Vitesse moderne de Blutch - 8 critiques

Edition : Dupuis
Collection : Aire Libre
Pages : 80 pages en couleurs
Parution : octobre 02
Auteurs : BlutchScénaristeDessinateur

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Par : Sylv Voir les critiques de Sylv (31 mars 2003)

Une traversée de Paris à la Blutch, sur les pas de Lola, son héroïne, danseuse dans la vie... Lola à la rencontre de personnages bizarres, dans des lieux bizarres, dans des situations bizarres.. Lecteur, es-tu bien réveillé, ou est-ce Lola qui dort.. As-tu été invité dans ses rêves.. ou plutôt ses cauchemars ? Parce que cette invitation au voyage qui t'est lancée par Blutch n'a rien d'une partie de plaisir ensoleillée.. bien au contraire, c'est sombre, sinueux,... Difficile de suivre le fil... On passe d'un lieu à l'autre, on y recroise des personnages quittés quelques instants auparavant dans d'autres lieux, tous aussi déjantés les uns que les autres...
Quelques personnages illustres viennent vous saluer au passage, dans ce rêve halluciné : notamment Serge Reggiani, Omar Sharif. Mélange tantôt grotesque tantôt inquiétant, Vitesse Moderne ne laisse pas indifférent. Le lecteur est embarqué malgré lui dans cette dérive nocturne qui n'a ni queue ni tête, et tente de reprendre le cours normal des choses... mais pauvre lecteur que tu es.. il n'y a pas de cours normal.. laisse-toi balloter, laisse-toi emmener, c'est ta seule chance de t'en sortir indemne !! Et tu verras, tu finiras par en redemander !

Par : ArzaK Voir les critiques de ArzaK (19 nov. 2002)

Après Guibert, David B. et Blain, Blutch réussit son passage dans la prestigieuse collection Aire Libre. A l’instar de Dargaud avec sa collection Poisson Pilote, ce gros éditeur qu’est Dupuis a bel et bien décidé de ne pas passer à côté de ces talents nés dans l’édition indépendante. Et on imagine déjà quels pourraient être les suivants : Baudoin ? Sfar ? Frederik Peeters ? Kiloffer ?

Il y a d’abord ce titre étrange : « Vitesse moderne », étrange parce que la vitesse n’est elle pas de toute façon « moderne » ? Mais l’expression est belle, on la croirait sortie d’un poème surréaliste. On y sent d’emblée quelque chose de « caché ».
« Vitesse » et la voiture est pourtant à l’arrêt, la portière ouverte, et nous voyons ces deux jeunes femmes, elles dorment. On ouvre alors l’album, certain d’y trouver une part de leur rêve. Un rêve dans lequel Lola (celle qui porte une robe rouge), accompagnée de Renée (l’autre), qui tient à raconter son histoire, se débat avec le spectre d’un père décadent et celui d’une mère abîmée par la vie. Un rêve à tiroirs qui aborde d’étranges thèmes tels que l’ambiguïté sexuelle et l’inceste, pour aboutir à la découverte de l’être aimé. Je n’en dis pas plus, raconter d’avantage m’obligerait à vous imposer mon interprétation de cette histoire.

J’ai aimé tous les albums de Blutch qui me sont passé dans les mains et celui-ci ne failli pas à la règle. J’aime son trait, il donne toujours à ses personnages la juste pose, celle qui évoque, plus que tout, une humeur. Ici, grande nouveauté, il passe à la couleur, et c’est assez réussi. Mais ce qui me réjouit par-dessus tout, c’est de retrouver la veine « onirique » de Blutch. Celle qui était à l’œuvre dans « Mademoiselle Sunnymoon » et qu’il avait plus ou moins réfréné depuis.
Esprits cartésiens, adorateurs des récits clairs et précis, passez votre chemin, cet album n’est pas pour vous.
Si vous pensez dur comme fer que : « Ce qui ce conçoit bien s’énonce clairement et les mots viennent aisément pour le dire » (maxime idiote, « l’indicible » existe), cet album n’est pas fait pour vous non plus.
A ce titre, l’allusion de certaines critiques à David Lynch est pertinente. Même si Blutch ne cultive pas l’ambiance « malsaine » qui a fait la marque de fabrique du plus tordu des réalisateurs américains, il y a dans cet album, comme dans les films de Lynch, un goût du mystère et de la quête du sens. Au final, cela forme un étrange labyrinthe dans lequel tout, le moindre détail, est sujet à interprétation et doit l’être, au risque de passer sous le nez du lecteur. Le mythe d’œdipe, cher à Freud, en donnera une clef, mais ce n’est pas, à mon sens, la seule qui soit utile à « ouvrir » ce récit. Je vous rassure, pas besoin d’être psychanalyste pour lire cet album, pas besoin non plus d’avoir une grande accoutumance au surréalisme (même si cela peut aider). Mais il faut néanmoins être prêt à jouer au jeu de l’interprétation et « finir » le récit en lambeaux que Blutch nous offre.
Si je devais rapprocher cet album d’une bande dessinée, je pense ne pas me tromper en citant « La femme du magicien » de Boucq et Charyn, ou encore « Trait de craie » de Prado, le type même d’album dont on sait quand on y entre, mais jamais quand on en ressort… tant la fin ressemble à un commencement.

