
« Lycaons » d'Alex Barbier. Chez FRMK.
Devenu l'éditeur de Barbier depuis quelques années, le Frémok se devait de rééditer « Lycaons », un ouvrage radical et novateur à l'époque où il paraît (1979) aux éditions du Square mais surtout, un ouvrage au propos indémodable. On y découvre ou redécouvre la verve sauvage d'un dessinateur qui a su tirer le meilleur parti de la couleur directe avant tout le monde. Barbier est un artiste, un peintre, un univers à lui tout seul. Cru jusqu'à la moelle, déshabillé jusqu'à l'os, Lycaons est un livre brut mais aussi un ouvrage fondateur. Si le Frémok s'intéresse tant à Barbier, c'est parce qu'il représente ce que cette maison tout à fait à part dans le paysage de la bande dessinée contemporaine tente d'amener au neuvième art. Un regard différent, une bande dessinée qui puise ses racines dans la littérature mais qui fructifie à travers une approche volontiers plus plastique, en bousculant les codes et les formats, limitant le plus souvent la planche à deux cases de même grandeur. Voilà pourquoi la réédition de ce livre introuvable -qui plus est avec un supplément de pages par rapport à l'édition originale- ne peut qu'être saluée à sa juste valeur. Les esprits chagrins regretteront la disparition de la majorité des originaux et donc la réédition de ce travail majeur à partir de pages imprimées, à l'exception de quelques dizaines de planches qui ont échappé au feu en 1983. Malgré cet état de fait, Lycaons demeure saisissant, tant par ses qualités graphiques que narratives. L'éditeur a eu la bonne idée d'indiquer les pages reproduites à partir d'un support imprimé en y apposant un pictogramme d'allumette. Cela permet au lecteur de se pencher avec plus de curiosité et d'attention encore sur les autres. Ouvrez le livre à la page 98-99 et comparez la planche de gauche (rescapée) et celle de droite (brûlée) : vous comprendrez que ce livre aurait pu être encore plus beau qu'il ne l'est !
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