Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Peine perdue par Coacho
Tiens, une couverture avec un hockeyeur sur glace. Ca sent le récit canadien plein de testostérone et de sport musclé ! Et bien non… Il s’agit de Catherine Doherty qui, dans ses vertes années, pratiquait ce sport et obtint de belles récompenses. Comme quoi, l’image est souvent trompeuse… Surtout que dans cet album, il n’est jamais question de sport, si ce n’est celui d’endurance qui consiste à remonter une piste trouble… Le personnage central de cet album découvre dans les tiroirs de sa mère des papiers qui prouvent qu’elle fut une enfant adoptée… Elle va tout faire pour remonter cette piste qui lui permettra de mieux comprendre son identité et nous y entraîne avec la grâce d’une patineuse sur glace et avec la violence émotionnelle d’un match de hockey pour faire un parallèle avec la glace. Une glace qu’elle cherchera à rompre avec beaucoup de ténacité et d’abnégation. A vous de voir comment. La particularité de cet album, au-delà de son thème fort, est d’être constitué de cases muettes. Les cases classiques racontent le présent, les cases rondes sont les pensées, les souvenirs, les imaginations… Un trait assez rond mais des visages assez simples, toujours justes cependant en expressivité. A des moments précis, Catherine Doherty nous livre quelques documents officiels qui nous permettent de mieux saisir qui elle est et comment elle procède pour remonter à sa propre source… C’est émouvant, et très prenant, et ne livre jamais dans le pathos que l’on pourrait craindre éventuellement dans une telle situation. La narration est très fluide mais à 2 ou 3 endroits précis, il faut reprendre sa lecture pour bien saisir ce qu’elle a voulu nous dire. En tout cas, un bien bel album qui, parfois, par la force des lettres qu’elle nous livre, fait ressortir une profonde émotion similaire à celle que l’on peut tangiblement ressentir dans le livre de Kathrine Kressmann Taylor (« Inconnu à cet adresse »), bien que le sujet en soit très différent…
Ouh la la, il y a des auteurs qui peuvent se permettre de raconter ce qu’ils veulent, comme ils veulent. Matthieu Bonhomme fait partie de ceux-là… Après « L’âge de raison » et sa série, déjà un peu maritime, « Le marquis d’Anaon » avec Velhman, cet auteur talentueux nous propose de suivre les aventures d’un jeune orphelin, Esteban, qui veut devenir harponneur. Envoyé par sa mère auprès du capitaine du « Léviathan », Esteban va démontrer une force de caractère et une adresse peu commune pour un enfant de son âge. Une trame plutôt ordinaire, un déroulement d’histoire que l’on présage sans surprise mais c’est pourtant un petit truc magique qui fait que cet album n’est pas comme les autres. Le talent de Matthieu Bohomme y est pour quelque chose ! Tout d’abord, le climat, l’ambiance, la température… En quelques traits habiles et des couleurs bien choisies, l’auteur nous fait presque grelotter de froid lorsque les hommes sont sur le pont, ou encore lorsqu’ils tentent de trouver le sommeil dans leurs hamacs… D’ailleurs, la première planche est déjà une éclatante démonstration de cette faconde. L’eau se fracasse sur un rocher, le jeune Esteban rame et au trait placé juste devant sa bouche, vous savez déjà quel froid il fait. Viennent ensuite les fumées des cheminées, dans son style caractéristique (crayon gras ou fusain ?) qui ajoutent à la grisaille et plantent définitivement le décor… Le reste de cette aventure verra des marins au courage incroyable affronter ces monstres marins que sont les baleines, et nous montrera des séquences prodigieuses (planche 40 et le saut de la baleine… Wow). Un album teinté d’un peu de mysticisme avec les histoires relatées par le petit indien de LA Terre de Feu et qui ravira tous les amateurs de belles aventures. Bravo.
