
C’est reparti pour un nouveau cycle d’ « Indra Dreams », avec un album qui est en réalité une mise en place des évènements à venir : on plante le décor d’aventures croisées qui devraient apporter le même plaisir aux amateurs des précédents récits.
Cette fois, ce sont des Anglais qui vont s’embarquer pour les Indes, au dix-neuvième siècle, pour diverses raisons. Certains y sont plus ou moins obligés, comme le professeur Sybellius mis à la porte de son université pour avoir présenté à ses élèves la beauté des sculptures indiennes très érotiques, Kamasoutra en relief, et qui finalement se résout - non sans plaisir - à partir pour ce pays qui l’envoûte. Il y a également miss Virginia Moore, meurtrière de son compagnon et de son enfant, et pourchassée, qui usurpe une identité pour accompagnée le juge Arthur Byle, nommé à la Cour suprême de Calcuta, un homme falot, accompagnée de son épouse, caricature de la morale victorienne. A bord de l’imposant paquebot, on retrouve également le botaniste Abe Dawson et les lanciers du Bengale du colonel Redfield. Un inspecteur impitoyable, Abbot Pimlicott, lancé sur les traces de la meurtrière, gagnera bientôt les Indes à son tour.
Nous sommes donc devant une mise en bouche qui promet de l’action, mais qui évoque déjà cette distance incroyable entre l’austère Angleterre victorienne, pudique et frigide, et les Indes à la fois sordides et chatoyantes, où le sexe s’exhibe sur les frontons des temples, et où des Européens trop corsetés peuvent espérer trouver enfin leur place.
Le dessin reste fabuleux, avec des évocations du Londres d’alors qui paraît d’une étonnante authenticité, mais les premières images de l’Inde en fin d’album sont également remarquables, d’autant que Jean-François Charles soigne particulièrement ses couleurs. Le tout sur un scénario qui aurait pu s’avérer complexe par le nombre de personnages et de situations, mais que Maryse Charles a le talent de faire apparaître comme limpide. Un très grand retour d’ « India Dreams ».
Précisons qu’un superbe carnet de croquis, tiré à part, est proposé avec la première édition.
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