« Robinsonne, la naufragée », par Eric Maltaite, chez Albin Michel
On ne peut pas dire que Maltaite nous ait inondé de ses productions, ces dernières années. L'ex-complice de Desberg (« Jules et Gil », « 421 », « Carmen Lamour »...) et surtout de Will, son père (avec qui il débuta sur Tif et Tondu), ne semblait guère pressé de revenir sur les présentoirs des libraires. Et voilà qu'il publie un album solo, assurant à la fois dessin et scénario (bien qu'il se soit fait aider par Daniel De Foe pour celui-ci !) que ne devrait pas dédaigner son père. Car comme lui, Maltaite est attiré par les jolies femmes et les plaisirs de l'amour (pour ceux qui en seraient restés à « Tif et Tondu » ou à « Isabelle », Will a en effet publié plusieurs albums chez Aire Libre et chez P&T dans lesquels il s'est affranchi de la BD « 7 à 77 ans » !)
Côté scénario, Eric Maltaite ne vous empêchera pas de dormir. Robinsonne est tout simplement l'équivalent féminin de Robinson Crusoë (et même plus. Si vous lisez l'album jusqu'à la dernière page, vous comprendrez ce que je veux dire) dont le souci essentiel est plus de perdre sa virginité que d'assurer sa survie. La jeune femme rêve de tomber sur un homme, un vrai (voire plusieurs) qui lui ferait connaître les joies de l'amour. Elle doit se contenter de ce que l'île peut lui offrir. D'abord les joies solitaires. Puis la compagnie d'une indigène -qu'elle appelle Friday, bien sûr !- et qui l'initie à d'autres jeux (finalement assez allusifs, si l'on compare à ce qu'un Manara peut nous montrer dans ce genre de situations). Enfin, arrive un homme... qui n'aime que les hommes ! C'est léger mais ça fonctionne, essentiellement grâce au dessin de Maltaite rehaussé par de jolies couleurs. Il nous prouve ici qu'il a hérité du talent de son père tout en réussissant à s'en démarquer pleinement.
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