Bénie soit la maison d’édition Vertige Graphic. En ces temps de production titanesque, voilà que nous est offerte une oeuvre datée d’une douzaine d’années et signée par Maître Alberto Breccia. Sur la soixantaine de pages que constituent cet album, Breccia va développer sa vision personnelle d’une partie du roman d’Ernesto Sabato, le "Rapport sur les aveugles", qui se trouve être la deuxième de son livre "Héros et tombes". La préface de Carlos Sampayo vaut déjà à elle seule l’achat de cet ouvrage. Dans celle-ci, mieux que quiconque, il précise le but de Breccia et la patience qu’il aura eue avant de pouvoir réaliser cette sombre histoire. Ce conte inquiétant narre la vision d’un personnage, Fernando Vidal Olmos, complètement obsédé par la condition des aveugles qu’il soupçonne de tous les complots possibles et imaginables. Cette obsession schizophrénique et paranoïaque conduira Vidal Olmos à sa perte, à sa mort. Ca, on le sait depuis la première phrase de l’album ("Quand donc a commencé ce qui va s’achever maintenant par mon assassinat ?"), et Breccia va nous emmener, avec la maestria qu’on lui connaît, sur ce chemin d’errance qui conduit à la folie auto-destructrice du personnage central de ce livre glauque, étouffant, dérangeant. Cet univers de cauchemars et de ténèbres où nous sommes promenés n’est autre que le témoignage impartial de la vision de l’auteur qui recrée toutes les horreurs de ce monde vertigineux. Il ajoute de l’obscurité aux ténèbres pour renforcer le sentiment d’aliénation de Vidal Olmos et nous faire ressentir le difficile univers du monde des non-voyants. Ernesto Sabato avait dans son roman, présenté ses personnages atteints de cécité comme froids, impassibles, inamovibles, obstinés, calculateurs mais c’était en fait pour mieux mettre en emphase le lecteur avec la projection de la folie et de la haine que son personnage central développe à l’égard du monde qui l’entoure. En créant cette inversion, il souligne l’impact castrateur et destructeur de la solitude d’un être qui, dénué de tout contact, ne sait plus écouter ses sens, et fini donc comme… aveugle. Mieux encore pour garder l’idée forte de ce livre, je ne peux que paraphraser Carlos Sampayo qui dans sa préface, décrit de cette phrase le délire systématisé de Fernando Vidal Olmos : "Contrairement aux autres délires du même genre, celui-ci ne corrobore pas la survivance du survivant sinon qu’il le conduit vers la mort, et par conséquent, vers la destruction du délire même.". Reste la construction graphique de ce livre… Que dire ? Il est difficile de trouver des défauts à cette plume hors du commun, surnaturelle, qui guide avec grâce la main d’Alberto Breccia. Qui serais-je de plus pour ce faire ?… Je reste subjugué par les griffés, les patchworks, les collages, les tâches, les utilisations aussi virtuoses de la plume ou du pinceau, les noirs profonds, les lavis toujours effectués avec la plus grande justesse (plus "brutaux" ici que dans "Perramus", mais plus "doux" que dans "Mort Cinder" et qui dégagent toujours la même force, la même puissance évocatrice. C’est du TRES GRAND ART. Cadeau avec cette réédition, quelques cases et croquis crayonnés par le Maître qui valent le détour et l’arrêt prolongé… Vertige Graphic permet à tous ceux qui étaient passés à côté de ce livre de rattrapper leur retard. Passer à côté de cet héritage et du génie d’Alberto Breccia prouverait que vous êtes… aveugles ?
Pur petit délire de Krassinsky qui reprend en dessin son personnage de papier et de laine né dans AK. Cette espèce de petit mouton attend calmement près d’un arbre sans se douter de la présence d’un redoutable prédateur. Ca va vite, très vite, mais les tronches de Moute sont vraiment hilarantes ! Un petit bouquin qui m’a fait plaisir pour son titre (raisons personnelles !), et qui fera sourire vos enfants.
3 ardoises par Coacho
Quel joli petit bouquin que ce « 3 ardoises » de Benoît Springer et de Séverine Lambour. Tout d’abord parce que j’aime l’aspect « nouvelle » de ces histoires courtes. Histoires rapides, aux phrases sèches, qui renforcent la noirceur du récit, elles sont centrées essentiellement sur l’humain et ses rapport, et ont pour trait commun un milieu social assez modeste qui ressort très nettement. Ces histoires sont différentes dans leur traitement. La dernière notamment qui vous met à la place du personnage central. La première histoire, quant à elle, souffre à mon sens d’une lisibilité moins aisée que les 2 autres. Des flash-backs explicatifs qui sont difficiles à suivre et qui font que l’on reprend une ou deux fois la narration pour être sûr de ne pas s’être perdu. Bon, j’avoue que ça peut venir de moi aussi ! ;o) Mais reste le cadeau de Monsieur Springer ! 3 histoires, 3 styles différents. La classe ! La première est faite en crayonnés magnifiques, avec ombres, épaisseur, gras, à tel point que l’on croit s’en mettre plein les doigts. La deuxième est encrée et hachurée dans un style Frederik Peeters et nous offre des contrastes et un jeu sur les émotions vraiment superbe. La dernière est plus classique, plus claire. Le fond de chacune de ces affaires va du sordide au drôle, le tout livré sur un plateau graphique d’excellente qualité, que demander de plus ? Si, faut aller le chercher chez votre libraire et… payer l’ardoise ! ;o)
Originals par Coacho
Aaah, la quête d’identité et de reconnaissance chez les adolescents… Tout un programme ! Celui du jour tient en 154 pages, mais pas dessinée par n’importe qui. Il s’agit de Dave Gibbons, le dessinateur du mythique « Watchmen » d’Alan Moore. Très rapidement, on se laisse happer par le style narratif de Gibbons. Tout en noir, blanc, et tonalités de gris, il nous offre un univers rétro-futuriste où la mode vestimentaire louche du côté des sixties alors que tout le reste semble sorti tout droit de Blade Runner. On reconnaît les sentiments adolescents, ceux qui sont liés aux troubles de la personnalité et à l’impatience de soigner cette souffrance qui les étouffe. Lel est charismatique, veut plaire, être reconnu, aimé, adulé, craint et respecté. Il est suivi comme son ombre par Bok, son ami noir qui lui voue une admiration immense. Portés par la synergie qui les anime, ls vont intégrer la bande de leurs rêves : les Originals. Drogue, filles, alcool, réussite et envie vont porter ces 2 garçons dans un tourbillon duquel il leur sera difficile de s’extraire, pris par le désir de se maintenir hauts dans la hiérarchie de leur Boss, Ronnie, et pourtant assez lucides pour se rendre compte des dangers et des pièges que représente les éléments d’une bande. Les choses vont se compliquer quand leurs bagarres avec la bande rivale, les Rocks, vont dégénérer… Certains ont comparé cet album à « West Side Story », avec un zest d"Orange Mécanique"… Personnellement, et le noir et blanc y est pour quelque chose, c’est plutôt du côté de Coppola que je cherche des filiations. Comment ne pas voir en Lel le rôle que tenait Matt Dillon dans « Rusty James » ? Ou mieux encore, les sévères pugilats du violent « Outsiders » du même réalisateur ? Bien entendu, le fil conducteur de cet album semble archi connu pour les lecteurs aguerris que nous sommes et pourtant, il suffit de savoir se détacher de toutes ces références le temps de notre lecture pour l’apprécier pour ce qu’elle est, une incroyable poussée d’adrénaline (et d’acné !) Le rythme narratif est exemplaire, le minutage des scènes parfait. Ce thème est inépuisable et sera sans cesse traité par tous ceux qui ont mal vécu cette période trouble et violente qu’est l’adolescence, et Dave Gibbons nous en a parlé aussi bien que ses prédécesseurs. A noter un Eisner Award 2005 pour cet album… A vous de lire !
