Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Jason est un auteur à part. Le ton presque monotone de ses livres et son humour à froid, voire noir, est presque unique dans le paysage de la bande dessinée. Ce Jason là, grand format et en couleur, propose une double réflexion sur le voyage dans le temps et ce que aurait pu être l’histoire si, comme le titre de l’album l’indique, Adolf Hitler avait été tué. Enfin, la réflexion tient plus de la démonstration par un processus amusant, et par justement une utilisation de ressort humoristique sur un sujet d’une extrême gravité. Tout à sa faconde unique, Jason nous emmène dans un album qui est peut être le meilleur qu’il ait écrit. Subtil, intelligent, et parfaitement bien huilé, Jason ne se départit pas de son éternel ton pessimiste ou désabusé qui est sa marque. Il nous offre ici un album de haut niveau qui, je l’espère, donnera envie à ceux qui le découvre avec ce livre, de découvrir sa bibliographie déjà parsemée de nombreuses œuvres majeures.
Quand un duo pareil se rencontre pour faire un livre, nul besoin de vous dire combien la sphère BD est en ébullition ! Les plus folles expectations étaient de mise ! Et puis l’album est enfin sorti, libérant chaque lecteur de ce carcan d’attente contraignant. En 6 chapitres, les auteurs vont nous conduire à la découverte du crépuscule des pirates. Avec une galerie de portraits truculents, et avec grande habileté, Appollo va tisser des liens subtils entre chacun d’entre eux, et entre chaque chapitre, s’appuyant sur des échos subtilement disséminés, et rendre toujours plus alléchante notre lecture. Une lecture riche, dense, qui se voit complétée par un superbe cahier de notes qui nous en apprend beaucoup mais qui est aussi un peu lourde par moment, voulant parfois trop en donner, ou pas assez, je ne sais pas… Lewis Trondheim est à l’aise dans son noir et blanc, et s’amuse de la foisonnante forêt réunionnaise, mais je le sens beaucoup moins à l’aise qu’à l’accoutumée. Justement peut-être à cause du respect mutuel de l’autre, il s’est un peu bridé ou bien pas assez approprié les personnages. Je peux me tromper, mais c’est en tout cas un ressenti personnel. Ceci étant, on sent la moiteur et l’humidité, la crasse, l’odeur du poulet boucané, la poussière, le soleil, les embruns ! Bref, il s’éclate quand même là-dedans ! Un album qui est intéressant, enrichissant, graphiquement plaisant, mais qui me laisse ce petit goût impersonnel au fond de la bouche, quelque part… Mais à lire tout de même hein ?!
Ice Haven par Coacho
Encore un album qualifié de majeur qui me laisse perplexe... Une fois encore, le travail des maquettistes est irréprochable, le format est beau, le papier de qualité, mais le travail de traduction a été quant à lui moins à la hauteur… Après les nombreuses coquilles lues dans NonNonBa, en voilà encore dans Ice Haven. Le « mais on le gamin a réapparu » case 2 de « David Goldberg est vivant » me gène car Cornélius se veut être une sore de figure de proue de l’édition indépendante, reproche tout un tas de choses à certains auteurs ou autres éditeurs, mais il faudrait être soi-même irréprochable pour pouvoir juger des autres. Ce qui n’est d’ailleurs pas un jugement de ma part ! Mais c’est le côté paille/poutre dans l’œil qui me titille. Sinon, pour le fond de l’histoire, basée sur des faits réels, j’avoue que le cynisme et la froideur de la restitution des sentiments m’a laissé, oserai-je le dire, de glace ! Décidément peu convaincu par ce genre de forme, je me rends compte ne pas être la cible privilégiée de Daniel Clowes qui doit s’en tamponner généreusement le coquillard ! Récits courts (parus à l’origine en revue) qui ont une construction que j’ai du mal à assimiler pour profiter pleinement du rendu, certaines pages sont toutefois très bonnes. Mais l’ensemble m’a paru globalement ennuyeux et je suis donc sûrement une fois de plus passé à côté du sujet… Mais tout de même… « Majeur » quoi ! Dommage pour moi…
Voilà, je suis allé au-delà des doses prescrites et je suis en overdose… Argh ! J’arrête ! Cette course débile qui ne mène nulle part, cette voie off du commentateur à la « Olive et Tom » m’a achevé ! Et puis le monde futuriste qui fait que les communications sont toutes automatisées mais qu’on utilise malgré tout un micro de CiBi ! Wahahaha ! Je vous donne des trucs chouettes aussi p. 16 dernière case, la fille « Ouais, le numéro de la bagnole, c’est le 120 »… elle file donc coller un émetteur sur la bagnole en question. Page 17, la voiture arrive et la fille « Tiens, quand on parle du loup »… Et la bagnole arrive, arborant fièrement le numéro… 31 ! Enorme ! Comme le coup de flash-back p.36… « Ils ont enlevé ma mère et demandent une rançon de 10 millions de dollars »… « Mon père ne payera jamais »… « On simule mon enlèvement et on réclame la somme à mon père : 1 million de dollars » ! Trop drôle cette série ! E puis y’a aussi la p’tite dose de cul qui va bien hein, ah oui, juste une goutte ! A 12,90 Euro, c’est moins cher qu’une place de spectacle me direz-vous… Mais on se fout tellement de notre gueule que c’en est indécent là !
