C’est avec « Crazyman » que je dois la conversation la plus animée entre bédéphiles ! C’est aussi la première bd de Baudouin que je lis… après expérience, il s’avère que je n’avais pas choisi la lecture la plus facile de cet auteur pour un premier pas ! « Crazyman » ? C’est un récit qui met en scène un superhéros s’appelant Paul. Ce personnage, le lecteur le voit tour à tour déchiré, cynique, joyeux, emporté par son élan, philosophé, poète, amoureux, se dépuceler (c’est pratiquement une première pour un superhéros !), engagé, bagarreur… et j’en passe ! Il est presque comme monsieur tout le monde quoi ! Dans sa quête pour trouver la paix intérieure, Paul va parcourir le monde à sa façon pour aussi découvrir le sexe… mais comme dans tous les récits de superhéros, sa route va être parsemée d’obstacles… Peut-on classer ce livre ? C’est impossible ! Et c’est ça qui fait la richesse de « Crazyman » ! Cette bd est tantôt drôle (en fait, il faut de temps en temps prendre du recul sur le récit pour saisir l’absurdité de certaines situations), tantôt dérangeante (ça parle du 11 septembre, de la guerre en Irak, etc…), tantôt émouvante, tantôt dramatique, tantôt violente et surtout pose des questions sur le sens de la vie. Alors, avec toutes ces qualités, « Crazyman » est-elle une excellente bd ? A mon avis, non, parce que plusieurs choses m’ont ennuyé lors ma lecture : Premièrement, je n’ai pas vraiment apprécié la scène se passant au Japon lorsque Paul combat des héros de mangas. J’ai trouvé cette séquence peu drôle et inutile. Et deuxièmement, Edmond Baudouin fait référence sans expliquer à de nombreux artistes, auteurs ou « je ne sais qui » qui me sont inconnus. C’est sur ce point que j’ai eu droit à un débat très vif avec un ami, celui-ci proclamant qu’il fallait que je fasse un effort en allant m’informer sur ces références, moi-même argumentant que je ne pouvais pas me renseigner sur tout (par faute de temps ou tout simplement par fainéantise) et que l’auteur aurait pu nous donner quelques repères pour mieux apprécier ses diatribes (Un peu comme le fait Joann Sfar dans ses séries comme Klezmer, Le Chat du Rabbin, Le Minuscule Mousquetaire, "Les carnets", etc.). Du coup, par mon manque de culture (essentiellement outre-Atlantique), j’ai eu l’impression d’être pris pour un ignorant, un incapable et ça… c’est une sensation désagréable qui m’est restée en travers de la gorge. Je pense qu’il est inutile de vous parler du dessin : chacun se fera sa propre idée. Le coup de crayon d’Edmond Baudouin plaît ou ne plaît pas, il n’y a pas d’alternative ! Finalement, "Crazyman" est une bd qui m’a fasciné et aussi fortement dérangé. En fait, le seul et énorme reproche que je fais envers cet album, c’est qu’Edmond Baudouin n’ait pas eu la bonne idée de développer un peu plus ses références lorsqu’il fait allusion à des artistes, philosophes ou autres quand le personnage principal les cite. C’est à cause de cela que je n’ai apprécié pleinement "Crazyman" : dommage car cette bd est tout de même intrigante par ses idées, son thème et son héros difficile à cerner !