Louis au ski par Coacho
Je viens de lire « Louis au ski » de Guy Delisle, l’auteur, entre autres, de « Shenzen » et « Pyong-Yang ». Les pages muettes de cet album, ainsi que leur découpage en 20 cases par planche nous rappellent celles du « Mister O » et du « Mister I » de Lewis Trondheim. Filiation évidente lorsque l’on sait que Lewis Trondheim est le tout nouveau directeur de la collection Shampooing dans laquelle est édité notre album ! De l’aurore à l’aube, on va suivre les désagréments subits par Louis, victime d’un papa égoïste qui veut aller skier avec un ami, et qui deviendra l’exact opposé de ce qu’il fut les premiers mois de sa naissance. En effet, un bébé est au centre de toutes les attentions et là, finement, admirablement devrais-je dire, Louis sera ignoré de tout le monde et devra affronter le monde et ses situations angoissantes avec les moyens dont il dispose… C’est juste, fin, doux, poétique, drôle… La béquille psychologique qu’est un doudou pour un enfant est ici intelligemment mise en valeur dans de cocasses situations qui insistent sur l’irresponsabilité des humains lorsqu’ils sont en proie à leurs plaisirs. C’est vraiment sublime de finesse, du petit tracas d’un pied gelé aux grandes angoisses des territoires inconnus en passant par toutes ces petites phases agressives que les adultes réservent aux enfants sans même s’en rendre compte. Ce petit Louis, on a envie de le prendre dans nos bras et pourtant, c’est ainsi qu’il grandira et prendra sa place dans la société… Le dessin de Guy Delisle est sobre, efficace, va à l’essentiel. On reconnaît d’ailleurs bien les traits du papa de Louis puisque c’est l’auteur lui-même qui est représenté et que l’on connaît dans les livres cités plus haut. Seul regret personnel que j’ai noté, c’est l’absence de citation du coloriste qui n’est autr que le talentueux Yuio… Une boulette éditoriale qu’il faudrait corriger rapidement. Pour le reste, c’est un vrai coup de coeur !
Le local par Coacho
Gipi est pour beaucoup la révélation de cette année 2005 qui pourrait le consacrer de façon significative. Après avoir pu découvrir les traductions de « Notes pour une histoire de guerre » et « Les innocents », et en attendant celle d’ « Extérieur nuit » qui lui valu de nombreuses récompenses, l’auteur italien a réalisé cet album épais pour la collection Bayou de Gallimard, collection dirigée par Joann Sfar. Première constatation, Gipi a mis de la couleur, beaucoup de couleurs, et cela tranche avec ses 2 précédents livres qui étaient plutôt de tons neutres assez uniformes, comme pour mieux renforcer l’espèce de déprimante et sombre ambiance qui ressortait des histoires… Là, c’est plus… Rock’n’roll. D’ailleurs, c’est sur le thème de la musique et de la fusion des musiciens, des affres de leurs créations, de leurs rencontres, que va se dérouler ce livre, chapitré en 5 albums qui sont autant de chansons d’un vinyle. Quatre jeunes en âge de rébellion sont amis, et pourtant, leurs horizons sociaux comportent des différences qui n’auraient pas pu être réunies autrement que par la communion musicale. La provocation est le moyen d’expression d’Alex, fasciné par de redoutables images, tandis que Stefano est un doux désabusé râleur un peu foufou, qu’Alberto est un enfant plus discret et resté très attaché à sa cellule familiale et que Giuliano est un brave garçon un peu complexé, amoureux de Nina, conscience féminine régulatrice. Par passion, ces 4 garçons, qui aimeraient être dans le vent, vont traverser des péripéties propres aux jeunes de leur âge, faire des bêtises qui peuvent avoir de graves conséquences, vont aller vers une forme de maturité, courant cependant après une sorte d’illusion qu’ils mettent en musique… La dureté de leurs rapports est en confrontation avec leur envie de liberté et les pousse à se retrouver juste pour jouer. Ils tentent ainsi de s’évader des contraintes qui pèsent pourtant déjà sur eux, à commencer par le pacte qui les lie au père de Giuliano qui leur a prêté ce local. Intelligemment, Gipi va nous conduire à découvrir ce qui se cache derrière chacun de ces personnages en livrant ça et là une information sur leur vie. Il y a de la lenteur et de la poésie dans chaque chapitre qui pourtant conduit inévitablement à un rythme plus dense et plus violent à chaque interprétation de