Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Un vrai plaisir pour moi dans cet album, celui de retrouver Mutti et son dessin pâteux que j’avais tant aimé dans Break Point. J’aurais aimé que ça ne soit pas uniquement pour ce fait. Une histoire classique, un meurtre, sauvage, un motus operandi reconnaissable, un serial-killer œuvre donc à Brescia, ville italienne surtout connue pour son immense coopérative laitière. L’enquête avance doucement, les personnages ont des liens entre eux que l’on comprend progressivement, mais ça reste assez flou. Je ne dis pas confus, mais pas forcément fluide. C’est bien tout le problème de Crippa là ! Car si son intrigue peut se révéler intéressante, elle est menée par à-coups assez désagréables pour le lecteur qui n’a pas le temps de se laisser porter par le récit. Que ce soit dans les moments de tensions comme dans ceux de décontraction. Crippa que l’on découvre en bien mauvaise posture en première case de la page 8 ! Le dessin, on aime ou pas, mais c’est tout de même de très chouettes planches rehaussées de couleurs très travaillées et poisseuses à souhaits, dans des tons ocres et boueux qui rajoutent à cette ambiance étouffante une dimension fort appréciable. Un album pas forcément surprenant, pas forcément prenant, mais qui reste le premier d’une série qui nous conduira sur les traces du serial-killer à l’européenne. Je suivrai donc avec attention le prochain album, pour voir si mes réticences se prolongnent ou si ça décollera enfin !
Avec la grâce de ces 2 auteurs, on retrouve au fil des pages avec plaisir Aya, Bintou, Adjoua, Moussa, et toute cette sympathique galerie de personnages hauts en couleurs qui nous avaient déjà plus dans le premier tome. Une fois encore, Marguerite Abouet nous emmène en virevoltant dans cet univers qu’elle connaît bien et nous montre une Côte d’Ivoire toujours aussi joyeuse et pétillante. On y retrouve des péripéties qui, bien qu’étant assez communes, pour ne pas dire banales, sont relevées par ce sel propre à une Afrique que l’on présente trop souvent sous son aspect le plus dramatique. Une fois encore, on reste subjugué par la force du récit, par l’extrême bonheur qui ressort de ces pages, une sorte d’allégresse communicative alors même que des situations graves sont abordées… Enfant sans père, compression de personnel, trahison, abus de biens et de personnes, et pourtant, il y a quelque chose qui vous fait dire que ce que vous venez de lire, c’est de l’or en barre ! Une sorte d’or noir en quelque sorte !
La volupté par Coacho
Déjà le 2° album de Blutch pour le néo-Futuropolis et pour la 2° fois, un Blutch un tantinet plus « lisible » que dans ses autres expériences narratives… Le don de soi est présent, une fois encore, servi par un trait torturé, travaillé, mais d’une beauté à couper le souffle… Formes, ellipses, vitesses, force, ombres et lumières, on que l’auteur se donne et nous donne, partage et nous fait partager… Un livre où le plaisir est à la limite de l’avilissement, comme un écho à une enfance douloureuse, et qui pousse chaque personnage à se dépasser et à accepter l’inacceptable, le désir et le plaisir prenant le pas sur toute volonté… Difficile d’exprimer, plus, ou mieux, cette ombre fantasmatique qui a l’image d’un singe inquiétant, peu libidineux ni vicieux mais qui suscite les pensées les plus inavouables… Comme chaque fois, Blutch nous bluffe, nous entraîne sur des chemins tortueux, nous pousse à réfléchir, nous interroger, nous conduit dans des impasses intellectuelles ou jusqu’à l’incompréhension. C’est ce qui me fascine en même temps que ce qui me repousse… Une impression de comprendre, puis de se rendre compte d’avoir rien compris… Mais là, j’ai l’impression que quelque chose cloche et nuit à la cohérence ou à l’incohérence de l’ensemble… A découvrir cependant…
L’adolescence, l’ennui, la solitude, la découverte de son corps, voilà les thèmes abordés par Freddy Nadolny Poustochkine dans cet album intrigant paru chez Ego comme X. En plusieurs chapitres, l’auteur va nous mettre en situation directe avec ce moment si difficile de la vie. Le corps change (ce n’est pas sale !), les poils poussent, l’acné arrive, l’autorité parentale s’exerce encore mais on s’en affranchit peu à peu, les premières grosses bêtises, les premiers désirs, les devoirs, la fatigue naturelle, les classes de neige… D’accord, je ne vois pas l’intérêt d’énumérer exhaustivement ce qui est abordé dans cet album… Mais pourtant, il me semble important de le faire car il devient difficile alors de bien cerner ce livre. En effet, il est presque muet et tout est ainsi fait en touches subtiles qui implique complètement le lecteur. D’ailleurs, je dois avouer avoir été scotché par le sens du mouvement, la décomposition graphique de celui-ci… c’est admirable. J’avais ressenti cela dernièrement chez Ruppert et Mullot et voilà que Poustochkine m’offre de nouveau cette sensation incroyable qui fait croire au lecteur que ce personnage en deux dimensions est doué de vie. Un bel album à découvrir qui touche l’adolescent encore caché au fond de nous…
Cette collection de Vents d’Ouest, les 120 pages N&B, est la seconde maison de Chabouté. Landru est son 5° album paru dans celle-ci et j’y suis toujours fidèle. Dans cet album, Chabouté nous offre une uchronie intéressante. En effet, il part du célèbre cas de Landru et nous propose une explication aux meurtres qui sont liés au personnage. On peut être sceptique face à la démarche de l’auteur mais d’un point de vue strictement romanesque, c’est assez intelligent et très intéressant. La seule ombre au tableau, à mon sens, c’est le risque de réhabiliter Landru en le faisan passer pour une victime, ce qu’il n’est peut-être pas. La justice peut se tromper, mais pour le moment, d’après ma modeste connaissance du sujet, il me semble qu’il faut se ranger à la décision prise pas les tribunaux avant d’essayer d’éventuellement dédouaner le personnage des accusations portées sur lui. Reste ensuite les planches de Chabouté. Le truc qui m’a frappé c’est que dans cette guerre des tranchées, mon cerveau attendait du Tardi, sorte d’ogre de la période qui a marqué de son empreinte cette période de l’Histoire de France. Dans l’ombre du Maître, Chabouté nous offre son trait, ciselé, acéré, tranchant, et le temps affine son talent, c’est indéniable. Je reste subjugué par les planches de cet album. On peut cependant parfois reprocher quelques facilités et une accélération du rythme trop importante vers la in de l’album mais ça reste un très bon livre découvrir.
Dans les années Giscard, Stephan et Paul vont incarner le désespoir d’une population en crise et vont cristalliser l’attention des politiques et des médias à une période charnière, celle des élections présidentielles. Devenant ainsi des symboles révolutionnaire, ce qui n’était à la base qu’une revendication empreinte de romantisme va finir instrumentalisé. Tombant tous deux amoureux de Jeanne, ils vont s’appliquer à plastiquer, avec la froideur des professionnels qu’ils sont, des endroits selon un plan aussi aléatoire que précis. Les années Mesrine ne sont pas loin, et pourtant, ces deux gaillards vont finir par laisser une marque indélébile : Les Chats Bottés. Très rythmés, très vitaminés, ce récit nous fascine par bien des aspects, à commencer par le charisme et la force des principaux protagonistes. Le trait de Beuzelin est vif, acéré, coupant, explosif, c’est le cas de le dire. Le plaisir de voir un Paris, et province, malmené, a quelque chose de jubilatoire. Cependant, on reste un peu sur sa faim quant à la logique de tout ce beau monde, aux tenants et aboutissants, à la construction psychologique des personnages… Il manque quelques pages selon moi pour, tout en évitant la lenteur ou la lourdeur, mieux redéfinir les motivations de tous les personnages. Mais mon exigence est bien personnelle et ne doit pas vous empêcher de faire un tour dans cette France qui, déjà en 77, était en feu…
Luc Brunschwig continue son exploration des mœurs de la banlieue française. Je suis pour le moment perplexe quant à son inspiration pour le Sourire du Clown, tant la vie de cette banlieue me paraît fantasmée. En revanche, il me semble que nous sommes plus près d’une certaine réalité avec cette première partie de l’histoire d’un homme qui garde sa vie et ses souvenirs sous la forme de papiers divers dans le fond de ses poches. Le centre de l’histoire est justement celle de Sidoine, le mari de la figure locale qu’est Rosalie, qui se balade avec un très jeune enfant. Mais le propos ne se limite pas à ça et, pour ceux qui connaissent bien le mode de fonctionnement de Luc Brunschwig, on se rend compte que c’est en fait le théâtre de situations psychologiques clairement définies qui finissent par exploser pour mieux en libérer leur saveur. Le délitement de la famille Létinal est d’ailleurs le support de cette démonstration que le temps et les épreuves finissent par avoir raison de tout, mais de l’amour le plus indéfectible. Pendant presque 90 pages vraiment très belles et mises parfaitement en image par Etienne Le Roux, on vit au rythme de ce microcosme passionnant. Parfois, il est vrai que le scénariste se laisse aller à son pêché mignon qu’est l’idéalisme, ou l’humanisme trop prononcé. Ce qui rend quelques scènes un peu trop naïves, et elles perdent ainsi, à mon sens, un peu de leur portée, ou de leur valeur. De plus, l’orthographe hasardeuse qui parsème l’album n’est vraiment pas engageante, pour e pas dire repoussante. Ceci étant, j’attends de voir la conclusion de cette histoire qui nous berce d’espoir et on souhaite un happy-end tant les personnages sont attachants. Globalement bien joué, et un album qui devrait vous plaire.
Pourquoi devient-on aussi exigeant avec Lewis Trondheim ? Pourquoi le taxe-t-on de décliner à l’infini ses carnets de bords ? Pourquoi n’a-t-il pas le droit de continuer avec autant de classe et de jubilation dans cette veine en y ajoutant de l’aquarelle ? Car là, pour le coup, c’est de toute beauté ! Toutes les pages de cet album sont parues sur son blog ? Oui… Mais cet objet papier est unique, agréable au toucher, et met en valeur son trait, ses couleurs, ses fulgurances… Car il ne s’agit pas là de petits riens, non, mais de poésies du quotidien… Je me souviens avoir déjà qualifié Lewis Trondheim de Mozart du Rien, d’aventurier du n’importe quoi, ou encore de génie de la platitude et avoir même pressenti sa Présidence à Angoulême… Et bien Monsieur le Président nous livre là une de ses plus belles livraisons, fleurtant avec le génie dans la plupart des saynètes qu’il dépeint… Car on pourrait croire la démarche facile mais savoir donner autant de plaisir, savoir croquer en trois fois rien (déjà !) l’essentiel même d’une situation, savoir la rendre cocasse, ou simplement drôle, ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Et comme un autre dessinateur hors norme avant lui, Reiser, il se trouve que ces auteurs ont en commun cette poésie magnifiée par un trait allant à l’essentiel pour en livrer la quintessence… Il faut non seulement être un fin observateur, mais aussi un conteur hors pair pour faire cela ! Ensuite, le lecteur est plus ou moins sensible au contenu, se laisse bercer par chaque situation, mais on ne peut dénier ce talent à Lewis Trondheim. On a un peu l’impression de lire un Delerm, et nous délecter de ces gags comme autant de premières gorgées de bières et autres plaisirs minuscules… Toujours les non-dits, toujours la même pudeur (celle mise à mal par son avatar à lunettes dont le blog défraya la chronique), toujours le même cœur d’enfant qui sait s’amuser malgré l’extrême lucidité inhérente à sa condition d’adulte. Quel plaisir de savoir qu’on n’est pas le seul à souffler sur les bulles du produit vaisselle, ou justifier l’engloutissement d’un paquet de Finger, s’étonner de petits riens, et pourtant, c’est comme si chaque détail, aussi insignifiant soit-il, était la partie visible d’un iceberg constituant une vérité de la plus haute importance… Et puis il a toujours cette faculté à parler des petites angoisses que chacun vit sans se l’avouer, de ces craintes stupides que nous oublions sitôt y avoir pensé, et toujours avec une efficacité redoutable. Et puis, rapidement, retomber le temps d’une manipulation laser, dans les aventures de notre enfance bercée par une trilogie spatiale célébrissime… Tout au plus lui reprocherai-je (Pardonnez-moi Maître !) la facilité de 2 planches dont le sujet est repris intégralement du contenu de ces missives qui circulent sur internet et font le tour du monde en un rien de temps (l’une est une allégorie sur la vie représentée par des pierres, du gravier et du sable que j’avais d’ailleurs évoqué ici même il y a au moins 3 ans, et celle sur l’origine de la largeur des rails de chemin de fer). Mais j’oublie vite tout ça pour rire avec lui de son hypocondrie, de ses obsessions maladives, et de sa vision de la vie, tout simplement… Ces petits riens sont tout, sauf des petits riens !
Ils reviennent ! Les auteurs de l’anti-académique « Safari Monseigneur », qui bousculait déjà les formes narratives classiques, sont de retour dans un album incroyable ! Sous forme de chapitres qui leur permettent de développer leurs idées les plus folles et les plus trashs, l’album contient cependant un fil narrateur déjà loufoque. Deux journalistes cherchent à prouver, caméra à l’appui, que l’éléphant d’un zoo est victime de zoophilie de la part de ses gardiens… Cet album, un peu oubapien, est celui de toutes les expériences graphiques. Des superbes phénakistiscopes, sorte d’images animées à confectionner (pour ne pas abîmer votre livre, les auteurs vous proposent la version imprimable ou animée su leur site internet www.succursale.org), jusqu’aux stéréoscopies, superpositions d’images qui, en louchant, vous permettent d’en découvrir une en 3D de façon prodigieuse, en passant par les images cryptées qui, en de savants pliages, révèlent leur contenu pornographique, les auteurs touchent à tout et sont d’une hyper créativité qui fascine. Des histoires muettes qui utilisent le langage des signes, des prouesses graphiques exceptionnelles, voilà ce qui vous attend dans cet album. A noter le découpage des planches qui va de peu de cases à une multitude d’entre elles, jouant à comprimer ou élargir la notion même de temps, mais surtout l’incroyable vie qui habite chacun de leur dessin. Le mouvement des corps, les gestes, tout est induit de façon si naturelle que c’en est hallucinant (voir la scène sur le canapé). Bref, je ne crois pas qu’il existe d’auteurs aussi inventifs que Marc-Antoine Mathieu et ce duo d’enfer formé par Ruppert et Mullot. Précipitez-vous !
Mouais… Bon… Même si ce travail de commande est destiné au journal Le Monde version Ado, je ne suis pas certain que la cible s’esclaffe bruyamment à la lecture de ces 56 pages… Bel album grand format, Laura et Ludo sont censés représenter les djeunz façon aujourd’hui tu w’ois, qui sont en parfaite opposition au ringardisme de leur parents… Dans le registre de la tromperie et du changement d’herbage réjouit les veaux, Florence Cestac assure. Dans la subtile anaylse de l’adolescence, elle est un peu larguée… Pas que ses gags soient complètement mauvais, car ils s’appuient néanmoins sur des certitudes que nous connaissons tous. Hélas, trois fois hélas, ces certitudes deviennent clichés, et ces clichés sont lourds… On avait senti un peu le truc venir avec l’affadissement de la Famille Déblok et là, c’est confirmé, dans ce style, Cestac n’est pas drôle ! Je reste cependant toujours admiratif de son travail, et de cette tendance gros nez qui lui est si caractéristique. J’aime ces personnages aux gros pieds, qui tiennent souvent élastiquement debout, et j’avais adoré voir ce reportage qui la montrait en plein travail dans son atelier. Là, je ne ressens que des cases vides, rapidement mises en couleur à l’informatique, et sur des gags plutôt plats… J’enrage car je ne retrouve plus le sel de ce que j’aimais chez elle… Il faut dire aussi que je préfère sa collection « Cestac pour les grands » et je ne serai ainsi pas le cœur de cible de cet album… C’est possible. En tout cas, pour entrevoir l’adolescence sous une autre forme, vous avez d’autres bouquins qui peuvent être forts et vous remuer les tripes (Livret de Phamille de Menu, Daddy’s Girl de Debbie Dreschler), vous laisser aller à la rêverie amoureuse (Blankets de Craig Thompson), vous laisser apprécier la douceur et la tendresse du moment (Lou tome 3 de Julien Neel) ou encore rire du cynisme et de l’ironie déchirante d’une Claire Brétécher avec son Agrippine. Bref, ça ne m’a pas enchanté, mais ce n’est que mon modeste avis !
Morvan, l’homme aux mille scénarios dont certains évoluent de façon fabuleuse et dont les autres partent en sucette. Ce 2° tome ne me laisse pas indifférent, mais n’a pas non plus soulever en moi des tonnes d’enthousiasme… Je me dis que de sacrées bonnes idées sont là mais que JD Morvan s’est laissé un peu dépasser par la tâche qu’il a lui-même donnée à son immortel… Cette espèce de conscience collective, la vision d’un même homme à plusieurs âges différents, l’interaction entre ces mêmes individus, nous donne des situations complexes très intéressantes. Mais de l’autre côté, les personnages secondaires ne servent plus à grand-chose tant la richesse éclatante du personnage démultiplié occulte le reste. Alors JD Morvan s’en sert tout de même pour lui permettre d’expérimenter ses idées mais rend ainsi Garance, Hugo et les autres un peu inutiles, ou du moins jouent les faire valoir avec trop peu de profondeurs… Peut-être que la multiplication des scénarios ne lui laisse plus assez le temps d’approfondir ces idées qui pourraient être à chaque fois l’objet d’une série de 20 volumes minimum ! Quoi qu’il en soit, cet album est réservé aux inconditionnels de Morvan qui trouveront une facette de plus au personnage. A vous de voir…
Escales par Coacho
Nicolas de Crécy… Rhaaaa… Voilà comment en une onomatopée, je dévoile tout l’aveuglement qui me frappe quand je parle de l’auteur d’albums aussi incroyables que Léon la Came, Prosopopus, Le Bibendum Céleste, Salvatore ou le récent Période Glaciaire… ou bien lorsque j’évoque son travail sur les Triplettes de Belleville… Ce trait unique, nerveux et envolé, ces couleurs qui sentent la matière, celle que l’on peut palper… Enfin, sur les plus anciens albums car, pour produire un peu plus et vivre de sa création, il a été obligé d’accélérer le processus de mise en couleurs et s’est ainsi mis à l’utilisation de l’outil informatique pour ce faire. Et même si ce n’est plus le même relief, celui où on pouvait presque sentir sous ses doigts les petits pâtés colorés, cela reste de fort belle impression. Mais là, cette digression sur les couleurs n’amène nulle part puisque dans Escales, il n’y en a point, si ce n’est, bichromie oblige parfois, un peu de marron ça et là pour agrémenter certaines esquisses… Escales se veut un recueil de croquis et dessins qui invitent au voyage… Et c’est parfaitement réussi. Les panoramas croqués sur le format à l’italienne sont des ports, des terrasses, des lieux que nous ne connaissons pas et qui pourtant nous inspirent des endroits familiers… C’est aussi cela la force de Nicolas de Crécy… Et puis les gens vont, viennent, humbles, fiers, ou grotesques, et alimentent de leurs mouvements chacune de ces esquisses somptueuses. Le trait est toujours vivant, et ce quel que soit l’instrument utilisé. Le fusain, le crayon gras, le stylo bille, la plume, l’encre de Chine… C’est incroyable avec quelle maestria l’auteur nous convie dans son imaginaire qui est un voyage pour l’Eternité. Chaque dessin est le départ, au propre comme au figuré, d’une improbable aventure. On s’imagine mille et une choses dans la contemplation de ces esquisses… Et on en rit aussi… Car fidèle à ses principes, et comme il l’expliquait dans la brillante monographie qui lui est consacrée aux Editions de l’An 2, il adore parsemer ses récits de gros chiens qui sont là pour souligner le grotesque de toute situation. Et là, si je puis dire, il en truffe son ouvrage ! J’entends la sirène, le bateau arrive ou sort du port… J’y retourne et vous feriez bien d’aller voir de quoi il retourne, il se peut que vous tombiez vous aussi sous le charme !
Attention, je pèse mes mots : chef-d’oeuvre ! Oh bien sûr, je sais pertinemment que tout dessert cet album aux eux d’un public par trop habitué aux productions massives et standardisées de la plupart des éditeurs… Un bouquin entouré de deux gros morceaux de cartons, en bichromie rehaussée d’un orange/saumon saisissant, et, pire sacrilège des gardiens du temple du dessin, une sorte de ligne claire vectorielle qui semble tout droit sortie des meilleurs ordinateurs d’architecture… Enfin, le thème ultra connu et rebattu jusqu’au traumatisme qu’est le 11 septembre… Le traumatisme, permettez-moi de savourer cette ingénieuse transition, il en est principalement question dans ce livre. Tout en délicatesse et finesse, les auteurs vont nous conter l’après « nine eleven » et les conséquences sérieuses et dramatiques sur les victimes de l’attentat le plus médiatisé de notre siècle. Stanley n’est qu’un « échantillon » représentatif de l’hébétude et du désastre ressenti par tut un peuple meurtri dans sa chair et son sang. Les auteurs ne nous épargnent pas mais n’usent jamais de ficelles simples, ne sombrent jamais dans la pathos, ou la démagogie de pacotille. C’est juste, cristallin, émouvant, la réalité se confond avec les délires psychotiques, entre poésie et drame, c’est un album qui, à mon avis modeste de lecteur, doit faire date. Ne pas lire cet ouvrage hors norme à bien des niveaux, c’est ne pas faire honneur à Denoël Graphic qui a cru en ce projet, mais surtout ne pas faire honneur à votre qualité de bédéphile averti.
Louise par Coacho
Quand maman et papa mettent leurs souvenirs et talents au service d’une histoire pour leur fille… Et bien on ressent tout l’amour indéfectible de parents comblés et heureux… 6 historiettes composent ce petit livre de 32 pages et chacune est indépendante de l’autre mais toutes tournent autour de Louise, la délicieuse petite fille du couple d’auteurs… Du jour de la naissance et de ces instants où on ne touche plus terre, jusqu’aux inquiétudes de la couveuse, ou de cette vie rythmée par les photos mais aussi les noms des médicaments qui partent dans ces petits corps d’enfants si fragiles… C’est très touchant, drôle, émouvant… tout en retenue et tout en amour… Ca déborde de ce livre, de chaque page et j’aurai aimé avoir le talent nécessaire et suffisant pour écrire quelque chose de la sorte à ma fille… C’est un émerveillement constant que de voir nos enfants évoluer, grandir, apprendre, et là, Marie-Christine Queillié et Marc Lizano ont su rendre parfaitement ces instants… Qu’ils soient remerciés d’avoir partagé cette intimité avec nous…
Attention, c’est rare, mais ça existe ! Cet album jeunesse est tout simplement jouissif, déjanté, magnifique, et donc indispensable. C’est proprement indescriptible mais disons que le personnage est un jeune enfant dont la mère est une maison qui accouche avant d’être détruite, qu’il fait tout pour être un superhéros, qu’il a des méthodes surprenantes, et qu’il va se voir emporté dans un tourbillon d’aventures délicieusement absurdes ! Une façon drôle de sensibiliser les plus jeunes sur les dangers du capitalisme sauvage, de l’élevage en batterie et de la désinformation. Avec un dessin très coloré et jubilatoire, vous découvrirez que les poules ont bien des dents, une bestiole proche des délires de De Crécy, et une histoire virevoltante qui fait du n’importe quoi une aventure cohérente et drôle à souhaits ! On en redemande !
Et voilà le dénouement d’une série qui m’est particulièrement chère, tout comme son auteur… Ne croyez pas que mon avis soit d’une quelconque indulgence ou de parti pris. J’aime autant le livre que l’auteur et j’ai, dès le premier album, été conquis par le trait d’Efix, et la force de son histoire. Aujourd’hui, c’est le terme et la séparation d’avec Liv. Une histoire de quelques années pour nous, celle d’une vie pour l’auteur. Nombre de messages forts, d’illustrations parlantes, et de sujets puissants sont abordées dans toute l’histoire de Lyv. Une époque, des sons, des mentalités, des choses qui dérangent souvent les bien pensants d’ailleurs… Violence, drogue, perdition, meurtres, argents, pouvoir, les mêmes hydres qui rongent la société humaine depuis si longtemps… Servi par un dessin tout en rondeur, le récit est un choc. Dans le sens où visuellement, le lecteur a du mal à se faire à ces bonnes bouilles, ces gueules d’ange, à ces personnages qui mènent une vie que certains auraient préféré lire d’un trait plus réaliste, anguleux… Mais c’est là aussi toute la saveur du projet « Poof » que d’enrober de sucre ce qui serait d’une trop grande amertume pour nos palais sensibles… Et c’est aussi se parer d’une certaine pudeur que de proposer un tel graphisme pour traiter de sujets aussi durs… Aussi humains… Aussi personnels parfois… Malgré les tracas de la vie, malgré la déchéance, malgré tout ce qui fait que totu être humain aurait craqué en vivant la moitié de ce qu’a subi Lyv, l’auteur, apaisé, nous donne de l’espoir, du rêve, de l’envie… Pour moi, ces 5 albums sont très hauts placés dans mon panthéon personnel à moi que j’ai… C’est subjectif, pas forcément super rigoureux et objectif, mais je vous livre mon sentiment personnel, de lecteur conquis, et qui a été touché… C’est tout ce que je demande à mes lectures… Merci Efix…
Ayé, j’ai enfin lu les 3 albums disponibles de cette série qui fait l’unanimité ! A mon avis, la série n’est pas exempte de tout reproche. A commencer par la simple mise en condition. Si l’idée de faire de Yorick Brown le dernier homme vivant sur la terre est brillante et offre de nombreuses perspectives, les mises en situation comme l’acceptation d’un chaos opposé à une hiérarchie politico-féminine, ou les motivations mêmes de héros sont un peu plus légères ! Mais je pense que le but est plus le divertissement à la forme thriller que la réflexion philosophique sur la condition du dernier reproducteur vivant connu ! D’ailleurs, 3 albums plus tard, on n’a toujours pas vu un bout de son zob ! Alors je me suis senti parfois un peu floué, baladé, sans autre sensation que les différents essais des auteurs qui plongent leurs principaux protagonistes dans des environnements et analysent leur réactions pour mieux nous les dessiner ensuite ! Et pourtant, on se laisse happer par le rythme et la bonne humeur de Yorick Brown qui, quoique flatté d’être le chéri absolu de ces dames, n’en est pas moins à plaindre ! Ahaha ! Aucun machisme dans ma dernière remarque hein ! Alors les ficelles sont un peu grosses (n’est-ce pas Héro, jeune amazone qui veut la mort de… de… ben, lisez quoi !), mais il y a des pirouettes ou des réflexions savoureuses (« De petits pouvoirs impliquent de petites responsabilités » ! Ahaha !) et une façon de jouer de certains codes pour les cliff-hangers que j’ai adoré (« Tu vas pas me dire « A suivre » tant que t’y es ! ») qui font de cette série un super moment de plaisir ! Ce qui fait qu’au bout du compte… Je suis accroc’ ! La suite ! Vite !
Un Ovni offert par Actes Sud. Amateurs de phylactères, passez votre chemin, car il n’y en a point dans cet album reportage d »une centaine de pages. En revanche, les amateurs de l’émission culte « Strip-Tease » seront ravis. J’en fais parti, je suis conquis ! Le personnage central de cette histoire est-il bien Nadir ? Ou n’est-ce pas peut-être simplement Paris ? Paris la merveilleuse ? Paris l’éternelle ? Mais Paris, la vraie, celle de la nuit, celle de sa population cosmopolite, hétéroclite. Poisseuse, sale, et pourtant envoûtante. Habilement, Romain Multier et Gilles Tévessin nous invite à bord de la Mercedes de Nadir et nous reproduisent fidèlement ce que l’on imagine être un enregistrement de leur conversation. Car Nadir est bavard, et peut vous conter mille anecdotes à l’heure sans jamais tomber dans la répétition. Jamais les auteurs n’interviennent, ils laissent libre cours et libre champs à Nadir qui dévoile les secrets de son métier, de sa passion, de sa vie, sui nous parle des siens, de son intégration. Touchant, marrant, c’est exactement à l’image de ces mini-reportages réalistes qui nous font partager une tranche de vie sans la juger. Juste à nous de prendre ce qui est donné, de laisser ce que l’on ne veut pas… Déroutante lecture en presque permanente voix-off qui est une respiration, une bouffée d’humanisme, et qui nous donne vraiment l’impression d’être le client de ce taxi, confortablement installé dans le cuir moelleux de cette voiture qui connaît la ville par cœur. Il ne manque plus que quelques odeurs, quelques sons, et on s’y croirait totalement. Nadir disserte alors avec nous de sujets futiles, de réflexions philosophiques, et joue un rôle de presque médecins des âmes égarées de la nuit, nous présentant tout ça avec beaucoup d’humour, et avec un regard résolument optimiste. Le dessin de Gilles Tévessin est simple, presque minimaliste et contient un je ne sais quoi de l’autre phénomène éditorial d’Actes Sud, j’ai nommé Gipi. D’ailleurs, en toute fin d’album, on aperçoit une affiche au détour d’une rue, dans un de ces panneau publicitaires lumineux, et il ne s’agit de rien d’autre que de la couverture de « Notes pour une histoire de guerre » de ce même Gipi. La référence ne serait-elle donc pas complètement usurpée ? Ahaha ! En tout cas, un album vraiment différent, une démarche peu répandue en bande-dessinée, et un traitement original, voilà finalement assez de critères pour vous donner envie, je l’espère, de découvrir « Un taxi nommé Nadir ». En plus, si je vous dis que la préface est d’Emmanuel Guibert… Non, vous ne pouvez pas vous tromper !
Bon, je me suis laissé convaincre par la communauté internaute… Ne connaissant la série télé que de nom, je ne savais pas trop à quoi m’attendre… J’avais même un peu peur à vrai dire… Mais on m’assurait que c’était enlevé, drôle alors pourquoi pas… Je m’offrais la seule version disponible le jour de mon achat, c’est-à-dire le format N&B. Première constatation, Dupré sait dessiner ! Ca fait du bien quand on voit le nombre de tâcheron qui envahissent notre passion préférée… Ca ne l’a pas empêché de faire une boulette case 6 p. 5 me semble-t-il… Le mouvement de frappe et la façon dont vole la tête me semble un peu fausse… Votre avis est bienvenu ! Deuxième constatation, c’est drôle ! Troisième constatation, j’arrêterai la série là. Parce que c’est un bon moment, qui doit sûrement être plus drôle en animé, filmé, créant un décalage plus grand encore, mais parce que je pense que ça surfe plus sur le succès de la série qu’autre chose… Donc je pense que l’on va vite tourner en rond. Mais les dialogues, les situations et la couardise générale sont assez savoureux ! A vous de voir…
Little Star par Coacho
Alerté par mon ami Alban sur cet album qui traitait de l’histoire d’un père face à sa fille, je m’empressais de me le procurer pour tenter de revivre ma propre histoire. Mais cette pression que je mettais à l’auteur en plus de mon caractère sanguin allait avoir raison de mes espérances… Qu’on s’entende bien. L’album est plutôt bon, voire plus, mais il me laisse sur ma faim de latin. L’histoire de ce père à la dérive, comme mis en orbite autour de la planète mère/fille, est touchante, et sent bien évidemment le vécu. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que c’est un point de vue anglo-saxon, anglais pour être précis, et que celui-ci est définitivement orienté par une éducation particulière, propre à ce pays souvent froid et stoïque. On voit donc ce père réaliser un rêve que, pour ma part, j’aurai souhaité accomplir : celui de travailler le temps nécessaire pour mieux se consacrer à son enfant et profiter ainsi des meilleures années de sa vie. Mais ce rôle n’est pas sans heurts et la fatigue, les doutes, les peurs, envahissent son esprit. Des scènes très réalistes sentent l’analyse parfaite de la situation, et m’ont ainsi permis de revivre ces instants uniques que nous partageons avec nos bébés. Je pense d’ailleurs que cet album parlera beaucoup moins aux non-parents qu’aux autres ! Mais malgré tout, malgré cet amour indéniable, malgré les belles allégoriques scientifiques, malgré de belles cases, j’ai fini par me lasser jusqu’à m’ennuyer ferme parfois. Parce que certaines complaintes méritaient d’être tues et il aurait fallu placer quelques coups de gueule, des coups de pieds au cul, et le tour était joué ! Mais c’est aussi la magie de la vie que de ne pas pouvoir toujours tout faire au bon moment. A vous de voir… Intéressant, mais pas indispensable…
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