
Le dessin, l’ambiance, indéniablement, vous rappelleront une autre aventure, aussi étrange que « Acqua Alta ». L’influence est revendiquée, accompagnée même, puisque Daria Schmitt a vu son travail accompagné par François Schuiten, inventeur de cités obscures. Un superbe parrainage pour cette dessinatrice qui en est à sa première BD, et un parallèle non usurpé car le trait et l’œuvre sont superbes.
L’étrangeté saute aux yeux lorsqu’un improbable dirigeable achemine une curieuse société d’appariteurs, chargés d’organisé le carnaval traditionnel d’une non moins improbable cité, Acqua Alta. La ville ne se livre aux visiteurs que lors de ces festivités, et ceux qui auront le bonheur d’être tirés au sort pourront demeurer dans cette utopie urbaine qui ressemble à Venise comme deux gouttes d’eau. Tout est paré pour la cérémonie semble-t-il, mais voilà que deux de ces appariteurs sont chargés d’une commande : convoyer vers Acqua Alta une boîte à remettre en mais propres au maire. Sauf que la boîte en question est capricieuse et grossit comme la grenouille de la fable. Jetée à la mer avec ses deux porteurs, elle finira par rejoindre la cité où elle sèmera le trouble, telle le fameux parallélépipède qui envahit justement l’urbanisme de Schuiten.
acqua 1.jpgLa ville se noie, les eaux s’engouffrent dans ses canaux labyrinthiques tandis que les différents pouvoirs se déchirent, et que de drôles de personnages traversent le décor, comme un non sens organisé. Daria Schmitt ne cite pas Fred et son Philémon, mais on n’est pas loin non plus de la quête du « A » et de non sens.
Chacun tirera sa morale de cette fable, très elliptique, mais l’auteur a posé la première pierre d’une œuvre qui, on l’espère, s’élèvera aussi haut que la Tour. Saluons aussi Casterman qui publie en même temps les deux tomes de cette histoire complète.
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