nouveaux titres qui sont les reflets de leurs vies. Le dessin de Gipi est fidèle à celui que nous connaissons si ce n’est quelques expérimentations au niveau des mouvements. Plusieurs fois (p. 20, 57, 66 par exemple) le dessin est dédoublé, renforçant le mouvement du guitariste, du batteur, ou bien l’angoisse d’Alberto qui s’exprime avec des mains qui trahissent son anxiété. N’oublions pas que nous sommes en Italie et que les mains revêtent une importance capitale. Mais sinon, au fond, quid de l’impression que laisse cet album ? Et bien la morale du dernier chapitre ne sera pas sans rappeler à certain celle développée à la fin du film « Mes meilleurs copains » mais je ne la trahirai pas ici ! Quoi qu’il en soit, ce bouquin peut paraître creux à certains, ne reposant que sur quelques riens, et il peut se révéler riche pour d’autres. J’ai oscillé entre les deux pour définitivement me laisser porter par ce que ne disent pas les cases, ces silences, ces regards, ces envies, ces sentiments coupables et naïfs même parfois, et me dire que Gipi avait su m’atteindre avec son sens incroyable de poseur d’ambiance. La musique ne se raconte pas, elle s’écoute… La partition de Gipi jusqu’à présent est une orchestration de très haut niveau et une mélodie qui saura vous transporter…
Bonne santé par Coacho
Connaissez-vous Charles Masson ? Il est médecin ORL et, à ses heures perdues, pratique avec talent la prescription de dessins pour soulager son âme et nous communiquer sa vision un peu désabusée de sa condition face à l’être humain. Ce livre comporte 6 histoires dessinées entrecoupées de partie « textes » off qui servent de fil conducteur à ces saynètes toutes en émotions. Que ce soit une émotion contenue ou extériorisée, à tous les instants le lecteur est interpellé et touché par les propos du narrateur. Les textes off sont des extraits de dialogues entre médecins et infirmières qui font leur tournée lors du passage à la nouvelle année. On sent la fatigue, le défaitisme, et le cynisme des professionnels de la santé qui se battent chaque jour pour la vie et qui sont confrontés, impuissants, à cette grande faucheuse qui frappe aveuglément. Les petites histoires montrent le mal-être, la résignation parfois, de ces médecins qui espéraient sûrement plus de facilité lors de la prononciation de leur serment d’Hippocrate. Perdus ou incompris, ils s’abandonnent à des comportements palliatifs juste histoire de se rassurer, ou de se rasséréner. Mais Masson ne cherche pas à s’apitoyer, ni même à appeler une quelconque compassion. Non, il dresse des portraits justes, sans concession, de ses confrères et tente de nous faire comprendre la difficulté de leur quotidien. Entre explication comportementale et paraboles de grandes finesses, on se laisse aller à contempler son hommage aux mères dans « Romance » ou à passer avec lui sous « La carapace » des chirurgiens. Et malgré tout, malgré la noirceur qui émane de ces pages, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a bien de l’espoir derrière cet ouvrage. L’amour du métier, l’espoir dans le lendemain, Charles Masson a embrassé une profession de foi, ça se sent… Je vous souhaite une bonne santé…
« Un gâteau de grand ! » est un album paru dans une petite collection de Carabas pour la jeunesse. On y retrouve des auteurs comme Krassinsky, Duprat, Manini ou encore Efix (rha lov’) qui expriment sur une petite pagination (environ 20 pages) un petit délire rigolo pour les enfants. C’est au tour de Mickaël Roux de s’y coller et on est pas déçu ! Des couleurs douces qui ne sont pas sans rappeler l’univers du « Lou » de Julien Neel, un détourage de tout dessin extérieur au personnage principal, et une absence quasi-totale de texte qui force le lecteur à se laisser piéger par le visuel. L’histoire est simple : une petite fille veut faire un gâteau plein de surprises. Et on peut dire qu’il y en a ! Ce qui est attachant, c’est de voir les moues joviale, apeurée, énervée, vengeresse, conquérante, drôle, de cette petite fille qui connaît bien des déboires ! Une amusante petite morale et trois pages de « making-of », qui sont en fait plutôt un « cut-of », viennent compléter ce chouette petit album bien mignon. Je vous encourage à découvrir le travail de Mickaël Roux sur son blog au www.20six.fr/MickaelRoux, vous ne serez pas déçus !
