« Le château », par Olivier Deprez, d'après Franz Kafka. Au FRMK.
Quelques mois après son frère jumeau Denis, qui publiait au printemps l'adaptation de Frankenstein chez Casterman, Olivier Deprez nous propose son adapatation d'un classique de la littérature dans un livre monumental (222 pages) au Frémok. Si le premier avait fait un effort de visibilité en fonction du public visé, le second, lui, nous offre une oeuvre réalisée sans concession, à la limite de la lisibilité. Réalisé entièrement en gravure à raison de deux images par page (un format qu'apprécient également ses condisciples Fortemps ou Van Hasselt, autres chevilles ouvrières de Fréon, la branche Nord du Frémok), ce livre sombre et difficilement pénétrable s'essaie à une adaptation non pas de l'histoire, mais de l'esprit du roman de Kafka. L'arpenteur parvenu au pied du château où il croit avoir rendez-vous se perd dans un village qui ne veut pas de lui, une histoire on ne peut plus kafkaïenne qui permet à Deprez de se passer de mots, autant que possible. Les rares dialogues de cette BD sont triturés à même le bois, gravés et déformés comme des cris dans le vide. Esthétiquement, tout cela est irréprochable, voire envoûtant. L'audace minimaliste et le jusqu'auboutisme de cet essai en feront cependant sans aucun doute un objet confidentiel. L'esprit de Kafka est bien là, mais ses lecteurs ne retrouveront pas nécessairement le livre et ceux qui ne le connaissent pas se demanderont assurément de quoi on parle. Car la gravure ne permet pas de reconnaître les protagonistes, d'ailleurs plongés la plupart du temps dans la pénombre. Les décors sont aussi sommaires que possible, Deprez privilégiant les ambiances et les masses, l'ombre plus que la lumière, l'errance à la structure narrative.
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