Les 352 critiques de yannick sur Bd Paradisio...

Mon dieu ! Quelle claque ! On pourrait croire que Simon Hureau qui est l’auteur de cette bd intitulée « Colombe et la Horde » en rajoute des tonnes dans la satire de l’horreur et dans le mélodrame mais quand on voit ce qui s’est passé avec l’affaire des Frères Jourdain il y a une dizaine d’années (que le temps passe vite !), je ne pense pas que Simon Hureau exagère avec ce récit ! Pourtant, cette histoire part plutôt bien avec la présentation d’une jeune vendeuse prénommée Colombe qui travaille dans une boulangerie et un jeune adolescent qui tombe secrètement amoureux d’elle. Et puis, à fur et à mesure de la lecture, le bédéphile découvrira d’autres personnages qui s’inséreront plus ou moins d’une mauvaise manière dans la vie de la (très) naïve Colombe… C’est avec le cœur serré que j’ai terminé la lecture de « Colombe et la Horde », c’est aussi avec un profond écœurement en fin d’album que j’ai suivi cette histoire se terminant difficilement. Au fil du récit, Simon Hureau nous entraine vers un monde sans pitié et plein de violence, il nous fait monter la tension pour ensuite la calmer pour enfin achever cette histoire à un degré d’injustice qui ne vous laissera pas insensible au destin de Colombe ! Derrière cette dramaturgie, Simon Hureau nous dépeint la détresse sociale d’une certaine partie de la population française qui s’exprime par une violence hors pair envers la société et au sein de leurs familles. Il nous dépeint aussi la situation fragile d’une partie des français par leur accès limité à la scolarité et par leur précarité professionnelle (petits boulots, travail à mi-temps, etc…) au détriment d’une petite classe sociale en plus en plus aisée, cette population a grand besoin d’être protégée ! Bien que ça soit par moments très stéréotypés, cette démonstration de la situation sociale de mon pays de la part de l’auteur ne m’est pas apparue aussi loin de la réalité que l’on ne pourrait le croire ! D’ailleurs, ce n’est certainement pas par hasard que Simon Hureau ait écrit son récit peu après les grosses affaires pédophiles et criminels qui ont secoué plusieurs pays européens (notamment en Belgique, France et Autriche…) au début des années 2000. Si j’ai acheté cette bd, c’est en souvenirs des albums que j’ai lus de Simon Hureau (« Palaces » et « Bureau des prolongations ») de Simon Hureau où j’avais adoré son style graphique. Je ne crois pas que la lecture de « Colombe et sa Horde » vous laissera indifférent ! Il suffit de lire les autres avis de bédéphiles sur cet album pour constater qu’il n’y a pas de juste : soit vous détesterez cette bd, soit vous l’adorerez ! Personnellement, je me classe parmi la seconde catégorie de lecteurs : bien que cette lecture soit une des plus dramatiques que j’ai pues lire, je vous conseille activement de feuilleter avec attention « Colombe et sa Horde » !
« Les Sauveteurs en mer » est la première bd de Damien Cuvillier (Auparavant, il avait participé au collectif « Cicatrices de guerre(s) » des éditions de la gouttière), ce dernier est un jeune auteur picard lauréat du prix régional de bandes dessinées au festival d’Amiens 2006. Il va très prochainement sortir une bd en collaboration avec Régis Hautière chez Delcourt. Mais revenons un peu sur ce premier tome des « Sauveteurs en mer »… Cette bd est décomposée en courts-récits humoristiques, elle met en scène une équipe de sauveteurs composée d’un vieux loup de mer Bathalazar qui est un personnage respecté par tous et qui est un adepte inconditionnel des méthodes ancestrales, de Maximilien un costaud spécialiste de tirages philosophiques en langue latine, du inévitable dragueur et j’en passe ! Bien entendu, chaque historiette se termine par une chute comique. Comme d’habitude, ce genre de bd comporte des gags inégaux mais il faut avouer que l’ensemble m’est apparu distrayant grâce notamment à la sympathique équipe des sauveteurs en mer. C’est une série sans prétention qui a pour but de nous sensibiliser aux missions de ce service de bénévoles qui surveillent le littoral français à l’image du mini dossier annexé en fin d’ouvrage. Quant au graphisme de Damien Cuvillier, pour une première bd, il s’en tire avec les honneurs ! A vrai dire, connaissant son travail, je ne pensais pas le voir dans une série humoristique mais d’aventure. Ses personnages sont tout de suite reconnaissables, on y sent dans sa bd l’influence de la bd comique franco-belge avec le style « gros nez ». Contrairement à la plupart des albums humoristiques parus chez les autres éditeurs, Damien Cuvillier n’a pas lésiné sur les décors. Bref, au niveau du dessin, c’est du bon boulot ! Même si j’aurais bien voulu que cet auteur fasse lui-même la mise en couleurs dont il maitrise à merveille (je reprécise que je connais bien son talent de dessinateur) ! Ce premier tome des « Sauveteurs en mer » m’est donc apparu comme une bonne introduction avec cette série. J’y apprécié son côté divertissant gentiment comique, la sympathique bande de sauveteurs et le joli coup de patte de Damien Cuvillier. Bref, c’est une bd sans prétention dont j’aimerais bien en voir plus souvent sur les étals des librairies… au lieu des productions du même genre sans intérêt publiés par les autres (et le présent !) éditeurs.
Cette nouvelle série est une commande des éditions Delcourt à Régis Hautière, l’éditeur lui a demandé de concevoir une bd sur l’odyssée de l’espace. Le scénariste a ensuite réalisé de nombreuses recherches et visionné maints reportages dont le fameux/excellent feuilleton documentaire « A la conquête de l’espace » montré sur la chaîne ARTE à l’occasion du 40ème anniversaire du premier pas de l’homme sur la Lune. Il s’accompagne dans ce projet de Damien Cuvillier, jeune auteur picard lauréat du concours de bandes dessinées du festival d’Amiens 2006. « La Guerre secrète de l’espace » est un récit mélangeant les genres espionnage et historique. Dans ce premier tome « 1957 – Spoutnik », le lecteur sera plongé dans une histoire où des meurtres feront leurs apparitions dans le centre de recherches spatiales russes Baïkonour. Laissons de côté l’aspect policier qui est imaginé pour s’intéresser aux faits historiques : la bd relate parfaitement les dates clés de la conquête spatiale des premiers essais du missile balistique international russe R7 (futur fusée " Soyouz ") jusqu’à l’envoi dans l’espace de la chienne « Laïka ». Sur ce point, les vrais fans, ceux qui sont intéressés par cet âge d’or de l’exploration de l’espace devraient lire avec plaisir cette bd à défaut d’y apprendre de nombreuses choses. Pour les autres bédéphiles, il est incontestable que cette série sera leur référence étant donné le peu de séries vraiment complètes sur la conquête spatiale présentes sur les étals des libraires actuellement. A noter que pour mon plus grand plaisir, Sergueï Korolev qui est le père du programme aérospatial soviétique est très à l’honneur dans cette bd ! A noter aussi la présence d'un mini-dossier en fin d'album. Quant au récit proprement dit, le lecteur découvrira une trame basée sur les tensions qui règnent sur sa base soviétique. Ainsi, on retrouvera l’inévitable agence d’espionnage et de renseignements KGB qui soupçonne tout le monde, les jalousies entre collègues, la corruption régnant dans le parti communiste et j’en passe ! Je ne sais pas si c’était vraiment comme ça à l’époque mais cet aspect policier m’est apparu très stéréotypé, c’est comme si les soviétiques étaient vraiment des êtres inhumains… bref, que du classique à défaut d’être vraiment convaincant. Parlons un peu du graphisme : Damien Cuvillier qui réalise là sa deuxième bd (après « Les Sauveteurs en mer ») a vraiment fait du bon boulot pour un bleu ! Je suis impressionné par sa capacité à passer facilement d’un style humoristique (« Les Sauveteurs en mer ») au genre semi-réaliste. Ses personnages sont identifiables au premier coup d’œil, les décors sont assez fouillés, sa mise en page aérée est très agréable, son découpage des scènes est fluide… bref, il n’y a -à mon avis- (très) peu de reproches à lui faire ! Si on laisse tomber l’aspect policier qui m’est apparu très classique, ce premier tome de « La Guerre secrète de l’espace » est assez intéressant et complet pour les lecteurs qui désirent découvrir les grandes dates et les dessous de l’âge d’or de la conquête spatiale. Cet album initial est centralisé sur la saga soviétique avec la fabrication de leurs premières fusées jusqu’à l’envoi du premier être vivant dans l’espace. A noter l’apparition d’un jeune dessinateur prometteur au nom de Damien Cuvillier…
Enfin ! Après des gros one-shots captivants mais chers (« Malet » est au prix de 19€00 et « D'Artagnan, journal d'un cadet » est vendu à 35€00 !), Nicolas Juncker nous présente « Immergés », une série en plusieurs tomes qui devraient permettre à ses fans d’étaler leur dépense ! Avec cette nouvelle bd au format traditionnel et au prix abordable, j’espère bien que cet auteur sera enfin connu du grand public. « Immergés » est une série ayant pour cadre un submersible allemand. Ça se passe au début des années 1940 et les sous-mariniers ignorent plus ou moins que la seconde guerre mondiale va bientôt éclater. En attendant, ces hommes n’avaient en gros que deux objectifs en s’embarquant sur les U-Boots : toucher leur payes (ils gagnaient plus que lorsqu’ils travaillaient dans la marine marchande) et une fois à terre, passer du bon temps avec les prostituées… mais une mauvaise surprise les guettent à leur retour : les SS souhaitent les interroger un par un… Je croyais tout savoir sur les sous-mariniers après lu des bds comme « Kaleunt » de Dimitri et vu des films comme « Le bateau » du réalisateur Wolfgang Petersen, eh bien, c’est loupé ! Avec « Immergés », j’ai découvert énormément de choses sur la vie dans un submersible de la seconde guerre mondiale. Dans ce premier tome, Nicolas Junker nous présente le quotidien d’un sous-marinier qui est loin d’être rose ! Ainsi, j’ai pu mesurer à quel point la nourriture était lamentable, à quel point il était difficile d’accepter la proximité des autres marins, à quel point la constante humidité dans un U-Boot pouvait aggraver la santé des hommes, à quel point le bruit des diesels et la puanteur étaient pénibles à supporter… etc. Tout ça, je l'ai découvert dans la première moitié de ce tome ! Et pourtant, cette dure réalité de la vie d’un sous-marinier allemand se passe en temps de paix alors… imaginez un peu comment ça devait être pendant la guerre ! Bref, le lecteur suivra les péripéties de ces hommes d’un autre regard que l’on avait l’habitude de découvrir dans les autres bds (comme cette fameuse solidarité entre sous-mariniers). Ensuite, dans la deuxième partie, les hommes débarquent sur terre ferme et là, c’est encore d’autres batailles qui commencent pour eux : celle qui consiste à se réadapter à la vie familiale, celle qui leur impose à affronter le regard difficile des hommes et femmes qui leur demandent d’être dignes d’un soldat du IIIème Reich et d’être fidèles au Führer ! Et enfin celle qui leur demande à se plier aux exigences des SS… Graphiquement, je n’ai que deux reproches à faire envers cette bd : Premièrement, les cases me sont apparues tellement petites qu’il m’était parfois difficile de bien distinguer ce qui se passait. Deuxièmement, la mise en couleurs aux tons sombres écrase –à mon avis- un peu trop l’encrage de Nicolas Juncker. Pour être franc, j’aimerais bien que l’éditeur publie une version noir et blanc de cette série. Au final, ce premier tome d’ « Immergés » m’est apparu très riche en renseignements sur la vie des sous-mariniers allemands juste avant que n’éclate la seconde guerre mondiale. J’y ai apprécié aussi le coup de patte de Nicolas Juncker mais pas la mise en couleur qui écrase son encrage. En tant qu’amateur de récits historiques, j’ai aimé ce premier album d’ « Immergés » mais je doute fort que les lecteurs qui détestent habituellement ce genre prendront du plaisir à le feuilleter. Pour ma part, j’attends impatiemment le prochain tome où ma note pour cette série pourrait passer de 3 à 4 étoiles.
Kris est un de mes scénaristes préférés. J’ai particulièrement aimé ses dernières réalisations comme « Un homme est mort » (avec Etienne Davodeau) et « Coupures irlandaises » (avec Vincent Bailly) parce que cet auteur est capable de conjuguer avec talent le récit historique (mon genre préféré) avec du documentaire, du roman graphique ou de l’action. Avec « Notre mère la guerre », Kris nous entraine encore une fois dans le passé de mon pays. Cette fois-ci, il nous présente un récit se passant pendant la première guerre mondiale. Il nous propose d’accompagner Roland Vialatte, un lieutenant de gendarmerie, chargé de retrouver le(s) coupable(s) qui a(ont) assassiné trois jeunes femmes dans les tranchées du nord de la France. Pour illustrer son scénario, Kris a fait appel à Maël. Ce dessinateur s’est distingué dernièrement en réalisant avec beauté « L'Encre du Passé » (avec Antoine Bauza). Franchement, j’adore son coup de crayon et sa mise en couleurs (à base d’aquarelles ou d’encres acryliques). J’apprécie sa bonne capacité à créer des ambiances parfaitement adaptées à l’intensité dramatique de chaque séquence. J’aime beaucoup aussi son style faussement brouillon qui semble vibrer selon les émotions des personnages de ce récit. Cependant, je reconnais qu’il est parfois difficile de bien distinguer au premier coup d’œil qui et qui dans cette histoire. Mais revenons un peu au scénario de Kris : « Notre mère la guère » m’a captivé de bout en bout. J’avoue qu’en ce moment, je suis un peu saturé par les récits sur les guerres mondiales, beaucoup de bd ayant pour thème ce sujet sont parus sur les étals de nos libraires ces derniers mois, trop même à mon goût ! Mais, « Notre mère la guerre » -à mon avis- sort du lot car elle nous présente un récit mêlant habilement l’histoire à l’enquête policière. Surtout, cette bd nous permet de nous intéresser au sort des prisonniers d’avant guerre ayant signé un pacte avec l’Etat pour retrouver un semblant de liberté. J’ai senti de la part de cet auteur qu’il s’est beaucoup documenté pour concevoir cette histoire comme on peut s’en apercevoir en lisant les remerciements en début de bd où il cite sa (ou ses) visite(s) au mémorial de Péronne (département de la Somme). Certaines séquences m’ont franchement touché. A noter que le thème de la religion semble être un des thèmes principaux du récit, de nombreuses allusions sont présentes tout au long de cette histoire. J’ai ressenti de la part de l’auteur qui voulait montrer qu’en ayant vécu ces horreurs, beaucoup de croyants ont définitivement perdu la foi après cette « boucherie ». Peut-être que je me trompe : cette impression personnelle est à confirmer dans les prochaines tomes. Bref, je ne vais pas aller plus loin sur ma chronique de ce premier tome de « Notre mère la guerre ». En une phrase : si vous aimez les récits historiques émouvants doublés d’une enquête policière, vous apprécierez énormément cette bd. En tout cas, moi, j’attends impatiemment les deux prochains tomes qui clôtureront cette série !
Je ne sais pas quoi trop y penser de ce premier tome de « Chagall en Russie » : ça ressemble à une biographie de ce célèbre peintre mais ce n’est pas ça ! En fait, Joann Sfar, l’auteur, nous propose un road-movie sur un homme vivant en Russie qui aime dessiner et qui rencontre au grès de ses péripéties des personnages très pittoresques comme un juif qui se prend pour Jésus Christ et un ogre idiot… Apparemment, la trame principale de cette histoire est que Marc Chagall devra prouver au père de celle qui aime que le métier de peintre peut entretenir une famille, que c’est un vrai métier. Je dis « apparemment » parce qu’en Joann Sfar nous entraine dans des aventures qui n’ont rien à voir avec ce constat basique. Mais alors, quel est l’intérêt de ce récit ? Peut être sa situation en Russie des Tsars au début du XXème siècle ? Mais cet aspect historique est faiblement conté dans la bd. Peut-être aussi les dialogues philosophiques que le lecteur pourra y découvrir ? Mais ils me semblent que leurs présences contribuent plus à mettre de l’humour dans cette histoire qu’à nous instruire… Alors, du coup, « Chagall en Russie » m’est apparu comme une bd plutôt agréable à lire avec pour faiblesse de laisser le lecteur dubitatif sur l’intérêt de cette histoire et sur ce que Joann Sfar a voulu nous y passer comme message. Le prochain tome nous dira peut-être davantage ! Graphiquement, je l’ai toujours avoué : je n’aime pas la colorisation informatique des récits de Joann Sfar, je préfère quand l’auteur réalise lui-même la mise en couleurs (en aquarelle). Cependant, il faut reconnaître que la coloriste s’en est tirée pas trop mal puisque les tons me sont apparus assez agréables à contempler et adaptés à l’intensité dramatique de chaque séquence. Quant au coup de patte de l’auteur, je regrette que ce dernier ait tendance à délaisser de plus en plus son encrage ; on a vraiment l’impression que ses premières réalisations sont les meilleures au niveau du dessin. Pour l’instant, je ne vois pas trop l’intérêt de cette histoire : ce n’est pas une biographie (imaginée) comme Joann Sfar l’a fait sur « Gainsbourg », ce n’est pas non plus réellement un récit historique. En gros, « Chagall en Russie » m’est apparu comme un récit d’aventures mais dans les réalisations du même auteur, « Klezmer » m’a semblé plus intéressant à lire. Bref, j’attends sans impatience le prochain tome pour me faire un avis plus précis sur cette série…
Moi-aussi, je vais me séparer de cette série… d’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu être amené à acheter les deux premiers tomes des « éternels ». Ah si, c’était le thème des diamants qui m’intéressait… Car en dehors de ce cadre, le scénario ne m’est pas apparu très folichon. Le lecteur suit les péripéties d’Uma, une jeune héroïne paumée qui va malgré elle imprégner le milieu des diamantaires suite au décès de sa sœur. Mais qu’apprenons-nous vraiment du monde des diamants ? Franchement, pas grand’chose ! En fait, l’histoire ressemble à une banale enquête policière teintée de scènes d’action, cela aurait été divertissant si les personnages n’étaient pas –à mon avis- trop stéréotypés. En effet, suivant la mode du moment, les lecteurs pourront apercevoir, dans cette bd, un homosexuel qui n’apporte rien à l’histoire à part jouer le rôle du comique de service et d’ange gardien d’Uma… De plus, l’héroïne se balade souvent à poil et les méchants sont vraiment des méchants… bref, « Les éternels » accumulent tellement les poncifs que ça m’a gêné la lecture. Graphiquement, je n’ai pas de reproches particuliers à émettre, le dessin de Félix Meynet me plait moyennement. Son coup de crayon tout en rondeur m’est apparu agréable sans plus et sa mise en page est correcte. Bref, j’ai eu l’impression de me retrouver face à une bd dessinée par un auteur peu inspiré. « Les éternels » m’est apparue comme une série dispensable. Le monde des diamants qui m’intéressait est abordé d’une façon trop quelconque pour que le lecteur s’y passionne. De plus, les personnages m’ont semblé trop caricaturaux. Au final, la bd n’est ni plaisante ni déplaisante à feuilleter. Bof…
C’est un ami qui m’a prêté « Renaissance » en ces termes : « Tiens, cette bd vient d’un film », « c’est bien ? » lui demandais-je, « C’est une bd assez spéciale » me répondit-il. Un rapide coup d’œil au contenu de l’album m’a fait apparaître un graphisme soigné et assez personnel, c’est ce qui m’a fait décider de lire aussitôt « Renaissance ». Le récit se situe en 2054, une jeune femme scientifique est portée disparue, elle semble avoir été enlevée : par qui et pourquoi ? C’est ce que tentent de savoir la police représentée par Karas et Avalon, la société qui emploie cette savante. Rien qu’à lire ce résumé, on peut déjà avoir quelques pistes sur le mobile de cette affaire… Quant au scénario proprement dit, j’avoue ne pas avoir compris tout de suite l’utilité de mettre en scène cette histoire dans le futur. En effet, cette histoire m’est apparue plus proche d’un récit policier que d’un récit de science-fiction. D’ailleurs, j’ai eu un peu l’impression que le dessinateur n’était pas très à l’aise avec cet univers puisqu’il a du faire appel à Citroën pour « designer » un véhicule. A mon avis, cette bd souffre d’un gros problème de narration. A la base, cette histoire est super simple à raconter puisque sa trame est linéaire mais les auteurs ont incorporé dans la bd des sauts entre les scènes et des séquences de bavardages qui compliquent inutilement la compréhension du récit. De plus, le dessin qui a première vue est de bonne facture ne se révèle pas vraiment adapté à la bd étant donné que les personnages sont difficilement différenciables. Seul, le choix du noir et blanc m’est apparu adéquat à ce scénario car il y apporte une bonne ambiance de polar. Il y a de bonnes choses dans cette bd : une ambiance glauque réussie, un graphisme –disons- « spécial » entre autres mais tout cela est gâché par une narration compliqué et par un dessin qui ne nous permet de bien différencier les différents personnages au premier coup d’œil. Bref, « Renaissance » m’est apparue comme un album très moyen. Dommage car j’ai senti que les auteurs s’étaient beaucoup investis dans cette bd…
Bleu par yannick
Si l’auteur avait été un parfait inconnu, un éditeur aurait-il publié une bd comme « bleu » ? Pour moi, c’est clair : non ! Mille fois non ! Car, cet ouvrage est tellement abstrait, tellement décalé par rapport aux codes traditionnels de la bd et de la production en général que je me demande quelle maison l’aurait publié si ça n’avait pas été Lewis Trondheim (ou un autre auteur célèbre) qui l’avait fait ! A la rigueur, si cet essai avait été mis en ligne gratuitement sur internet pour recueillir l’avis des bédéphiles ou pour montrer qu’il est encore possible d’innover dans la bd, j’aurais sans hésiter félicité l’auteur d’avoir essayé de créer une bd (très) originale mais là, « Bleu » est un album qui se vend (certainement auprès des fans de Lewis Trondheim… et encore !)… et c’est ça qui me désole hautement parce que son scénario est pratiquement inexistant si ce n’est que des bulles de différentes couleurs qui s’assemblent et se séparent et ainsi de suite, parce que le dessin est vraiment minimaliste de la mort grave qui tue grave… Bref, je n’ai jamais aimé l’abstrait même en peinture où je reste de marbre devant ce genre de toile (par exemple : je ne vois pas trop comment un tableau ne représentant qu’une couleur unique sur toute sa surface peut être considéré comme une œuvre d’art !) alors je vous laisse imaginer ma réaction lorsque j’ai vu ce « truc bleu » ! En découvrant cet album, j’ai eu la sensation très désagréable que des éditeurs de bandes dessinées nous prennent pour des idiots. Sur ce point, je ne remercie pas, mais alors pas du tout, « L’Association » de l’avoir publié. J’espère vivement que « Bleu » fut un immense bide commercial !
Une bd se déroulant en Inde entre les deux guerres mondiales ? Chiche ! Voila une bonne occasion de changer mes idées et de découvrir un pays qui m’envoûte avec ses mystères… d’autant plus qu’un rapide coup d’œil sur le contenu d’ « India Dreams » me fait apparaître un dessin d’une grande beauté ! Le graphisme de Jean-François Charles est franchement magnifique ! Le dessin est en couleurs directes, l’auteur utilise la technique de l’aquarelle. Les tons pastels employés dans cette bd retransmettent parfaitement l’ambiance chaude et envoûtante que je me fais de l’Inde. Rien qu’avec ce dessin, je me suis senti en voyage dans ce pays si lointain de nos contrées. Et le scénario de Maryse Charles ? Eh bien, c’est là que mon enthousiasme lié au majestueux dessin est retombé bien bas ! En effet, résumer l’histoire est un vrai casse-tête ! « India Dreams » regorge tellement de flashbacks que la lecture devient vite lassante et (presque) incompréhensible. A mon avis, cette erreur dans la construction du récit aurait pu être évitée selon deux façons différentes : soit en réalisant un album complet sur chaque période de cette saga, soit en tranchant nettement les scènes des différents passés par des tons différents (ocres pour des scènes se passant 20 ans en arrière, grisâtres se déroulant 40 ans en arrière par exemples). Par conséquent, lassé par ces fashbacks, j’ai souvent eu tendance à tourner les pages sans chercher à comprendre (enfin, bon, un peu quand même, il ne faut pas exagérer !) certaines séquences… « India Dreams » est une bd d’une beauté graphique grandiose. Malheureusement, le scénario est si difficile à suivre à cause de ses incessants flashbacks que la lecture devient vite lassante. Une déception…
Je me suis procuré « L’afghan – Massoud » à l’occasion du festival de bandes dessinées de Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais) où Frédéric Bihel y était présent. En fait, je ne savais pas du tout que cet album avait paru. Après conversation avec le dessinateur, il s’avère que cette bd a été réalisée comme un essai (en accord avec l’éditeur Casterman) avant que Frédéric Bihel ne se lance dans une série plus ambitieuse avec les scénaristes Maryse et Jean-François Charles (on sait maintenant qu’il s’agit de « Africa Dreams »). « L’afghan Massoud » nous raconte le destin du commandant Massoud (qui signifie « Le chanceux »), de son vrai nom Ahmah Shad le Pandjsheri, depuis la fin de ses études jusqu’à sa mort par assassinat. Pendant la guerre contre les Soviétiques, le commandant Massoud est un homme qui a combattu pour que l’Afghanistan soit un pays indépendant. Pour cela, il tenta d’unir les différentes communautés de son pays contre l’occupant, il tenta aussi d’enrayer la montée de l’extrémisme représenté par les Talibans. C’est donc une biographie de Massoud que nous présentent les auteurs, un personnage que je ne connaissais pratiquement pas. Fan de récits historiques, je fus passionné par cette histoire. A travers ce pays, j’ai pu comprendre assez facilement les enjeux géopolitiques que représente cette région, j’ai pu aussi découvrir pour quelles raisons le commandant Massoud fut respecté par son peuple et bien plus (trop ?) tard par les nations occidentales. J’y ai décelé aussi un personnage attachant, très instruit et respectueux envers ses compatriotes. J’avais tout de même pas mal d’appréhensions pour acheter « L’afghan Massoud » rien qu’à lire le nom des deux scénaristes sur la couverture car je garde un mauvais souvenir de ma lecture de « India Dreams » des mêmes auteurs. Cette crainte, c’était de me retrouver en train de lire un récit où les séquences du passé et du présent se permutent tellement que ça me rend malade ! Dans « L’afghan Massoud », ces permutations existent mais elles ne me sont pas apparues aussi pénibles que je ne le pensais même si je trouve que ça complique inutilement le récit ! Mais bon, ça passe assez bien car cette histoire ne s’étire pas sur plusieurs tomes. La couleur directe réalisée par Frédéric Bihel est vraiment très agréable à contempler : on y retrouve les tons jaunâtres et azurs qui caractérisent ces régions, agrémentés de tons chaudes ou froids selon l’intensité dramatique des séquences. Les décors sont détaillés et les personnages sont facilement identifiables. Pour la petite histoire, Frédéric Bihel a fait personnellement de nombreuses recherches pour restituer au maximum les lieux où se rendait le commandant Massoud. Ainsi, la scène du début de la bd représente bien à quelques détails près la pièce où il donna une interview à des journalistes marocains. Bref, graphiquement, c’est du bon boulot ! « L’afghan – Massoud » est une bd qui m’a beaucoup intéressé. Elle y raconte la vie du commandant Massoud d’une manière complète. En plus, le dessin de Frédéric Bihel est –à mon avis- vraiment très agréable à contempler. Cet album devrait donc combler les amateurs de récits historiques. Dommage cependant que la narration ne soit pas plus fluide…
Frère Joyeux par yannick
Vraiment bien cette adaptation libre d’un des contes de Grimm par Renaud Dillies ! Cette fable ? C’est « Frère Joyeux », un récit que je ne connaissais pas… La première surprise pour les bédéphiles fans de cet auteur (c’est mon cas !), c’est au niveau du graphisme ! Renaud Dillies nous présente un style différent de ses autres albums en revenant à ce qu’il faisait à ses débuts : mise en couleurs à l’aquarelle et un trait fin moins direct (par rapport à « Betty Blues » par exemple). Ce dessin, je l’ai vachement aimé ! Les personnages sont très expressifs, les tons employés dans cette bd (majoritairement en ocre et rouge) sont parfaitement adaptés à ce scénario où quelques créatures de l’enfer font leurs apparitions. Bref, ce fut vraiment un grand plaisir pour ma part de contempler ces planches ! Quant à l’histoire, Renaud Dillies nous présente un personnage très attachant au tempérament très ambigu : autant il a des réactions d’une grande générosité quand il s’agit d’aider ses proches, autant il peut être très malin quitte à être ignoble quand il se retrouve dans des situations très compliquées pour lui. Dans cette bd, les lecteurs suivront les péripéties de « Frère Joyeux » dont son but principal est de croquer la vie à pleine dent. Bref, c’est comme si le bédéphile lisait un road-movie captivant. J’ai particulièrement apprécié le dénouement que je trouve assez surprenant et très représentatif de la malignité du personnage principal ! Après lecture de « Frère Joyeux », je me suis mis à rêver que Renaud Dillies fasse un autre récit de ce genre histoire de mettre de côté de temps en temps ses récits tristes sur fond de jazz ( « Betty Blues », « Sumato », « Bulles et Nacelle », etc…) et histoire aussi de varier ses styles graphiques : j’espère qu’il retentera cette expérience ! Quant à l’abandon de la collection « Tekap », je trouve que c’est vraiment dommage car les quelques albums qui y sont apparus m’ont enthousiasmé et parce qu’elle permettait de mettre des bds à la portée à toutes les bourses (seulement 5€00 l’album !).
Pour moi, la sortie d’une nouvelle bd d’Etienne Davodeau est un évènement ! Depuis que j’ai lu Un homme est mort, Les Mauvaises gens et Rural !, j’apprécie beaucoup cet auteur car ses récits sont toujours plein d’humanité. Cette fois-ci, Etienne Davodeau nous propose une fiction à mi-chemin entre un roman graphique et un documentaire. « Lulu, femme nue » nous présente le destin d’une mère de famille de quarante ans qui largue ses enfants et son mari… pour quelles raisons ? Que va-t-elle faire ? Où va-t-elle ?... ça, je vous laisse le découvrir en compagnie de ses ami(e)s et quelques membres de sa famille qui nous racontent sa fugue ! Ce que j’aime chez Etienne Davodeau, c’est qu’il arrive à chaque fois à me surprendre en proposant des sujets variés qui me touchent et surtout, qui me procurent des émotions ! A chaque fois que je lis une de ses bds (du moins, celles que j’ai nommées dans ce présent avis), j’ai l’impression de participer à ses histoires, c’est comme si ses personnages étaient à coté de moi en train de me raconter leurs quotidiens. J’ai beaucoup aimé ce premier tome de « Lulu femme nue » parce que malgré son sujet assez délicat à aborder, l’auteur nous présente une histoire qui ne tombe jamais dans le mélodrame : la lecture de cet album m’est apparue très plaisante car les scènes humoristiques y sont abondantes et les personnages sont dans l’ensemble assez attachants et… folkloriques ! J’y apprécié aussi tous les moments de solitude et de plénitude de Lulu retranscrites en séquences sans paroles, ces scènes sont apparues assez touchantes et pleines de sensibilités. Au niveau du dessin, le lecteur habitué à lire les albums d’Etienne Davodeau reconnaitra sans problème son coup de patte. Le trait de cet auteur est épuré mais suffit amplement à servir son histoire. Par contre, sa mise en couleurs ne m’est apparue aussi irréprochable que ça : les tons utilisés dans cette bd varient peu, par conséquent, il m’est arrivé de ne pas percevoir tout de suite un changement de scènes. Encore une fois, j’ai énormément apprécié une bd éditée par Futuropolis. En tant que lecteur, ma satisfaction vient du fait que cet éditeur sort des séries qui savent me toucher et qui propose des histoires sortant des sentiers battus. Avec « Lulu femme nue », Etienne Davodeau nous présente une bd émouvante et terriblement captivante à lire. J’attends impatiemment le prochain tome qui clôturera cette série d’autant plus que le narrateur ne sera pas le même !
Intrigué par son format de poche (pratique pour emporter en voyage !) et par son prix mini (dans un magasin de bd d’occasion), je me suis procuré « Le troisième thé » de Christian Cailleaux. Cet auteur, je le connais pour l’avoir découvert en lisant « R97 - les hommes à terre » dont je fus fasciné par son dessin. « Le troisième thé » met en scène Félix, un ami de deux antiquaires parisiens spécialisés dans l’art africain. Un jour, ces deux commerçants reçoivent une information d’un sénégalais que des objets apparemment rares et en assez bons états sont abandonnés chez un vieil homme. Ceci est une nouvelle très importante pour les deux antiquaires d’autant plus qu’ils sont en difficultés financières et par conséquent sentent la bonne affaire et l’occasion de relancer leurs commerces. Ne pouvant se rendre sur place au Sénégal, ces deux hommes demandent à Félix d’y aller pour vérifier l’information. Félix l’accepte sans problème en souvenirs de son premier bon séjour dans ce pays… Je dois avouer que cette histoire ne m’est pas apparue très fascinante. En fait, ce qui fait le charme du « Troisième thé », c’est sa capacité à nous faire sentir l’atmosphère du Sénégal, ses habitants, leurs quotidiens, leurs façons d’y vivre. J’y ai aimé les rencontres avec les gens de cette nation que faisait Félix. J’y ai apprécié aussi la manière dont ce personnage prenait son temps, c’est une ambiance qui m’avait très marqué lors de mes séjours dans les pays du Maghreb (Afrique du Nord) et dont l’auteur y a très bien retranscrite. D’ailleurs, Christian Cailleaux m’a donné l’envie de visiter le Sénégal… Au fait, il y a une chose qui m’a un peu dérangé dans ce récit, c’est le rôle de la femme africaine : peu bavarde, la plupart du temps illettrée et… bonne ménagère. Quant à cette histoire d’antiquaires, je reconnais que ce n’est pas ça qui m’a accroché à cette lecture. Franchement, je n’en avais rien à cirer ! J’y aimé aussi le style de Christian Cailleaux. Graphiquement, en comparaison avec « R97 - les hommes à terre », je préfère « Le Troisième thé » qui nous propose une mise en couleurs en bichromie. Par son mini-format, par son atmosphère bien rendue de l’Afrique (enfin, disons que l’auteur retransmet bien le ressentiment que j’avais eu lorsque j’ai séjourné sur ce continent) et par les relations simples et amicales entre le héros et ces habitants, « Le Troisième thé » m’est apparue une bd très sympa à lire. C’est aussi un album qui me donne l’envie de voyager… Quant au récit proprement sur le métier d’antiquaire, ça ne m’a franchement pas intéressé. A noter que l'éditeur a sorti cette bd en deux couvertures différentes, à vous de choisir celle qui vous semble la plus belle... Une lecture agréable.
C’est un scénario original que nous présente Gradimir Smudja pour sa première bd. L’auteur nous propose de suivre le destin de Van Gogh. D’après Gradimir Smudja, ce n’est pas cet homme qui dessina tous ses fameux tableaux comme « Les tournesols » mais un chat doté d’un talent époustouflant ! Fou, non ?! Avec une telle idée, le lecteur peut s’attendre à lire une histoire envoûtante et pleine de surprises : bin non finalement parce qu’une fois l’introduction passée, j’ai eu l’impression que le récit tournait en rond. Certes, quelques séquences me sont apparues tout de même étonnantes (l’apparition de Toulouse Lautrec et de son « secret » par exemple) mais j’avoue à chaque fois que le soufflet est retombé vite fait dans la monotonie des péripéties du chat. Pour ainsi dire, je pense que cette histoire aurait gagnée en intérêt si la pagination avait été moins conséquente… Le graphisme de Gradimir Smudja ? Très personnel, très flamboyant, je ne dirais pas que c’est très beau mais qu’il s’intègre à merveille avec cette histoire ! Par moments, j’ai vraiment eu l’impression de regarder des tableaux réalisés par un impressionniste proche du style de Van Gogh ! Quant à la mise en page, c’est correct mais sans plus, ça se voit que c’est le premier album de Gradimir Smudja car parfois, il faut être attentif à l’enchainement des séquences au risque de « sauter » des cases. Pour le reste, je n’ai pas grand’chose de particulier à constater : les personnages sont facilement identifiables, les décors sont fouillés et respirent bon le Paris et la Provence du XIXème siècle. « Vincent et Van Gogh » m’est apparue comme une lecture assez plaisante à lire. Comme gros défaut, je ne lui reproche que la présence de longues séquences sans surprise qui estompent les effets de surprise de ce récit. Pour le reste, le dessin très typé de Gradimir Smudja m’a envoûté et convaincu qu’il allait parfaitement à ce scénario. Je suis tout de même curieux de lire sa deuxième « Le Cabaret des muses » dont on m’a dit le plus grand bien…
« La guerre d’Alan » fait partie des bd qui m’ont le plus touché. A vrai dire, ce n’est pas vraiment un récit dramatique que nous proposent les auteurs car les scènes larmoyantes y sont pratiquement absentes. Non, en fait, ce qui est touchant avec cette série, c’est qu’Alan Imgram Cope y raconte sa biographie d’une façon très sincère, sans héroïsme exagéré et avec beaucoup de cœur. A la vue du titre et de la couverture, il est aisé de deviner que la bd raconte le destin d’un soldat américain pendant la seconde guerre mondiale et son après. Trois tomes sont sortis à ce jour (d’après les rumeurs qui circulent sur la toile, un quatrième album est prévu), le premier met en scène Alan en préparation dans un coup d’entraînement américain, le second le place en France juste après le débarquement des alliés et enfin le troisième raconte la vie d’Alan après le conflit mondial jusqu’à maintenant. Ce qui m’a surpris quand j’ai commencé à lire cette série, c’est le ton employé : la voix-off, qui raconte les péripéties d’Alan et dont les dialogues proviennent de lui, m’est apparue claire, simple et très compréhensible. Et puis, il est étonnant de constater que le héros reste sincère et honnête dans ce qu’il dicte. D’ailleurs, Alan demeurera exemplaire dans sa conduite tout au long de sa vie (dès lors, on peut aisément comprendre pourquoi il a gardé d’excellents contacts avec ceux qu’il a rencontrés). Il est intéressant de découvrir aussi que la guerre n’a pas été vécue de la même façon par tous les soldats américains (et autres) qui ont participé à la débâcle de l’Allemagne nazie. Alan n’a jamais été impliqué illico dans un combat, c’est d’ailleurs un des points originaux de cette série qui ne nous contera aucun grand combat de la seconde guerre mondiale. Cependant, l’histoire d’Alan nous rappelle qu’une balle perdue peut tuer un homme sans que celui-ci n’ait été directement au combat (D’ailleurs, une des scènes de la bd, qui montre un des soldats allemands mourir devant les yeux d’Alan impuissant, est particulièrement surprenante et… horrible !). Le troisième tome est mon préféré, c’est assez paradoxal de dire ça parce que cet album se passe après la guerre loin donc de la thématique initiale qui faisait son intérêt. J’ai aimé ce tome parce qu’Alan se montre particulièrement peu avare en sentiments (les deux premiers tomes se contentent plus à nous raconter les faits), le lecteur y découvre un homme un peu perdu, à la recherche de ceux qu’il a côtoyés et de lui-même… ce tome m’est apparu émouvant car on voit Alan effectuer un bilan de sa vie. Le dessin de Guibert m’est apparu parfaitement adapté au récit. Les décors sont simples et les personnages sont facilement reconnaissables. En fait, j’ai été impressionné par l’excellente narration alors qu’Emmanuel Guibert n’use jamais de cadrages vertigineux issus du cinéma dans sa manière de mettre en images les propos d’Alan. Cette façon de narrer, le lecteur pourra également reconnaître la patte de Guibert dans « Le photographe ». Pour peu que vous soyez intéressés par l’histoire et les récits autographiques, je pense que « La guerre d’Alan » est une bd qui vous touchera beaucoup. La série ne contient pas de grosses scènes de guerre où le lecteur devra se « taper » des combats entre chars ou à corps à corps (à la manière du film « Il faut sauver le soldat Ryan »). Cependant, je ne me suis jamais ennuyé en lisant « La guerre d’Alan » car j’y ai découvert un personnage principal (Alan) très attachant et une narration impeccable qui m’a procuré un excellent confort de lecture. Vivement une version intégrale de "La guerre d'Alan" comme l'a fait l'éditeur avec Persepolis ! A lire impérativement !
Pourquoi ai-je mis si longtemps pour réaliser cette chronique alors que je suivais cette série depuis la parution du premier tome ? Tout simplement parce que « Le photographe » est une des séries qui m’a le plus touché et parce qu’il me manquait des mots pour exprimer mon ressenti. « Le photographe » est le récit de Didier Lefèvre lors de son périple en Afghanistan en compagnie d’une équipe de médecins sans frontière lors de l’occupation russe à la fin des années 80. De ce séjour, Didier Lefèvre va -comme le titre l’indique- y ramener des photos, il va surtout y revenir la mémoire chargée de souvenirs d’un peuple meurtri mais terriblement attachant et d’un groupe soudé de médecins dont la préoccupation principal est de soigner les blessés de cette guerre quelle que soit la cause. J’ignore comment Emmanuel Guibert a rencontré Didier Lefèvre (décédé il y a peu…) comme je ne sais pas comment Emmanuel Guibert a fait connaissance avec Alan Imgram Cope (pour ensuite dessiner « La guerre d’Alan »), toujours est-il que je bénis cet auteur pour nous avoir réalisé des séries riches en émotions, hautement intéressantes et très humaines ! « Le photographe » comporte des scènes franchement inoubliables et forts en témoignage : le passage des cols, l’accueil des afghans, la solidarité entre médecins, les moments de tension lorsque les hélicoptères soviétiques passaient par-dessus leurs têtes, les opérations chirurgicales pratiquées dans des conditions épouvantables, la reconnaissance de ceux qui ont été guéris envers les médecins, la dureté des chefs de clans… et j’en passe ! Personnellement, je ne vois pas trop comment on peut ressortir de cette lecture sans avoir été touché par au minimum trois passages ! Rares sont les bds qui m’ont fait partager avec efficacité les émotions du personnage principal, « Le photographe » fait partie de ce genre de bd où j’ai rigolé, ressenti de la peine, découvert des choses, réfléchi… aux péripéties de l’auteur. Graphiquement, « Le photographe » est assez spécial à contempler puisque des photos en noir et blanc se mêlent au dessin. J’ai trouvé cet essai très convaincant car la présence de ces images apporte une touche d’authenticité bienvenue aux péripéties de Didier Lefèvre. Quant au coup de crayon proprement dit d’Emmanuel Guibert, au premier abord simpliste, il permet de se focaliser sur les personnages et l’essentiel : du grand art ! Bon, finalement, je ne vais pas résumer tout ce que je viens d’écrire, sachiez tout simplement que cette bd m’est apparue inoubliable, incontournable ! Merci mille fois aux auteurs de nous avoir fait partager ce témoignage ! Inoubliable vous dis-je !
Le premier tome m'avait franchement convaincu puis vint le deuxième où je n'ai pas été persuadé par le réalisme de cette histoire. En effet, j'imagine mal la population aller faire des manif' pour défendre un boxeur surtout quand on sait que celui-ci n'a pas eu un comportement irréprochable dans sa vie. Bref, très déçu par ce deuxième tome... et pourtant, j'aime beaucoup le style de Baru.
De Baru, j’avais lu « Cours camarade ! », « L’enragé » et « Pauvres zhéros » avant d’entamer « L’autoroute du soleil ». Ce sont les nombreux avis positifs de bédéphiles qui m’ont poussés à découvrir « L’autoroute du soleil »… je n’ai pas été déçu de cette lecture ! « L’autoroute du soleil » met en scène Karim et Alexandre. Le premier est un tombeur d’origine maghrébine et toujours habillé façon 1950, le second est un looser qui voue une grande admiration pour Karim. Lord d’une virée, Karim va pratiquement se retrouver face à face au mari d’une de ses maîtresses, il ne dit qu’au salut d’Alexandre qui l’a avertit à temps… seulement voilà, ce mari, c’est le docteur Raoul Faurissier, il est membre d’un parti d’extrême droite dont leur credo est de mettre les étrangers dehors. A partir de ce jour, Karim et Alexandre vont être constamment poursuivis par Raoul Faurissier et sa bande qui ont juré leurs pertes… Avant de réaliser « L’autoroute du soleil » , Baru avait jeté les premières bases de cette bd en accomplissant « Cours Camarade ! ». Ainsi, le lecteur pourra retrouver plus ou moins certains personnages et certaines scènes de « L’autoroute du soleil » en feuilletant « Cours camarade ! ». Cet album est un sacré road-movie ! C’est une des bd les plus rythmées que j’ai lue jusqu’à maintenant ! Du début jusqu’à la fin de la cavale de Karim et Alexandre, nos deux compères ne vont pas finir de changer de coin ! Ainsi, le lecteur les verra se balader du nord jusqu’au sud de la France sans arrêt (sauf dans la deuxième partie de la bd que je vous laisse découvrir !) ! Même si l’auteur utilise des gros ficelles pour faire rebondir son scénario, j’ai été littéralement accroché par cette lecture, il faut dire que la narration m’est apparue excellente, très fluide : c’est un vrai bonheur de suivre les péripéties de Karim et Alexandre sans prise de tête. Il faut avouer aussi que les personnages principaux et secondaires sont hauts en couleurs : du pompiste jusqu’au bourgeois en passant par la bombinette facile, tous ont des gueules incroyables, s’ils sont loin parfois d’attirer de la sympathie, il faut reconnaître qu’il est difficile de les oublier ! A mon avis, le point fort de cette bd est justement le fait que l’auteur a su rendre ses protagonistes très marquants. Et que dire des dialogues ? Baru a -comme à son habitude- parsemé sa bd de commentaires chocs, directs, parfois crus qui dérangent, font rires, remuent nos méninges… moi, j’adore ça ! A travers ce thriller haletant, l’auteur y glisse quelques travers de la société des années 1990. Ainsi, à travers le personnage de Raoul Faurissier, Baru ne fait que souligner la montée des extrémistes et du racisme… Graphiquement, même si je préfère le dessin en couleurs (« Pauvres zhéros » est un vrai régal sur ce point !) que le noir et blanc de Baru, « L’autoroute du soleil » m’est apparu assez agréable à contempler. J’y ai apprécié la finesse et le dynamisme de son trait, moins certains cadrages où j’ai éprouvé des difficultés à bien saisir ce que voulait nous montrer l’auteur. Finalement, j’ai aimé « L’autoroute du soleil », j’y ai découvert un thriller haletant, très difficile à décrocher tant la narration est excellente. J’y ai apprécié énormément la présence de personnages très truculents. Si le dessin de Baru ne m’est pas apparu si irréprochables que ça au niveau des cadrages, je reconnais que son trait est très dynamique, très personnel et s’avère parfaitement adapté à ce scénario. A lire impérativement surtout si vous aimez les road-movies !
Je me demande ce qui s’est passé pour Olivier Lamy ?! Lorsque j’ai découvert le premier tome de « Colt Walker », à l’époque, je me suis posé la question de savoir si c’était bien le dessinateur de « Wayne redlake » et « Trio grande » qui a réalisé « Colt walker » car franchement, ça n’a rien à voir ! A croire que ses précédentes séries aient été réalisées par Vatine… Graphiquement, je n’ai pas du tout retrouvé la beauté du dessin de « Wayne Redlake » et « Trio Grande ». Dans « Colt Walker », le coup de crayon de Lamy est très vif, trop vif même car les visages sont tortueux et vraiment affreux, les femmes ne sont pas du tout belles, les décors sont sommaires (bon, il faut dire aussi que ça se passe dans le désert…)… bref, c’est volontairement sales, très sales et c’était le souhait d’Olivier Lamy de rendre cette bd ainsi (rencontré dans un festival où il n’a pas du tout voulu me dédicacer « Trio grande » et « Wayne Redlake »… bonjour l’ambiance !). Les cadrages sont inspirés du cinéma notamment des westerns spaghettis… d’ailleurs, le personnage principal reprend les traits de Clint Eastwood. Quant à la mise en couleurs aux tons à dominante orange (réalisée par Topaze), je la trouve réussie : elle retransmet bien la chaleur du désert et donne une atmosphère tendue à cette histoire. Qu’on aime ou pas le dessin d’Olivier Lamy dans cette bd, on ne peut nier que l’auteur a imposé un style volontairement crade qui m’est apparu bien adapté au scénario… Au fait, je dois avouer que cette histoire est un des pires scénarii que j’ai pue lire à ce jour (avec « L’affaire du siècle ») ! L’histoire ? Comment dire… elle est pleine de clichés dans le plus mauvais sens du thème ! Le héros par exemple est l’archétype du macho solitaire sans peur et sans reproche. L’histoire est truffée de scènes exagérément violentes qui n’ont parfois rien à faire dedans ! L’humour employé qui se veut ironique ne m’a pas fait vraiment rire : on a le droit à des mauvaises références aux films de Sergio Leone, même un sosie de Jacques Brel apparaît dans cette bd… De plus, les dialogues sont désespérément lamentables, c’est vraiment du grand n’importe quoi ! Dans cette histoire, le héros rencontre des mormons pourris, bin oui, tous pourris ! Je le répète : tout est cliché dans cette bd ! Aussi bizarre soit-il au vu de la médiocrité du scénario, cette série publiée à l’origine et abandonnée par « Soleil » a été reprise par « Dargaud »… ils auraient mieux fait de reprendre « Tequila Desperados » (série écartée elle-aussi par « Soleil » dès le premier tome !). Pourtant grand amateur de westerns spaghettis, je n’ai pas apprécié « Colt walker ». Ce n’est pas le dessin qui m’a rebuté car je l’ai trouvé approprié à l’histoire mais le scénario de Yann truffé de mauvais clichés qui m’a complètement désolé ! Bon, j’arrête là… si vous voulez lire un bon western : allez plutôt feuilleter les excellents « Wayne redlake », « Trio grande », « On a tué Wild Bill », ou encore le récent « Après la nuit » !
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