Par ces froids glaciaux, un peu de Soleil ne peut pas faire de mal. Surtout quand c’est Alary au dessin, lui qui aime les métaphores calorifères puisque sa série précédente se nomme « Les échaudeurs des ténèbres » ! L’histoire prend place à la fin du XVII° siècle sous le règne de Louis XIV, décidément disposé à nous réchauffer ce bon Roi Soleil ! ;o) L’idée du Ministre Louvois est de créer une sorte de police secrète clandestine destinée à réaliser des missions inavouables et dont le fleuron n’est autre que Marie au pseudonyme révélateur de sa plastique : « Belladone ». Le tout est ensuite prétexte à la belle aventure, à l’espionnage et à mettre en avant les charmes sensuels de ce bel agent. Se mêlent pour notre plaisir les grands personnages que Dumas mettait déjà en scène à son époque. On retrouve ainsi des mousquetaires, un célèbre gascon, la cour des miracles, des rois, Milady, etc… mais on étend l’environnement à l’Inde, et à une sombre histoire qui taraude intimement notre héroïne mystérieuse. Ce 2° tome est d’ailleurs plus précisément axé sur la vie de Marie qui, pendant une mission de routine, va lever le voile de ses souvenirs pour nous permettre de comprendre partiellement ce qu’elle est. Je dois avouer que ma froide soirée fut réchauffée par la sensualité de Marie et par les combats de cape et d’épée qui nous rappellent notre tendre enfance passe devant ces films d’aventures merveilleux. Mais les temps sont froids et Ange est un de ces petits glaçons qui vous font frémir. Il lui a été souvent reproché une certaine indigence, voire même incohérence, dans la construction de ses histoires et j’avoue avoir commencé à m’impatienter assez rapidement lors de ma lecture. Et pourtant, il y a un je ne sais quoi qui vient capter votre attention, un petit truc qui vient toucher vos souvenirs et vous renvoyer aux combats joués avec vos copains d’il y a … fiuuu… longtemps ! Alary continue dans ce style semi-réaliste, à la limite de la caricature, et qui est vraiment agréable à regarder. Il nous offre une héroïne charismatique, belle et aérienne et on sent qu’il s’éclate dans les phases de combat qui lui permettent de reproduire les cabrioles que Jean Marais nous offrait jadis. Une série honnête, sans plus, mais qui me force presque surnaturellement à offrir 3 étoiles parce que je suis retourné en enfance le temps d’un instant et… il fait froid… ça m’a réchauffé le cœur ! ;o)
Ultra par Coacho
Le 4° de couverture annonce la couleur « Sex and super-héros in the city » ! Je ne connais que de réputation cette série guimauve à grand succès mais je me laissais tenter sur les conseils d’un internaute peu fréquentable qui sévit sur les foras que nous connaissons ! Je me suis départi de tout a priori ou de références sur les nombreux albums qui traitent brillamment de ce sujet pour me laisser porter par l’univers des frères Luna. Les superpouvoirs n’ont que peu d’importance et on s’attache à deux grandes lignes dans cet album de 200 pages : l’apparence, le charisme, la popularité des héroïnes et leurs déboires amoureux. Le première ligne est liée au fait que les super héroïnes sont employées dans une société spécialisée, qui travaille en collaboration avec les forces de l’ordre, et rétribue financièrement les actes de leurs employés qui servent d’images de marque ou de mannequins pour diverses publicités. La deuxième ligne concerne les approches radicalement différentes de chacune sur leur vie amoureuse. La première est une délurée nymphomane, la deuxième semble plus rangée mais se révèle d’un caractère sexuel différent, et la troisième, Ultra, est plutôt traumatisée par ses expériences. Lors d’une soirée, elles se rendent chez une voyante qui leur prédira de gros bouleversements dans les 7 jours… Et ce sera le rythme de cet album qui se déroulera sur 7 jours et à chacun suffit sa peine ! Nous sommes dans une espèce de comédie romantique pleine de clichés comme on peut en voir dans les trucs avec Meg Ryan ou autres et pourtant, il y a des moments durant lesquels on éprouve une certaine compassion pour Pearl (Ultra), touchante de naïveté. J’ai beaucoup aimé la case où elle appelle le « nobody » allongée dans une poubelle ! Alors parfois, pris dans la raison, on refuse la facilité de cette lecture et puis, on se cache, on tait son orgueil, et on se laisse aller comme quand enfant, on regardait « La petite maison dans la prairie » ! ;o) Le dessin me gêne à un seul niveau : les visages des filles quand elles parlent. Luna a dessiné les lèvres et les dents des filles façon Ultrabrite et j’ai souvent eu l’impression de voir les descendantes de Fernandel ! Si vous n’aimez pas les comédies romantiques, passez votre chemin, les autres, vous pouvez vous faire plaisir !
Blacksad est un phénomène éditorial qui fascine ou qui irrite, c’est selon. Certains y voient de l’esbroufe, d’autres reprochent une certaine indigence au scénario, d’autres encore s’indignent d’une si fulgurante ascension pour un album, une série maintenant, qui ne casserait pas 3 pattes à un canard. Sans défendre le sacro-saint droit à la liberté de goût de chacun, mais en étant tout à fait honnête, ces albums sont bien inégaux mais contiennent toujours juste ce qu’il faut pour capturer l’attention de la majorité des lecteurs. Même si je rigole encore de l’affirmation beuglante du vendeur de la librairie Album de Nice qui disait que c’était sûrement le meilleur album de la décennie, je me contentais de voir avec une certaine admiration le parcours de ces deux auteurs qui étaient parrainés dès « Quelque part entre les ombres » par Régis Loisel, parrain pas foncièrement honteux ! Avec ça, on a l’impression que l’on doit rentrer dans un sanctuaire, en baissant la voix, et les yeux avec déférence, et ne pas se permettre de dire que ce 3° album n’est pas exempt de tout défaut. Et pourtant… Canalès a décidé de mettre un peu tout et n’importe quoi, perdant son lecteur assez rapidement, enfin, le lecteur qui s’attarde sur les détails secondaires dont l’album regorge. Ainsi, Blacksad est devenu un homme de main d’un riche personnage qui, après que le gros matou soit parti voir une allocation d’un ancien ami, ne réapparaît plus et ne cherche pas à savoir où est passé son garde du corps quotidien. Il y a ensuite une kyrielle de personnages secondaires, tous très bien croqués, qui apparaissent dans la maison de Gottfield et qui ne servent finalement pas à grand chose. Ensuite, la fibre politique s’éveille. Nos auteurs espagnols placent des personnages de la même nationalité qu’eux, notamment le peintre dont le nom m’échappe, pour les rendre victimes du grand impérialisme américain. Ce qui permet à Canalès de suggérer la sombre période de chasse aux sorcières qui se traduisit aux Etats-Unis par une forte contestation (euphémisme) du modèle communiste. Mais ce n’est pas tout ! Puisqu’il y a un personnage qui est peintre, nous allons avoir droit à quelques cases sur le néophyte qui regarde l’Art et ne le comprend pas… Tout en enchaînant sur la traque des anciens nazis, chasse orchestrée par un savant qui fut déporté et qui veut révéler la vérité crue sur certains personnages dont l’image est troublée… Enfin, il y a bien là matière à faire 5 albums ! Cependant, cette histoire est divertissante et se laisse lire. Quelque chose qui se veut un peu prétentieux, peut-être, mais si on l’aborde avec beaucoup de détachement, la lecture vous permettra un agréable moment de détente passagère… Parce que je sais que même si on peut reprocher à Guarnido d’abuser de certains effets, il faut lui reconnaître un certain talent de metteur en scène. Les personnages de Liebber (le hibou), de Ribs (le croco), ou le sourire carnassier et enjôleur de Gottfield (le dalmatien) sont superbes ! Mais pas que cela… Les couleurs, directes, sont vraiment des modèles d’ambiances qui savent se mettre au diapason des émotions (p. 31), et il nous livre des cases somptueuses comme celles des pages 27 et 28, confirmant en cela son talent de dessinateur animalier entretenu par sa période de salarié de Disney. Enfin, je retiens aussi l’offre de 56 pages de Dargaud pour laisser le temps de s’exprimer, et aussi la tentative de réussir des one-shots cohérents dans une période ou le diptyque est souvent la requête minimum. Il faut, je crois, le souligner. Enfin, le clin d’oeil aux fables animalières est amusant parce que le livre d’Alma Mayer (La Fontaine today) y fait référence, mais surtout, aux premières pages de la partie de cartes, je vous laisse savourer la morale du lapin, qui croyait gagner plus vite que les autres avec une bonne main de poker, qui se fait taper par une tortue plus lente, mais au jeu bien meilleur ! ;o) En tout cas, un album moyen d’un certain niveau, mais lisible, faut pas exagérer !
Passer l'hiver par Coacho
Quelle jolie petite couverture toute mignonne ! Ils sont meugnons comme tout ces petits animaux… Hummm le délicieux conte pour enfants que nous a concocté Marc Lizano… Des enfants de la génération grunge, des enfants déjantés, des enfants désabusés, des enfants qui se réveillent en plein post-Armageddon et qui vont se voir décrits tels qu’ils sont loin de leur petit confort. C’est cynique, sadique, sans concession, égoïste, jaloux… Tous les plus vils sentiments ressortent quand l’instinct domine… Au long de plusieurs chapitres, on comprend qu’il s’est passé quelque chose qui a bouleversé à tout jamais la planète. En alternance, on suit les pérégrinations improbables d’un groupe très bigarré qui s’interroge sur les raisons de leur naufrage, et sur la meilleure façon à envisager pour survivre, tout en restant très terre à terre et un peu surfait. Les autres pages sont consacrées à un autre groupe qui a compris que la barbarie et l’abandon de tout scrupule était le moyen le plus rapide de survivre… Mais le besoin de survie pousse aux coups bas et tout ce joli monde joue d’hypocrisie et d’ignominie pour assurer sa propre existence, certains encore un peu rongés par le remord, d’autres ayant déjà dépassé des stades intolérables. C’est véritablement le naufrage de l’humanité que Marc Lizano nous a écrit dans ce qu’il a de plus lucide et de plus acide. Le découpage incisif et subversif de ce petit bijou ne peut pas vous laisser indifférent… Les dialogues sont justes, efficaces, terribles, corrosifs… C’est un degré de cynisme vraiment difficile à traduire en quelques mots et je ne voudrais pas donner d’exemples de situations ou de commentaires pour vous laisser savourer tout cela. Au dessin, Vincent Rioult livre dans le faussement naïf, ce qui accentue encore plus ce décalage, cette distance, entre l’apparence des personnages et leur moralité, si je peux oser écrire ce mot tant il me paraît inadapté aux crapules que sont devenus les Nolwenn, Yann, Morwenna, Jamie et consorts… Dans la préface, il est fait allusion aux 7 kg de bois utilisés pour les personnages, il me semble donc que ce sont des gravures qui ont ensuite été imprimées, ce qui donne ce petit aspect « griffé » du trait que j’ai vraiment bien aimé. Un album que je vous recommande si vous voulez voir vos plus bas instincts, vos plus viles pulsions, étalées et disséquées avec autant de lucidité et d’humour, noir, forcément.
J’avais envie de voir un peu le travail de Pixel Vengeur, connu de beaucoup d’internautes qui vont d’un blog à l’autre, comme moi quoi ! Le Cycliste lui a offert 48 pages pour qu’il puisse étaler ses délires et nous les faire partager ! Conçues en plusieurs chapitres, les histoires de ces 2 héros à base de popopopo vont aller foutre le dawa chez d’autres héros célèbres. C’est ainsi qu’ils vont aller parasiter les Mystères de la grande pyramide, retrouver un Barbe-Rousse en posture étrange, révolutionner le Donjon de Sfar et Trondheim, péter la tronche de l’Incal, etc… Première chose frappante, le mimétisme de Pixel Vengeur ! Il a su avec beaucoup de talent recréer ces univers qui nous sont familiers, passsionés de Bd que nous sommes, et on est tout de même admiratif de pouvoir retrouver autant de légendes de papier en si peu de temps ! Le reste ? Tout est prétexte à délirer, faire partir toutes les histoires en vrille pour tout motif, à flinguer tout ce qui bouge… D’aucun reprocheront à l’auteur une certaine vulgarité, une façon de présenter les jeunes des cités un peu caricaturale, et de ne pas construire une histoire plus structurée. Oui, mais voilà, ça, c’est le premier effet Pixel Vengeur. Car le deuxième effet, pour peu qu’on sache le ressentir, c’est plutôt un amour fou et une mise en dérision de tous ces clichés du premier effet ! ;o) Tous les univers dans lesquels évoluent Black et Mortamère sont chers à l’auteur. La minutie avec laquelle il rend ces atmosphères est révélateur. Il se paye même le luxe de faire des passages entiers à sa sauce mais avec les textes d’origine de Jacobs ou d’autres… On sent qu’il les a aimés ces auteurs, et qu’il les aime toujours… Ensuite, donner de la caricature grossière à ceux qui ne voient que celle-ci est un jeu. En forçant les traits de caractère de ces 2 djeunz, il se joue de ce que chacun prendra au sérieux, à savoir que les racistes trouveront que les défauts sont bien réels et qu’il faut les nettoyer, au hasard, au karsher, et que les anti-racistes s’offusqueront de ce que l’on puisse représenter ces jeunes ainsi ! Mais foin de tout ça, Pixel Vengeur sait de quoi il parle, il s’en amuse, et en abuse. Alors oui, ça peut paraître assez inégal, ça peut paraître grossier, mais je sens derrière tout ça, je peux me tromper, comme une déclaration de sa reconnaissance aux grands anciens, et de l’affection qu’il porte à ces banlieues… Larcenet n’en faisait pas moins avec Total Souk, là, dans un autre registre, Pixel Vengeur se donne… Je l’encourage pour ça ! Ca peut ne pas plaire à tout le monde, c’est clair… Mais Nique sa Reum, le bouquin existe, c’est déjà ça.
Voilà le 3° album de la série « Dans la nuit » initiée par Callède et Denys en mai 2003 avec un très chouette « Légion ». Comme Luc Brunschwig et son « Pouvoir des innocents » ou son « Esprit de Warren », comme dans sa série précédente « Comptine d’Halloween », Callède campe ses histoires dans une Amérique contemporaine propice à tous les excès. Dans « Profondeurs », il part explorer la dérive d’un couple dont le mari est Inspecteur de police et qui, lors d’une enquête sur un meurtre violent, s’entiche d’une jeune femme qui lui sert de témoin. L’envoûtement commence et il ne semble pas très naturel… Dans cette recherche de scénarii un peu surnaturels, Callède n’oublie jamais la composition psychologique de ses personnages, et rejoint en cela Luc Brunschwig que je citais précédemment. On sent la dépression de Strazinsky, le charme de Sarah, la détresse de Haynes, on sent monter quelque chose mais voilà, on finit par perdre l’habitude de lire des one-shots en 48 pages et même si l’intention est louable et fort bien développée, on reste un peu sur sa faim. Il manque du temps en fait… Que l’aspect mystérieux de l’histoire déroute certains, ou obtienne même un rejet direct, c’est compréhensible, mais au-delà de ça, on souhaiterait voir ce que ça peut donner en 64 pages, ou en 2 albums de 48, pour voir, pour croire, pour mieux suivre Callède. Avis mitigé donc, mais si je ne suis pas convaincu, je ne suis pas non plus déçu…
Voilà l’ultime livraison d’un feuilleton (ahaha) qui nous aura tenu en haleine d’un bout à l’autre de sa conception. Après la lecture salvatrice de l’inamovible page de rattrapage, nous replongeons dans le quotidien de nos héros de papier, fait de joies et de peines, de réflexions et de laisser-aller, de doutes et de certitudes, avec l’espoir de ne pas les voir s’entredéchirer. Ce 3° tome renouera avec les interrogations du premier tome mais à un stade où les carrières des personnages sont un peu plus avancées, mieux déterminées, tout en étant pas non plus figées… La vie, au sens biologique du terme, aura une grande importance et éloignera les Kevin, Marion, Fastidious et autres des petites contrariétés dont ils sont souvent responsables pour mieux savourer la simplicité de certains échanges, certaines passions. La réflexion se fait plus douce, mais pas moins lucide, et tend vers l’apaisement d’un cycle. Au bout de 300 pages d’aventures, l’histoire s’achève sur une plage, sans pour autant arrêter le tourbillon de la vie, une vie faite d’aléas que l’amour, comme une vague sur une plage, peut aider à surmonter. Alors, le sempiternel « à suivre ! » n’a plus de raisons d’être ? Pour ce sitcom, oui, pour l’auteur et les Editions Groinge, il n’est plus que jamais d’actualité !
