cependant un tantinet mitigé car j’ai l’impression que la série risque de s’éterniser au vu de ce qui nous est montré dans ce deuxième tome… Mais c’est intéressant, donc je ferai partie des irréductibles lecteurs qui iront jusqu’au bout !
Revoilà Valbert, pour l’avant dernière fois de ce triptyque, et pour notre plus grand plaisir. Le scénario est toujours aussi succulent, plein de surprises et de rebondissements, c’est rapide, enjoué, brillant, truculent. Le dessin, dont on évitera de façon malsaine de souligner la parenté, est lui aussi enlevé, plein de déliés, de joie, et le plaisir du dessinateur se ressent fortement. Les double pages de garde révèlent d’ailleurs ce que peuvent donner les dessins de Romuald Reutimann en grand format. Superbe. C’est donc corrosif, subversif, anticlérical, libertin, républicain, laïque, des termes chers et qui sont ici défendus avec beaucoup de verve. Un petit reproche cependant au niveau de la narration. Les scènes s’enchaînent vite et nous avons droit à une succession abondante de cases muettes qui nous disent « plus tard », « plus loin », « pendant ce temps », « peu après », j’en ai dénombré près d’une trentaine, avouez que ce n’est pas rien, la planche 43 en contenant pas moins de 3 ! Alors ça coupe un peu la lecture, ça perd en fluidité, mais ne vous trompez pas, l’histoire, elle, reste assez séduisante pour que vous vous procuriez cette belle série.
Voilà une habile suite au « Big Bill est mort » de l’année dernière. Sur fond de tristesse, Mémé va nous raconter comment après la mort de ses 12 enfants, elle a eu un instant d’espoir, et comment elle s’est sentie revivre avec l’arrivée de son petit-fils, le fils de son Big Bill. Mais Little Bill n’est pas le seul à revenir à Rockwell Town. En effet, Travis revient après avoir purgé sa peine pour viol (v. tome 1) et veut mettre dans l’ordre dans tout ça. La chaleur étouffante de ce sud peu accueillant fera de nouveau tourner les têtes et rendra fous les habitants de ce village. On sent le drame monter dans le même rythme que la folie… Des scènes très fortes, très poignantes, mais qui sont malheureusement entrecoupées d’autres scènes beaucoup plus plates qui font que le récit perd tout de même un peu en intensité durant ces 78 pages… Dommage mais tout de même, le fond d’humanisme de ce livre, cette force de croire en la vie, a quelque chose de très prenant…
Je serai généreux pour ce tome car je n’arrive pas à apprécier objectivement celui-ci. La tragique disparition de JF Tello, dessinateur d’origine de la série, n’y est pas étrangère… Le pari devenait compliqué pour Filippi puisqu’il devait finir sa série sans sa moitié créatrice, et pour Velasco qui devait se fondre dans un univers si personnel en ces difficiles circonstances. Mais voilà, inconsciemment peut-être, la magie n’opère plus… Le scénario, pourtant sûrement déjà écrit dans les grandes lignes du vivant de Tello, piétine et nous perd dans des considérations mollassonnes un peu ennuyeuses. Ca peine à partir, à moins que ce tome eut été remanié pour laisser le temps à Velasco de s’approprier les personnages ? Un peu perdu aussi graphiquement, je ne remets pas en cause le travail de Velasco qui est de très bonne facture mais preuve est faite que l’on s’attache avant tout à un univers par ce que l’alchimie des auteurs nous livre de personnel. Alors ne serait-ce que pour honorer la mémoire de Tello, je vous encouragerais volontiers à lire ce tome mais ne prenez pas ça pour une obligation…
Voilà un bien bel album accompagné par une discrète mais efficace campagne de presse pour ce duo nouvelle formule d’auteurs talentueux et confirmés ! Car en effet, la technique utilisée dans « Marie » est la somme des deux talents de Loisel et Tripp pour nous offrir des planches d’une auteur virtuel que nous pourrions nommer… Tripel ? Dans ce récit d’entre deux guerres qui se passe au Québec, les auteurs ont fait appel à Jimmy Beaulieu (le génial auteur du « Moral des troupes ») pour assurer la crédibilité et la compréhension des expressions québécoises des années vingt. Ne vraie somme de talent complétée par la présence de