Les 107 critiques de Pierre-Paul sur Bd Paradisio...

Ce tome 2 ne trahit nullement son superbe prédécesseur, au contraire: le Malka des Lions va encore plus loin dans l'exploration des moeurs et croyances des juifs algériens et les pensées du chat, même si elles sont devenues muettes, sont toujours pleines de sagesse et d'humour. La suite est déjà ouverte: a côté du trio déjà connu (le rabbin, sa fille et le chat) et de leur invité (le malka), voilà un autre personnage, très singulier et d'apparence peu sympathique, qui va bouleverser le petit monde du rabbin en lui prennant ce qu'il possède de plus cher: sa fille. Une grande réussite! Petit bémol: je n'aime pas trop quand un auteur parle de lui-même dans ses albums: je suis content d'apprendre les origines possibles du nom "Sfar" mais, amha, c'est nombriliste que de l'expliquer dans sa propre BD. Enfin, Sfar est fidèle à lui-même dans son dessin: on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime beaucoup, même si c'est relativement récent.
Depuis que Davodeau a été justement recompensé pour "Rural" à Angoulème, tout nouvel album peut paraitre un petit évènement. "Ceux qui t'aiment" sent toujours l'inspiration ATTAC ou José Bové mais sur un autre point de vue: la déshumanisation des joueurs de foot, et en particulier des stars. J'ai moins aimé la conclusion "humaniste" de l'album que le portrait des petites gens acharnés de foot et ne pensant pas plus loin que cela. Rien que pour cela, cela vaut le détour. Pour le reste, on a toujours un mec paumé et chômeur qui veut rendre "sa" justice à la société. A conseiller aux "anti-mondialistes" n'étant pas amateurs de foot. Je ne suis pas anti-mondialiste, ni amateur de foot et j'ai donc moyennement apprécié. Pour ceux qui ne connaissent pas davodeau, essayez en premier lieu "Quelques Jours avec un menteur": superbe! et si vous avez la petite trentaine, cela fera d'autant plus d'effet.
Je n'attendais pas grand chose de ce tome 4, tant le tome 3 m'avait déçu. Pas de surprise: nous avons une histoire bien banale, clôturant sans panache le cycle des Sept Vies de l'Epervier. Germain Grandpin débarque sur le continent américain, retrouve immédiatement Ariane et le Chevalier Condor (ou peu importe le nom qui lui est attribué), fait le malin et se retrouve condamné à mort en même temps que le chevalier, histoire de sauver Ariane. Bien sur, ils ne mourront pas aussi bêtement que sur un gibet: Taillefer devait encore retrouver son honneur perdu, et il ne sera pas déçu mais ce sera post-mortem. Et paf! Sans crier gare, nous voilà propulsés 10 ans après, avec Germain et Ariane (n'ayant pas pris une ride) comme flibustiers anti-négriers. Qu'est-ce que cela vient faire là, je n'en sais rien. Il fallait 46 pages, et Cothias ne parvenait pas à clôturer, sans doute. Le récit se clôture en Auvergne, au chateau de Troil, en compagnie des deux générations de la famille. Quelques belles paroles, un beau paysage et voilà, c'est fini. Patrick Cothias avait réussi il y a une petite vingtaine d'années à créer un univers féérique, une splendide saga avec Les 7 Vies... Est-ce le succès qui l'a fait dégénérer cette belle histoires en de multiples sous-séries à la qualité bien inégale? Plume aux vents a l'avantage d'avoir un excellent André Juillard au dessin, ce qui relève le niveau d'un chouia. Pour le reste, l'imagination n'est plus au rendez-vous, on s'ennuie à mourir et on se demande ce qui nous a fait acheter cet album.
Cet album ne surprend en rien: nous avons ici un récit d'action efficace, classique, vite lu, mais qui sera certainement relu parce que on passe un bon moment, un peu comme on irait voir un film d'action américain parce qu'on n'a pas envie de se creuser la tête. N'en déplaise aux esprits chagrins qui se déchainent à chaque publication un peu trop conventionnelle de JVH, cet album rempli donc parfaitement son cahier des charges et il n'a d'ailleurs pas d'autre ambition. Lisez la bio par Frédéric Niffle: JVH se considère comme un producteur, un auteur de BD populaire, pas un artiste. Il est, à juste titre, fier de quelques uns de ses albums (SOS Bonheur, Chninkel, Western)mais pour le reste, il se contentera de regarder le chiffre d'affaires, en bon gestionnaire. J'ai lu quelque part que après ce tome 2, c'est Thierry cailleteux qui reprendra le flambeau. Comme quoi, Van hamme peut parfois passer la main quand il manque d'inspiration. Mais je crois cela fait partie de son retrait progressif de la BD pour prendre une retraite bien méritée...
Léon la Came par Pierre-Paul
Personne pour une critique de ce "classique" ? OK, je m'y colle tellement cet album est à (re)découvrir (il fait partie de mes "indispensables de la BD". Liste complète dans les archives du Forum). Gégé Houx Wardiougue est un jeune homme ultra coincé, la seule seule chose qui ne soit pas bouchée étant ses intestins délicats et réagissant au moindre stress. Un jour, Léon, le quasi centenaire grand-père revient dans la famille après une vie on ne peu plus mouvementée aux quatre coins du monde en passant par l'hospice. L'entreprise de parfum qu'il a créé lors du Front Populaire est à présent gérée de main de maitre par son fils, rompu au capitalisme le plus débridé. Pépé Léon entreprendra de déniaiser son petit (?) fils et de le rendre apte à se défendre dans la sauvagerie libérale. Le résultat dépassera ses espérances, jetant le malheureux Gégé à la rue (un peu trop "sauvage", le gamin!) et y laissant sa propre raison. Superbe final, bien dans l'air du temps. A lire, à relire, à re-relire, à conseiller à quiconque ne s'y retrouve pas dans notre monde actuel. Il faut se faire au dessin très "personnel" et aux couleurs "glauques" mais c'est, redisons le encore une fois, un tout tout tout bon album. Evitez les tomes 2 & 3 qui foutent toute la magie par terre (deux étoiles pour le 2, une étoile pour le 3, et je suis bien tendre).
Dernière issue (Vlad) par Pierre-Paul
Le tournant opéré dans le tome précédent était risqué: le fil conducteur initial (la recherche du frère de Vlad pour toucher le pactole de l'héritage familial) est mis entre parenthèses pour une incursion dans un "autre monde" où les savants tentent des expériences interdites sur l'homme: manipulations génétiques, fabrication de surhommes, etc. Cela tenait bien la route. Hélas, dans "Dernière Issue", Swolfs a voulu en faire trop et s'embrouille complètement dans un récit confus, mèlant course poursuite ultra classique, ficèles ultra grosses pour le côté SF, et conclusion en queue de poisson et un peu facile. Autant j'ai aimé les 3 premiers tomes, autant je suis déçu à présent. J'adore le dessin de Griffo, seul point positif de cet album à mes yeux.
Je ne serai pas très original dans ma critique mais Le Vol du Corbeau vaut essentiellement le détour de par le superbe dessin et ses couleurs, de même que par une histoire relativement simple mais tellement rafraichissante! C'est d'ailleurs un grand point commun avec Le Sursis (in-dis-pen-sable!). Les vues des toits de Paris, le canal Saint Martin, les petites ruelles, quel charme! On en oublierait presque que ce n'est pas une histoire drôle puisque on est sous l'occupation (enfin, dans les derniers jours de l'occupation). Petite remarque sur les personnages de Gibrat: si cela s'explique que Jeanne ressemble à Cécile (le Sursis), cela s'explique nettement moins pour d'autres ressemblances de personnages dans les deux récits. Mais le monde étant si petit...
Cela chauffe, du côté de la Commune: derniers espoirs de l'emporter sur les versaillais, manoeuvres quasi désespérées contre l'inéluctable, anéantissement de certains symboles de l'exploitation des "petits" pour se redonner du courage, tout le monde (les lecteurs y compris) sait que tout cela se terminera dans un bain de sang. Héros du peuple, Tarpagnan mène sa propre guerre pour retrouver sa belle, condamnée à la plus humiliante punition qu'on puisse lui infliger pour avoir "trompé" son mafieux de patron. Tout ne sera que désillusion, alors pourquoi ne pas mourir en brave pour une cause que l'on sait perdue d'avance? Grondin lui reprendra du poil de la bête, prennant conscience au passage de la justesse de la cause des Communards mais en restant finalement fidèle à lui-même et convaincu que sa guerre à lui est elle aussi juste. le duo Tardi et Vautrin nous donnent une nouvelle vue de cet épisode tragique de l'Histoire de France, en y collant une excellente intrigue policière. Pas de doute, c'est un chef d'oeuvre que nous tenons entre nos mains. Les acharnés de Tardi (dont je fais partie) apprécieront l'efficacité du trait pour les scènes populaires et l'excellent rendu de l'ambiance oppressante du récit de Vautrin.
Olga (Isaac le Pirate) par Pierre-Paul
Un peu d'action, cela change des deux tomes précédents plutôt calmes. Mutinerie, massacres, reprise en main du commandement et re-reprise en main, Isaac est quasi le seul survivant de l'ancien équipage pirate. Une fois libéré de cette vie maritime, affecté par un coup de blues il aura moins envie de dessiner et plus envie de tirer un coup (ne tournons pas autours du pot!). Mais finalement, son mal de vivre n'est pas assouvi par les prostituées de passage et il comprend que ce qui lui manque, c'est simplement chez lui. Sa belle, n'ayant pas joué les Pénélopes indéfiniment, lui reviendra-t-elle? Excellent dessin, scénario un peu plus faible et moins "magique" que les précédents, OLga ravira les "nouveaux" mais pourra décevoir ceux qui n'ont pas découvert la série par Télérama. Je ne puis résister à cette petite pique: Blain a critiqué la BD "grand public", soutenue à grand coup de marketing, et on retrouve la sienne dans un magazine télé populaire! Dans Libé, Le Nouvel Obs ou Le Monde, j'aurais compris, mais là... Autre petite pique: Blain critique les BD de Jean VH où les femmes sont, à ces yeux, dignes de p... et Olga en est truffé... Enfin bon.
Shadow (Largo Winch) par Pierre-Paul
Incontestablement, Van Hamme s'est remis en question avec Shadow : il n'est plus question d'un super héros exempt de défauts et infaillible, Largo Winch a beau être riche et célèbre, il n'en reste pas moins un homme comme un autre, avec ses défaillances. Ce qui m'a amusé aussi c'est que Miss Pennywinkle devient une "femme d'action", alors qu'on l'avait cataloguée un peu vite comme une austère et très coincée secrétaire de direction. Il y a donc un peu de dérision dans cet album : le super héros devient faillible et ceux qu'on pensait secondaires passent pour ainsi dire au premier plan. Je crois aussi que Shadow relève un peu la qualité moyenne de la série, celle-ci ayant singulièrement baissé avec les aventures Birmanes et Vénitiennes. Question dessin, rien à redire évidemment : Philippe Francq est un des meilleurs dessinateurs réalistes du moment, selon moi.
Un régal ! Un écrivain réputé mais "paumé" retrouve le goût de l'écriture en suivant les traces d'un autre auteur, totalement inconnu. Souhait d'une serénité retrouvée après le "spleen", envie de petits coups de folies après la monotonie de la vie, désir d'amour après la déception : Quelques Mois à L'Amélie est un peu cela. Dessin reconnaissable entre milles, couleurs très chaudes traduisant bien l'athmosphère balnéaire : Jean C. Denis signe ici une de ses meilleures réalisations.
Faire une bio d'un auteur connu pour sa discrétion et son rejet des apparitions publiques tenait de la gageure. C'est désormais chose faite, Frédéric Niffle a passé une semaine entière à récolter les impressions de toutes sortes de Jean Van Hamme et en a retiré son "Ittinéraire d'un enfant doué". Van Hamme est l'auteur que certains bédéphiles adorent détester pour ce qu'il représente (la réussite financière) et ce qu'il défend (la BD "populaire", grand public). Il était donc temps de le connaitre mieux. Contrairement à ce que certains essayent de faire croire, JVH est un pur "self made man", à savoir qu'il ne provient pas d'une famille riche, qu'il n'a pas eu d'autre soutien que lui-même pour arriver là où il est arrivé. D'où probablement son côté extrèmement exclusif dans ses relations : ce n'est pas le genre de personne avec qui on aimerait aller boire un verre pour discuter BD. Son expérience dans le monde de l'industrie et de la finance a certainement largement contribué au fait qu'il cherche à produire au maximum des albums qui plaisent au plus grand nombre, donc rencontrent la demande "populaire". Il l'avoue d'ailleurs lui-même: il n'a aucun chef d'oeuvre à son actif, même s'il considère (à juste titre d'ailleurs) que Le Chninkel et SOS Bonheur sortent largement du lot. JVH parle aussi de sa courte expérience en tant que directeur général chez Dupuis et de sa contribution au développement de la BD "industrielle" telle que nous la connaissons aujourd'hui: les uns (dont je suis) applaudiront, les autre, plus idéalistes peut-être, s'enfermeront dans leur opinion que Van Hamme est décidement un "marchand de soupe" dans un monde artistique. Clairvoyant, il reconnait une perte de vitesse manifeste chez Thorgal et dans une moindre mesure XIII. Mais, regardant ses quelques 30 ans de métier, il est logiquement satisfait de son évolution. Même s'il n'a pas vendu autant que Uderzo, il n'en reste pas moins que, en cumulé sur 10 ans et en restreignant à la langue française, les ventes de Van Hamme dépassent les 20 millions d'exemplaires. Bien peu d'auteurs peuvent en dire autant. Il est important de retenir que JVH ne se considère nullement comme un artiste, mais plutôt comme un producteur. Il ne revendique pas non plus une grande qualité pour son oeuvre: c'est de la BD intelligente (il apporte pour preuve son utilisation par certaines universités de commerce, voire même par des cabinets d'avocats prestigieux ), mais de la BD populaire. Voilà au moins qui est clair. JVH, un auteur mal-aimé? Peut-être par jalousie de son incontestable succès, peut-être par mépris de certaines tranches des bédéphiles pour le "populaire". Qu'importe : il restera toujours lui-même, sûr de lui et de ses capacités à séduire le plus grand nombre. Moi qui aime au moins 75% de la production de Jean Van Hamme, je ressors de la lecture de cet ouvrage avec encore davantage d'admiration pour l'homme, comme pour l'auteur.
Passons pour le résumé de l'histoire : celui repris ici est suffisant. A l'Est de Roswell mélange les thèmes des extra-terrestres (d'où le titre...), l'homosexualité/ transexualité, les rêves d'enfants, les essais nucléaires, la psychiatrie adulte ou enfantine, et quelques autres sujets. Ce cocktail de thèmes n'est pas des plus heureux en ce sens qu'il a rendu l'histoire un peu confuse. On se perd donc assez rapidement dans le récit et ce n'est qu'après relecture que cela devient plus ou moins clair. Yann a toutefois réussi à créer une ambiance mystérieuse, un peu angoissante, surtout quand on se rend compte que ce qui n'est apparemment que rêve d'enfant et divagation d'esprits ravagés n'est peut-être rien d'autre que la réalité. Il a également, pour une fois, un peu plus travaillé la psychologie de ses personnages et pas seulement celle des personnages centraux. Certains décors de Conrad, les attitudes des personnages et les couleurs sombres contribuent à cette ambiance oppressante et c'est probablement le principal attrait de cet album. Il est à regretter que Yann ressorte des tranches d'humour un peu lourd déjà vus antérieurement (les pénis de tigres des neiges comme godemiché, Tim qui gerbe sur Tony, les allusions à la sodomie et autres joyeusetés): il y a donc pas mal de réchauffé au niveau de l'humour et le rire fait place au sourire, voire à l'agacement du "déjà vu". En définitive, A l'Est de Roswell est un album moyen, bien en dessous de Aventure en Jaune, Shukumei ou Cloaque, mais plus travaillé que les deux précédents.
Mai 68... sous une pluie de pavés, la belle Maité Célérier de Chanois tient le scoop d'enfer: une bonne partie de jambes en l'air avec Daniel Cohn Bendit. Mais celui-ci préfère la philo poisseuse de Marcuse à la gaudriole et ne fera pas oublier le beau Gaetan (pardon: Céléstin) de qui elle s'est séparée pour une raison stupide. Et en plus, Célestin, après son périple katangais (voir Les Affreux) cherche l'aventure parmi les CRS (quelle horreur!) et sera amené à infiltrer les étudiants! Mais l'amour sera plus fort que tout! et tant pis pour Pompidou! Ambiance de fin de règne pour Charles de Gaulle qui pète les plombs et baisse pavillon devant un "quarteron d'étudiants pubertaires" (vachement bien trouvée celle-là! les connaisseurs de l'histoire de la guerre d'Algérie releveront peut-être...). Les coups de Massu le ramèneront à la raison, et la France retrouvera la médiocrité à laquelle elle semble aspirer. La Révolution n'aura pas lieu... Du Yann tout craché! Cynique, tranché, bourré de clins d'oeils à l'histoire, une généreuse couche d'humour et de l'action. Et Bodart qui s'améliore nettement par rapport à Les Affreux (cela date de 1993 je crois), tout en restant en dessous de ce qu'il fait actuellement. Conclusion: objectifs atteints! Buy!
Les tomes 1 & 2 m'avaient fait rire aux larmes. Le tome 3 un peu moins, en dépit de l'apparition désopilante de JC Van Damme, toujours aussi "aware" qu'il est le plus fort, sans être pour autant le plus intelligent. Le tome 4, je m'attendais à une perte de vitesse et des redites, hé bien il n'y a pas eu de redites mais on sent tout de même un petit fléchissement au niveau du scénario : la mine s'épuiserait-elle ? Donc, toujours autant de clins d'oeils au cinéma américain, les héros sont toujours aussi déjantés mais en définitive, cela tourne toujours autours du même thème des deux flics multipliant les bavures et convoitant sans espoir les charmes de la pulpeuse Courtney Balconi. Cela reste un grand moment de rigolade, mais on n'a plus l'effet "nouveauté". Ceux qui ne connaissent pas la série, par contre, se régaleront sans aucun doute !
Voilà donc la réédition que j'attendais depuis des années ! Les Affreux est l'album que j'avais lu il y a environ 7 ans, puis cherché durant des années sans jamais le trouver (même à prix "collector"). En ce qui me concerne, c'est donc un véritable évènement. Alors voilà : 1967 : Gaetan de Lucinguey Colligny est un jeune aristo désargenté cherchant l'aventure, afin de ne pas déshonorer ses illustres ancêtres. Sa petite amie Maité Celerier de Chanois, aristocrate "pétaradante" mais pas désargentée pour deux sous (si j'ose dire), elle, n'épousera jamais un pauvre. Bref, Gaetan, par dépit, se fait embaucher comme mercenaire au Congo sous les ordres de Jean Schramme et il reçoit le "nom de guerre" de Célestin Speculoos. Mais l'escapade des mercenaires, soutenue par pas grand monde si ce n'est Moise Tschombé, a du mal à atteindre ses objectifs, à savoir la reprise du Katanga à l'Armée Nationale du Congo, très occupée à pacifier le pays après une indépendance difficilement acquise. Et ils constateront à leurs dépents qu'il vaut mieux avoir l'appui de nations fortes plutôt que de canards boiteux locaux. Une page d'histoire belge un peu sombre, une "sale histoire d'amour" pour reprendre les termes de Vent d'Ouest, matinée de l'humour "à la machette" de Yann (Bob Denart à vélo! poilant de dérision). Ceux qui n'ont connu Bodart que par Green Manor risquent d'être un peu déçus (il a fait pas mal de progrès depuis 1986...) mais en ce qui me concerne, son style "brouillon", un peu à la Hardy & Conrad à leurs débuts, me plait beaucoup : nerveux, rapide et efficace !
"Décalé", voilà bien le mot qui convient. Cette parodie bien sympathique des westerns et en particulier de Luky Luke & Ran tan Plan est un petit bijou d'humour "décalé", passant du non sense au plus grinçant, saupoudré de multiples clins d'oeil. Le petit Sigmund Freud n'a de cesse de vouloir psychanalyser l'américain moyen, susceptible de lui assurer renommée et fortune. Mais hélas, il tombe sur des "ravagés" incurables, et il devra donc se rabattre sur un chien en quête d'une âme. Avant la lecture de cet album, je ne connaissais pas Larcenet, j'avais entendu parler de son grand talent de dessinateur et j'ai fait donc une tentative. Je crois qu'il serait exagéré de parler de "génie" au niveau du dessin : c'est assez simpliste, mais très sympathique, il y a quelques beaux décors et les couleurs sont très réussies. Le personnage de Freud est par contre très bien typé et suscite dès le premier coup d'oeil le sourire. Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié cet album pour son humour. Rien d'autre à ajouter.
La SF n'a jamais été mon truc mais j'ai découvert il y a quelques années cette oeuvre (j'insiste d'entrée de jeu sur le mot) qui se veut aujourd'hui on ne peut plus d'actualité; et j'avais d'emblée adoré. Si à l'époque de la rédaction du bouquin, la référence était le Vietnam, à présent La Guerre Eternelle est aisément transposable à l'Afghanistan. Cette réédition vient donc bien à propos et est à ce titre indispensable. On regrettera cependant le trop simpliste "happy end" qui fait penser à une série B hollywoodienne. Ceux qui découvriront cet album après avoir lu la série Universal War One, en arriveront à la conclusion que Bajram s'est largement inspiré de La Guerre Eternelle pour créer sa propre série. Et cela fait donc de l'oeuvre de Marvano & Haldeman une référence en la matière!
Si Les Voleurs d'Empire sont à mes yeux la meilleure série de Dufaux, Giacomo C est en tous cas celle que je préfère. Les histoires sont relativement simples au niveau de l'intrigue mais à chaque fois, cela fait mouche. La Fiammina ne fait pas exception à la règle : une incursion dans le monde du théâtre, une jolie femme (avec un charmant minois qui nous est étrangement familier...) semble vouloir se venger des hommes "bien nés" en les provoquant en duel. Faut pas être Einstein pour en deviner les raisons de cette haine ni même le reste de l'intrigue mais peu importe, la lecture de Giacomo C reste un grand plaisir pour moi. Au niveau du dessin, Griffo est au sommet de son art avec encore plus de souci du détail dans les décors et il manie toujours aussi aisément la couleur directe. L'ouvrage "Sur les Traces de Giacomo" joint avec l'album vaut également le détour, avec quelques mises en perspectives avec L'Histoire "réelle" et un aperçu de la méthode de travail des auteurs. Une excellente initiative donc.
Comment clôturer une longue série sans décevoir les lecteurs ? Je crois que Dufaux a la réponse parce que contrairement à d'autres, il a réussi à transformer l'essai sans bavures. Les liens étranges entre Napoleon III et la Mort sont davantage explicités, de même que la filiation de Nicolas est dorénavant parfaitement établie. La Mort se rassasie de la guerre, et n'a pas fini de faire frémir notre monde. Il lui faut des agents exécutant : Adelaide a failli à sa mission, Madeleine prend le relais et met un terme à l'existence des Voleurs d'Empire, aidée d'une certaine manière par un traître ayant assuré une belle reconversion en flic. Pour ce personnage (Lévadé), Dufaux s'est probablement inspiré de Vidocq, bien qu'ayant vécu antérieurement au récit. La Commune est écrasée, c'était écrit, la France retrouve son "ordre" et ses nantis reviennent à leurs privilèges d'antan. Mais plus rien ne sera jamais comme avant : la monarchie de droit divin à vécu : la République remplace l'Empire, ouvrant la porte à une certaine démocratie. Mais il y a encore du boulot. On se demandait comment Dufaux allait conclure son oeuvre : hé bien, ce sera en famille, dans le plus grand bonheur, malgré les mauvais souvenirs qu'on tente d'oublier. La Mort se retrouve sans agent exécutant, la candidate désignée lui préférant la Vie. Mais on sait bien que le XXe siècle sera le sien : on n'a jamais autant trucidé dans l'histoire et la Mort n'a nullement besoin d'aide : les hommes sont assez grands pour s'entretuer tous seuls. Jamar est pareil à lui-même : superbe souci du détail, splendides couleurs, etc. Je lui souhaite de retrouver rapidement de quoi exprimer encore longtemps ses grand talents. Je réitère ce que j'ai déjà dit : les Voleurs d'Empire est la meilleure série de Dufaux.
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