
Château Montrachet, par Clarke, chez Fluide Glacial.
Pour son troisième album chez Fluide, Clarke nous a mitonné une série d'histoires courtes du meilleur tonneau. Ce tonneau, il est allé le chercher dans la cave d'un vieux château encore habité par une famille de nobles français comme on n'en fait plus. Lui, Harald, le sourcil que l'on devine légèrement levé derrière les verres de ses lunettes, ne perd presque jamais son flegme. Elle, Honorine, la bouche pincée et le chignon toujours impeccable, brille par son éducation, même si ça doit parfois lui coûter un peu de son amour-propre. A eux deux, ils incarnent la parfaite caricature de la « fin de race » encore accrochée à quelques-uns de ses rites : la chasse à courre, l'escrime ou les oeuvres de bienfaisance. Les huit récits regroupés dans ce livre sont souvent gentiment délirants. Tant qu'à pousser la caricature en question, Clarke s'en donne à coeur joie et ne respecte rien. C'est évidemment très drôle. Et même quand une histoire est un peu lourde comme c'est le cas de « Chasse à courre et Mastercard », il y a toujours le petit quelque chose qui sauve tout, en l'occurrence, lorsque Harald s'adresse dans la dernière case aux parents d'un petit louveteau abattu et leur balance : comment ça, vous n'avez pas de sabot Mastercard ? Une lecture rafraîchissante qui rappelle parfois la cruauté tranquille d'un Tronchet, mais avec un côté plus délirant et parfois volontiers « nonsense ». Un bon cru, dirait-on, si on ne craignait pas que ça fasse un peu jeu de mots facile.
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