Par : Gally Voir les critiques de Gally (18 nov. 2002)

Au cœur d’un Paris sombre et insolite, Vitesse Moderne conte les pérégrinations de deux jeunes femmes, davantage portées par les situations et l’évolution d’un monde étrange que par leurs propres actes.
Cette histoire s’apparente à ces rêves que l’on fait parfois, lorsque des souvenirs tourmentés viennent peupler notre nuit. Ces rêves où la réalité change et se modifie au gré des humeurs et des réminiscences d’un passé trouble. Sans cesse en mouvement, dans un monde réel aux allures fantastiques, on se laisse porter par l’univers troublant et imprévisible de l’auteur qui surprend à chaque planche. Un charme indescriptible ressort de cette composition surréaliste où le trait de Blutch prend une intensité particulière et ne laisse pas indifférent.

Par : eddy Voir les critiques de eddy (13 nov. 2002)

Quel ennui. Je sais que je passe à côté de quelque chose, tout mon entourage vénère Blutch, et moi, rien... Je n'ai pas du comprendre qu'il n'y avait rien à comprendre, je ne sais pas. Les aventures de 2 nanas dephasées dans un monde absurdo-délirant, le tout sans une once d'humour ni de cohérence... Oeuvre d'art ? Recherche de style narratif ? Oui mais voilà. Mon cerveau ne démarre pas avec Blutch. Son dessin me laisse complètement de marbre, même si je reconnais quelques uns de ses mérites. Des fois, il m'arrache un sourire dans ses parutions de Fluide Glacial, mais là, rien, nib, nada. Je ne pourrais même pas recommander cette BD à quelqu'un à qui ça pourrait éventuellement plaire. Une BD qui doit s'adresser à une intelligentsia que je respecte, mais qui m'a autant ennuyé que la lecture d'un cahier vierge.

Par : 0livier Voir les critiques de 0livier (05 nov. 2002)

Bof bof bof! Je ne suis pas très enthousiaste après la lecture de cet album... en fait je ne sais pas quoi en dire. Le dessin et les couleurs donnent un résultat d'ambiance assez séduisant mais quant à l'histoire... Le but de l'auteur est très certainement de vouloir sortir des conventions, ce qui est très louable au demeurant. Ici les scènes s'enchaînent les unes aux autres en faisant fi de toute logique et de tout pragmatisme; une porte familière sur l'appartement d'à côté, les rues de la ville qui se vident par mystère et des tranches vie d'Omar Sharif dans le métro! On pourrait être dans une sorte de rêve, certes, et faire toutes les analyses psychanalitiques bon marché possibles: une fille qui ne reconnaît jamais son père, la peur des araignées, troubles de la personnalité... etc... mais pour arriver où? Quand j'ai refermé l'album, je me suis demandé, et je me demande encore, "qu'est-ce qu'a voulu dire l'auteur?" Quelle leçon en tirer? Tout cela me laisse bien perplexe...

Par : david t (02 nov. 2002)

Blutch est un auteur dont je me méfiais à cause de son énorme talent de styliste. Ce dessin maniéré, au trait faussement bâclé, nerveux et plein de vie, mais si parfaitement figé dans ce mouvement qu'il crée qu'il ressemble à de la sculpture... A priori, dans le genre 'nouvelle BD' je lui préfère un Sfar, beaucoup plus relâché et sans complexe. Le dessin trop stylisé a cette fâcheuse tendance à n'exister que pour lui-même, à ne servir qu'à être beau... Et c'est parfois le cas avec Blutch, mais l'auteur semble avoir tellement conscience de son talent qu'il ironise dessus à pleines pelletées, ce qui change la donne du tout au tout... Cet album est en fait une très agréable découverte, qui montre que ma méfiance initiale n'était absolument pas fondée. Blutch crée ici une sorte de rêve collectif, comme si le récit était fait de morceaux des rêves des protagonistes. Le scénario y trouve de nouveaux ressorts, permettant des choses impossibles dans un récit 'réaliste'. Mais il ne s'agit pas d'un récit sans queue ni tête, loin de là... Les événements s'enchaînent sur un rythme sans faille, les dialogues sont savoureux et l'humour (second degré minimum!) est incisif à souhait. La maîtrise du dessin est exceptionnelle. Les tiroirs (thèmes et symboles) sont nombreux et on peut apprécier et analyser le livre de nombreuses façons, ce qui contribue au plaisir de lecture. La 'Vitesse moderne' est très bien rendue, alors que tout semble aller trop vite pour les personnages dans ce monde pseudo-onirique. Les ambiances irréelles ajoutent encore un degré d'émotion à un album qui n'aurait pu être que froid et clinique, s'il n'avait été qu'un exercice de style. Non, Blutch est inspiré et inspirant, et son histoire remue les méninges et les tripes. Une petite parenthèse pour dire que la collection Aire Libre offre sans doute le meilleur format pour de la BD couleur, et c'est une chance pour nous lecteurs que des auteurs tels que Blutch, Blain ('Le réducteur de vitesse', quel beau livre...), David B ou Guibert y aient accès...

