Les 185 critiques de Quentin sur Bd Paradisio...

Ayant été décu par le dernier "Innommables", j'étais sceptique vis-à-vis de cette nouvelle série mais les deux premiers tomes ne sont finalement pas si mal que ca. Humour politiquement incorrect jouant beaucoup sur les préjugés racistes, les pulsions sexuelles hors normes suivies de honte/dégoût british, métaphores sexuelles à gogo, dialogues salés et plein de répartie, pastiche de Blake et Mortimer, etc. Ca reste iconoclaste et d'un goût douteux, dans la droite ligne des Innommables de la belle époque.
Le terrain vague par Quentin
Oda est un des auteurs japonais qui m'intrigue le plus. "Dispersion" et ses adolescents que le mal-être faisait littéralement imploser m'avait très fortement marqué (dire que j'ai dû attendre 10 ans pour lire le tome 2!). "Le terrain vague" est du même cru et suit une artiste qui flirte avec la schizophrénie, qui a du mal à distinguer les rêves de la réalité, et qui doit choisir entre suivre le difficile chemin de la vie où la joie cotoie la souffrance et celui des êtres aimés et perdus qui aimeraient l'avoir à leur côtés. Un album empreint d'une poésie violente et désespérée, mais qui finit bien :o)
Scénario sans grande surprise, impression de déjà vu, misère et violence présentées de manière inintéressante; je n'ai pas accroché à ce premier album qui, à mon avis, aurait dû être publié ailleurs que dans la collection Aire Libre.
Attends par Quentin
Attention, chef-d'oeuvre! Si la plupart des albums de Jason m'ennuient, "Attends" m'a profondément ému de par le sujet (comment vivre quand on se sent responsable d'une erreur qui aurait pu/dû être évitée) et la manière dont il est traité (minimalisme et quotidien). Une oeuvre unique, inclassable, incomparable, à ne pas manquer.
De mal en pis par Quentin
Acheté à cause des critiques élogieuses sur BDP, j'ai réservé la lecture de ce pavé pour mes vacances. Tout d'abord, contrairement aux avis précédents, je n'ai trouvé aucun point commun avec "Blanket" (si ce n'est que c'est un roman graphique volumineux). Il ne s'agit pas d'une autobiographie mais d'une chronique de vie ou d'une comédie de moeurs douce-amère, un peu dans le genre du "déclin de l'empire Américain". J'ai eu de la peine à entrer dans l'histoire (dessins pas top, début de l'histoire cahotique). 150 pages plus loin, je commencais à prendre plaisir à la lecture. Après 600 pages, je m'étais attaché aux personnages et je regrettais presque que l'histoire finisse. L'intérêt de l'album tient à sa longueur et à la possibilité qu'a eu l'auteur de prendre le temps et la place pour dire ce qu'il voulait. Pourtant, malgré une lecture agréable, je ne peux m'empêcher de penser que les différentes histoires entrecroisées restent très superficielles et que l'auteur n'a pas exploité les énormes possibilités du sujet et du format. Je trouve par exemple que tout l'épisode sur le monde de la BD (qui prend énormément de place au sein de l'album) reste anecdotique et prend de la place qui aurait pu être dévouée à l'approfondissement des personnages et de leur caractère psychologique. Cela rend l'identification aux personnages plus difficile et on suit leurs actions en spectateur, sans vraiment s'investir dans la lecture. Malgré un format ambitieux, l'intention du livre semble rester le divertissement plutôt que l'introspection. A lire donc pour ceux qui veulent passer un bon moment et le faire durer sans trop se creuser les méninges.
Ce que j'apprécie dans un roman noir, c'est la fine analyse de la société et de la psychologie des personnage qu'on y lit souvent. On ne trouve malheureusement rien de tout ca dans le présent album, qui peut se résumer à une enquête policière sans grand suspense parsemée d'épisodes plus violents les uns que les autres. Manchette a déclaré ne pas vouloir faire de roman policier qui soit "plus qu'un roman policier". Il a bien atteint son but car on ne trouve effectivement dans "le petit bleu de la côte Ouest" rien de plus qu'un roman noir moyen, qui plus est illustré par des dessins moyens et peu crédibles (Gerfaud tombe du train tête en bas et dos au lecteur pour se retrouver la case d'après tête en haut face au lecteur, un gangster ayant la moitié de la tête emportée par une balle laisse tomber son fusil pour tirer avec un revolver, etc.). Bref, un Tardi très moyen.
Othello par Quentin
Othello est une des plus meilleures tragédies de Shakespeare, réglée comme une mécanique implacable dans laquelle la jalousie de deux hommes les pousse inexorablement à détruire tout ce qui leur est cher et à se détruire eux-même. Ecrit au début du 17e siècle, le récit n'a rien perdu de sa force, une violence que Denis Deprez rend de manière admirable dans de superbes dessins d'une grande densité expressionniste. Le travail sur l'histoire et les dialogues pour rendre le récit plus accessible et l'adapter à la BD est très réussi. Denis Deprez a su conserver un texte compréhensible, écrit en très beau Francais, et l'encadrer de dessins inoubliables. Alors que les adaptations cinématographiques ou en BD des chefs d'oeuvre de la littérature sont rarement des succès, "Othello" constitue une belle exception!
Dans une Russie antisémite, entre les humiliations, les lynchages, les meurtres, la peur du viol, 4 musiciens Juifs (dont 2 malgré eux) et un Tzigane finissent par se rencontrer. Un étudiant en théologie qui décide de renier Dieu, un autre qui a peur de mal se comporter et qui a besoin d'autorité pour se sentir en sécurité, une fille délurée courant après un homme mûr qui ne veut pas se laisser mettre en cage si facilement mais est néanmoins jaloux dès qu'un autre s'approche d'elle, les personnages sont très attachants mais aussi très Sfariens et on n'échappe pas au sentiment de déjà vu. Les petites historiettes s'enchaînent les unes après les autres, sans être mémorable et sans qu'il y ait vraiment de fil directeur. L'ambition de Sfar de faire découvrir la musique Klezmer est un échec: les "Yom va yom va yam bam bom bam yom shili bili yom, Bom! Bom! Bom! Bom!" frisent le ridicule et ne satisferont aucun mélomane. A part la couverture et une pleine page, aucun dessin n'arrive à faire passer une ambiance musicale - on est très loin de Chagal, qui est mentionné dans l'album. Bref, un livre pour les inconditionnels de Sfar et les nostalgiques de la culture Juive en Europe de l'Est, deux groupes dont je ne fais pas partie.
Zèbre par Quentin
Ambassadeur de l'enfer, Grand astrologue de la cour des miracles, magicien de cirque, exorciste indicateur de police, escroc vendeur de rêve et de fantaisie, rebouteux et devin foireux, zèbre évolue dans le Paris interlope des charlatans, mendiants, lépreux, bêtes de cirques, faux fantômes, nains de jardin et géants aveugles. Publiés à la grande époque d'(A Suivre), ces histoires nous remettent en mémoire l'importance que joua cette revue pour renouveller la BD et la libérer de ses carcans traditionnels. Les chutes des histoires ont d'ailleurs elles aussi le goûts des récits d'(A Suivre) d'antan, en finissant plutôt mal dans une ambiance mi-mélancolique, mi-blasée. Cet album permet également de découvrir les premiers travaux de David B. sous l'angle d'un genre (abandonné par la suite) qu'il maîtrisait relativement bien. Bref, un David B. différent mais néanmoins très intéressant.
"Le croquemitaine" est le premier album de Lebeault que je lis et je ne l'aurais sans doute pas acheté s'il n'avait pas été publié dans Aire Libre. Le récit est une sorte de "V comme vendetta" naïf, cliché et peu abouti, où les héros sont des enfants orphelins ayant perdu leurs illusions et luttant contre le monde des adultes qui les ont abandonnés. Je referme l'album avec un avis mitigé. Certaines ambiances sont assez réussies. Par exemple, les dessins et les couleurs arrivent à faire passer un sentiment de claustrophobie (tout se passe en huis clos dans l'enceinte d'une petite ville) et donne l'impression que tout se passe dans un petit théâtre de marionnettes. D'un autre côté, le scénario pêche par une certaine inconstance dans l'enchaînement des événements qui semblent à la fois aléatoires et inévitables, et par une galerie d'acteurs trop manichéiste. Cela laisse une BD qui est trop adulte pour un jeune lectorat mais trop naïve pour des adultes.
“Ces années là” est une suite de gags en 2 pages sur des lycéens d’aujourd’hui. C’est un peu le « Germain et nous » du début du 3e millénaire, bien que ca parle plus de rapports entre copains que de rapports avec les parents et plus des fêtes et plans dragues que des problèmes d’ado. Les dialogues et jeux de mots de Peyraud sont toujours bons malgré un vocabulaire pseudo-chébran peu crédible qui finit par énerver. Les histoires sont malheureusement trop courtes pour pouvoir développer quelque chose de vraiment intéressant, même si ce n’est jamais con non plus. En fin de compte, cet album cible un public d’adolescent ou de jeunes adultes qui me parle assez peu.
Aller simple par Quentin
La guerre n'est pas qu'une série de bataille décisives qui font l'histoire et les soldats qui y participent ne sont pas tous des héros se battant pour un idéal. La plupart du temps, pour un soldat, elle se résume à des mouvements de troupe, au nouveau logement, à la nourriture qu'il faut trouver, au courrier qu'on attend avec impatience, aux discussions pour tuer le temps, au désir de s'en sortir à moindre frais. "Aller simple" est du même tonneau que "La guerre d'Alan": un récit basé sur les mémoires d'un ancien combattant Italien qui n'a jamais tué personne pendant sa drôle de guerre, servi par de beaux dessins aux très belles couleurs ocres en bichromie. Piero Macola prouve avec cet album qu'il est un conteur hors pair, maîtrisant parfaitement le rythme du récit et capable de faire passer des ambiances et des sentiments subtils. Un auteur avec qui il faudra compter.
Ce cinquième tome continue sur la lancée des précédents. On suit une bande de copains dans les petites histoires qui font les grandes joies et les grands drames de leur vie quotidienne. Speeddating, échange de numéro de téléphone avec une inconnue, frissons d'une rencontre dans laquelle on se sent tout à coup sexy et désiré(e), regrets et fantasmes attachés à l'ex-amant, Peyraud continue de décrire la vie sentimentale d'une génération de bobos Parisiens. C'est léger, c'est insignifiant, mais c'est raconté sur un ton doux-amer qui balance entre une gentille moquerie et un respect profond pour la vie des personnages. A la lecture des précédents tomes, je croyais que je me lasserais vite de cette série tellement tendance et contemporaine qu'elle en devient parfois "relou" et à la limite du cliché. Mais finalement non, je continue d'en apprécier la lecture. C'est dans l'air du temps et ca risque de très mal vieillir, mais ca fait mouche ici et maintenant.
Marco et son entourage doivent apprendre à vivre avec la disparition du père. Apprendre à le redécouvrir également à travers les photos et les écrits qu'il laisse. Après l'avoir idéalisé, même dans les pires moments de sa déchéance, la chute est dure. Faut-il alors éviter de reproduire l'histoire en évitant de se reproduire, en ne se reproduisant qu'à travers la création artistique, ou peut-on tout changer en ayant un enfant? Tels sont quelques uns des thèmes de cet album, qui plonge dans l'introspection à la recherche de ce qui est précieux et essentiel. Les lourdes réflections d'un personnage nombriliste, dépressif et parfois pathétique sont ponctuées de purs moments de grâce qui justifient à eux seuls l'achat de l'album.
Cet album présente 5 courts récits du quotidien en apparence ordinaires mais ayant tous un petit décalage vis-à-vis de la "normalité", créant ainsi un sentiment d'étrangeté et de malaise. Le noeud des scénarios est minimaliste et tout est dans les situations, le but étant de fabriquer du bizarre et de créer des sentiments plutôt que de raconter une histoire ou de faire réfléchir. Une démarche très "artistique", qui s'explique sans doute par le fait que Karen Shadmi est un peintre/illustrateur flirtant avec la BD (voir par exemple la superbe couverture). Cet album n'aurait pas détonné dans Métal Hurlant, mais il nous arrive malheureusement avec une génération de retard. A noter qu'on peut télécharger gratuitement trois histoires courtes (dont une des 5 histoires de la BD) sur le site internet de l'auteur: www.korenshadmi.com
Qu'est-ce que la dépression ? Comment la représenter en BD ? Sur les traces de David B. qui donnait à la maladie de son frêre les traits d'un serpent à pattes, Capucine représente la dépression de Marilou sous forme d'un monstre possesseur et envahissant, l'empêchant de vivre sa vie. Mais qui est ce monstre ? Il est tantôt extérieur, tantôt intérieur ; tantôt indispensable et tantôt menacant, tantôt familier et tantôt étranger. Parfois le monstre disparaît et c'est Marilou qui se voit elle-même comme un monstre, exprimant ainsi son mal-être. Capucine et Olivier Ka explorent dans le Philibert de Marilou certains recoins de l'âme humaine. Ce n'est pas très joli, mais c'est admirablement bien raconté et dessiné.
Ingmar est un viking pleutre, fainéant, et utilisant plus son cerveau que ses muscles. Il doit se mesurer à son frère, qui est tout son contraire, pour déterminer qui héritera du statut de chef. Cet album m'a tout de suite fait penser à Lincoln, dont il est assez proche dans le ton (en moins iconoclaste), dans les dessins, et avec qui Ingmar a pas mal de traits de personnalités en commun. Les situations sont drôles et s'enchaînent bien, quoiqu'on ne sache pas toujours dans quelle direction le scénario se développe. Bref, j'ai trouvé ce premier album réussi, bien que parfois un peu superficiel et décousu. J'attends le tome suivant pour voir où tout cela nous mènera.
Leonora par Quentin
Autant je peux adorer David B. quand il dessine ses propres histoires, autant je reste dubitatif vis-à-vis de ses collaborations avec d'autres. "Leonora", dessiné par Pauline Martin (dont j'avais apprécié "La meilleure du monde") ne fait pas exception à cette règle. On retrouve l'univers ésotérique de David B. sur fond de quête du Graal et de quête de soi, avec moult géants, nains, fantômes, lettres animées, sorcières, chevaliers et symboles; on retrouve même certaines cases à la David B. dessinées comme des enluminures. Mais ca ne colle pas. Malgré quelques passages plus ou moins réussis, le tout reste assez superficiel et n'est pas convainquant. Je ne crois d'ailleurs pas que cela aurait été mieux si David B. avait tenu le pinceau (les 4 savants et les incidents de la nuit ne m'enthousiasment pas beaucoup plus). Ca ne vaut pas ses 20 euros.
Un "club des 5" mixte (trois garcons, deux filles, de couleurs de peau et d'âges différents), un grand mystère (tous les habitants de la ville disparaissent du jour au lendemain): les ingrédients sont réunis pour faire quelque chose qui accrochera les jeunes lecteurs en quête d'aventures, de frissons, d'émotions et de reconnaissance sociale. J'aurais sans doute adoré découvrir cet album dans ma jeunesse, mais il ne fait malheureusement pas partie de ceux dont la lecture procure autant de plaisir aux grands qu'aux petits.
Le vagabond par Quentin
Ils sont frères. L’un est fort, l’autre est faible. L’un a tout mais n’est pas comblé pour autant, l’autre n’a rien car le premier lui a tout pris. Et pourtant, malgré la jalousie et la haine accumulées, le second va sauver le premier, et se sauver lui-même par la même occasion. « Le vagabond » se déroule dans un cadre urbain contemporain, mais possède néanmoins tous les ingrédients d’une tragédie antique: amour et haire, vengeance et rédemption, libre-arbitre et destin, relations de parenté à la fois simples et compliquées. Il flotte par conséquent un parfum d’atemporalité qui donne au récit une ambiance unique. Quant aux dessins, ils sont proches de ceux de Mattotti: très expressionnistes, à la fois dans les traits et les couleurs, et absolument fabuleux. Cet album est une réussite totale.
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