« Seconde chance », deuxième tome de la série Mobilis, par Andréas et Durieux, chez Delcourt.
Avec un certain étonnement, j'ai découvert à la fin de ce deuxième tome que la conclusion se trouverait déjà dans le suivant. Au terme de ces 92 premières pages, il est pourtant bien difficile de savoir où Andréas veut en venir. Mystérieux, le premier tome plantait le décor. Sulfureux, le deuxième brouille les pistes. Depuis les débuts, on sait que le héros, Ross Nevada, est manipulé. On sait que l'un des manipulateurs, au moins, est le général Heirsch Breitenbach. Mais on ne sait toujours pas à quelles fins. Et le suspense est joliment entretenu dans ce deuxième album très différent du premier. L'écrivain raté qui s'était fait jeter de l'agence de pub pour laquelle il travaillait se retrouve ici dans un inquiétant huis-clos. Payé pour écrire à la main la biographie d'un milliardaire chez qui il est logé, nourri et blanchi, il débarque au milieu d'un fameux panier de crabes. Je l'avoue, ce récit m'intrigue. Ce qui n'a rien d'étonnant pour du Andréas, car on sait que le bonhomme n'est pas du genre à nous livrer des histoires prévisibles. Et même si j'ai une préférence pour le dessin « naïf » de Durieux, façon Bénito Mambo ou plus récemment façon « Oscar » (la nouvelle série qu'il dessine chez Dupuis sur scénario de Denis Lapière), j'avoue que son trait réaliste a beaucoup progressé ces dernières années. Après de bons débuts avec Jean Dufaux sur la série Avel chez Glénat, on avait plutôt eu le sentiment d'une régression lors de son passage au Lombard, sur la série Foudre. Aujourd'hui, la page est tournée. Son dessin est plus fluide, plus aéré, plus clair. Et ses personnages ont physiquement acquis de la maturité, même s'il reste quelques tics chez certains d'entre eux. Bref, un dessinateur qui « vieillit » plutôt bien. Et qui parvient, pour le moment, à maintenir deux styles radicalement opposés dans sa production.
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