Par : Olivier Grenson Voir les critiques de Olivier Grenson (29 oct. 2002)

Du grand art dans un "exercice" si difficile pourtant...
Pas évident d'emmener le lecteur à travers les méandres d'un récit ahurissant, celui d'un rêve ou d'un cauchemar, peut-être simplement la sensation de souvenirs, en tout cas, là où se cache l'inconscient, le moi, les troubles, les amours, les phantasmes, les manques, les angoisses et les frustrations, mais surtout l'art et l'artiste.
Déroutant et troublant comme une identité qui se construit et se déconstruit sans cesse en un mouvement parfois cahotique, souvent métaphorique, tel cette araignée qui symbolise la réalité qu'il faut inévitablement affronter pour pouvoir se réaliser.
C'est l'incohérence du récit, l'enchaînement surprenant des sécances, l'apparition de personnages au détour d'une porte, d'un corridor ou d'une fenêtre qui font de cette histoire Freudienne une bande dessinée à part. Un récit dingue, dense où chaque protagoniste interpelle par ses failles et ses névroses.
Un enchantement poétique où le lecteur doit très vite s'impliquer dans une lecture où lire entre les lignes nous apprend à imaginer une musique sur quelques pas de danse.
Lola est danseuse, elle est le sujet d'inspiration pour le prochain livre de Renée Monzie, écrivain raté à la recherche d'une ame, celle de Lola. Rudy est dingue amoureux de Lola, musicien sans talent, Rudy est laid, il se prend pour une espècce de golem dont le nom inscrit sur son front le libérera de se son mal d'amour. Elle retrouve son père, forban disjoncté, sa mère, amie d'Omar Sharif dans un Paris désert et inondé où les taxis sont des bateaux de pacotille... A l'Olympia, Reggiani chante Moustaki... Un monde extravagant où l'on découvre les mystères de la vie.
Hélas l'histoire se termine brutalement comme un rêve interrompu, il faudrait se rendormir...

Par : Thierry Bellefroid Voir les critiques de Thierry Bellefroid (08 oct. 2002)

« Vitesse moderne », par Blutch. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

Difficile de faire partager ses rêves. Quand on se réveille, on a toujours cette impression que l'histoire tient debout, que les détails invraisemblables ont tous un lien de causalité évident. Et puis on se met à réfléchir. Et au moment de passer au récit, on se dit que non, c'est décidément impossible à raconter. Blutch, lui, tente l'exercice. Au cours d'une journée qui s'étire et se distend sans logique, son héroïne, Lola, passe allègrement d'une réalité à l'autre. Pas d'ogre ni de monstre dans le rêve de Lola. On est dans le domaine du réel décalé. Tout au plus quelques personnages masqués. Mais les enchaînements, les comportements des personnages, échappent à la logique habituelle du récit. Le père, omniprésent, revient comme une récurrence freudienne, tandis que Renée, la biographe officielle de Lola, est toute en évanescence. Il y a une grâce évidente dans cette entreprise, une patte artistique du plus haut niveau. Blutch ne parvient cependant pas à faire oublier au lecteur que le rêve est quelque chose de personnel et d'intérieur. On n'entre pas dans le rêve de quelqu'un, chacun suit ses propres règles en la matière. Voilà pourquoi le récit de Blucth déroute, irrite parfois. Personnages abandonnés à leur sort, enchaînements incongrus, sorties de route et récupérations in extremis, la gamme est largement utilisée ici. Mais elle s'accompagne aussi de poésie surréaliste et d'exploration des relations humaines. Quelque part dans les souterrains de l'âme, Blutch parvient à envoûter les esprits. Et c'est déjà très bien. Mais « Vitesse moderne » n'est pas un chef d'oeuvre pour autant.


 


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