Très gros coup de cœur pour cet album déjanté. Mais le tout tempéré pour une raison qui m’est chère et sur laquelle je reviendrai plus loin… L’histoire d’un visiteur de commerce qui a été envoyé sur la planète Prott pour tenter de vendre ses peignes IMPEC. Un quiproquo plutôt hilarant va le conduire à exterminer le comité d’accueil de cette planète et de là le forcer à une fuite en avant à la Benny Hill. Difficile d’entrer plus loin dans la description de l’histoire de l’album car après, c’est des jeux de mots, des situations cocasses, des mises en situation hilarantes. Pour le premier tome de ce qui s’annonce comme un diptyque, Marion Mousse a pris le parti de la bichromie noir et orange qui n’est pas banale. Son trait gras reste lisible et elle joue bien avec les zones de noir. Le héros principal, au début de l’album, m’a semblé être la réincarnation de Lincoln ! Mais ce qui a commencé à gâcher mon plaisir, c’est qu’après les premières 37 planches, le travail de relecture orthographique s’est, disons… ramolli ! Case 9 p.38 : « Au toilettes » Case 5 p.42 : « Une chance inespéré » Case 3 p.44 : « Je ne ressents pas les sentiments » Case 5 p.52 : « La Princesse ? A cette heure, le monstre l’a déjà digéré » Voilà un florilège parmi celles qui m‘ont sauté au visage… Dommage… Mais je ne voudrais pas donner l’impression d’être un monomaniaque de l’orthographe et, même si ça me gâche quelque peu le plaisir de lecture, l’album n’en reste pas moins excellent ! Ce livre, quand les moments sont à la lâcheté la plus épouvantable ou au ridicule le plus absolu, pourrait même contenir des phrases cultes à la Audiard ! Je vous laisse découvrir ça prestement !
Dol par Coacho
Dol ou les 300 pages les plus denses de Philippe Squarzoni. Une lecture de salubrité publique et de grand ntérêt intellectuel, quel que soit votre bord politique. Dans ce livre, l’auteur se lance dans l’ambitieux projet de décryptage du nouveau système politique à la française. Un système qui est le reflet de celui qui, je le crains, guidera nos prochaines années, les premières du 21° siècle. Une époque où l’image est reine et où le vrai discours politique a vu sa paupérisation au profit de l’annonce, de l’effet… Squarzoni va nous montrer la construction de certains acquis puis leur déconstruction point par point. A l’aide d’évènements, avec la participation de journalistes et d’économistes, il va nous abreuver de théories et d’informations capitales pour une meilleure compréhension de la dérive de nos institutions. Il va montrer aussi les faux semblants, les perceptions parfois fausses que nous avons pu avoir de certains responsables gouvernementaux, et comment ce chaos des dernières années est en fait une orchestration cohérente et parfaite d’une politique de droite plutôt brutale. Bien entendu, on pourra reprocher le côté partisan de Squarzoni, membre des premières heures du groupe Attac, et sa volonté critique de ce gouvernement de la droite Chirac. De plus, son livre ne trouvera peut-être pas le public universel qu’il mérite du fait de la radicalisation de ses 2 précédents ouvrages (Guarduno et Zapatta). En effet, ses prises de position d’alors étaient tellement tranchées que ses livres, véritables brûlots anti-libéraux, en devenaient indigestes. C’est ce qui fait que l’auteur risque de se couper d’un public découragé par ses premières prestations ce qui est bien dommage car si ce livre ne s’adresse qu’à des convaincus, il n’aura pas la portée qu’on peut lui souhaiter. J’ai fait l’effort de surmonter mes réticences et je ne le regrette pas. Ce livre est dense, copieux, riche et d’une grande intelligence. Un éclaircissement à ne pas rater. Son traitement fait penser un peu à ce que nous propose Fabrice Neaud dans son fameux journal. Un découpage rapide en gaufrier, très réaliste, une utilisation d’images qui marquent l’inconscient collectif et dont l’auteur joue avec brio, et une grande richesse iconographique qui lui offrent de nombreuses ellipses d’une grande efficacité. Bref, c’est percutant, dense, instructif et, bien entendu, se doit d’être lu.
