
La série était partie sur les chapeaux de roue, et puis le tome 2 m’a déçu, avec des super héros indestructibles chargés de faire basculer à eux seuls la Première guerre mondiale, dans la boue et les charniers des tranchées : cela relevait des comics américains et de leurs procédés scénaristiques, alors que l'on pouvait être plus ambitieux. Et pourtant les auteurs se sont nettement repris avec ce troisième volume.
Il n'y a pourtant pas de grosses surprises, avec une équipe de trois gaillards bioniques côté français, qui font un boulot d’enfer. En face, les Allemands commencent à trouver la parade avec un molosse sans état d’âme aux allures de scaphandrier façon Jules Verne. On se demande d’ailleurs à quoi ressemblerait la BD d’aujourd’hui sans Jules Verne et les produits dérivés du « Seigneur des anneaux ». Reste que ce tome 3 traite de la première utilisation des gaz mortels à Ypres, d’où le terme d’Ypérite. Un gaz foudroyant, une « innovation » tellement inattendue que l’on a recommandé dans un premier temps aux soldats de se couvrir le visage d’un chiffon imbibé d’urine, tandis que les premiers revers de vent retournait aux envoyeurs leurs miasmes mortels.
Le volume trois tient bien la route, alors que l’on aurait pu se passer des multiples appels de notes, traductions de l’allemand inscrit dans les bulles. Enrique Breccia fait encore des merveilles au dessin dans ce contexte affreux de 1915, avec une capacité de représenter l’horreur quotidienne de l’époque. Rappelons que les gaz et l’enfer des tranchées ont tué des Irakiens et des Iraniens des dizaines d’années après, et que les "Sentinelles" ne restent que des tigres de papier.
Le quatrième volume aura pour théâtre d’opérations les Dardanelles.
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