
C’est la suite et la fin d’une histoire fantastique pas vraiment comme une autre. Normal, puisqu’elle est éditée chez Emmanuel Proust, une maison d’édition dont on peine à chercher les faux pas.
Rappel du point de départ : le jeune Darius, fils d’un riche industriel anglais de l’époque victorienne, avait tout pour reprendre l’affaire du paternel via un mariage arrangé qui aurait tourné à la fusion de deux entreprises. Mais le jeune homme a eu le tord de braver la morale commune en appuyant dans sa thèse les idées de Darwin. Sanction immédiate, il est quasiment exilé pour deux années par son père dans une île perdue, Saint Kilda, au nord de l’Irlande. Un lieu sans arbre, restreint, où vivent hommes et femmes au sein d’une communauté ignorante du reste du monde, et que dirige le prêtre gourou Jacob. Un genre d’idéal qui cache des faits très sordides, dont les jeunes femmes sont les premières victimes, et que Darius va révéler au fur et à mesure qu’il en prend connaissance. Des femmes qui vont se surprendre elles-mêmes en désobéissant aux « esprits » qui en ont fait disparaître plus d’une, et le terme de « suffragettes » est même évoqué.
On peut regretter l’absence de suspense, trop vite révélé à la fin du tome 1, mais cela ne remet pas en cause la classe de ce récit et ces paysages et mœurs, sans tape à l’œil mais avec un sens du fantastique indéniable. Bien imaginé (Pascal Bertho est le scénariste de « Chéri Bibi »), bien dessiné (couleurs directes de Chandre), c’est déjà beaucoup.
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