Les 370 critiques de herve sur Bd Paradisio...

Les aventures de Lefranc me rappelent le temps lointain où j'empruntais les "Alix" et autres histoires de Jacques Martin à la bibliothèque (c'était la bd politiquement correcte, cetirus paribus) Je me suis, depuis, éloigné de l'oeuvre de Jacques Martin, mais là, au détour de deux sorties éditoriales, j'ai repris goût aux aventures de ce journaliste vraiment hors du commun. Passionné de bande dessiné, j'ai succombé à la tentation de l'achat du vrai-faux fac similé de "l'ouragan de feu", je dis vrai-faux car le quatrième de couverture cite comme deuxième aventure de Lefranc, "le maître de l'atome", alors parfaitement inconnu dans les années 50. Si le choix éditorial de placer "Le maître de l'atome" entre "La grande menace" et "L'ouragan de feu" est parfaitement judicieux, je trouve dommage, en tant que collectionneur, d'inscrire ce présent opus dans le quatrième de couverture du fac-similé de "L'ouragan de feu". Au passage, je me demande pourquoi les éditions Casterman n'ont pas commencé leur réedition par "La grand menace". Malgré quelques fautes d'orthographe (ou d'étourderie), j'ai trouvé un énorme plaisir à lire ce nouvel album. Les auteurs, tant au niveau du scénario, que du dessin, ont su admirablement conservé cette atmosphère suranné des années 50, où les conférences de Genève supplantaient nos actuels G5,G6, voire décision de l'ONU. En lisant cette reprise formidable de cette série, je ne peux que songer à Edgar Jacobs et à Hergé, tant les références y sont nombreuses ("Le secret de l'espadon", "L'affaire Tournesol"). Cette reprise fort réussie des aventures de Lefranc m'a donné envie de me replonger vers la saga originale de Jacques Martin.
Voici une bande dessinée, qui, pour une raison encore mystérieuse, faisait partie de ma pile "bd en attente". Peut-être que devant le flot d'éloges innondant ce récit (certains le voient comme prix possible au prochain festival d'Angoulême), j'avais peur, soit d'être déçu, soit frustré de n'avoir pas su dénicher plus tôt cette fabuleuse pépite. Ayant eu pourtant connaissance de la trame du livre, j'ai été littéralement bluffé par la maîtrise du sujet. Une approche calme, méthodique presque chirurgicale de la pédophilie. Il est des livres qui nous prennent à la gorge, "pourquoi, j'ai tué Pierre" en fait évidemment partie. Le récit d'Olivier Ka est poignant, et encore plus que l'acte lui-même, répugnant, ce sont les dernières pages du récit qui m'ont bouleversé (en fait, les 30 dernières pages). A l'image d'Alfred, dans le récit, on reste sans voix. Cette voix off, tout au long de ces dernières superbes pages de paysage, raisonne encore dans ma tête tant le drame est y à la fois présent et pesant. Dans le film "Adèle H." de François Truffault, la dernière phrase était (si ma mémoire est bonne) : "je n'ai plus de haine, non, j'ai dépassé la haine". Je pense que l'on peut appliquer cette phrase à la conclusion de ce bouleversant livre. L'illustration d'Alfred est à la hauteur du récit, et je ne peux que saluer cette association d'auteurs. Un livre à mettre à la portée de tous et qui, je l'espère, trouvera sa juste place dans les bibliothèques.
J'avais suivi la prépublication du "Long voyage de Léna" dans le magazine Bodoï et j'avoue que je m'étais ennuyé à la lecture de cette histoire (je n'avais même pas pris la peine d'en achever la lecture). Puis le formidable livre "entracte" édité chez Daniel Maghen m'a redonné le goût et l'envie d'acheter le dernier livre d'André Juillard, dont les avis sont plus que contrastés sur ce site. Edité fort à propos dans la collection "Long courrier" de Dargaud, j'ai été séduit par ce long et lent voyage de Léna, une immersion dans un monde d'espions, mais aussi fuite en avant pour rattraper un passé mystérieux qui, une fois révélé, nous faire lire cette histoire autrement. Je ne suis pas du tout un afficionado de Pierre Christin (dans sa longue bibliographie, je pense n'avoir lu que deux de ses livres) et sans le dessin d'André Juillard, je serais sans doute passé à côté de cette histoire nonchalente, presque surannée, à l'image de ces "honorables correspondants" peuplant l'histoire. Une démarche audacieuse de Pierre Christin qui peut dérouter certains (j'en ai fait partie) mais qui trouve sa justification dans le dénouement. A lire mais surtout à relire.
Deux ans... il aura fallu plus de deux ans d'attente pour connaître la suite des aventures de Gabriel. Emmanuel Lepage nous gratifie ici d'une superbe couverture qu'il faut mettre en parrallèle avec le premier tome. Du jeune sémanariste, on peut en effet voir qu'il n'en reste rien. Rien, sauf, l'idéal; celui que sa famille voulait qu'il mette en Dieu, il le place maintenant dans les hommes, ces révolutionnaires qui tôt ou tard, prendront inexorablement le pouvoir. Mais ce second volume tourne surtout autour des attirances sexuelles d'un Gabriel désormais défroqué. Après s'être perdu dans le monde de l'Eglise, Lepage décrit là un jeune perdu dans le monde des hommes. Mais ce qui fait la force de cet opus, c'est sans nul doute le formidable dessin d'Emmanuel Lepage qui nous fait ressentir la moiteur de la fotêt vierge, la chaleur du climat tropical et les passions des hommes et des femmes. Tolérance, beauté et rebellion sont les maîtres mots de cette bande dessinée. Un diptyque incontournable pour tout amateur de bande dessinée. Il faut de toute manière se replonger vers les "voyages d'Anna" édité par Daniel Maghen (en 2005) pour retrouver l'univers si particulier de Lepage, dessinateur tourné vers l'Autre.
Christophec Bec, décidemment très prolifique depuis quelques mois avec ses nouvelles séries "Le temps des loups" et "Bunker" signe là la conclusion de "Carême", série débutée en août 2004. Si le premier volume faisait la part belle à la rencontre heureuse entre Aimé et Martinien Fidèle, et le second au succès de nos héros (d'ailleurs la phrase de Cioran illustre parfaitement cette série "j'ai connu toutes formes de déchéance, y compris le succès"), ce dernier opus est plus grave, plus tragique, bref plus fidèle (sans jeu de mot) à l'univers de Christophe Bec. Un univers très noir ici, à la fois emprunt d'élèments du 19ème siècle (les décors magnifiquement dessinés par Paolo Mottura, font parfois songer à une Vienne d'opérette) mais aussi à Métropolis. Notre sérial scénariste n'oublie pas, en effet, la triste actualité pour étayer son scénario. C'est d'ailleurs là le tour de force de cette série, celui de passer d'une ambiance quasi champêtre aux sinistres attentats de New York en 2001, alors que le lecteur ne l'attendait pas. Outre le caractère politique de ce dernier volume, le monde féroce de l'édition de la bande dessinée y est très présent : l'aspect vieillot des bandes dessinées cartonnées vu par le" nouveau monde" ;les règlements de compte avec certains "l'avant-garde... quelle couillonnerie!". Bref, une double lecture qui fait de cette série un triptyque très riche. N'oublions pas les formidables doubles pages présentes dans cet opus qui mettent en valeur le dessin très réussi et surtout très vivant de Paolo Mottura. A une époque où les séries fleuves sont légions, il est très agréable de lire une histoire de qualité en 3 volumes.
Après l'heureuse surprise du premier volume, l'auteur continue son petit bonhomme de chemin en signant un deuxième opus passionnant. Même si le personnage d'Esteban reste en retrait dans le présent volume, l'histoire n'en est pas moins prenante. La pêche à la baleine s'estompe en effet devant le mystérieux personnage du capitaine, aveuglé par la haine et (trop) passionné par son métier. Car le personnage principal, ici, c'est bien ce capitaine balafré, respecté et craint par son équipage, bref un meneur d'hommes. Ce diable de Bonhomme (Matthieu, de son prénom) nous fait en outre le mauvais coup de nous faire patienter jusqu'au prochain volume pour connaître la fin de cette aventure glacière. Les dessins sont toujours aussi magnifiques et l'auteur nous distille, à travers le personnage d' Esteban, des petites histoires terrifiantes, qui font un peu respirer ce récit halletant. Embarquez pour l'aventure, vous ne le regretterez pas.
Deuxième épisode d'une série qui, de plus en plus, me fait songer au désormais célèbre "Pirates des Caraïbes". On oscille en effet sans cesse entre "L'île au trésor" et les films d'aventures hollywoodiens. Pourtant, c'est bien dans la collection "Celtic" de Soleil que l'on trouve cette bd car l'univers des légendes (les Elfes et celle de Merlin ) bretonnes dominent ici. Je regrette tout de même dans cet opus les formidables doubles pages qui étaient présentes dans le précédent volume. Et puis "Soleil" oblige, nous n'échappons pas à la scène gratuite de la belle fille guerrière aux seins nus (bon, il faut faire avec, non ?). Sinon, l'histoire s'ancre plus dans la réalité avec l'apparition d'un personnage mythique de l'histoire de France et d'Italie. Malgré une couverture assez ratée, il faut l'avouer (comme l'était celle du premier opus), j'ai été séduit par cette aventure de pirates, assez originale et surtout prenante. Et vivement le prochain numéro pour voguer vers de nouvelles aventures avec le capitaine Mériadec.
Je vais encore faire hurler certain(e)s mais "La geste des chevaliers dragons" est une série que j'affectionne particulièrement. Même si certains épisodes sont moins bons que d'autres, Ange a su créer un univers original et intéressant. Le dernier album faisait appel à la force et au tragique, ici, pour une fois, l'humour est au rendez-vous grâce au personnage de Jo, véritable ovni dans cette caste de chavaliers. Niveau scénario, la boucle est bouclée pour la recherche du pendentif, et ce d'une façon originale et drôle. Je suis resté en outre sous le charme du dessin de Christian Paty, qui s'accorde parfaitement au monde des "chevaliers dragons". De l'humour (beaucoup), de l'action, du charme (n'oublions pas que l'éditeur est "soleil") bref un opus qui fait vraiment honneur à cette série.
"La fille du Yukon" c'est d'abord une très belle couverture qui illustre parfaitement le climat de l'aventure : une histoire d'hommes et de femmes dans une nature hostile. Ce western (version "ruée vers l'or" en plus dramatique) tient bien la route malgré un dessin parfois approximatif (j'ai en effet eu du mal à distinguer Lew Frane, le bon samaritain, de Mister Lynch, le détective). Dans ce deuxième volume, on en apprend plus sur Justin, personnage principal de cette histoire. Ce qui m'a plû dans cet opus, c'est la place de plus en plus primordiale accordée aux femmes dans un univers rude et violent. Philippe Thirault exploite ici les pires sentiments humains (avidité, vengeance, folie, lâcheté) dans un univers qu'il connait parfaitement, celui des chercheurs d'or (il avait auparavant signé "Lucy" toujours chez Empreinte(s)-Dupuis). Le prochain volume clôturera l'aventure de nos amants en fuite. Vivement la suite.
N'en déplaise à certains, la reprise de lLucky Luke par le tandem Achdé-Gerra est une chance salutaire pour le pauvre cow boy solitaire qui s'enlisait dans des scénarii sans intérêt et un dessin malheureusement statique du grand Morris (on se souvient tous des copiés-collés des derniers albums de feu Morris). J'avais déjà salué la bonne qualité de "La belle province", malgré les défauts inhérents à un premier album. Ici, les erreurs de jeunesse sont gommées (moins de jeux de mots, et surtout moins d'allusions à des stars actuelles, au contraire, les "guest stars" comme John Wayne ou Kirk Douglas sont plus à leur place ici). Avec quelques clins d'oeils à la grande époque, Gerra signe là un scénario presque impeccable où l'on rit souvent (les Dalton sont irrésistibles dans cet album). Beaucoup de trouvailles, beaucoup d'humour et un dessin extremement vif d'Achdé, très proche pourtant de celui de Morris, bref un bon moment de détente. Que les puristes et les grincheux apercevant le nom de Gerra sur la couverture, en fassent abstraction. Oubliez le Gerra de la télévision et savourez le Laurent Gerra scénariste qui fait revivre un Lucky Luke digne de Morris et Goscinny.
Missy par herve
Les habitués de bdparadisio connaissent dores et déjà "Missy". Née, entre- autres, dans la partie dédiée aux jeunes auteurs, en novembre 2005, "Missy" a grandi dans les pages du forum de ce site, sous le regard de Benoît Rivière, scénariste, de Hallain Paluku, dessinateur, et de Svart, coloriste; et le tout sous la houlette active d'un dénommé Coacho (obscur personnage, je ne sais si vous le connaissez...), véritable parrain de "Missy" sur bdparadisio. "Missy" c'est d'abord une superbe couverture, et ensuite un style original. Le parti pris de Hallain Paluku est risqué mais, à mon avis le plus payant: celui de dessiner des personnages sans visage. ( dans le forum, vous avez, en l'occurence, l'occasion d'admirer les dix premières planches avec les visages , pour voir la différence). Mais "Missy" c'est aussi une vie, une vie d'une Marilyn de Cabaret, ballotée entre la nuit (et tout ses feux) et l'ennui (avec des réveils difficiles). C'est l'histoire d'une rédemption ratée où l'espoir rime plutôt ici avec "au revoir". L'histoire oscille sans cesse entre l'atmosphère glauque des cabarets (avec le patron dirigiste, les rivalités entre filles) et le fragile équilibre de Missy. Elle est si touchante que l'on finit par presque en tomber amoureux. "Missy", très forte en apparence (sans faire de jeux de mots), mais si fragile intérieurement... Depuis plus d'une semaine, je fais découvrir cette bd à mon entourage et nul n'a encore été déçu par l'originalité du dessin, au contraire la surprise joue en sa faveur. Même si j'avais deviné la fin, cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu à lire cette bd, même à la relire. Un bon scénario, des couleurs superbes, et un dessin que l'on ne peut pas oublier...que demander de plus à une bd ? Je souhaite donc bon vent à "Missy". Bravo aux auteurs.
Les éditions Dargaud ont une conception très élastique de la notion de hors série. Après le très réussi et incontournable "Blacksad, l'histoire des aquarelles", ce nouveau titre "Je reviendrai" fait pâle figure. Pourtant, la série "Rapaces" se prêtait à un tel honneur. Le dessin de Marini sur cette série pouvait à lui seul justifier une édition spéciale. Hélas, la majorité des dessins n'est pas constituée que d'inédits. Le texte, qui débute par une présentation du trop énigmatique frère Exeter, n'apporte rien à la série et j'aurais préféré, à la place, avoir des indications graphiques de la part de Marini. Les croquis, certes beaux, arrivent de manière brute, sans annotation de la part des auteurs. Ce livre est un patchwork de croquis, d'extraits d'albums, de dessins en couleurs directes, de crayonnés, le tout sans aucune ligne directrice. Dommage... Reste les superbes pleines pages de Marini. Livre à réserver aux fans de cet auteur.
Hurlevent par herve
Le hasard est curieux. Je relisais la semaine dernière "les mémoires intérieurs" de François Mauriac. Celui-ci notait dans ses carnets en 1959, en parlant de "Haute-Painte" (autre traduction pour "Wuthering Heights") : "mais je n'ai jamais douté non plus qu'un grand livre comme celui d'Emily Brontë a été lentement formé par les alluvions d'une vie et qu'il s'est enrichi jour après jour de son désir et de sa douleur". Et voilà que je tombe sur cette bande dessinée "Hurlevent", scénarisé par Yves Leclerq, qui s'inspiré d'un épisode de la vie d'Emily Brontë pour expliquer la naissance de ce monument de la littérature mondiale. Si l'histoire se lit bien, un sentiment de malaise s'instaure au cours de la lecture. Deux explications peuvent être données : d'une part, il existe bel et bien un côté morbide voire malsain dans ce livre ; et d'autre part, le dessin vient accentuer cette étrangeté. Je suis surpris par le parti pris de Jérôme Deleers qui opte ici pour la quadrichromie, ce qui donne un aspect "photo" à ses planches. Mais surtout, j'ai eu du mal à m'habituer aux visages qui semblent avoir été collé sur les corps des personnages. Plus on avance dans l'intrigue, plus les têtes semblent se détacher des corps... Par contre, les décors en arrière- plan sont somptueux et ayant été à plusieurs reprises à Bruges, je ne peux que m'incliner devant le travail documentaire effectué par Deleers. Avis mitigé donc mais ce livre se lit avec plaisir.
Merci Patron par herve
Il est des livres qui nous serrent la gorge jusqu'à la fin, "Merci patron ", tout comme "Colombe et la Horde "(Simon Hureau), à son époque, est de ceux là. Comment derrière une couverture bucolique et un titre presque chantant, deviner qu'un véritable drame se cache ? Rui Lacas, jeune auteur portugais, (tiens ! Pierre Paquet après sa longue période espagnole, part à l'assaut de la péninsule lusitanienne chercher des auteurs ?) nous dépeint le portrait d'une pauvre famille portugaise pendant les années 80. Dans un pays non encore ouvert au marché européen (il faudra attendre 1986 pour que le Portugal rejoigne ce que l'on appelait alors la C.E.E), c'est un véritable pouvoir seigneurial que nous raconte Lacas, le pouvoir du fameux "Patron". Un dessin, certes assez simple, des personnages, qui ne sont pas des gravures de mode, et des couleurs parfaites, le tout donnant de la puissance à cette histoire dramatique. Peu d'espoir, peu de rire mais une très lente déchéance parfaitement mise en image par Rui Lacas. Un portrait bouleversant, allant même jusqu'au dégoût (page 79), d'une jeune fille qui arbore pourtant un sourire radieux sur la couverture. C'est "La terre" de Zola revisité par Rui Lacas. La collection "Blandice" s'enrichit, une fois de plus ce mois-ci, après "La guerre du professeur Bertenev" et "Mélodie en crépuscule " d'une nouvelle pépite.
Comment transformer une mort presque anonyme (ayant pourtant fréquenté Brest pendant presque 20 ans, je n'avais jamais entendu parler d'Edouard Mazé) en une épopée flamboyante. C'est le pari de trois hommes : Kris, Etienne Davodeau et de René Vautier, "le cinéaste franc-tireur". Davodeau a un talent qui n'est pas donné à tout le monde, celui de prendre parti intelligemment dans toutes ses bandes dessinées. L'alchimie entre ces deux auteurs (Kris et Davodeau) nous offre un témoignage engagé, sur les luttes syndicales féroces dans une ville de Brest où "tout n'est plus pareil et tout est abimé" (comme l'écrivait Jacques Prévert), méconnaissable (d'où la réaction de René à sa descente du train) en pleine transformation dans les années d'après guerre (je devine d'ailleurs dans la présentation faite au cinéaste, page 23, la ville d'aujourd'hui). Il est des livres qui font un travail de mémoire, "la mort d'un homme" est de ceux-là. Outre le dossier fort bien documenté à la fin, il ne faut pas oublier que la période de l'après guerre fut dominée par des conflits sociaux d'une rare violence (d'où la création en 1947, de la Compagnie Républicaine de Sécurité - les CRS -), inimaginable aujourd'hui. Et là, à Brest ce 17 avril 1950, un homme est mort... "un homme est mort" sonne comme une litanie tout au long de ce livre. Après "Rural" et "Les mauvaises gens ", c'est encore un chef-d'oeuvre que nous livre Davodeau (n'oublions pas Kris, au scénario) chez Futuropolis, décidement très prolixe en petits bijoux ("Le sourire du clown", "Les petits ruisseaux"). Un très beau travail à tout point de vue : dessin, scénario, recherche documentaire. Ici, l'émotion succède au rire, la révolte au désarroi. Aventure d'un film, dont, tout comme la ville de Brest, "il ne reste rien"... sauf ce témoignage.
Angela par herve
Dans un premier temps, j'avais acheté la version "noir et blanc" d'Angela. J'apprécie en effet beaucoup le dessin de Vatine, dessinateur que j'ai découvert assez tardivement. Ce n'est que depuis la lecture de ce western que je continue à persévérer dans l'univers à la fois de Vatine, avec "Aquablue" (dans l'intégrale Delcourt parue en septembre) et de Pecqueur (aussi à travers l'intégrale de "Golden city" éditée à l'occasion des 20 ans de Delcourt). Le scénario d'"Angela" m'a vraiment attiré, même s'il ne révolutionne pas le western, tel qu'il est décrit dans la bande dessinée.(et en outre, il est pas beau ce train lancé à grande vitesse...). Giraud ayant quasiment monopolisé le western dans la bande dessinée (avec aussi Morris avec "Lucky Luke", et Swolf avec "Durango"), il est fort rare de voir des auteurs s'immiscer dans ce domaine, mis à part Desberg et Marini pour le formidable "Etoile du désert" et Vatine et Pecqueur pour le présent album. J'ai cédé pourtant à l'édition dite normale d'"Angela" tant les couleurs d'Isabelle Rabarot et d'Olivier Vatine himself font ressortir l'histoire. Il est assez rare de noter que c'est bien la première fois que je préfère la version couleur à celle de l'édition limitée en noir et blanc. Même si l'histoire se traite en one shot, j'ose tout de même espèrer que le final de cette aventure augure d'une suite à la hauteur de cette histoire. Et puis honnêtement, vous pouvez passer à côté d'une couverture aussi sublime sans céder au mécanisme pervers de l'achat compulsif ? En tout cas, moi j'ai craqué doublement. Et puis ma femme s'appelant "Angela" je me devais logiquement de craquer pour un tel titre, non ?
Comment dire... dans ce troisième volume, Van Hamme fait du Van Hamme. En condensant l'aventure sur un seul volume, le scénario devient trop invraissemblable. Suzan est une apprentie espionne assez naïve dans cet album : les confidences (sur l'oreiller) et ailleurs sont légions ici, bref pas discrète la Suzan (avec de telles espionnes, le monde occidental est mal barré). Même replacé dans un contexte international dominé par le terrorisme et la mafia de l'Est, les ficelles du scénario sont un peu grosses, d'ailleurs, ce n'est plus de la ficelle mais de la corde. Malgré tout, les dialogues sont souvent percutants voire assez drôles. Petite déception donc, après un dyptique réussi.
Pierre Paquet a pris l'habitude depuis quelques années d'embaucher des auteurs par delà la barrière des Pyrénées. Et bien lui en a pris pour la présente bande dessinée, publiée dans la fort élégante collection "Blandice", qui reste pour moi un gage de qualité depuis sa création. D'abord, le format de 76 pages permet à l'auteur de réaliser sur la longueur ses propres idées sans être enfermé dans le carcan des 48 voire des 62 pages. Outre le bon scénario sous jascent à cette bd, le dessin d'Alfonso Zapico est excellent. Il y a du Tolstoï dans le personnage du Professeur Bertenev, couard devant l'ennemi mais fier de sa nationilté russe, fier de la littérature russe. L'auteur , Alfonso Zapico, à la fois scénariste et dessinateur nous offre là un portrait fabuleux d'un intellectuel russe, rebelle au pouvoir tsariste mais proche de ses ennemis, bref un ami du "siècle des lumières" dans une russie encore moyenageuse. J'ai vraiment adoré ce personnage de professeur, perdu dans la guerre de Crimée, idéaliste du moment, pacifiste avant l'heure. Il y a du "lincoln" dans l'air mais aussi un film avec Dany De Vito (où celui ci donnait des cours à des soldats en mal de reconnaissance). La fin reste ouverte et permet d'espérer une suite où le personnage, idéaliste fort déçu par les hommes et par la guerre, veut se refaire une vie par delà l'atlantique. Voici donc une bd dont je n'ai vu aucune publicité, qui célèbre à la fois l'héroïsme guerrier, l'humanisme du vainqueur et la fragilité de la paix, sur un fond (mais assez discret ) d'histoire d'amour. C'est drôle, émouvant, simple, cela m'a fait songer à du Chaplin. Mon coup de coeur du moment. Lisez-le.
Mais que diable vient faire Baudelaire dans cette galère. Ballotté de calèche en calèche, d'intermédiaire en intermédiaire, notre poète maudit national se fond dans un rôle qui ne lui convient guère, celui d’espion ou plutôt de petit télégraphiste de son éditeur. Autant j’ai apprécié les bande dessinées signées Tarek comme "le tsar fou" ou plus récemment "Raspoutine" voire l'excellent "Sir Arthur Benton", autant je suis déçu par ce nouveau scénario, j'avoue même m'être ennuyé. En voyant le titre, je m'attendais à du grandiose, au lieu de cela, je n’ai vu qu'un jeu de piste sans intérêt, complètement insignifiant. Admirateur de Baudelaire, que je tiens pour un des plus grands poètes français (lisez plutôt sa biographie par Claude Pichois, le spécialiste du poète, chez Fayard,), je déplore l’utilisation malheureuse du personnage. Le traducteur d'Edgar Allan Poe méritait un meilleur sort. Pourtant, le dessin en noir et blanc de Mornière est parfaitement adapté à l’atmosphère du scénario mais malheureusement cela ne sauve pas l'ensemble. Grosse déception.
En tant que collectionneur, j'ai l'habitude de succomber à la tentation des "making off" comme celui du crayonné des "Nancy Hart" (les Tuniques Bleues), ou encore à "L'arrière boutique du magasin général" (Loisel et Tripp), voire du formidable (pour les dessins et la fabrication- laissons de côté le désastreux scénario) d'Astérix et "la Traviata", sans oublier le manuscrit de "Western" de Van Hamme et Rosinski. C'est donc avec impatience que je me suis jeté sur ce 49Z , curieux sous-titre de cet album. Le format est fort plaisant mais l'intérieur du livre est décevant. J'hésite entre le "foutage de gueule" et "l'arnaque scénaristique". Ma mauvaise habitude de consulter une revue ou un livre par la fin m'a joué un tour (en effet, la fin du livre est consacrée à l'adaptation du scénario de Morvan par Munuera, qui reste au demeurant la partie la plus intéressante mais aussi la partie traitée de la plus pauvre façon, dommage). Car, ce livre résulte plus d'un ersatz du guide du routard que d'un "making off" digne de ce nom. Et que dire de l'adaptation "manga" de Spirou et Fantasio qui libère à tout jamais et malheureusement, nos deux héros, de l'univers franco-belge dans lequel ils évoluaient depuis Franquin (désolé mais pour moi, Franquin reste, sinon le Repreneur, mais le véritable dessinateur de Spirou - pardon pour les autres). Au risque de me voir attirer les foudres des talibans de la grammaire - qui ne m'ont guère épargnés lors d'une de mes critiques précédentes sur une bd de Sfar - je qualifierai ce livre de "parfaitement dispensable".
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