François Lapierre aux couleurs. Cette dream-team était partie pour nous offrir 80 pages bucoliques au travers des saisons canadiennes et nous faisant découvrir les tourments et vicissitudes d’un petit village et de son épicerie principale. Ce magasin général, donc, n’est plus tenu que par Marie qui vient de perdre son mari et qui se maintient en perpétrant son activité. Mais voilà, c’est beau, c’est enjoué, plaisant, mais on n’est pas plus envoûté par ce bouquin que lorsqu’on regarde un épisode de la petite maison dans la prairie ! Sauf que Charles Ingalls avait le mérite de nous sortir une petite morale de derrière les fagots qui suintait bon les bons sentiments et prônait de jolies valeurs aux enfants ! Là, c’est plat… On guérit une jambe cassée, on se moque de 3 vieilles chouettes un peu pénibles, on voit un nouveau curé aux méthodes peu orthodoxes qui cherche à ramener ses ouailles à l’Eglise tout en s’acoquinant avec le plus réfractaire des habitants… Bref, une jolie histoire de village que l’on contemple mais sans vraiment se sentir concerné ! Un peu indifférent, on n’en est pas moins sensible aux soins apportés aux décors, environs, ambiances, et autres petits trucs qui font que l’on se croit complètement immergé dans ce Québec des années 20, mais ça ne va pas plus loin… Nous étions en droit d’attendre plus de ces auteurs, ou bien je n’ai pas compris la direction du chemin qu’ils cherchent à nous faire prendre… Dommage…
Je ne vais pas prendre de gants ni m’égarer sur des chemins de traverse : cet album est absolument sublime, un très grand moment de lecture. Sous ce volumineux pavé se cache un talent génial, celui de l’injustement méconnu Ludovic Debeurme, un auteur à la bibliographie exigeante (Céfalus, Ludologie…). Dans ce livre, il va nous narrer la rencontre de deux adolescents qui, non contents d’avoir à traverser les difficultés inhérentes à leur âge, vont devoir de plus composer avec des vies difficiles, que ce soit au niveau matériel et financier, et plus encore au niveau des situations psychologiques auxquelles ils sont confrontés. Près de 500 pages nous sont offertes et Ludovic Debeurme s’offre le temps de développer les personnalités de ses personnages, nous emmène dans le tourbillon de leur vie, et nous rend complètement complices de ce qui se déroule sous nos yeux captivés par tant de grâce, de réalisme, de force et d’émotion. Evidemment, cet album est intimiste, mais jamais l’auteur ne se permet de se livrer à la complaisante facilité du pathos, et jamais nous ne ressentons la position de voyeurs. C’est la totale immersion dans cet environnement déchiré et chaotique qui nous prend aux tripes et nous implique admirablement dans le récit. J’ai rarement ressenti une telle émotion et le stade de l’empathie est complètement dépassé. Tout en finesse, on se retrouve happé par le tourbillon désespéré et pourtant plein d’espoir de ce bouquin hors norme, dont les héros comme Lucille, jeune fille anorexique en rupture affective totale, et Vladimir, jeune marin battant et facétieux, sont des jeunes comme nous en croisons tous les jours, de ceux qui luttent pour trouver un peu de bonheur dans ce monde d’adulte un peu sombre… C’est toujours juste, parfois contemplatif, parfois onirique, parfois fort et troublant, parfois plein d’une action échevelée, et jouant toujours avec les paroxysmes de chaque sentiment. Le tout est servi par un dessin épuré, minimaliste, qui se contente d’aller à l’essentiel et met en valeur l’impression plus que la situation. Une vraie montée d’adrénaline qu’il faut voir comme un cri d’espoir et qui est la grande réussite des Editions Futuropolis nouvelle mouture. La grosse surprise vient du fait qu’après une lecture frénétique de 500 pages, on découvre qu’il s’agit de la fin du premier volume… La frustration est donc énorme de devoir quitter nos nouveaux enfants après les avoir accompagnés durant ce chemin… Sublime, juste sublime…
