
"La Croix du sud" de Duran et Alzate. Dargaud.
Comment illuminer les heures les plus sombres du Moyen-Âge ? En se plongeant dans "la Croix du Sud" des jeunes Espagnols Luis Duran et Raquel Alzate. Le premier, scénariste, n'a guère qu"Antoine des Tempêtes" à son actif tandis que la dessinatrice signe là son premier album après avoir beaucoup donné dans l'illustration fantastique. Fantastique, un adjectif qui colle à merveille à cette BD, dans tous les sens du terme.
L'histoire prend naissance dans une forêt telle que l'on pouvait se l'imaginer au temps des châteaux-forts, avec des arbres démesurés, mangeurs d'hommes, abris idéal pour les sorcières de tous crins. S'en est justement une qui est froidement exécutée (le feu du bûcher ne prend pas..) devant sa petite fille Iliane. Déjà un vent magique tourne autour d'Iliane, aux grands yeux éplorés. La fillette servira ensuite d'esclave chez le seigneur Sire de Volt, tout comme Dominique que l'on dit avoir été enfanté par le vent. Tout se jouera entre la cruauté des hommes du château, l'innocence des deux enfants et l'inquiétant pouvoir de la forêt.
Le scénario est mené impeccablement en deux chapitres, sans fioritures. Il est illustré par un dessin envoûtant, de véritables enluminures mélangeant la précision du trait et un certain flou qui donne l'illusion de mouvement comme dans les scènes de cavalcades. On trouve de véritables travelings, des cases que l'on croirait photographiées au grand angle, des gueules patibulaires déformées et des couleurs éblouissantes. "La Croix du sud" est peut-être le meilleur album du mois.
La menace du jour :
"Encore une bêtise et
je te couperai un autre doigt".
Pas sympa le Moyen-Âge profond..
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