
« Jean-Polpol », par Cornette et Warnauts. Chez Glénat.
Jean-Luc Cornette délaisse de plus en plus le crayon. Mais on ne lui en veut pas. Ses scénarios, eux, sont de plus en plus nombreux. Et ses collaborations inattendues. La dernière en date nous vaut cet ovni très réussi dans la petite collection carrée des éditions Glénat. Derrière une couverture des plus sommaires, un recueil d'histoires qui commence de manière particulièrement originale. Le narrateur, un garçon du nom de Jean-Polpol, mélange les lieux et les époques, installant d'emblée un second degré et un climat quasi surréaliste. Quant au dessin de Warnauts, il est presque méconnaissable. Bien sûr, les habitués reconnaîtront certains traits, surtout dans les visages ou les contours des chevelures. Mais pour le reste, Warnauts a plongé à pieds joints dans l'univers décalé de Cornette et s'est dépouillé jusqu'à l'os. La surprise est presque aussi grande que lorsqu'on découvrit le premier album en dessin « enfantin » de Durieux ! D'autant que la mise en couleur, assurée par le disciple de Warnauts, Guy Raives, est elle aussi aux antipodes de ce qu'il réalise généralement. L'album condense des nouvelles au ton mi-fantastique mi-horrible, où l'humour grinçant de Jean-Luc Cornette s'exprime sans limite. Même l'incroyable violence de certaines scènes est désamorcée par un ton singulier, savoureux et une écriture absolument délicieuse. Une très belle surprise en cette rentrée BD parfois un peu outrageusement occupée par les blockbusters...
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