Amusante vision de Benacquista en 6 chapitres sur les travers de ces « petites gens » qui peuvent devenir des « grands ». Pour revenir à plus de raison, d’humanité, d’harmonie, Dieu surveille le destin de certaines personnes et voit le malheur se profiler. Alors il envoie des anges gardiens triés sur le volet et qui ne sont autres que des personnes qui ont marqué l’histoire. Ce nouveau Directeur des Ressources Humaines a un potentiel à nul autre pareil ! Le repentir, l’amour, en quelques pages, c’est réglé ! C’est dynamique, drôle, et finement corrosif à chaque fin d’histoire quand Dieu doit récompenser l’ange gardien envoyé ! Un très bon album qui peut en appeler d’autres sur le même thème et/ou genre.
Au premier tome, j’avais fait part de mes doutes quant à la viabilité du sujet… La fascination guerrière pour l’Ira avec de nombreuses incohérences m’avaient un peu refroidi. A la lecture du deuxième, j’ai toujours le même sentiment partagé d’attraction – répulsion. On alterne le bon et le mauvais, l chaud et le froid. Une belle allégorie tauromachique balise l’histoire tout le long de l’album mais se noie dans des clichés. Carmen est belle et rebelle, mais frêle et jeune, et pourtant elle arrive à déglinguer physiquement des mercenaires endurcis avec une facilité déconcertante, des incohérences encore comme ce robot capable d’analyser, je cite, « une trajectoire de tir en une nanoseconde » (case 4 page 5), mais qui se prend dans le bide une vulgaire camionnette (case 7 page 42)… On comprend mieux qui elle est et comment elle a pu progressivement devenir le personnage central de la série mère mais le tout se fait de façon hésitante… La lecture de cet album est cependant tonique, rapide, haletante, ce qui en fait un atout indéniable pour les amateurs du genre. On aimerait juste un peu plus de profondeur et d’épaisseur aux personnages… et moins de pseudo complots politco-mafioso-financiers. Enfin, même si c’est un style, les personnages sont pour ma part trop allongés, trop étirés, avec des cous qui font passer les femmes girafes pour de vulgaires petites otarie sans cou… Des lignes d’épaule qui font peur anatomiquement parlant aussi ! Et pourtant, il y a un petit quelque chose d’addictif dans cet album et je laisserai donc encore ma curiosité me poussait à lire le prochain tome…
Bon, je suis du genre bon public et généralement amateur du travail de Manu Larcenet. Là, je découvre ce livre fait en collaboration avec Lindingre qui brosse quelques rapids portraits de piliers de bar qui philosophent à la 1664. Dans un format à l’ancienne chez Fluide, Larcenet nous offre de belles situations croquées sur le vif, à l’image des nombreuses notes de son blog. C’est un style, une épure, qui ne gène en rien la lecture de l’album. Là où ça se corse, c’est dans chacune des saynètes. Je veux bien que ce soit du Xième degré, je trouve ça trop caricaturalement beauf et raciste. Je crois qu’il existe de meilleurs moyens de dénoncer certains comportements par la caricature mais, n’étant pas un habitué des troquets, je ne pourrais pas en jurer… Une très légère poignée de gags m’ont fait sourire, comme les gars qui parlent des cybercafés ou la planche sur le beaujolais, ainsi que le détournement de célèbres proverbes. Pour le reste, je vous encourage à vous délecter des Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio, ou d’en savourer l’interprétation par le regretté Jean Carmet, car elles me semblent autrement plus délicieuses.
De la poussière, de la violence, de l’action, voilà le cocktail habituel du Bouncer. Personnellement, je ne suis pas mécontent de voir le bout du cycle. Ce qui était à l’origine une idée fort enthousiasmante finit dilué dans une histoire presque sans fin… Les femmes sont dures, comme les aime Jodorowsky, et la fin n’est en fait guère surprenante… Un diptyque eut été vraiment fort, mais là, sur la longueur, ça s’essouffle. Il n’en reste pas moins que Bouncer fut il y a quelques années une bouffée d’air dans le genre western qui avait été déserté. Ca reste un album honnête.
La rencontre d’un scénariste riche et d’un dessinateur aussi typé ne pouvait accoucher que de quelque chose d’étrange, d’intrigant, de passionnant. Et cet album est bien le fruit attendu. Appollo brosse un portrait rétro-futuriste d’une société qui s’éteint peu à peu de son peu de compassion écologique, et Brüno met tout en image, avec son style résolument tiré du meilleur des seventies. Ca nous livre une sorte de décalage temporel vraiment surprenant, mais vraiment agréable. Ce premier tome pose l’ambiance et l’intrigue de façon habile, par petites touches, et on ressent en même temps que les personnages leur ennui, leurs inquiétudes, leur presque claustrophobie. Que se passe-t-il donc sur cette station ? Quelles sont les motivations réelles des personnages ? Par quoi sont-ils liés ? L’oppression de cette station fait-elle tourner les têtes ou bien un plan sourd et plus prémédité serait la raison de cette soudaine anarchie ? Tout est en suspens et nous sommes dans l’attente fébrile du dénouement que le deuxième et dernier tome nous livrera. Un très bon album.
Troisième et dernier tome d’un premier cycle, Louis est un album qui garde le peps de la série initiée par un intéressant Marie. J’étais quelque peu inquiet car on connaît l’incapacité chronique du scénariste à finir ce u’il commence mais là, il a su s’arrêter à temps. Enfin… Des tas de pistes sont ouvertes et permettent d’envisager une trentaine de cycles futurs mais disons que ces 3 albums sont suffisants à boucler cette première salve. On retrouve Marie, agent de la couronne aux contours sombres, qui doit trouver le moyen de résoudre le choix cornélien qui lui est proposé. On passe sur certains détails anachroniques, sur certaines formes de langages et, comme quand on était petit, on se cale avec une poignée de bonbons devant Fanfan la Tulipe ou un bon vieux Zorro et on se laisse captiver. Car c’est toujours de la BD à « grand spectacle », de l’aventure qui pétille, de l’intrigue simple mais efficace qui nous est proposé. Peu de temps mort, beaucoup d’action, de la violence, de l’humour et du charme, bien entendu, les ingrédients du cocktail façon BD pop-corn à la Soleil sont réunis mais je dois reconnaître pour cette fois une certaine efficacité. C’est probablement dû à la présence d’Alary aux crayons. Déjà bluffant et intrigant avec son Echaudeurs des Ténèbres, il se livre ici à un véritable exercice aérien en multipliant les mises en cases en plongées et contre plongées, donnant de l’espace à tout ça. Peu de détails, concentré sur l’action principale, il distille son trait à l’envie mais réserve le meilleur à sa chouchou : Marie. Elle, elle a le droit à tous les égards et la pointe du crayon d’Alary est plus là pour la caresser que pour en dessiner ses contours. Malgré une couverture que j’aime beaucoup, je dois cependant reconnaître que cet album m’a moins emballé que les deux premiers. Est-dû à l’intrigue, aux auteurs, à la sensation de déjà vu ? Je l’ignore… Je suis peut-être moins réceptif à ce genre d’histoire que par le passé… Mais si vous aimez les bonnes histoires de capes et d’épées, je pense que cette trilogie devrait vous plaire.