Quelques indices… Début des années 80, un comic américain qui cartonne, deux filles, deux amies, des rapports plus ou moins amoureux… Vous ne voyez pas ? Non, il ne s’agit pas de Strangers in Paradise de Terry Moore, mais bien de Maggie et Hoppey, 2 latinas qui vivent dans une banlieue américaine et tente de vivre au mieux leur adolescence et le passage à l’âge adulte… Fauchées, elles sont passionnées de musique et rivalisent d’inventivité pour satisfaire leurs envies. Les amourettes et l’amitié indéfectibles sont importantes mais ne sont pas l’unique centre de cet épais livre de près de 350 pages. C’est un univers étrange, qui mixe super-héros, catcheuses, métiers improbables, et qui peut déstabiliser le lecteur, mais qui est une vraie mine d’inventions ! C’est d’ailleurs ce que j’ai un peu ressenti en me plongeant dans Locas. Je trouvais ça pas très passionnant, un peu pénible même, et puis les idées fusent, se font écho, et petit à petit, on se fait spectateur privilégié de la vie trépidante et tumultueuse de ces 2 filles et de leurs ami(e)s. Je recommanderai cependant à ceux qui veulent découvrir cet univers de passer le rejet éventuel qui peut être ressenti sur les premières histoires, et de déguster en petites lampées gourmandes le reste du livre. En une fois, ça peut provoquer une overdose ! Dernière remarque, mais plus tatillonne, Locas a été plusieurs fois adapté, avec plus ou moins de réussite, par des éditeurs. Avec la pseudo impression d’édition « ultime », je continue d’être déçu par le travail des traducteurs. Même si ça semble être de loin la meilleure version, nombreuses sont les pages qui comportent leur lot d’erreur de traduction ou d’orthographe ce qui a le don de m’agacer à un très haut point. Cela décrédibilise continuellement la valeur intrinsèque de la bande dessinée et nuit à ce grand foutoir jubilatoire qu’est ce Love and Rockets.
Les auteurs nous montrent l’emménagement un peu raté d’une petite famille dans une cité banlieusarde riches en couleurs et en stéréotypes. Malgré cela, ce qui pourrait sembler très manichéen est en fait une façon de jouer de ces codes pour mieux les détourner et nous montrer une autre vision que celle un peu mythifiée ou coincée par l’image qu’en donnent les médias. On trouve donc une panoplie de personnages qui va de drôle à inquiétant, le tout avec des petits travers, mais tous empreints d’une grande générosité et on se plaît à découvrir la vie de cette communauté hétéroclite. Ceci étant, tout n’est pas drôle et parfois, certaines pages ou histoires sentent un peu le « remplissage »… Une autre chose intéressante, c’est de découvrir un Coyote en couleurs qui été réservé aux seuls possesseurs des carnets intimes de Fluide Glacial ou au dossier du Cycliste. C’est plaisant de découvrir cette facette de l’auteur tatoué et barbu de Litteul Kévin. Pas un album indispensable, mais qui fait sourire… A vous de voir…
Gä est un auteur à part. Connu pour ses oeuvres chez Spirou et pour son incontournable blog, il livre là un album grand public qui attire le regard ! Onze histoires, comme autant de pistes à un cd, qui nous content les mésaventures de la génèse d’un improbable groupe de heavy-rock-groovy-métal-électro-ragga-etc dont les 3 membres sont de jeunes ténébreux amis. La première impression serait de dire que ce sont des losers mais ça n’est pas ça… Quiconque a un peu pratiqué la musique a un jour rêvé d’avoir un peu de reconnaissance dans le partage de sa passion, de son son, de ses paroles. Mais les auteurs prouvent toute l’affection qu’ils portent à leurs personnages et les maltraiter est plus un geste tendre qu’une vraie moquerie. Les deux principaux reproches que l’on peut fournir concerne le rythme des histoires qui finissent par un peu se ressembler dans l’échec permanent que les Blattes rencontrent, mais aussi sur la ressemblance graphique un peu trop importante entre le batteur et le grateux. Mais il y a de nombreuses trouvailles et de moment de rire (et de solitude qu’on partage) avec ces fans de Kurt Cobain(e) ! Epiez les détails, d’autres surprises vous sont réservées ! Dernière précision, le Lombard a commandé à Kek un minisite pour lancer l’album et il vaut le détour, ne serait-ce que pour entendre le morceau composé par Kek lui-même (http://www.lelombard.com/lesblattes/) !
J’aime beaucoup Baru. La vivacité et la nervosité de son trait, le choix de ses cadrages, la narration toujours vitaminée de ses histoires, et le diptyque de L’Enragé n’échappe pas à la règle. Le sujet de fond est intéressant (on sait l’auteur très impliqué dans la vie sportive et associative) et c’est une chose sûrement rare en BD qui nous est contée dans la collection Aire Libre. Deux belles couvertures qui se font écho pus tard, qu’en est-il vraiment ? Et bien je fais partie des déçus et, sans le revendiquer haut et fort, mes craintes ébauchées lors d’une tome 1 trouvent confirmation dans le tome 2, en même temps que la lumière est faite sur toutes les questions laissées en suspens à la fin du tome 1. Passent encore les caprices de stars, la grande machination préparée de longue date, les personnages caricaturaux qui nous sont présentés (l’avocat au procès n’en est qu’un petit exemple), mais la flambée humaniste des dernières pages est, sinon grotesque, tout du moins navrante. La mobilisation finale avec ce combat omniprésent pour la vérité est une fumisterie tout droit sortie des mauvais films hollywoodiens à la morale scabreuse. En cela, je suis très déçu et si le fond est juste et beau, il ne trouve malheureusement pas sa place dans une histoire aussi ancrée dans la réalité. Et c’est peut-être bien là le problème de ces ouvrages. Car malgré tout, la fiction qui en est la base est par trop fidèle à la réalité, l’auteur ayant eu besoin de ramener chaque lecteur au confort de repères qu’il connaît bien. Mais déjà dans le tome 1, des choses montraient quelques erreurs dans ces choix (le cas des articles de l’inflexible et incorruptible Mourad parus dans l’Equipe me semblaient démonstratif de ça car tous les lecteurs du quotidien sportif savent que les pages de boxe ne peuvent pas être encadrées des brèves de cyclisme (v. p. 44 du tome 1) ou pire encore dans les pages de foot (v. p. 45 du tome 1 où il est question de Zagallo, l’entraîneur du Brésil, ou du stade de Gerland !) et ça sentait un bidouillage pas abouti !). Là, avec la grande solidarité avec un sportif honni et à la côte d’amour plutôt faiblarde, comment se retrouver avec des émeutes, des marches de solidarité, des articles dans les plus grands journaux, des concerts, et une pétition de 423.000 signatures serait donc suffisante pour réviser un procès ? Enfin… Anton Witkowsky aurait dû écouter son père et ne pas fricoter avec Don King et la racaille d’escrocs qui l’ont conduit dans cet épisode douloureux de son histoire. Enfin, c’est dommage, en grand fan de Baru, je reste sur ma faim et je regrette cette dérive façon série B de ce diptyque qui aurait pu être une référence du genre. Récit vitaminé, bien construit, cohérent, avec des moments forts, tout était réuni pour un grand récit d’aventure urbaine mais franchement, l’intensité dramatique tombe à plat et fait même trop rire par moments pour rester bluffé par L’enragé… Dommage, j’enrage…
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