
Au début du vingtième siècle, dans le grand Nord, dans une contrée située entre l’Alaska et la Sibérie, une vallée perdue n’est habitée que par une poignée d’Indiens. Mais la civilisation pousse sa corne et attise les ambitions d’individus, d’autant que le sous-sol regorge de matières premières. De brillants ingénieurs proposent de noyer cette vallée pour construire un barrage et disposer de l’énergie nécessaire à leurs projets, appuyés par le maire et d’autres rapaces, dans l’esprit d’une seconde ruée vers l’or. Leurs hommes de main sont plutôt expéditifs, et massacrent la famille du jeune Yuma.
En parallèle, l’aiglon Kraa, privé lui aussi de ses parents, grandit et démontre des pouvoirs surpuissants, n’hésitant pas à trucider loups et même les hommes qui s’introduisent dans la vallée, son domaine. Kraa et Yuma ont la particularité de communier entre eux par un genre de télépathie qui tient du chamanisme, et qui révèle de façon sous-jacente un culte très ancien qui l’aigle et les Indiens. Et les deux vont conjuguer leurs efforts pour se venger.
Sokal reprend un animal pour héro, mais de façon réaliste, à la différence du privé Canardo, et « Kraa » s’affiche dans la veine de « Paradise ». Un réalisme qui n’empêche pas le fantastique, et l’aigle a parfois des allures d’Horus tel que l’a dessiné Bilal dans sa série Nikopol. Les paysages sont d’une beauté sublime (Sokal déclare qu’il a envie « de nature et de grand air ») , et les actions respirent le mouvement avec un crayonné nerveux. C’est du grand Sokal, et on comprend qu’il a un petit peu mis la pédale douce sur le dernier Canardo.
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