
Les auteurs ne se revendiquent pas historiens, mais ils se basent sur des sources sérieuses et précisent les entorses qu’ils sont susceptibles de réaliser pour donner vie à « Murena ». Ce tome 8 est la fin d’un cycle, qui se termine en apothéose ou en catastrophe, selon les points de vue, à savoir le terrible incendie de Rome en 64 après JC.
On balaie ici l’image d’Épinal d’un Néron fou et hagard qui aurait volontairement mis le feu à sa capitale, et dès le tome précédent, on sait c’est Lucius Murena qui par vengeance a incendié la ville. Au contraire, Néron œuvre ici parmi les sauveteurs, cherche une issue pour la foule paniquée, mais la rumeur court. Néron n’a-t-il pas violé une vestale? N’est-ce pas lui qui a attisé les braises? Son proche entourage, vil et avide, désigne le bouc émissaire, les chrétiens, qui jusque là étaient parfaitement tolérés. Un général romain tente même de soutenir Pierre, qui vient en aide aux démunis.
Le dessin de Delaby souligne l’aspect hallucinant de ces flammes, esquissant un décor dantesque qui part en fumée, broyant les pierres et les hommes. Le Tibre lui-même se révèle un cercueil pour ceux qui veulent s’échapper. Rendons aussi hommage aux couleurs, c’est le cas de le dire, flamboyantes de Jérémy Petiqueux, qui maîtrise parfaitement la nuit et le brasier, et cette pluie de cendres qui recouvre Rome. Espérons une suite à ces huit volumes dont pas un n’échappe au superbe.
|