
« Le secret d'Eglantine », Benoît Brisefer N°11, paru aux éditions du Lombard.
Qu'il est difficile de faire durer l'oeuvre de Peyo. Son fils, Thierry Culliford, s'y emploie depuis des années avec des bonheurs divers. La plupart des albums sortis de ses studios portent bel et bien l'empreinte visuelle du père -les desinateurs ont réellement appris à « faire du Peyo », même s'ils laissent percevoir leur personnalité propre- mais les scénarios et le découpage sont généralement cent coudées en-dessous de ce que faisait Peyo.
Le nouveau Benoît Brisefer n'échappe pas à la règle. L'idée de départ n'est pas mauvaise : Benoît découvre une petite fille qui, comme lui, dispose d'une force colossale. Au passage, on s'amuse à lever un coin du voile sur la possible provenance de cette force (mais on ne dira jamais si Benoît et Eglantine ont été victimes du même « syndrome », au contraire, là où le premier perd ses pouvoirs en attrapant un rhume, la seconde les perd en respirant le parfum des roses). Mais Eglantine ne veut pas de l'amitié de Benoît. Elle cache sa force et craint que Benoît ne la trahisse. Le personnage est attachant, l'histoire aussi, même si elle comporte quelques temps morts.
Et voilà que tout bascule. La colo, Eglantine et Benoît qui se retrouvent. Et Eglantine qui se transforme en véritable teigne, qui s'oppose à Benoît, qui use de sa force pour « faire le mal ». L'histoire se traîne, multiplie les digressions et les personnages secondaires éculés. On se croirait dans un re-make des 4 As où se serait perdu Benoît Brisefer ! Après « la route du sud », un épisode bien mené au charme désuet qui correspondait bien à l'esprit de la série, ce « Secret d'Eglantine » apparaît comme un retour en arrière. Pour se convaincre de sa pauvreté, il suffit de relire « Les taxis rouges », « Le cirque Bodoni » ou « Tonton Placide ». Comme dirait l'autre : y a pas photo !
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