Une fois le premier tome dévoré, littéralement, on est content de retrouver le résumé des épisodes précédents savamment concocté par BigBen. Ce permanent rappel des faits se trouve d’ailleurs en début de chaque page, ce qui laisse penser qu’il était nécessaire du temps dans la parution en fanzine. Ne négligez pas ces petits textes qui livrent parfois quelques surprises. L’auteur du Bétagraph’ continue de jouer avec les codes inhérents aux sitcom, c’est-à-dire qu’il utilise peu de décors, montre des personnages aux psychologies relativement simples pour un meilleur processus d’identification, maintien le lecteur en haleine par d’habiles pirouettes scénaristiques et concentre toute l’attention de celui-ci par des dialogues très bien construits qui vont à l’essentiel. Comme pour le premier tome, BigBen livrera sous fond fictionnel sa connaissance de ce milieu qui nous passionne et parfois, on se demande quelle part de lui-même réside dans ces saynètes, bien que cela ne revête aucune importance capitale ! La différence par rapport au premier tome du Bétagraph’ se situe dans la mise en situation des personnages qui seront plus sujets aux interventions extérieures. En effet, alors que nous étions spectateurs des rapports divers qu’entretenaient entre eux les personnages, auteurs de Bd je le rappelle, on les voit dans ce tome 2 à la rencontre d’éditeurs, d’interviewers, déplacés hors de leurs contextes familiers, loin de leurs repères, et cela permet aussi de montrer un autre aspect du monde de la bande dessinée : les festivals ! Une fois encore, tout amateur de Bd se doit de lire ce livre, c’est incontournable. Mais nul doute que ceux qui ont acheté le tome 1 sont déjà en train de lire ce tome 2 tellement c’est prenant !
BigBen est le co-fondateur, avec la sémillante Fafé, des Editions Groinge. Le monde de l’édition, de la création, il le connaît donc très bien. Mais il va faire mieux dans cet album, il va partager ses connaissances très pragmatiques du milieu, en faire une chronique de la réalité assez incisive, mais tout en mâtinant cela de fiction, une bien de chez nous, un soap-opéra à la française : une sitcom dont le leitmotiv sera « à suivre ! ». Les vedettes de cette série sont Marion, Kevin, Fastidious, Emilie, Stoppa, dont les destinées vont s’entrecroiser, s’entrechoquer même, pour donner ces saynètes croustillantes de la vie de couple, de la vie professionnelle, de l’affrontement des idées. Sans chercher de fioritures qui pourraient nuire (économie de moyens sur le budget décor !), BigBen nous offre l’essentiel grâce à un dessin simple et efficace qui permet de se concentrer sur le fonds plus que sur la forme. De désillusions en ruptures, de rencontres en abandons, les premières explorations de ce sitcom bd nous emmènent sur le chemin des différences de fonctionnement des auteurs de fanzinat mis en opposition à ceux qui travaillent pour de grands éditeurs. Le point commun n’est-il pas le doute sur la création en elle-même et tout ce que ça a de castrateur ou déprimant ? C’est au gré de ces humeurs vagabondes que nous allons découvrir les rires, les pleurs, les doutes, les jalousies, les coups bas, les amours, le sexe, grâce à un auteur qui sait jouer habilement de la précarité des relations humaines… Une vraie réussite qui comblera les amateurs de Bd…
Voilà les tomes 5 et 6, plus volumineux, auxquels ont été ajoutés des inédits. Toujours dans la même veine que le premier, mais l’expérience aidant, Bsk continue de toucher juste dans ses réflexions qui ont pris la forme plus régulière d’histoire en 6 cases façon gaufrier. Peut-être plus mature, peut-être plus bavard, plus à l’aise, il construit ses planches avec un sourire amusé entre ses aspirations d’enfant et sa réalisation d’adulte. Le décalage est souvent fort drôle et nous ramène, une fois encore, à nos propres jeux d’antan. Nos émois y sont consignés, nos bêtises adolescentes y sont décrites, et nos vies de jeune adulte y son croquées avec beaucoup d’humour. Les inédits nous permettent d’apprécier quelques histoires au crayon et on ressort amusé de cette lecture un peu meilleure que le premier tome du ce même journal.
20 précédents - 20 suivants
 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio