Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Le dernier né de la collection Mirages est signé par un dessinateur talentueux et un (co)scénariste que j’aime beaucoup. Ils nous entraînent ici dans l’histoire de Sébastien et Anne, couple avec deux enfants dont la dérive est notable et avérée. Pendant les vacances, les relations de ce couple ne vont finir de se dégrader, mais pas avec la violence des amours enivrées mais plutôt avec la résignation devant une inéluctable issue. Les travers de Sébastien sont montrés et Anne reste discrète. Peut-être ce scénario d’homme donne plus la place à l’homme dans cette histoire tant l’avis féminin me semble en retrait. Mais qu’importe, l’histoire avance et décortique les mécanismes d’une histoire de vie et d’amour comme nous en connaissons tous. A coups de flash-back en noir et blanc, on voit les instants de bonheur, et puis la réalité reprend le dessus, avec les névroses de chacun, et les difficultés que chaque individu d’un couple a à trouver sa place dans l’effervescence d’une famille. Le récit est très coloré, un peu pétillant comme la vie, et c’est d’ailleurs une contre marque par rapport au fond de l’histoire. A moins que le parti-pris des auteurs était de montrer que la vie peut être malgré tout heureuse, malgré ces déchirements qui ne manquent pas de survenir. Ceci étant, on est plus spectateur que partie prenante de l’histoire et je regrette un peu ça. Ne pas être voyeur, mais plutôt me sentir plus impliqué dans cette histoire d’amour qui s’effiloche… Bien, mais j’en attendais plus, ou trop !
Jack Palmer avait réussi à faire moultement parler de lui avec son enquête corse et c’est avec appréhension que j’attendais L’affaire du voile. En 46 planches, Pétillon va nous livrer sa vision de ce méconnu Islam et tenter de nous faire rire sans déclencher de Fatwa. Est-ce réussi ? Je pense que oui dans le sens drôlatique même si on peut reprocher à l’auteur d’être resté trop superficiel ou de ne pas oser plus de sarcasmes… Quoi qu’il en soit, il est des situations et des moments très drôles, surtout lorsque tout est poussé comme un raisonnement par l’absurde et conduit justement à des situations de paradoxes. Un album qui est finalement fin et intelligent dans son traitement mais que l’on aurait préféré différent… La critique est aisée mais l’art est difficile ! A lire toutefois.
La bonne question à poser est : pourquoi ai-je aimé cet album de Sfar ? Sûrement pas par snobisme, ni même par Sfaritude exacerbée. Je consens à lire l’auteur depuis peu de temps et c’est la richesse de son univers ainsi que sa propension à être intéressant qui m’ont conduit à lire cet album. J’y ai trouvé quoi au-delà du grand n’importe quoi qu’on lui propose ? Et bien, il fait ni plus ni moins un carnet comme ceux publiés à L’Association, mais accessible au plus grand nombre ! Cette maladive envide consigner tout sur le papier, de faire survivre ses souvenirs, a quelque chose de touchant… Ca parle de chez moi, de ma vallée des merveilles, de beignets de fleurs de courgettes, de senteurs, d’expressions qui ne sont drôles que quand on les connaît, et c’est encore bien plus… C’est une envie de raconter, de (se) faire plaisir, et d’être subversif ! On prend les copains, on les met dedans. On fait colorier le tout par Brigitte Findakly (oui, oui, Madame Trondhico WAHAHAHAHAHA !) et on se fait un p’tit glossaire en fin d’album pour expliquer dans la tradition de Piano, Caravan, Ukulélé et tout et tout ! Oh bien entendu, je ne serai pas capable d’être du niveau critique de Loleck (lien donné par Yan : http://www.du9.org/article.php3?id_article=637) qui nous livre une très brillante chronique, non, moi, je resterai sur un sentiment fugace d’un auteur qui ne se fout pas de ses lecteurs, qui en donne, trop, et qui se permet le luxe de faire croire qu’il publie n’importe quoi sur son nom, qui prouve que la BD, c’est juste raconter des trucs, et le tout dans un langage volontairement décalé, riche et compréhensible. Alors oui, de but en blanc, l’album, intrinsèquement, n’est peut être pas folichon ou enthousiasmant, mais dans l’ensemble de l’œuvre de Sfar, je trouve qu’il a une résonance fort intéressante et un goût semi amer qui me plaît bien ! Humaniste et pacifique, tentant de faire tomber les barrières de la bêtise humaine, il s’en amuse encore avec ce nombriliste « Chasseur-cueilleur » et moi, il n’y a finalement pas que les dernières pages en forme de carnet que j’ai bien aimées…
Bon sang que j’aime ça quand on est projeté dans un univers où on pige que dalle et qui pourtant est très cohérent. On arrive dans un monde qui a vécu avant nous, s’est organisé, et on est un spectateur attentif des affaires qui se déroulent sous nos yeux ! L’histoire commence avec un choix anthropomorphique Spiegelmanien avec les deux races distinctes que sont les sinois (des chats) et les murides (des rats). Dans ce monde, un enfant métis sera témoin de l’abus de pouvoir des murides sur sa mère sinoise et du meurtre qu’elle commet pour se sortir de l’impasse dans laquelle on l’a précipitée. En s’enfuyant, Gib, le petit métis, est repêché par le Capitaine Le Griffard qui travaille pour le compte des marchands de la Guilde de la Mer. L’espoir de devenir citoyen de quelque endroit, et puis de pouvoir travailler et, d’enfin retrouver sa mère redonne à Gib un moral qu’il avait perdu depuis bien longtemps. Long tome d’introduction, on sent immédiatement l’immense richesse que peut contenir l’univers de Nancy Peña. C’est coloré, plein d’espoir et pourtant parfois sombre et inquiétant, c’est là un grand récit d’aventure qui nous est offert. De prisons en cales de bateaux, on sent cependant toujours l’espoir et la lumière dans tout ce qui guide les personnages de l’album. Nul doute que nous aurons encore beaucoup de surprises avec la suite dont on ne connaît pas le nombre de tomes qu’elle comptera. L’envoûtant dessin de l’auteur, mis en couleurs par Feyd et Miss Gally, est vraiment efficace et captivant, enivrant. J’ai hâte de lire la suite.
Le travail en famille, y’à que ça de vrai ! Monsieur prend les crayons pour illustrer l’histoire de Madame destinée à un public de l’âge de leur petit ! Isabelle Dethan nous offre donc une histoire dans son milieu de prédilection, l’Egypte ancienne, et de manière didactique nous fait prendre connaissance des Dieux et de leurs relations. C’est rapide, enjoué, instructif (à ce titre le glossaire de fin d’album est précieux même si les allers et retours qu’il occasionne est énervant !) et servi par ce trait si particulier et charmeur qui fait la personnalité de Mazan. Un bon album jeunesse qui ravira donc les plus petits amateurs de BD.
Voilà le troisième tome de Kabbale, la série intrigante de chez Dargaud de Gregory Charlet. J’aime beaucoup la façon dont se présente la série. Des couvertures vierges, une immersion rapide dans l’histoire de quelques pages avant celle de garde, et toujours ce rythme, faussement lent, qui berce le lecteur. Les couleurs sont très belles, pleines de nuances, et sont clairement la résonance du titre de cet album : Automne. Un peu plus lent que les 2 premiers, on s’enfonce dans la schizophrénie de Gaël dont les pouvoirs le dépasse. Un brin de fantastique pour une leçon d’humanisme, voilà ce que l’on trouve dans cet album. Moi j’aime beaucoup.
Non il ne s’agit pas d’un guide en BD énième du nom mais bien d’un carnet intime de la grossesse de la blogueuse Lynda Corazza (http://www.20six.fr/mamlynda). Capucine avait opté pour une certaine neutralité de ton et une proximité à l’action pour « Corps de rêve », Lynda, la jolie azuréenne, opte pour l’humour, le cynisme, le sarcasme ! Et c’est réussi ! Bien sûr, si on a vécu cet incroyable voyage qu’est une grossesse, certains évènements nous parlerons plus qu’à d’autres mais l’humour et suffisamment présent pour en faire un livre lisible par tous. De l’envie au retour à la maison, l’auteur nous fait donc partager son point de vue sur l’évolution de sa grossesse et sur les étapes clés de celle-ci. C’est drôle et très caustique, les réflexions se faisant par des bulles de pensées bien acides. Entre l’annonce, hilarante et foirée de sa grossesse aux métamorphoses corporelles, en passant par la recherche des prénoms, tout est prétexte au sel de son humour noir qui, personnellement, a fait mouche pratiquement à chaque fois (mais le règlement de comptes avec la couverture patchwork est à assumer !) ! Le dessin stylisé de Lynda va à l’essentiel et la palette de couleurs utilisées, pas forcément évidente dans les choix individuels, se révèlent bien plus harmonieux qu’il n’y paraît ! Bref, une jolie petite BD à offrir à toute femme enceinte, et aux autres pour passer un bon petit moment de rigolade garantie !
Voici la suite des aventures de cet androïde différent et convoité. Un discours humaniste et une dénonciation un peu manichéenne du milieu de la politique sont au programme, quelques bonnes scènes d’action pour saupoudrer le tout et voilà un cocktail de politique fiction qui se lit comme un roman facile. Je suis assez surpris par la qualité du dessin de Ralph Meyer. Des cadrages impressionnants (la 5° case de la première planche par exemple), des couleurs qui nous font penser à du Liberatore, je trouve tout ça très réussi. Malheureusement, c’est bien la finesse de carpaccio du scénario qui me laisse un peu sur ma faim… Ni décevant ni enthousiasmant, ce n’est pas un album indispensable mais il vous fera tout de même passer assurément un moment de détente.
Le premier tome avait laissé deux camps. Ceux qui le trouvèrent mauvais, et ceux qui étaient sous le charme. Malgré toutes les maladresses visibles de ce premier tome, il se dégageait un parfum d’insouciance et le lecteur flottait dans cette histoire adulescente. Et là, c’est reparti. On croirait lire le journal intime d’une jeune fille qui quitte l’adolescence pour devenir adulte. Rock, musique, fringues, et autre frivolités se heurtent aux responsabilités, envies et autres coquineries. Petites tromperies, petites aventures, mise en couple, projets… Tout ce qui fait le sel, ou la banalité c’est selon, de la vie que nous connaissons tous. Graphiquement, on retrouve toujours les mêmes choses avec ces incrustations d’images réelles par photoshop qui, si on sait passer au-delà du rejet que ça inspire généralement, se trouve être un agréable jeu de clins d’œil qui nous révèle un peu les goûts de l’auteur. Il y a toujours quelques erreurs anatomiques mais le tout passe de manière relativement agréable. Il ne se passe presque rien et pourtant, on ne voit pas le temps passer… Nous verrons où nous emmènera Manboou dans le 3° tome mais je crois qu’elle va jouer à rompre l’harmonie un peu naïve développée depuis deux tome grâce au personnage du groupe Ashita. Et puis une dessinatrice qui met sur sa couverture une incrustation du 3° tome de Candélabres ne peut qu’être digne d’intérêt !
Premier décollage solo pour Christophe Gaultier, le partenaire siamois des frères Ricard, pour un album aux parfums seventies. En plusieurs saynètes, il nous replonge dans les années mob, vélo avec cocottes en l’air, les bibelots de mauvais goût, les premiers émois, les bandes, la crédulité, et c’est avec un certain plaisir que nous nous retrouvons dans ces souvenirs. Le trait de Christophe Gaultier reste le même, acéré, vif, nerveux, et donne une tonalité pré adolescente qui sert à merveille l’univers de ce recueil. Mais malgré les sourires qu’il ne manque pas de nous soulever, il manque un petit quelque chose pour en faire un album différent, un album auquel on s’attache comme pris d’une bouffée nostalgique. A vous de voir.
Voilà l’album des deux comparses responsables de nous faire rire avec Le retour à la terre ! Ces vieux putes nous offrent certaines de leurs réactions, idées ou impressions échangées par fax et c’est ma foi assez drôle. C’est sûr que ça peut paraître un peu cher comme ça, à brûle pourpoint, mais il y a le plaisir de découvrir certaines réflexions portées avec humour sur des situations que nous connaissons tous, dans nos vies comme dans ce que l’on peut suivre sur les fora à propos de Manu Larcenet. Ce qui me fait penser que 2 célèbres intervenants de ces derniers doivent faire partie du Macarel Institue of Modern Gag ! Un petit bouquin bien sympa qui permet de découvrir aussi un auteur moins exposé que Manu Larcenet mais qui est tout aussi succulent !
Le combat ordinaire est une affaire temps. Pas celui qui fait de nos journées de resplendissants moments ensoleillés ou de mornes périodes pluvieuses, non, mais bien celui de la vie, qui passe, qui s’égrène. Le temps qui s’écoule, avec des instants relatifs, qui nous permettent de croire que ça passe vite ou pas, et qui fait son oeuvre sur les peines, les tragédies, mais aussi les bonheurs de chacun. Le temps est aussi un cycle, avec certaines choses qui se perpétuent, et que l’on tente parfois de figer dans sa mémoire, ou grâce à quelques clichés photographiques… Marco est dans ce tome toujours pétri de contradictions qui nous le montrent tantôt égoïste et immature, et tantôt responsable mais trop souvent dépassé par la violence des évènements. Le voilà en pleine tentative de résolution de ses grandes angoisses, et plongé dans un univers de nouvelles qui, pourtant, sont une tentative de définitive reconstruction. Alors qu’il vient de perdre son père, Emilie lui propose d’endosser ce rôle qui lui laisse toujours autant de contours flous. Il continue alors d’expier, d’exorciser ses démons, et d’une façon bien différente de celle de son frère qui vit lui aussi une période très difficile. A la recherche d’un passé, le sien, mais aussi de ses origines, il tente de reconstituer le puzzle de la personnalité complexe de ce père haï et adoré. Cet album contient des moments de pure grâce et je n’arrive pas à dissocier ce tome des 2 précédents dans la qualité. Il y a des pauses, des réflexions, des interrogations, des soupirs, des silences, et tout est diablement bien maîtrisé quant à la mise en page. Il y a 2 ou 3 passages que j’ai personnellement moins appréciés mais ils sont aussi là pour couper la lourdeur dépressive de certains passages qui pourraient entamer le moral des lecteurs ! Mais tout de même, il y a des purs moments de bonheur, de grâce, comme l’entrée de Marco dans la remise de son père, ou la planche silencieuse (11) de la mise à feu de certains souvenirs lui ayant appartenus. Marco repose aussi des photos (p. 23) en tentant d’y mettre un ordre précis et de trouver une cohérence que son incompréhension l’empêche de percevoir dans toute cette relation père-fils qui le hante. Enfin, je souhaitais faire un aparté sur la « parenthèse » que représente ce livre. En effet, la première case de la planche 1 fait écho à la dernière case de la planche 64. Dans notre culture, l’axe du temps est représenté de gauche (pour le passé) à droite (pour le futur). On y trouve donc en page 1, Emilie qui regarde vers la droite en étant assise à gauche d’une case presque nue. Elle envisage l’avenir, la vieillesse, et s’interroge sur son devenir, avec toutes les incertitudes que cela comporte. En page 64, c’est l’inverse. On voit la mère de Marco assise à droite, regardant vers la gauche, dans une case plus touffue. Avec le temps, la végétation pousse, donne du corps mais aussi du mystère à la vie. La mère de Marco, au seuil de sa vie, réfléchit à son passé et regarde avec certitude son parcours, se demandant ce qu’elle aurait pu changer en faisant d’autres choses. Et puis la jeune génération fait écho à l’ancienne, l’une se regardant vieillir, l’autre se revoyant jeune… Pleines d’espoir et d’aquabonisme, ces deux cases sont l’exemple même d’un travail superbement réalisé, pensé, réfléchi avec minutie, et ce genre de soin porté à ce genre de détails me font penser que le combat ordinaire est tout sauf un album ordinaire… A noter qu’il existe une version avec Dvd que je n’ai pas visionné… Mais lisez ces 3 albums !
Je ne sais pas trop comment vous présenter le deuxième tome de la série dérivée de l’auteur du triptyque « Bushido ». Car c’est somme toute une énième aventure policière avec enquête, vie personnelle mêlée, action, tensions, bref, du banal quoi. Et pourtant, y’a un petit truc là-dedans qui nous rapproche de The Shield, ses flics pourris, sa violence, son rythme, et ce n’est pas pour me déplaire. En gros, il s’agit d’une bonne bd de divertissement qui se place plus au niveau de la bonne série télé que du chef-d’œuvre cinématographique. Vous voilà prévenus mais si vous mettez le doigt dans l’engrenage, vous serez frustrés à la fin de ce tome et pris d’une irrépressible envie de connaître la suite !
J’avais un peu perdue de vue l’aventure d’Alim, Bul et Pépé pourtant fort brillamment entamées dans le premier tome. C’est donc presque vierge que j’entamais ce nouveau livre, avec même un peu l’inquiétude d’avoir une déception vu l’excellente sensation rémanente que m’inspirait cette série. Passé le petit cahier graphique de recherches sur les couvertures (qui avaient fait beaucoup parler), nous entrons dans le vif du sujet et le calme relatif qui baigne les premières pages va vite céder place à des violences inouïes que l’on n’attendait pas forcément. Il y a un fond politique important dans les décisions prises par les Jésamethains, sur les chemins d’une colonisation meurtrière, un fond religieux qui pose réflexion, et puis toujours la simplicité de notre trio infernal qui croyait pouvoir se reposer dans les montagnes éloignées… Nous n’en savons pas plus sur les secrets d’Alim car ce tome semble être celui d’une transition sur ce sujet pour poser un contexte politique et social en attendant des révélations importantes dans le tome suivant. C’est toujours aussi beau, les couleurs sont magnifiques, la narration limpide, sans concession, et on passe facilement du rire aux larmes dans ce qui est plus qu’une simple série d’action. A recommander.
Matilda Clarck par Coacho
Une histoire loufoque, burlesque, qui mélange pression mafieuse, enquêteur zélé, et personnages malhabiles et déjantés. Un accident de la route provoque la mort d’un couple dont ls enfants vont se disputer l’héritage. Voilà la toile de fond de cette histoire de l’auteur du « Voleurs de chien » dans la même collection. Laperla nous promène ainsi dans son univers baroque, pince sans rire, et nous fait rencontrer une galerie d’acteurs dont les comportements ont de quoi mettre mal à l’aise Matilda Clarck. Liée à ce chambardement de fins bretteurs, nous avançons dans une enquête qui nous tient pendant 80 pages sur un ton étrange… Un dessin que je ne saurai définir mais qui sied parfaitement à l’ambiance d’un récit qui, sans atteindre des sommets, nous fait passer un agréable moment.
Je suis longtemps resté à papillonner autour de cet album… Attiré par la couv’ en mosaïque mais repoussé par le petit logo Soleil qui m’aveuglait un peu trop et m’empêchait de voir clairement l’album. Je le reposais, j’y revenais quelques jours plus tard, je me renseignais sur les auteurs, puis je feuilletais, puis, dévoré par la curiosité, je succombais (comme trop souvent dirait mes proches !). Et j’avoue ne pas avoir été déçu. Parce que Humberto Ramos, qui vient de reprendre les aventures de Spiderman aux US, nous livre des planches… hum… somptueuses ! Des cases superbes et des plans audacieux, des couleurs sublimes, ce graphisme peut laisser indifférent mais ça serait dommage de passer à côté de cette incroyable galerie de portraits brossés dans cet album. L’histoire n’a peut-être pas un fond exceptionnellement novateur, mais elle est plaisante. Un prêtre appelle à la rescousse son ami de longue date, enquêteur de Scotland Yard, suite à la demande du Saint Père pour enquêter sur la Mort suspecte du futur successeur du Pape. Intrigue, manigances, mensonges, blasphèmes, c’est narré énergiquement et cyniquement, mais on se fait un gros plaisir. Alors pourquoi se priver ?
Nouvelle livraison des traducteurs fous de chez Vertige Graphic qui nous offrent encore un récit en 32 pages de l’italien Gipi. Incroyable ! Ce bouquin est un instantané pris dans une vie que l’on ne connaît pas, avec des personnages dont on ne connaît même pas le nom, et qui sont réunis pour une affaire dont nous ignorons tout. Et sans rien savoir, sans connaître l’origine ni même les conséquences de ces 32 pages sur les personnages présentés, nous sommes scotchés devant la virtuosité de l’auteur italien. Gipi nous emmène encore une fois aux confins de la violence suggérée, nous intrigue par tous ces non-dits et cette abstraction narrative qui fini par devenir sa marque de fabrique, et nous livre une histoire au déroulement faussement lent et aux actes insensés. A lire, bien entendu…
Si l’histoire de René Caillié vous intéresse, alors cet album est fait pour vous. Il raconte l’aventure de ce pugnace français qui fut le premier à découvrir et révéler Tombouctou la ville mystérieuse où aucun blanc n’avait pu pénétrer. Se faisant passer pour un des leurs, il mena son odyssée avec courage et sans le soutien de sa nation. Une intéressante biographie qui ne fait pas que conter la marche de René Caillié car elle propose aussi, dans l’adaptation qu’en a faite Dabitch, de réfléchir sur l’Islam, sur l’hospitalité, le mensonge, la guerre, la philosophie… Une sorte de parcours initiatique que l’on suit en même temps que l’exploration des déserts africains. Les décors sont sublimes et les planches nous sont offertes par un routier des histoires africaines : Pendanx. Son trait est ici surprenant quand on le compare aux délires des « Corruptibles » et il emprunte ses esquisses plutôt aux peintres impressionnistes. Les couleurs sont chatoyantes, brûlantes, magnifiques, et on se laisse bercer par les longs moments contemplatifs savamment distillés. Une voix off nous rend compte de ce qu’écrit Abdallahi et nous berce ainsi tout le long des 85 pages de l’album. Ce dernier est d’ailleurs un magnifique écrin avec sa couverture mate, et ses pages de beau papier. Un signe qui montre que la reprise de Futuropolis s’est faite dans le but d’ouvrir des portes à des histoires différentes tout en préparant des albums classieux (faisons un hommage à Gainsbourg en ces temps où nous célébrons les 15 ans de sa disparition). Mais c’est quelque chose qui est reproché dans cette reprise alors est-ce discutable ? Passons là-dessus pour juste savourer le récit un peu lent de ce français déterminé et de ces contrées qui nous ensorcèlent par leurs couleurs, leurs épices, leurs chants… leur beauté…
La collection Ignatz, dans laquelle nous trouvons notamment les récits courts de Gipi, nous propose en 8° volume un album étrange de Kevin Huizenga. Quatre chapitres introspectifs et légers sur les interrogations au quotidien que chacun mène comme il l’entend. Du parcours pris maintes fois à la contemplation de sa moitié endormie et alanguie, des angoisses à la responsabilité écologique, en quelques cases sensibles, l’auteur de Ganges nous interpelle. Et pourtant, malgré une grande inventivité qui n’est pas sans rappeler les contraintes graphiques et leur contournement, comme leur signification MacLoudiennes, sur l’utilisation de l’espace inter-iconique (le premier chapitre est de ce point de vue brillant), je suis un peu resté sur ma faim. Préférant les récits de Rabagliati pour Paul, ou bien les points de vue de Jimmy Beaulieu, je n’ai pas vraiment réussi à me laisser pénétrer par ces questionnements, ou sur les inquiétudes que l’auteur nous offre en dissection. Mention spéciale au chapitre un donc, mais aussi au dernier qui traite de ces insomnies dont nous sommes tous frappés et qui laisse le lecteur s’abandonner à sa propre introspection dans la chaleur du lit conjugal. Il me manque juste un je ne sais quoi pour être plus enthousiaste.
Connaissez-vous Firmin Solis ? Non ? C’est un auteur espagnol au style qui rappelle la grande époque de la ligne claire des anciens grands fondateurs de la BD Franco-Belge. Dans ce petit album édité par Stéphane Godefroid, responsable aussi de l’excellente revue Patate Douce, Firmin Solis nous fait partager le quotidien d’un commercial un peu distrait et malade qui souffre de sa condition professionnelle, se sentant coupable de dénigrer ce qu’il a alors que tant d’autres rêveraient de ces possessions et de ce statut. Petit à petit, il trouvera un palliatif à son quotidien et s’offrira l’évasion par le commencement d’une collection de photos d’inconnus… Dans sa deuxième histoire, nous suivrons un technicien chargé de désinsectiser une plage, une ville entière même, désertée… Cette solitude le poussera à la réflexion et l’introspection. Sans avoir l’air d’y toucher, l’auteur hispanique brosse en quelques touches savamment dispersées, le portrait d’hommes comme on en trouve par myriades dans nos villes. Désabusés, courant sans vraiment savoir pourquoi, perdus dans l’anonymat de la société, n’étant plus rien que des âmes broyées, ces gens avancent dans leur vie comme on finit par errer sans but. Et même si on peut trouver un peu lent ce récit, c’est juste qu’il symbolise une respiration, puissante et profonde, et qu’il donne le temps aux protagonistes de s’interroger sur le sens de leur vie. Ces moments rares où on peut redonner un sens à sa condition, son existence. Un très beau conte dont l’épilogue audacieux réunit les deux histoires avec beaucoup de brio.
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