Mais qu’est-il arrivé à Nao, et à sa fibre écologique ? Depuis la brouille de Cailleteau et Vatine à la fin du tome 4 et ce tome 5 fini sous la contrainte, Aquablue n’est plus qu’une série qui se développe à l’ombre de son passé (si ça se peut ça !). Et c’est dommage d’avoir perdu tout ce potentiel. Pour ce dernier tome, changement de dessinateur, Ciro (Tota) laissant sa place à Siro. Et le dessin retrouve du punch et un style très raccord avec celui d’Olivier Vatine, son glorieux prédécesseur. Mais l’indigence du scénario qui tient en 46 planches massacre l’équilibre qui aurait pu se faire grâce à ce nouveau dessinateur. Une course-poursuite sous fond d’urgence bancale pour un dénouement rapide et immoral… Voilà… Nao incarnait une icône, puis est devenu insipide, pour finir jeune idiot sans plus de valeur morale… Bref… Un album à éviter et que je n’aurai jamais du lire si je ne gardais pas ce fond de nostalgie en moi…
Un album qui me sera difficile de d’évaluer tant il est plein de paradoxes. Première chose, il est l’œuvre du Maîîîîîîîîîîître Lewis, Loué soit son Nom. Deuxième chose, la pertinence et le jeu jubilatoire de cet album. Il est destiné à expliquer tout ce que peut permettre la bande-dessinée. Donc si on se place en lecteur occasionnel, ou curieux, ce livre s’avèrera didactique, drôle, et riche de par ses explications. Du simple sens de lecture aux variations multiples qu’offre cet art mésestimé, en passant par les Krollebitches de Franquin, ce live dessiné par Segio Garcia est à la limite jubilatoire et pourra se révéler passionnant. Le contrepoint de cet album, c’est sa faible pagination et le peu de choses qu’il aborde si on est un lecteur plus chevronné et qu’on a déjà lu des albums comme « L’Art Invisible » de Scott McLoud ou « La BD Art Séquentiel » de Will Eisner qui sont d’ailleurs cités en référence à la fin du livre. En effet, ces livres étant des références en la matière, d’une richesse incroyable et d’un discours aussi pertinent que passionnant, on nepeut que trouver alors assez fade la version « light » de Garcia et Trondheim après… Mais c’est à vous de juger et de savoir si vous voulez en savoir plus sur la composition de votre passion préférée. Pour vous donner un léger aperçu de la construction d’une BD, achetez cet album en guise d’introduction. Si ça vous plaît, vous dévorerez ensuite les autres livres dont je vous ai parlé.
Lupus, où comment un départ d’aventure que je trouvais poussif se clôt en apothéose. Peut-être que l’évolution de Lupus est trans-générationnelle et ainsi ses 4 chapitres peuvent s’adresser à des lecteurs d’âges différents. Dans cette lente histoire où on voit Lupus passer par les troubles qui mènent à l’âge adulte, les 2 derniers tomes sont essentiels et frappants. Une fois encore, avec son style inimitable et superbe, Frederik Peeters prend le temps de nous conter la grossesse de Saana, puis s’égare dans ses pensées, ses doutes… Tous les temps morts sont des respirations, chaque regard a une importance, une signification, entre nostalgie et résignation, et Frederik Peeters, de son trait gracieux, nous emmène aux confins d’une romance exceptionnelle de banalité. Du très grand servi par un auteur déjà dans le panthéon des grands.
