Véritable gentleman de la Bande Dessinée, Max Mayeu, alias Marco, Badour puis Sirius, nous a quitté ce 1er mai 1997. Il avait quatre-vingt-six ans et une rare jeunesse d'esprit.

C'est en 1942 qu'il crée "L'Épervier bleu" pour le journal de Spirou et, dès lors, il ne cessera d'inventer des histoires dont la plus connue est, précisément, "Images de l'Histoire du Monde" ou, en d'autres mots, la collection des "Timour", aux Éditions Dupuis (34 titres).

Il a tout fait : de la fantaisie drolatique ("Polochon et Colegram", "Caramel et Romulus", "Célestin Virgule") à la série d'aventures ("L'Épervier bleu", poursuivi à l'époque par la censure française), en passant par d'autres créations marquées de son inimitable humour pince-sans-rire, créations qui ne s'adressaient pas particulièrement aux enfants ("Pemberton").

Homme d'écriture, il avait du style, et beaucoup de ses textes pourraient figurer dans des anthologies de littérature, tirant ainsi la langue avec une délicieuse ironie aux irréductibles qui considèrent - encore et toujours - la bande dessinée comme un simple passe-temps pour analphabètes.

Très grand, mince, Sirius possédait une élégance naturelle, innée, non seulement dans sa personne mais également dans l'esprit. C'est la modestie d'un homme réservé, qui s'est toujours tenu à l'écart de la plupart des manifestations autour de la Bande Dessinée, qui est à l'origine d'une méconnaissance de la part des médias à l'égard d'un artiste qui se moquait de la célébrité comme de son premier pot d'encre de Chine. Plus de cinquante ans de créations ne lui ont d'ailleurs pas apporté cette célébrité derrière laquelle il n'a jamais couru et qui n'a pas daigné le reconnaître. Il fut pourtant, bien avant d'autres que l'on porte aujourd'hui au pinacle, le quasi-inventeur de la bande dessinée dite "historique" et l'un des piliers de Spirou et de la Bande Dessinée franco-belge.

(Éditions Dupuis, le 2 mai 1997.)

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