
Drôle de choc que de voir le célèbre best seller de Jane Austen, « Orgueil et préjugé », déjà agrémenté de zombies affamés (pléonasme) par le roman de Seth Grahame-Smith, bientôt produit par Natalie Portman au cinéma, laquelle y tiendra le premier rôle, celui d’Elisabeth Bennet, et actuellement publié en BD par Casterman. Des rebondissements pour le moins curieux dans cette Angleterre victorienne du XIXème siècle, et où il faut s’accrocher pour suivre les chassés-croisés amoureux et la fierté de la haute noblesse, malgré la fâcheuse tendance des zombies à surgir de terre, surtout quand il pleut et que le sol devient meuble.
Cela donne des dialogues du style « Si votre devoir est de marier nos, filles, le mien est de la garder en vie » dit le père Bennet à son épouse, tout en nettoyant son mousquet. Il faut dire que ses filles sont aussi belles que redoutables, maniant l’épée, le fusil autant que le sabre et les techniques chinoises (elles ont étudié auprès d’un maître oriental) et que chacune d’elle peut décaniller les yeux fermés sa dizaine de morts vivants charognards. Reste que l’on ignore d’où vient cette épidémie qui engendre ces « innommables », et que ce côté gore tombe un peu comme un cheveu sur la soupe dans cette histoire pleine de sentiments, bien qu’il reste des dialogues pas piqués des vers, comme cette dame de la haute qui s’offusque de voir arriver Élisabeth avec son jupon déchiré, où « il y avait même des morceaux de zombies sur sa manche ».
Mélange improbable de gore et d’académisme, « Orgueil et préjugé » bénéficie d’un dessin délicat en noir et blanc, mais on ne saura jamais si Jane Austin se retournerait dans sa tombe en lisant cette adaptation non dénuée d’humour.
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