Voilà, ça y est, c'est fait : j'ai lu Lupus 3 ! Que dire, par où commencer ? Alors que certains commenceront à se détourner de cet Ovni, d'autres entreront à peine dans l'histoire... et j'avoue que c'est un peu mon cas... Oui, Lupus 2 avait été l'objet de plusieurs tensions entre certains piliers historiques de Bdp ( ;o)) mais la chamaillerie prenait naissance sur le limon d'un album déjà de haute qualité... Qu'en est-il de ce 3° volet des aventures de Sanaa et Lupus ? Et bien Frederik Peeters continue de nous emmener loin dans son univers, et j'avoue y plonger sereinement, avec un plaisir intense, car cet album arrive à point nommé pour réveiller un peu les lecteurs légèrement endormis, baignés par la douce torpeur du précédent album qui servait à recouvrer ses esprits. Et effectivement, je rends grâce à certain, dont Manu, d'avoir su déceler ce rythme si particulier qui ne prend son sens qu'à la lecture de l'oeuvre dans son intégralité... On comprend mieux les silences, les pauses, la douceur, la lenteur, tout cela comme une caresse qui sait se révéler piquante comme une gifle ! Nous avions laissé Lupus et Sanaa en délicate posture, les sbires du père de cette dernière à leurs trousses... Je ne veux pas entrer dans le détail précis des évènements et vous laisser l'entier plaisir de découvrir cette histoire mais le rythme s'accélère, comme un pouls qui s'emballe, et un coeur qui bat la chamade, à tout rompre... Cette dernière phrase n'est pas innocente et vous la comprendrez mieux dès l'album en votre possession. Mais quelle grâce encore dans la gestion temporelle de cette narration troublante, envoûtante... Alors que ce livre nous révèle, sans effets de manche, des informations majeures pour nous permettre de mieux comprendre les comportements de nos héros, ceux-ci vont en même temps subir des mutations, de celles qui font grandir et ils vont ainsi remettre en question bon nombre de leurs certitudes considérées jusqu'à présent comme acquises. C'est de l'acceptation de ces nouveaux concepts qu'une issue sera possible pour ce couple qui est dans une presque impasse. Et ça ne se fait pas sans heurts bien entendu car du point de vue psychologique, c'est terriblement chaotique, et cela aussi, Frederik Peeters sait le faire ressentir... Alors quels sont encore les talents cachés de cet auteur hors-normes ? Et bien sûrement cette capacité d'accélérer tout en douceur le rythme de son histoire, de nous faire passer des idées aussi violentes et paradoxales, sans être contradictoires, avec autant de facilité, sans jamais donner le tournis, sans jamais heurter le lecteur, et en nous permettant une identification incroyable qui, grâce à une attitude empathique, nous place en situation et ce indépendamment des lieux dans lesquels se déroule l'instant narré... Imaginez un instant toutes vos interrogations, peurs d'adolescents, puis d'adultes, vos doutes, vos angoisses, vos certitudes aussi, tout cela mis sur papier... Et là, vous allez suivre Lupus, de ses rêves à ses cauchemars, de ses angoisses du lendemain à ses bouffées nostalgiques, à la découverte de certains évènements de son enfance, des évènements comme nous en avons tous vécu d'ailleurs, les peines de son enfance, le pourquoi de ces peines, les peurs de la différence, ou de l'indifférence, l'âge de raison, le questionnement sur l'importance de la drogue, dans ses tourments liés au remord, à la culpabilité, à la peur d'un lendemain plus radieux, tout cela en oscillant d'un point de vue contemplatif à un point de vue introspectif. Il arrive à nous faire ressentir toute la nervosité de Lupus, bien palpable, et nous emmener dans le stress déchirant qu'il ressent... Mais aussi dans l'extrême amour dont il fait preuve à l'égard de Sanaa (aaaaaah cette scène où Sanaa parle d'elle et qui devient comme... Je ne peux pas vous le dire, mais qu'est-ce que cet instant est beau !) Bref, c'est fort, très fort, très très fort ! Je ne vous ferai pas l'affront de vous parler du trait de Peeters, devenu maintenant une référence caractéristique de l'expression d'un don pur, ni même de vous parler de son imagination foisonnante... Le t-shirt de Sanaa est toujours là, et au niveau biologique, nous passons encore une fois avec maestria d'ambiances riches, tant dans la faune et la flore, à des ambiances hyper-aseptisées mais toujours en gardant cet univers comme décor, sans jamais que cela affecte notre suivi des personnages... On sent un moment particulier que Peeters a vécu et qui est retranscris avec tellement de force et de beauté, d'une façon que d'aucun qualifieraient de très helvétique, et je vous envie maintenant d'avoir à découvrir ce passage... Vous l'aurez compris, cet album est indispensable aux fans de l'auteur, comme à ceux qui voudraient découvrir une bande-dessinée comme il n'en existe nulle part... Cet univers est unique, son traitement ne l'est pas moins, ce qu'il va déclencher comme admiration est déjà plus commun, mais en continuant son bonhomme de chemin loin des sentiers battus, Frederik Peeters se taille une place de choix dans les plus grands conteurs d'histoires de notre temps...
Je ne saurai trop vous conseiller de mettre en bonne place cet album d'Hervé Bourhis dans votre liste d'achat pour vous faire une idée par vous-même. Car au-delà de cette supposée "Canada-Dry Appearence", des 80 pages et de ces 15 Euro, il y a derrière un auteur talentueux qui nous livre un bouquin hors-norme. Ca ressemble à beaucoup de choses et c'est unique, du moins à ce que peut se référer ma mémoire défaillante ! Une histoire marketing dans l'air du temps puisque les super (Mister ou Miss !), défendent leurs droits à l'image, et les font fructifier, grâce à l'organisation et la gestion de tout cela par le « David Stern » de La Corporation : Miss Honolulu. Mais ce n'est pas du goût de tous les super et certains entrent en dissidence et se font baptiser les "Ne marche pas sur mes plates-bandes boys" ! ;o)) NAN, ça va, ce sont les clandestins en fait. Evidemment, La Corporation exerce un pouvoir limite dictatorial et cherche à éliminer le contre-pouvoir représenté par Les Clandestins, fraîchement rejoins par ZE BOSS of ZE SUPERHEROS : Mister Mercure. Comme par hasard, Mister Mercure sera assassiné dans des conditions plus que mystérieuses... Et de là s'ensuit une lutte d'influence, des intrigues en sous-main, des malversations, des attaques, des fuites, des projets, l'enquête sur cette mort incroyable, de la manipulation, de la rédemption, un héritage, une éducation (celle du fils de Mister Mercure), une approche du rejet de la différence, de la souffrance adolescente et on parlera beaucoup du destructeur Mister Spice qui détient une clé aussi essentielle que celle d'Ysalide à la résolution de ce putain de bel album dont il va falloir attendre la suite ! ;o) C'est une incroyable histoire normale, de supergens avec des problèmes normaux, servis par un dessin remarquable, du Bourhis tout court, un découpage enthousiasmant qui rend impossible la pose du livre avant sa fin, et des dialogues savoureux, drôles, percutants... Une purée de punaise de bonne bédé ! Ouaip ! Quand c'est aussi riche, ça vaut le coup de les péter les 15 Euros ! ^___^
En BD, Murena est déjà un incontournable. Je lisais ce 5° tome juste au moment où je terminais le visionnage de l’excellente et documentée série TV « Rome ». Et la continuation fut vraiment appréciable. Ce nouveau cycle s’attarde sur les femmes Poppée, et Actée. Belles et dangereuses, venimeuses même ! Elles sont à l’origine de complots, trahisons, meurtres et de toutes les autres passions qui enflamment et embrasent le cœur de ces guerriers comme Néron le grand. Tout est encore savamment distillé, mais est définitivement noir, scrute les tréfonds les plus inavouables de l’âme humaine… Documenté avec précision, Dufaux va jusqu’à nous offrir son habituel et copieux glossaire qui est d’une aide remarquable. Delaby, quant à lui, nous offre des planches remarquables dans un trait réaliste et plein de douceur, qui tranche avec le propos bien sombre. Mais l’Histoire est ainsi faite ! Grande admiration personnelle pour les superbes aquarelles, je ne vous dirai pas que l’album vaut le détour rien que pour elles ! Franchement de la grande série historique qui fait plaisir à lire !
Et bien voilà, c’est fait ! Je l’ai consommé ce petit bouquin vert ! Ce morceau vert comme la pelouse d’un célèbre tournoi de tennis, mais brillant comme l’émeraude, était une sorte d’objet de collectionneur amoureux du beau livre. Ca tombe bien, c’est exactement le sujet de cet album. L’album est composé de plusieurs historiettes qui forment une continuité dans le récit. L’explication se trouve en introduction de l’album où la clarté de ses commentaires se dispute la modestie de son ouvrage… Réalisé par à-coups, selon l’inspiration du moment, Seth a réalisé ce livre à ses heures perdues, et il prétend aussi que le dessin s’en ressent… Ahaha ! Sacrés géants de la BD, toujours modestes… Merci Moebius, merci Eisner, merci Franquin, merci à tous ces dessinateurs de génie qui savent rester sur terre ! Dans une tradition bien américaine, l’auteur fait donc parler les autres de son personnage principal, l’intrigant et légendaire Wimbledon Green, collectionneur effréné et de goût sûr qui influence toute l’industrie du comics de collection. Les sommes font tourner la tête, mais la quête de l’objet rare force aussi l’admiration ! Et c’est ainsi que les psychopathes de la collection BD risquent de retrouver certains de leurs travers croqués au cours de ces pages ! Ce petit personnage rondouillard est composé de traits ronds, simples, mais la simplicité est souvent le résultat d’un talent incroyable. C’est le cas de Seth qui nous avait déjà enchantés avec des albums comme Le commis voyageur ou La vie est belle malgré tout. Le découpage est minutieux, presque de la précision d’un horloger suisse. Des petites cases, de la composition réfléchie, bref, tout ce qui fait penser que les heures perdues de Seth sont tout de même incroyablement productives ! On se rapproche de son ami Chris Ware, maniaque devant l’Eternel, dans la maquette de cet album doré à l’or fin ! Il manque cependant parfois un je ne sais quoi pour rendre le truc complètement hors norme, un peu comme si Seth avait peur de livrer le vrai fond de sa pensée sur le sujet, ou bien encore qu’il l’a dissimulé pudiquement et de façon politiquement correcte pour ne pas heurter les futurs collectionneurs de ses albums ! Un objet en tous points remarquable qui est comme une bulle d’oxygène dans le magma perpétuellement en mouvement de la production BD.
Retour de Renaud Dillies dans la Collection Blandice. Retour du gaufrier strict en 6 cases par planche. Et retour d’un pluri-thème qui lui est cher : l’amour déçu, le vague à l’âme, la rédemption par la musique, le jazz… Après le truculent Betty Blues et l’émouvant Sumato, voilà la troisième partition musico-amoureuse de l‘auteur et celle-ci se nomme : Scipion Nisimov. Un peu rompu à l’exercice, j’espérais un peu autre chose qu’une recette éculée… Et je dois reconnaître que Renaud Dillies s’est appliqué à faire vire à son personnage une histoire à la trajectoire similaire aux deux précédents, mais en s’attardant sur un autre évènement. Dans celui-ci, Scipion est un personnage un peu rêveur, éperdument amoureux de sa belle Daphné. Mais lors d’une journée un peu différente, il va rencontrer Tchavolo, homme du voyage, qui lui redonnera le goût de la musique et de la mélodie Tzigane. Heureux de cette rencontre, il rentre chez lui le cœur léger et il découvre alors sa belle dans une fâcheuse posture et le monde s’écroulera autour de lui (un procédé/image déjà utilisé par ailleurs par Lewis Trondheim ou Laurent Percelay au passage). Tout en rêverie et résolument onirique, cet album sent bon les bonnes trouvailles graphiques, et les allégories touchantes… La façon dont la musique le bouleverse et le balade au gré de son tempo est vraiment très imagée, très musicale. L’auteur insiste aussi sur le regard de l’autre et le refus de la différence. Dans un monde régit par des règles strictes, on voit la grande ville comme un hachoir aux personnalités, agressive à souhaits, comme un Brazil des grands jours ! La place belle est faite à la vie de bohême, à l’accomplissement de son plaisir accompagné d’une quête d’idéal toujours délicate à mener. Mais dans les brumes de son chagrin, l’espoir renaît… Contrairement à ce qui est généralement dit, je ne trouve pas la fin bancale, et même plutôt l’idéale conclusion de cet être qui se consume de l’intérieur au point d’en perdre la raison. Tout est fugace, tout est temporaire, tout est rien… Et cela, Renaud Dillies nous le souligne très bien durant ces 78 pages. Cependant, même si on retrouve le trait plaisant de l’auteur, si on retrouve ses thèmes favoris, si on peut saluer la tentative de sortir de son schéma classique, il n’en est pas moins vrai que la mayonnaise prend beaucoup moins bien que lors de ses 2 précédents albums sur le sujet… Un peu déçu donc, je file me replonger dans Betty blues et Sumato, deux partitions qui, elles, étaient vraiment sans fausse note.
20 précédents - 20 suivants
 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio