Les 352 critiques de yannick sur Bd Paradisio...

Le titre de cette bd me fait furieusement penser au film de Sergio Léone « Il était une fois en Amérique ». La comparaison ne s’arrête pas là puisque ce long métrage et la série abordent tous les deux une des périodes sombres de l’histoire du pays concerné. En effet, « Il était une fois en France » raconte le destin de Joseph Joanovici, un immigré juif roumain qui bâtit sa fortune avant et pendant la seconde guerre mondiale. J’avais beaucoup de méfiance avant de me lancer dans ce premier tome car les précédentes séries de Fabien Nury m’avaient assez déçu dans l’ensemble (Je suis légion et W.E.S.T) et parce qu’un tel titre me paraissait arrogant. Ce fut le contraire ! J’ai été littéralement captivé par cette histoire inspirée par ce personnage réel, je dis bien « inspirée » parce que les auteurs attirent l’attention des lecteurs sur des passages de fiction dans la préface du livre. Je ne le cache pas : j’aime les récits historiques surtout quand un conteur a le talent de rendre attachants les personnages qui ont réellement vécu qu’ils soient héros ou criminels voire même les deux à la fois. J’aime l’histoire aussi quand un récit met en scène un personnage qui a eu une vie cahoteuse et qui a beaucoup marqué son époque. Tout cela, je les retrouve dans « Il était une fois en France » ! Certes, la bd, même si elle a eu le don de me captiver du début à la fin, possède quelques défauts dont le principal est de compliquer un peu le récit en permutant/narrant plusieurs périodes de la vie de Joseph Joanovici. Le tout donne une histoire assez dense qu’il faut absolument s’accrocher. Le dessin de « Il était une fois en France » a été confié à Sylvain Vallée, un auteur qui a repris la série Gil St André. J’apprécie beaucoup sa représentation de ses personnages dont le lecteur peut facilement les différencier d’un coup d’œil. Ses cadrages ne sont jamais très spectaculaires mais ils ont l’avantage de faciliter la compréhension des scènes. Sa mise en page est correcte. « Il était une fois en France » est une bd qui est bien partie pour être une série historique captivante et intéressante. Elle met en page des personnages réels qui semblent avoir eu des destins riches, qui ont marqué leur temps par leurs bonnes actions et aussi par leurs coups bas (surtout pendant l’occupation !). Une série à suivre absolument pour tous ceux qui apprécient l’histoire de France d’autant plus que le récit est assez touchant !
Cette série, par son format, sa qualité de reliure qui respire le luxe, sa mise en couleurs réalisée à l’aquarelle, m’a intrigué pendant longtemps sans que je puisse la feuilleter… c’est chose faite désormais mais j’en suis ressenti un peu déçu de cette lecture. « Le Maître de Ballantraë » est, à l’origine, un roman de R. L. Stevenson, le « père » du célèbre « L’île au trésor ». Cette adaptation bd a été réalisée par Hippolyte qui y impose son style très personnel. Ce récit nous conte la rivalité entre deux frères dans le Royaume-Uni (plus précisément en Ecosse) du XVIIIème siècle. Le royaume est en proie à une crise politique entre le prince Charles et le roi George. Afin que sa famille sorte grandie de ce conflit aussi bien en cas de maintien ou de renversement du pouvoir en place, un aristocrate décide d’envoyer un de ses deux fils guerroyer avec le prince Charles, ce sera James… Bien des années plus tard, le prince Charles est définitivement écarté du pouvoir, James en revient disgracié et en veut à Henry, son frère, qui le tient pour responsable de son malheur… Ce sera le début d’une lutte interminable entre ces deux hommes. A travers la rivalité entre James et Henry, c’est en fait un combat entre le bien (Henry) et le mal (James) que l’auteur met en scène dans son histoire. C’est aussi grâce au tempérament de feu de James que le lecteur va voyager aux quatre coins de la terre, ce qui en fait un véritable récit d’aventure. Si je n’ai pas vraiment adoré, c’est parce que j’ai du mal à croire qu’un personnage comme James haïsse à ce point sa famille et c’est aussi parce qu’il y a énormément d’évènements qui ne sont pas explicités dans ce récit (le séjour en Inde, l’entrée dans l’espionnage, comment James a découvert le lieu d’exil de sa famille, etc…). De plus, certaines séquences me sont apparues longues, d’autres trop courtes, j’ai eu le sentiment que l’auteur n’avait pas su gérer le tempo ou reconnaître les scènes les plus importantes. Le tout donne une histoire où je me suis par moments ennuyé devant les élucubrations familiales et par moments enthousiasmé devant les péripéties aventureuses de James. Graphiquement, je ne peux que saluer le style très personnel d’Hippolyte où l’encrage n’existe pas et où la mise en couleurs faite à l’aquarelle m’est apparue très belle avec ses changements de tons selon l’intensité dramatique des séquences. Par contre, je lui reproche de ne pas avoir rendu ses personnages principaux plus expressifs. Finalement, c’est vraiment deux très beaux tomes que nous proposent Hippolyte par son graphisme très personnel qui adopte une mise en couleurs très réussie, et les éditions Denoël Graphic qui leur ont donné un aspect luxueux. Quant au récit proprement dit, je n’ai pas été convaincu par la logique des événements et par la narration adoptée (tantôt les séquences me sont apparues trop longues, tantôt les scènes m’ont semblé trop courtes). Néanmoins, globalement, « Le maître de Ballantraë » est une lecture que je vous conseille non seulement à cause de sa beauté graphique mais aussi parce que les personnages principaux sont, à mon avis, assez attachants.
Bien avant Sillage, le duo Buchet/Morvan s’est fait connaître dans le monde de la bd en réalisant « La quête des réponses ». Cet album est composé de courtes histoires humoristiques sur le monde d’héroic-fantasy. A l’origine, ces récits étaient publiés dans le magazine spécialisé dans le jeu de rôles « Dragon », Delcourt a eu l’excellente idée de les réunir pour concevoir cet album. Il est intéressant de constater qu’à cette époque (milieu des années 1990), Philippe Buchet avait déjà un sens dynamique du cadrage et de la mise en page ! Le lecteur pourra également remarquer la présence dans ces pages d’une sublime créature de rêve sous les traits d’une elfe qui posera les bases physiques de la célèbre Nävis de « Sillage ». Les personnages et les monstres (même les animaux !) présentent des attitudes assez expressives, au fil des récits, les héros deviennent de plus en plus attachants. La mise en couleurs est correcte même si ça sent les premières prémices d’un logiciel informatique au vu des dégradés lisses utilisés. Toutefois, l’ambiance est bien rendue et les tons flashys sont quasiment absents : c’est déjà ça ! Dans l’ensemble, le traitement graphique m’est donc apparu convaincant. Le thème de la bd est assez original puisque les auteurs tentent de nous apporter avec humour des réponses aux questions que chaque rôliste doit se poser par moments. Je dois vous avouer du plaisir à lire « la quête des réponses » car les récits abordent des thèmes variés et parce que le tout que ce soit au niveau des personnages que des scénarii m’a semblé très sympathique à feuilleter. Quant au comique employé, je ne l’ai pas trouvé hilarant mais la plupart j’avais tout de même le sourire aux lèvres. Finalement, « La quête des réponses » est pour moi le genre de bd d’héroic-temps qu’on relit de temps en temps pour se délasser. Les courts récits sont suffisamment variés pour que le lecteur n’éprouve pas un sentiment d’ennui pendant la lecture. L’humour employé dans cette bd est léger, sympa, sans plus… Le dessin très dynamique et assez expressif de Buchet m’est apparu bien adapté aux différentes histoires. A lire de temps en temps pour se divertir…
En réalisant « Mattéo », Jean-Pierre Gibrat ne cache pas ses penchants sur la guerre. Ça tombe bien parce que je les partage ! Le récit nous conte le destin de Mattéo, un jeune espagnol vivant en France (dans les landes). Nous sommes en 1914 et Mattéo est secrètement amoureux de Juliette, cette dernière a été recueillie par une famille bourgeoise, les Brignac, propriétaire de terrains vinicoles qui emploie d’ailleurs Mattéo. Lorsque la guerre éclate, Mattéo, par sa nationalité hispanique n’est pas mobilisé et c’est tant mieux parce que sa famille est hautement pacifique. Ce n’est pas le cas pour Guillaume de Brignac qui est aussitôt envoyé, fier de lui, au front en tant qu’aviateur. Au fil des jours, Mattéo va se culpabiliser de plus en plus de ne pas avoir rejoint les rangs de l’armée… ce remord, il va l’avoir en constatant que Juliette prendra de plus en plus d’affection pour Guillaume de Brignac, ce « jeune homme courageux, ce héros qui combat pour l’honneur de la patrie »… C’est un récit engagé, un plaidoyer contre la guerre et la bêtise humaine que nous propose Jean-Pierre Gibrat… et ce n’est pas fini car, apparemment, l’auteur va emmener son personnage principal à travers toute la première moitié du XXème siècle en quatre tomes. La trame de ce récit est très classique puisque le lecteur suivra certainement l’affrontement (à distance ?) entre Mattéo et Guillaume de Brignac pour conquérir le cœur de Juliette. Pour ma part, ce n’est pas ce sujet qui m’intéresse dans cette bd même si les protagonistes (et les « seconds rôles ») me sont apparus attachants (comme d’habitude chez Gibrat, l’héroïsme est… craquante !). En fait, ce qui fait –à mon avis- le véritable intérêt de cette histoire, c’est qu’elle nous emmène à travers les hauts faits de cette époque en France et peut-être même ailleurs. Rien que pour ça, je pense que cette nouvelle série de Jean-Pierre Gibrat sera plus intéressante sur le plan historique que « Le sursis » et « Le vol du corbeau » du même auteur. Dommage que l’auteur ait cru bon de caricaturer les bourgeois en méchants et les paysans en gentils… mais -je le répète- ce n’est pas ce sujet qui me fait passionner pour cette histoire. Graphiquement, c’est du… Gibrat, je veux dire par-là que les lecteurs retrouveront le même dessin que dans « Le sursis » et « Le vol du corbeau » (collection « Aire libre ») : même personnages (seuls les noms changent), même mise en couleurs, même décors (sauf pendant les scènes de combats bien entendu)… ils ne seront pas dépaysés ! Je pense qu’on ne peut pas reprocher à Jean-Pierre Gibrat de ne pas faire évoluer son dessin tellement c’est beau et maitrisé ! Bref, graphiquement, c’est du grand art ! Il est à noter que le papier des éditions Futuropolis rend les tons de cette bd plus granuleux, moins nets et moins brillants que ceux reproduits par la collection « Aire libre » (éditeur « Dupuis »), c’est assez curieux puisque les couleurs ont tendance à dépasser le bord des cases et le crayonné est visible par endroits, mais ça reste très beau à contempler ! Etant fan de récits historiques, je me réjouis du fait que Jean-Pierre Gibrat réalise une épopée où ses personnages principaux vont apparemment traverser la première moitié du XXème siècle. C’est cet aspect qui m’intéresse dans « Mattéo » loin devant la passion du héros pour Juliette et sa rivalité avec Guillaume de Brignac. Et comme j’aime beaucoup le dessin de Jean-Pierre Gibrat, je ne demande qu’une chose : vivement la suite !
V pour Vendetta par yannick
Au vu des excellents avis sur cette série de la majorité des internautes, j’avais à cœur de découvrir « V pour Vendetta » d’autant plus que sa version cinématographique venait de sortir. Ma lecture soulève plusieurs remarques : Premier constat : Le dessin et la colorisation me rebutent beaucoup, je pense même qu’une version noir et blanc de cette série aurait plus préférable à cette mise en couleurs « démodée ». En l'état, le trait de David Lloyd n’est pas assez lisible pour moi. Deuxième constat : Je n’aime pas le début. Il y a trop d’invraisemblance dans le scénario. Pour exemples, je ne comprends pas pourquoi l’Afrique est la cible de plusieurs bombes atomiques, est-ce que des terroristes se sont amusés là-bas ? Je trouve bizarre aussi que les habitants de Londres ne soient pas irradiés malgré l’explosion d’une bombe à proximité de cette capitale, de même que la ville n’ait pas été plus atteinte par la hausse des eaux comme dans le reste de l’Europe… je suis conscient qu’Alan Moore a fait cette introduction de cette façon pour planter le contexte mais je trouve tout de même très dommage que ce début soit irréaliste. Troisième constat : Je n’aime pas les longues séquences « théâtrales » pour démontrer l’horreur et les travers d’un régime totalitaire, c’est vraiment surréaliste de voir que « V » ait pu reconstituer tout seul des énormes décors sans se faire dévoiler… Quatrième constat : Je déteste « V ». A un moment de l’histoire, un personnage clé de la série lui dit en gros qu’il en a marre de ses devinettes… j’ai eu ce même sentiment à la différence près que je l’ai ressenti pratiquement dès le début de ma lecture au point de vouloir tourner les pages à la va-vite pour revenir au cœur de l’intrigue. Pour conclure, je ne pense pas que je m’étais vraiment préparé à la lecture de ce comics. Je m’attendais à découvrir un triller sur fond d’espionnage avec beaucoup d’action, j’ai finalement lu une BD qui met le lecteur en garde contre le fascisme, les extrêmes en mettant en scènes de nombreuses séquences de tension psychologique. Personnellement, j’aurais adhéré à ce scénario si ces séquences avaient été suffisamment réalistes, ce ne fut pas le cas… dommage !
Premier album des carnets de Joann Sfar, « Harmonica » n’a pour seul objectif de la part de l’auteur que de nous faire partager sa passion pour la musique et en particulier pour l’harmonica. N’allez pas croire que cette lecture est inintéressante, bien au contraire ! Car Joann Sfar nous dévoile les petits et nombreux secrets sur l’harmonica, et surtout, il nous fait partager avec plaisir son grand amour sur les instruments de musique en général. Ainsi, on découvrira au fur et à mesure de la lecture son attirance de plus en plus forte pour l’ukulélé initié en grande partie par son ami et compère Lewis Trondheim. Et puis, Joann Sfar a une façon tellement désinvolte et amusante de raconter ses aventures que j’ai pris énormément de plaisirs à lire ce petit carnet. En dehors de ses diatribes sur l’harmonica, l’auteur nous fait partager aussi ses petites habitudes quotidiennes en particulier avec Tautmina, sa petite fille, il nous invite également à participer avec lui aux divers festivals (bd et animations) qu’il a pus aller. Ces séquences me sont apparues sympas à découvrir d’autant plus qu’elles permettent de mettre une parenthèse bienvenue aux scènes où il nous explique comment fonctionne un harmonica. Sympa, convivial et distrayant : voilà les mots qui me reviennent à la lecture d’ « Harmonica ». Sans être un indispensable des carnets de Joann Sfar, cet album vous fera passer un bon petit moment de détente.
Elu "meilleur album de l'année" au festival d'Angoulême 2008, "Là où vont nos pères" est une bd qui nous conte le voyage d'un immigré. Celui-ci va quitter les siens et son pays pour s'installer (et surtout, trouver du travail) dans une contrée totalement étrangère à sa culture et à tout ce qu'il a connu. La première chose qui m'est venue en finissant cette lecture, c'est le mot : "intelligent". "Intelligent" car l'auteur, Shaun Tan, à mon avis, a eu la pertinence de créer un univers imaginaire, fantastique dans lequel aucun lecteur ne pourra affirmer que "Là où vont nos pères" est une autobiographie réelle d'un immigrant. Il y a une volonté forte de la part de Shaun Tan d'éviter la confrontation d'idées avec l'actualité et les sujets polémiques sur l'immigration. "Intelligent" car le lecteur découvre en même temps que le héros les découvertes et les difficultés à s'adapter dans ce pays d'accueil. Ainsi, dans cet album, les écrits (et donc, la langue) sont représentés par des hiéroglyphes imaginaires (et par conséquent, incompréhensibles !) comme lorsque le héros reçoit des documents de la part des autorités ou lorsque celui-ci se balade dans la ville avec la présence de noms d'enseignes extraterrestres ! De plus, la faune, la flore, la technologie employée et autres sont complètement dépaysants ! En conséquence, j'ai eu l'impression de vivre en temps réel les péripéties de notre héros comme un étranger l'accompagnant ! "Intelligent" car le trait de Shaun Tan et sa bonne faculté à mettre en page son récit ont réussi à me retransmettre la découverte (la bd comporte de somptueux plans larges où le lecteur pourra contempler l'environnement dans lequel évolue le héros) et à me procurer des émotions (notamment, quand le héros quitte son pays natal. Les gros plans sur les personnages y sont, dès lors, légions). Toutefois, je dois reconnaître que l'absence de dialogue m'a tout de même déconcerté. J'aurais préféré découvrir quelques onomatopées afin de renforcer, par exemple, l'ambiance urbaine dans laquelle évolue le personnage principal. Cependant, ne soyez pas rebutés par cela car cette bd m'est apparue très plaisante à lire, notamment parce que le récit comporte des scènes très poétiques et intimes qui ont su me toucher, et parce que le thème de l'immigration est très intelligemment traité. A découvrir absolument !
C’est l’histoire d’un pauvre type vivant dans un petit village perdu. Cet homme est vieux et habite, au bord d’une rivière, dans une baraque minable qui fuit de partout. Ce gus passe ses journées à pêcher et à se saouler en ville en compagnie de potes qui ne le respectent même pas. Et puis, il y a une tombe à proximité de sa maison où il ne peut s’empêcher de se recueillir à chaque fois qu’il passe devant en hommage à Martha, sa chérie qui désormais repose en paix. Bref, cet homme n’a plus rien à faire dans ce bled paumé ni même dans cette bonne vieille terre alors, un jour, il se décide de se donner la mort mais au moment d’appuyer la détente de sa carabine, il y a son fils qu’il n’avait pas vu depuis une éternité qui apparaît… Pierre Wazem nous propose donc un récit sur la solitude et sur les secrets de famille enfouis depuis des années qui ne demandent qu’à ressurgir au moment où le désespoir est à son comble. Certes, on pourrait croire que cette histoire est triste à en mourir mais ce n’est pas vraiment le cas parce qu’il y a des passages assez rigolotes et agréables entre le vieux et son fils. Cependant, ce que j’ai apprécié le plus dans cette bd, ce sont les moments de tendresse dont l’auteur semble avoir pour son personnage principal. Ces séquences, le lecteur pourra les découvrir à travers les péripéties du vieil homme en train de pêcher ou lorsqu’il est chez lui en train de ressasser ses souvenirs de sa vie heureuse avec sa tendre et chère ou encore quand le fils redonner à son paternel le goût de vivre. Il n’y a pas vraiment de leçon à en tirer de cet album, Pierre Wazem ne juge pas son personnage, il ne porte pas non plus un regard sévère sur sa relation avec le fiston ni même sur l’état de délabrement de son domicile, il ne fait que de nous raconter une histoire d’une grande sensibilité sur la dureté de la vie : ça tombe bien, j’aime ce genre de récit ! Le trait de Pierre Wazem peut paraître dépouillé et sale à première vue. Pourtant, je trouve son style bien adapté à son scénario, j’aime la vivacité de son coup de patte. J’apprécie aussi ses longues séquences muettes à la Chabouté où chaque case suffit amplement à situer l’action et à deviner rapidement le statut social et le destin du personnage principal : pas de parole, beaucoup de sensibilité dans ces scènes, du grand art ! Donc, n’y a-t-il vraiment pas de reproche à formuler au niveau du graphisme ? Hélas oui, surtout à la fin de la bd où j’ai senti un relâchement important de la part de l’auteur dans sa façon de traiter ses décors et à dessiner ses personnages, dans ces moments-là, j’ai eu l’impression que Pierre Wazem ne s’est contenté de réaliser ses planches pour finir l’ouvrage au plus vite au détriment du dessin. « Comme une rivière » est un pur roman graphique, c'est-à-dire qu’il faut aimer les histoires du quotidien sur des personnages qui n’ont pas grand’ chose à se reprocher et qui ont mené une vie assez banale. L’action est centrée sur la personnalité du héros et sur les séquences d’une grande sensibilité qui peuvent basculer rapidement du rire à de la tristesse en quelques planches. Il faut apprécier aussi ce genre de graphisme à première vue dépouillé qui permet de nous faire ressortir les émotions que ressentent les personnages. Cette bd fait partie de la collection « Tohu-Bohu » des éditions Les Humanoïdes Associés qui nous proposent d’excellents albums, cette collection est aujourd’hui abandonnée : dommage !
Euh, c’est quoi ce scénario ? Moi qui ne connaît rien à Spirou et voulait découvrir cette bd à travers cette nouvelle série parallèle, j’ai été très déçu en lisant « les géants pétrifiés » ! Pourtant, je partais sur un postulat favorable sur cette bd en voyant le nom de Fabien Vehlmann (j’avais apprécié ses albums « les cinq conteurs de Bagdad » et son expérience sur « Coïncidence ») comme scénariste. Et puis, à première vue, le coup de crayon de Yoann me plaisait assez. Eh bien non ! Trois grosses choses m’ont énormément tiqué sur « Les géants pétrifiés ». Premièrement, la narration m’est apparue désastreuse. Je m’explique, l’histoire va très vite, trop vite pour moi, j’ai eu l’impression que les séquences défilaient à la va vite au détriment de la fluidité du récit : à peine qu’un personnage proposait une chose, hop, on passait immédiatement à la suite sans trop se pose des questions. Bref, j’ai trouvé ce scénario extrêmement linéaire. Deuxièmement, je n’ai pas du tout apprécié son dénouement dont je me tairais ses événements guignolesques sous peine de vous dévoiler la (mauvaise) surprise. Troisièmement, lorsqu’une série parallèle est créée, je m’attends à découvrir soit une aventure qui me frisonne et me fait passer un excellent moment de lecture, soit un récit qui nous éclaire sur les péripéties vécus par les différents protagonistes de la série mère, soit les deux en même temps (ce qui serait la panacée !). Dans le cas des « géants pétrifiés », je n’ai retrouvé aucun de mes souhaits ! Graphiquement, je trouve le coup de patte de Yoann très attirant et dynamique. J’aime son coup de crayon épais. J’apprécie aussi le grand format employé pour les bd de cette collection. Cependant, la mise en couleurs principalement aux tons rougeâtres et verdâtres m’a rapidement ennuyé. Ce choix de coloris n’est pas –à mon avis- très agréables à l’œil. Le rouge et le vert ne forment pas un duo plaisant à contempler. En conclusion, je n’ai pas du tout adoré « Les géants pétrifiés » surtout au niveau du scénario. Un bon conseil : si vous voulez découvrir cette série parallèle de « Spirou et Fantasio », jetez un coup d’œil sur l’excellent « journal d’un ingénu » ou encore « Le groom vert-de-gris ».
Quand je pose la question à mon entourage de savoir qui était Raspoutine, les réponses sont souvent les suivantes : un être sanguinaire qui vivait en Russie au début du XXème siècle, un obsédé sexuel qui avait la réputation d’avoir un membre démesuré (une sorte de Rocco Siffredi vivant à cette époque !), une chanson de Boney M (véridique !) et un des personnages principaux de la bd « Corto Maltese »… A vrai dire, si Rasputine était un homme qui aimait les femmes et a vécu l’avant première guerre mondiale, il fut incontestablement un être bien plus fascinant que l’on croit au vu de la série bd créé par Tarek et Vincent Pompetti. Je vous laisse découvrir le début de cette bd où j’ai été très surpris de voir Raspoutine (de son vrai nom : Gregori Efimovitch ») endossé le rôle d’un religieux !… Pour être franc, je ne connaissais pas grand chose sur la vie de ce sibérien mais comme j’adore les séries historiques, je me suis plongé dans cette lecture avec beaucoup de curiosité et d’envie de connaître le destin de ce personnage qui a marqué cette époque. Je ne fus pas du tout déçu d’avoir lu cette bd même si un grand nombre d’interrogations demeurent après que j’en eusse feuilleté (je préfère de ne pas mettre de spoilers)… je pense même que je n’hésiterai pas à faire des recherches sur Raspoutine pour en savoir plus car c’est vraiment un être fascinant qui a influencé de nombreux énarques au début du XXème siècle ! Quant à la bd en elle-même, la lecture m’est apparue plaisante. Si le premier tome est assez ardu à suivre parce que l’histoire jongle entre plusieurs passages de lieux et de personnages différents, les autres albums sont plus faciles à suivre car le scénario est plus linéaire. Graphiquement, le dessin épuré de Vincent Pompetti sert bien cette histoire, son coup de patte rappelle –à mon avis- celui d’Emmanuel Guibert. Les personnages sont représentés de façon suffisamment différente pour que les lecteurs les distinguent au premier coup d’œil. Les décors sont eux-aussi suffisamment détaillés. Seule, la mise en couleurs ne m’est pas apparue suffisamment adaptée à l’intensité dramatique des différentes séquences dans le premier tome. Si vous êtes intéressés par des protagonistes qui ont marqué leur époque, je pense que vous aimerez cette série car Raspoutine est réellement un être captivant et parce que les auteurs ont réussi à me transmettre leur fascination pour ce personnage. Cependant, ne vous attendez pas à découvrir tout sur Raspoutine dans cette bd car il restera beaucoup d’interrogations sur ce personnage quand vous terminerez sa lecture… pas grave car ça m’encourage à aller chercher des informations ailleurs ! « Raspoutine » est une série que je conseille vivement à tous les amateurs d’histoire ! Note finale : 3,5/5
Comme beaucoup d’entre nous je pense, c’est le très long titre qui m’a donné l’envie de lire cette bd et sa parution chez l’éditeur « Futuropolis » (après avoir été publié chez la collection « Aire libre » des éditions Dupuis). Je n’ai pas grand’chose à dire sur cette histoire qui met en scène deux (grands) écrivains tant cette lecture m’est apparue peu captivante. A vrai dire, il n’y a rien de vraiment marquant dans cet album sinon qu’il s’agit d’une diatribe qui m’a semblé très réaliste sur le monde de l’édition. Ah si, il y a quelque chose qui m’a frappé : l’écrivain américain par son parler grossier et son égo surdimensionné. Après, il faut aimer les histoires où le héros (le romancier français) couche à droite et à gauche alors qu’il est marié… mais comme je ne suis pas bon public de ce genre de récit, ça m’a ennuyé. Bref, je n’ai pratiquement rien retenu de cette histoire et il est fort probable que je ne rappelle plus de cette bd dans quelques mois… Maintenant, je suis pratiquement certain qu’Emmanuel Moynot partage sa vie entre Paris et Bordeaux. En effet, dans « Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s'échouer sur nos rivages ? » et dans ses autres réalisations comme « L'Heure la plus sombre vient toujours avant l'aube », ses récits se déroule dans la capitale girondine. Par conséquent, je suis sûr aussi que l’auteur utilise la photographie pour illustrer les lieux où évoluent ses personnages. Le tout donne un dessin réaliste sans que ça fasse trop photogénique. Je n’ai pas grand’chose à reprocher au dessin d’Emmanuel Moynot, je le trouve personnel, expressif et beau à contempler. Bref, j’aime bien son style. Un peu comme « L’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube », « Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s'échouer sur nos rivages ? » est un album que j’ai lu sans plaisir et sans déplaisir non plus. C’est un roman graphique pur et dur qui nous propose une petite critique sur le monde de l’édition. Mon gros reproche sur cette bd est que je n’y ai pas trouvé de scènes réellement touchantes de la part de l’auteur. Reste le dessin d’Emmanuel Moynot qui m’est apparu très agréable à contempler mais ça ne m’a pas suffit pour rehausser mon intérêt sur cette bd.
Un ciel radieux par yannick
Avec « Un ciel radieux », je continue mon exploration de l’univers de Jiro Taniguchi, un auteur que j’apprécie énormément suite aux lectures de Quartier lointain et de Le Journal de mon père. Ceux qui ont déjà lu les mangas citées ci-dessus ne seront pas dépaysés en feuilletant « Un ciel radieux » car l’auteur reprend ses thèmes favoris : la famille et l’enfance. L’histoire débute par un accident de la route impliquant un motocycliste et un automobiliste. Seul, le conducteur de la moto, le jeune Takuya, sortira indemne de cet accrochage mais à son réveil : ses souvenirs, sa personnalité, son comportement sont ceux de Kazuhiro Kubota, l’automobiliste et père de famille de surcroît ! Comme « Quartier lointain », c’est un récit à mi-chemin entre le fantastique et le roman graphique que nous propose Jiro Taniguchi. Cependant, j’avoue avoir préféré « Quartier lointain » à « Un ciel radieux » car ce premier m’a semblé plus convaincant au niveau de la trame fantastique et surtout au niveau de l’émotion. A mon avis, « Un ciel radieux » est un manga qui manque de « tact » dans les scènes dramatiques, à tel point que celles-ci me sont apparues excessivement mélos ! En effet, j’ai eu l’impression que ces séquences ont été mises ça et là pour essayer de nous arracher quelques larmes : sur moi, c’est loupé ! Autre défaut que j’ai relevé dans ce manga : les explications données par les docteurs sur le changement de personnalité de Takuya aux membres de sa famille m’ont semblé peu vraisemblables… il aurait peut-être mieux vallu que l’auteur ne développe pas le handicap dont souffre le jeune homme, au moins, le lecteur se serait fait une petite idée de la chose pour se convaincre… Sinon, l’ensemble m’est apparu tout de même assez agréable à lire car la narration est fluide et le dessin de Jiro Taniguchi se révèle excellent (décors détaillés, personnages tout de suite identifiables, cadrages adaptés, mise en page aérée… bref, c’est du beau boulot !). Seule la disposition des bulles à contresens de la lecture occidentale m’a un peu gêné… fallait-il laisser ce manga dans le sens de lecture japonaise ? Vaste débat ! Des trois mangas que j’ai lus à ce jour de Jiro Taniguchi (« Quartier lointain », « Le journal de mon père » et « Un ciel radieux »), « Un ciel radieux » est celui que j’ai le moins apprécié. Le dessin n’est pas en cause, loin de là ! En fait, c’est au niveau du scénario que je me montre le plus critique : les explications sur le changement de personnalité du jeune Takuya sont peu convaincantes, les scènes dramatiques me sont apparues trop mélodramatiques et disséminées d’une façon trop téléphonée, etc… Toutefois, l’ensemble se révèle tout de même assez plaisant à lire car la narration est très bonne.
Je suis allergique au manga. J’ai essayé d’en lire plusieurs sans parvenir à les finir ! Je n’aime pas les personnages aux grands yeux dont regorgent les mangas. Je déteste aussi les longues séquences de silence suivies de longs passages de combat que j’ai pu découvrir dans les mangas (sans les finir…) et dont mon entourage m'avait pourtant hautement conseillé de les feuilleter ! Je n’aime pas également les séries à rallonge comportant une bonne dizaine de tomes. Et puis, je suis tombé sur un ami qui possédait « Quartier Lointain »… que je me suis empressé de le lire en souvenir des bonnes critiques de la plupart des bédéphiles. Et puis, lire seulement 2 tomes pour une histoire complète, ce n’était pas la mer à boire ! Et… j’ai adoré ! Il faut dire que le dessin de Taniguchi ne ressemble pas à ce que j’avais lu auparavant, qu’il n’y a pas ces fameux regards immenses… Le dessin est très fin et très détaillé. L’éditeur a eu l’initiative de mettre la pagination de cet album dans le sens de lecture occidentale, bonne idée même si parfois certaines bulles sont involontairement mal disposées. Malgré cela, ma lecture de cet ouvrage fut agréable grâce à des choix de cadrages simples et une mise en page exempte de toute reproche. Bref, la narration est vraiment excellente car très acrrocheuse ! Devant tant de qualités au niveau du graphiqme, je comprends mieux maintenant pourquoi l’auteur vient d’être primé comme meilleur dessinateur au dernier festival d’Angoulême : c’est tout simplement mérité ! Le thème de cette histoire a tout pour qu’on se retrouve devant un scénario déjanté à l’image du film « Retour vers le futur »… détrompez-vous ! Le retour dans le passé de notre héros est fait d’une manière simple. Ce personnage principal va redécouvrir les joies et les plaisirs de vivre pleinement sa jeunesse. Il va aussi essayer de comprendre pourquoi ses proches ont réagi de telles ou telles manières. Le héros va ainsi avoir une vision moins sévère de sa famille. J’ai énormément apprécié les longs moments de silence, ils sont disposés dans ce livre d’une manière pertinente et contribuent énormément aux grands moments d’émotion que j’ai pu ressentir lors de ma lecture. Seul le dénouement est un peu bizarre et brutal à mon goût. « Quartier lointain » est –enfin !- le premier manga que j’ai pu finir à lire et que j’ai –surtout- pleinement apprécié ! Cette BD m’est apparue comme une ode à la joie de vivre et aussi au respect mutuel. Le dessin de Taniguchi est, pour moi, une référence au niveau de la clarté. J’ai hâte de lire la série "Le sommet des dieux" du même auteur !
Crazyman par yannick
C’est avec « Crazyman » que je dois la conversation la plus animée entre bédéphiles ! C’est aussi la première bd de Baudouin que je lis… après expérience, il s’avère que je n’avais pas choisi la lecture la plus facile de cet auteur pour un premier pas ! « Crazyman » ? C’est un récit qui met en scène un superhéros s’appelant Paul. Ce personnage, le lecteur le voit tour à tour déchiré, cynique, joyeux, emporté par son élan, philosophé, poète, amoureux, se dépuceler (c’est pratiquement une première pour un superhéros !), engagé, bagarreur… et j’en passe ! Il est presque comme monsieur tout le monde quoi ! Dans sa quête pour trouver la paix intérieure, Paul va parcourir le monde à sa façon pour aussi découvrir le sexe… mais comme dans tous les récits de superhéros, sa route va être parsemée d’obstacles… Peut-on classer ce livre ? C’est impossible ! Et c’est ça qui fait la richesse de « Crazyman » ! Cette bd est tantôt drôle (en fait, il faut de temps en temps prendre du recul sur le récit pour saisir l’absurdité de certaines situations), tantôt dérangeante (ça parle du 11 septembre, de la guerre en Irak, etc…), tantôt émouvante, tantôt dramatique, tantôt violente et surtout pose des questions sur le sens de la vie. Alors, avec toutes ces qualités, « Crazyman » est-elle une excellente bd ? A mon avis, non, parce que plusieurs choses m’ont ennuyé lors ma lecture : Premièrement, je n’ai pas vraiment apprécié la scène se passant au Japon lorsque Paul combat des héros de mangas. J’ai trouvé cette séquence peu drôle et inutile. Et deuxièmement, Edmond Baudouin fait référence sans expliquer à de nombreux artistes, auteurs ou « je ne sais qui » qui me sont inconnus. C’est sur ce point que j’ai eu droit à un débat très vif avec un ami, celui-ci proclamant qu’il fallait que je fasse un effort en allant m’informer sur ces références, moi-même argumentant que je ne pouvais pas me renseigner sur tout (par faute de temps ou tout simplement par fainéantise) et que l’auteur aurait pu nous donner quelques repères pour mieux apprécier ses diatribes (Un peu comme le fait Joann Sfar dans ses séries comme Klezmer, Le Chat du Rabbin, Le Minuscule Mousquetaire, "Les carnets", etc.). Du coup, par mon manque de culture (essentiellement outre-Atlantique), j’ai eu l’impression d’être pris pour un ignorant, un incapable et ça… c’est une sensation désagréable qui m’est restée en travers de la gorge. Je pense qu’il est inutile de vous parler du dessin : chacun se fera sa propre idée. Le coup de crayon d’Edmond Baudouin plaît ou ne plaît pas, il n’y a pas d’alternative ! Finalement, "Crazyman" est une bd qui m’a fasciné et aussi fortement dérangé. En fait, le seul et énorme reproche que je fais envers cet album, c’est qu’Edmond Baudouin n’ait pas eu la bonne idée de développer un peu plus ses références lorsqu’il fait allusion à des artistes, philosophes ou autres quand le personnage principal les cite. C’est à cause de cela que je n’ai apprécié pleinement "Crazyman" : dommage car cette bd est tout de même intrigante par ses idées, son thème et son héros difficile à cerner !
Et si notre bonne vieille planète était régie par la Chine et les arabes ? Telle est l’idée de cette nouvelle série où les Etats-Unis sont rayés de la carte et où l’Europe est fortement affaiblie. Ne me demandez pas comment les puissances d’aujourd’hui en sont arrivées là, le scénario des « Ricards » n’en fait pas mention du moins dans ce premier tome intitulé « Tu n’es qu’un pion ». En fait, l’action est basée sur la relation entre la Chine et les états islamiques. Ces deux grandes puissances futuristes ont des rapports assez tendus puisque la règle du « donnant-donnant » domine leur relation. Ainsi, en échange du pétrole fourni par les pays musulmans, les chinois leur donne de l’eau potable. Les nombreuses scènes entre deux personnages, l’un arabe, l’autre asiatique, où on les voit jouer aux échecs résument parfaitement leur coopération. Au fait, le mot « échec » en anglais, ça devient « chess » n’est-ce pas ? D’où le titre de cette série et le nom du personnage principal. A propos de ce héros, on n’en sait pas grand’ chose : c’est apparemment un mercenaire qui réalise des opérations terroristes pour gagner de l’argent. Lors de sa dernière mission, il tombe pratiquement par hasard sur un enfant prisonnier dont ce dernier redeviendra l’objet de convoitise de ces deux grandes puissances. Je trouve le scénario de « Chess » assez intéressant, la domination du monde par les arabes et les chinois ne me semblent pas si fantaisistes que ça. Par contre, j’avoue que je suis un peu frustré par ce premier tome où de très nombreuses énigmes apparaissent : qui sont les deux personnages qui jouent aux échecs et quel est leur rôle ? Qui est vraiment « Chess » ? Comment la Chine et les états musulmans sont devenus les maîtres du monde ? Qui est cette femme blonde ? Et j’en passe… « Tu n’es qu’un pion » n’est donc qu’un tome d’introduction où il faudra attendre la sortie du prochain pour en faire un véritable avis. Je suis surpris de constater que les « Ricards » ont délaissé le dessin au profit d’un dessinateur qui m’était inconnu jusque maintenant : Michael Minerbe. Je ne suis pas trop fan de ce style, je le trouve figé et un peu trop sobre. J’aurais préféré que le dessin soit plus personnel un peu comme est capable de faire Christophe Gaultier qui a déjà travaillé avec ces scénaristes. Cependant, je dois reconnaître que le dessin de est extrêmement lisible que son découpage est relativement fluide. La bd se lit plaisamment, les bédéphiles qui aiment la géopolitique comme moi ne peuvent qu’être intrigués par ce scénario. Cependant, je dois avouer que ce premier tome m’a laissé un peu sur ma faim : l’histoire regorge d’énigmes qui obligent le lecteur à attendre les tomes suivants pour faire une véritable opinion de cette nouvelle série. Wait and see…
Le Camp-Volant par yannick
Décidément, Hausman semble être un auteur attitré des éditions Dupuis dans la collection « Aire Libre ». En effet, « Le camp volant » est son sixième album chez cet éditeur. C’est en souvenirs des histoires racontées par sa grand-mère que l’auteur nous propose ce conte. « Le camp volant » est le surnom attribué aux vagabonds du début du siècle précédent dans les contrées du nord et de l’Est de la France. L’histoire est située à la frontière de la réalité et du surnaturel. L’époque est représentée d’une façon très réaliste avec des personnages qui vivaient de la terre et de l’élevage. Ainsi, le lecteur est invité à suivre les péripéties d’un camp volant et d’une famille de paysans en plein cœur de la campagne dans une atmosphère très champêtre. Même les saisons y sont montrées avec l’été évoqué d’une façon gaie et colorée, et avec la dureté de l’hiver enneigé. Hausman incorpore dans ce récit une ambiance fantastique avec la présence d’un bois peuplé d’êtres étranges issus des légendes flamandes et d’animaux. L’histoire est dure, il m’est apparu assez bizarre de savoir que ce genre de conte ait été raconté aux enfants de la part de grands parents de l’ancien temps ! Il règne dans cette bd une atmosphère mélancolique qui ne m’a pas lâché même plusieurs jours après la lecture. J’adore le trait de Hausman, il est assez personnel. J’aime sa façon de représenter les animaux et ses ambiances aux tons pastels qui sont admirablement adaptées à ses histoires. Certaines planches sont réellement splendides surtout lorsque celles-ci représentent la forêt et sa faune. La mise en page et le découpage me sont apparus satisfaisants. Seules, certaines pages où la voix off y est présente m’ont semblé confuses car je n’avais pas saisi au premier coup le sens de lecture. Malgré toutes ces qualités, je dois reconnaître que jusqu’à maintenant les scénarii des bds de Hausman m’ont toujours laissé sur ma faim. « Le camp volant » ne fait pas, hélas, exception de ce constat. René Hausman possède un coup de patte incroyable -et j’en suis un de ses premiers fans- mais ses albums manquent toujours de ce « petit plus » qui feront des chefs d’œuvre. Finalement, « le camp volant » est une bd agréable à lire et à contempler. Les amateurs de contes, de légendes et d’ambiances fantastiques devraient y trouver leur compte.
A la base , je ne suis pas un fan de bds policières ou de thrillers mais en lisant le premier tome (« Angèle en enfer ») de « Poser mon sac », je me suis laissé tenter par l’achat de la série. Cependant, le troisième album « Pangée », qui clôt la série, vient de sortir il y a quelques mois et je dois reconnaître que je ressors déçu de cette lecture… « Angèle en enfer » inaugurerait une série prometteuse, l’histoire mettait en place un personnage sorti-je-ne-sais-où assez charismatique et intéressant. Le dénouement de ce premier album laissait présager un récit basé sur un règlement de comptes avec le milieu de mafia, le deuxième tome « Ad Patres » confirme tout ça. Hélas, mille fois, le scénario se met ensuite, dans « Ad Patres » à truffer d’énigmes qui compliquent l’histoire et d’apparition de personnages peu crédibles comme un curé qui joue au justicier. Le dernier tome « Pangée » m’a semblé ridicule. D’une histoire basée sur un règlement de comptes entre les mafios et la police, le récit se termine par un complot international peu crédible. Les scènes d’action disséminées ça et là dans la bd dynamisent beaucoup l’histoire. Elles sont réussies et contribuent à une partie du plaisir que j’ai pu retenir de cette lecture. Le dessin de Ternon est très lisible. Les expressions sont bien travaillées et les personnages sont facilement identifiables. La mise en page aérée contribue à rendre la lecture plaisante. La mise en couleurs se révèle bien adaptée à l’histoire, Cyrille Ternon semble à l’aise lorsqu’il s’agit de mettre des ambiances. Cependant, je trouve dommage que sa mise en couleurs soit un peu trop informatisée. Ainsi, à mon avis, ses aplats auraient gagnés à être moins lisses. De même, les effets de lumières en particulier pour représenter des phares de véhicules allumés auraient été plus réalistes sans l’emploi des fonctions abusives du logiciel « Photoshop » ou autre. La lecture de « Poser mon sac » s’avère finalement assez plaisante grâce surtout au dessin de Cyrille Ternon d’une lisibilité exemplaire et à l’emploi d’un personnage principal charismatique intéressant. Cependant, je dois reconnaître que je suis très déçu par le dernier album de la série dont le scénario m’a semblé très farfelu. Dommage car le premier tome était prometteur…
J’aime beaucoup les carnets de voyage et les récits historique, « Quitter Saigon » est en quelque sorte un mélange de ces deux genres. « Quitter Saigon » nous conte trois témoignages de Vietnamiens qui ont quitté leur pays pour s’installer en France. Le premier récit nous parle du père de l’auteur, Clément Baloup qui évoque surtout sa jeunesse pendant l’occupation américaine où il passait son temps à s’amuser… c’est, à mon avis, l’histoire la moins intéressante des trois. La deuxième partie nous présente les péripéties d’un fonctionnaire sous le régime communiste. Cet homme va connaître un camp de concentration pour des raisons qui l’échappe et qui nous échappe aussi. C’est, à mon avis, le récit le plus touchant et le plus « incroyable » du livre. La troisième histoire met en scène les aventures assez rocambolesques d’un des témoins. Pendant sa jeunesse et à cause de ses cheveux blonds qui le fait ressembler aux européens, celui-ci devra employer maintes méthodes pour fuir l’occupant japonais. Et le lecteur est invité à suivre cet enfant qui deviendra ensuite un jeune homme quitter l’Indochine… Ce récit est moins émouvant que la deuxième histoire mais reste, à moins avis, très intéressant. J’aime énormément la mise en couleurs de Clément Baloup. A partir de gouaches, il utilise des tons chaleureux lorsque les séquences se passent en France et une palette grisâtre quand les scènes se déroulent en Indochine. Ce traitement graphique et le format du livre me rappelle beaucoup la bd de Renaud de Heyn « La tentation ». Le seul reproche que je fais à « Quitter Saigon », c’est que, malgré des moments pénibles qu’ont traversé les différents protagonistes du livre, ceux-ci m’ont semblé assez froids. Peut-être que le ton neutre nous permet de prendre du recul par rapport aux témoignages de ces trois témoins mais je trouve tout de même assez bizarre cette attitude… « Quitter Saigon » est une bd très intéressante à lire. Elle nous permet d’apprendre de nombreuses choses sur l’histoire de l’Indochine au XXème à travers le témoignage de trois réfugiés vietnamiens. Le dessin de Clément Baloup est agréable à contempler et sa mise en couleurs m’est apparue parfaitement adaptée aux trois récits qui composent ce livre. Bd très instructif à lire absolument… dommage que la lecture soit un peu courte.
J’ai lu « Lucille » parce que cette bd a été distinguée à Angoulême comme album essentiel en 2007 et parce qu’elle est publiée par un éditeur que j’apprécie beaucoup. Sans ces arguments, il est clair que j’aurais ignoré cet album pour plusieurs raisons. D’abord, bien que l’ouvrage présente plus de 500 pages, soit d’une qualité de reliure et d’impression excellente, « Lucile » est vendue à un prix très élevé (près 28 euros !) qui ne motivera jamais les néophytes bédéphiles à découvrir l’album. Avec ce montant, l’amateur de bandes dessinées peut s’offrir 2 excellents albums dans un catalogue des plus gros éditeurs (ex : deux albums de la série « le photographe ») ou plus récemment l’intégrale de « Persépolis » à quelques euros près. De plus, l’album n’est que le premier tome d’une série… donc, pour moi, « Lucille » est réservée aux bédéphiles aisés financièrement. Ensuite, ce n’est qu’un avis personnel : je n’aime pas le dessin. Je trouve le style de Ludovic Debeurme trop épuré : les décors sont très minimalistes et semblent vides. Je pense qu’avec une mise en couleurs même traitée d’une manière simple aurait contribué à y combler ces vides et à y mettre une ambiance. De même, la mise en page est trop aérée à mon goût. Ainsi, il n’est pas rare de contempler des pages avec seulement deux ou trois « cases ». Toutefois, les expressions des personnages sont très bien rendues et contribuent amplement à nous transmettre des émotions. Et enfin, l’histoire ne m’a pas semblé assez vraisemblable. Je trouve que la rencontre entre les deux principaux personnages « Lucille » et « Arthur » est trop téléphonée. Je n’ai pas apprécié le fait que ça soit deux personnages ayant des gros problèmes dans la vie qui s’unissent. De plus, le dénouement m’a semblé trop dramatique comme si l’auteur avait voulu créer cette scène pour faire rebondir le récit. Bref, je trouve que l’histoire a tendance à être trop mélodrame… Pourtant, la bd possède de solides arguments pour que le lecteur l’apprécie. Premièrement, la narration est très accrocheuse, le livre se dévore avec l’envie de suivre les péripéties de « Lucille » et d’ « Arthur ». Sur ce point, c’est une réussite incontestable ! Deuxièmement, la bd nous expose l’histoire peu commune d’une anorexique. Cette malade est représentée avec beaucoup de pudeurs et de sensibilités par l’auteur. Ludovic Debeurme raconte en parallèle au récit de l’anorexique le destin d’un fils de pécheur. Ces deux histoires sont très intéressantes et auraient bien pu, à mon avis, être l’objet de deux albums à part. Finalement, « Lucille » est une bd très plaisante à lire, la narration est parfaite et j’ai suivi avec émotion les péripéties des deux personnages principaux. Cependant, le récit m’a semblé un peu trop mélodrame par moments. De plus, ce premier tome m’est apparu trop cher pour que des lecteurs occasionnels de bds aient l’envie de l’acheter. A lire toutefois… dans une bibliothèque ou en l’empruntant…
Je considérais l’époque de la prohibition comme de vulgaires règlements de compte entre gangsters jusqu’à ce que je lise « Mafia Story »… « Ce qui est à nous », la bd à partir laquelle est venue « Mafia Story », est une série qui me fascine par son côté historique, mais le nombre de tomes qui la compose me rebute toujours de me lancer dans cette lecture. « Mafia story » a le gros avantage par rapport à « Ce qui est à nous » de nous proposer, à ce jour, 2 tomes qui forme une histoire complète. Le premier cycle de « Mafia Story » raconte la vie de Dutch Schultz qui a vécu dans les années 1930 et qui fut l’un des plus grands caïds de New-York. A la lecture de ces deux albums, je suis admiratif devant la précision des faits historiques et du gros travail de documentation que cela a dû induire à Chauvel, le scénariste de la série. La vie de Dutch est exposée d’une manière incroyablement claire et cohérente. Malgré la complexité des relations de ce gangster et de sa vie agitée, la lecture m’est apparue plaisante et facile à suivre. Le mini-dossier présenté à la fin des tomes satisfera les acharnés de faits historiques. Mais ce qui m’a fasciné le plus dans cette série, c’est sa capacité à nous faire comprendre que la prohibition a vraiment marqué l’histoire de l’Amérique. Ainsi, au-delà des rivalités entre gangs, ces caïds avaient beaucoup d’influences sur le pouvoir politique de cette époque. Le fait d’avoir les hauts responsables entre leurs mains, ces gangsters pouvaient aussi influencer par des pots de vins et par des trahisons des populations et donc l’économie d’un pays comme les Etats-Unis ! Les décors de New-York dessiné par Le Saec sont très détaillés. La mise en couleurs est très réussie, elle retransmet bien l’ambiance qu’on se fait de cette époque. Pour un peu, on se croirait en train de regarder le film de Sergio Léone « Il était une fois en Amérique » ! Le seul défaut que j’ai trouvé envers le dessin de Le Saec, c’est la difficulté par moments à bien distinguer les visages des différents personnages de la bd. Les amoureux de récits historiques devraient, à mon avis, être aux anges en lisant cette série. Les faits y sont relatés d’une manière très précise. Grâce à un scénario clair et à une ambiance réussie qui nous fait plonger dans les années 30, la lecture se révèle très agréable. Cependant, je doute que les lecteurs qui détestent les récits historiques apprécieront cette bd car elle ne comporte pas de scènes romancées et les séquences d’action se résument à quelques courses poursuites ou règlements de compte avec l’arme aux poings en une-demi page. Pour ma part, je ne regrette absolument pas mon achat et j’attends impatiemment le prochain cycle !
20 précédents - 20 suivants
 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio