Leone Frollo a dessiné cette série de 1985 à 1987. Il relate l'histoire d'un bordel parisien, en s'inspirant du célèbre "one two two" .
Dans un style très élégant, Frollo relate, le plus souvent sous une forme humoristique, et à travers de courtes histoires, les exploits des pensionnaires de Madame Georgette, tenancière du bordel.
Un dessin épuré, sans décor, qui permet d'admirer les courbes de ces dames....
Outre ces pensionnaires, Frollo nous offre une belle galerie de portraits de la bourgeoisie du début du 20ème siècle, fréquentant les maisons closes.
Même si certaines cases sont très explicites, je n'arrive pas à classer cette bande dessinée dans la catégorie "pornographique".
Malgré ses 330 pages et à raisons de deux vignettes par page, ce petit pavé se lit un peu trop vite.
C'est plaisant, élégant sans aucune trivialité, ni vulgarité, bref classieux .
Et dire que je n’ai cessé de repousser ma lecture de cet album unique, prétextant tout et n’importe quoi, ne voulant pas laisser ce livre me ruiner le moral... A force de lire tellement de choses sur ce looser névrotique, j’en avais développé une forme d’allergie dont je m’accommodais bien volontiers. Et pourtant, quelle erreur !
Ce livre est non seulement unique, mais il est tout simplement génial !
Génial dans sa conception, dans ses moindres détails, dans l’inventivité de sa narration, dans la folie de son découpage, dans la folie de son concept, dans le délire de sa psychologie.
Et, passée un début délicat, exigeant même, d’un cinquantaine de page, la démonstration devient une évidence : Chris Ware est un pur génie.
Je ne vais pas m’attarder à expliquer l’évolution et la construction du récit mais le fait d’étaler celui-ci sur 4 générations permet de comprendre ce qu’est l’atavisme, et le résultat sur ce pauvre Jimmy que je ne qualifierai pas de looser, cette sentence me semblant trop définitive et facile.
Jimmy n’est que l’accumulation d’échecs générationnels générateurs de frustrations reportées sur le plus jeune…
A l’âge où l’enfant doit s’affirmer, prendre confiance en lui, les parents doivent se donner, valoriser l’enfant, le rassurer. Là, il n’y a qu’une accumulation de brimades, de punitions, d’humiliations même qui auront pour effet de ruiner toute l’assurance du jeune Jimmy.
Parmi les images marquantes de ce que j’énonce ci-dessus, il y a les phylactères de Jimmy et son bégaiement systématique. Chaque première syllabe est doublée, renforçant ainsi ce sentiment hésitant fort.
Il y a ensuite l’autre récurrence des hommes peu confiants en eux : le fantasme.
Généralement d’ordre sexuel, les envies dévorantes et inavouables de Jimmy sont parfaitement intégrées au récit et ajoutent une autre dimension au pathétisme de cette famille.
Et enfin, même s’il m’est difficile de dire qu’il s’agit d’une révolution narrative, car elle me semble emprunter à la culture manga cette faconde de la surmultiplication des cases qui s’attardent sur des micros évènements, Jimmy Corrigan donne le temps au temps en offrant des focus sur des détails infimes du récit qui finissent par prendre une importance quasi capitale.
En démultipliant justement les cases, en zoomant sur ces détails infimes, et faussement insignifiants, l’impression de névrose est magistralement rendue.
La maladie, la dépression, la peur, et mille autres sentiments brillamment mis en image sont au menu de ce livre copieux, cher, exigeant, mais qui est assurément un des chefs-d’oeuvre d’une intelligence supérieure auquel Delcourt a su offrir le plus bel écrin.
J’étais de ceux qui furent moyennement convaincus par cette historiette des années 20 au Canada… Une sorte de chronique de vie un peu insouciante, un peu aseptisée, dans laquelle il ne se passait pas grand-chose.
L’arrivée de Serge devait bouleverser les habitudes de ce petit bourg enneigé dans lequel Marie tente de tromper son ennui de jeune veuve.
Et bien ça continue… lentement…
On passe 70 planches à suivre la mise en morceaux d’un cochon et tout ce que ça induit dans la vie de village, et puis on fait un peu dans l’épicurisme aussi puisque Serge va ouvrir un restaurant dans le magasin général, va inviter tout le monde et fédérer le tout grâce au pouvoir qu’il exerce sur les papilles de ses invités.
Mais si le but est toujours de faire 5 tomes au long cours, alors c’est réussi car effectivement, on prend le temps de s’installer et de s’acclimater et on ressent un peu l’ennui des journées longues de l’hiver canadien…
Sinon, graphiquement, l’aventure est toujours aussi intéressante et les planches envoûtantes.
Je vais essayer encore une fois et on verra…
On pouvait craindre la redite, l’enlisement, le déjà vu, mais il y a toujours un je ne sais quoi de positif et d’inventif qui rend les lectures de chaque album d’Aya intéressant.
D’une façon plutôt attendue mais néanmoins habile, un courant de l’histoire va se déplacer vers la capitale parisienne et parler de l’intégration, des difficultés rencontrées par les immigrants, et donc nous parler un plus clairement, passé l’exotisme des situations ivoiriennes que nous ne connaissons finalement que très peu.
Et il est une fois encore agréable de voir ce positivisme, cet allant, cet enthousiasme qui anime les personnages de Marguerite Abouet.
On ne s’appesantit jamais, il y a toujours de l’optimisme, des réactions contraires à celles de l’abattement, et un fond de joie qui permet d’avancer.
Il y a aussi des scènes terribles au pays d’origine, avec les abus dont sont victimes certaines étudiantes. Et on continue de suivre tout ce beau monde dans une saga qui ferait une bonne série télévisée, et qui reste un plaisir de lecture constant. 4 albums déjà. A recommander.
Et voilà, les albums s’imposent lentement mais sûrement dans le panorama BD français.
Ce n’est pas anodin de le dire. Car effectivement, il n’y a plus d’histoire précise dans Aya de Yopougon. Il est juste question de suivre les pérégrinations quotidiennes d’une poignée de personnages dans leur village ivoirien. Et pas anodin non plus d’imposer une série d’histoire dans un village africain sans histoire, dont les personnages centraux sont des gens comme tout le monde, mais que la magie opère par ce ton toujours positif qu’emploie Marguerite Abouet.
C’est ciselé, drôle, enjoué, juste dans l’analyse des travers de chacun, et le tout avec un langage imagé et si particulier… C’est une vraie réussite que ces pages offertes par Sfar et sa collection Bayou de chez Gallimard.
Le thème central de cet album est probablement le rapport des hommes aux femmes, femmes fortes, de tête, et la possible polygamie autorisée en Côte d’Ivoire.
Et puis il y a toujours cette conscience, sorte de Jiminy Cricket de Yopougon, qu’est la douce et délicieuse Aya dont la clairvoyance est souvent salvatrice.
A ajouter à cela le toujours intéressant lexique et le jubilatoire bonus en fin d’album.
Une fois encore, la réussite est au rendez-vous.
La sortie d'un "Blacksad" reste toujours un évenement, malgré le jeune âge de la série.
Les auteurs nous amènent à la Nouvelle-Orléans, avec son jazz mais sans son bayou.
L'enquête policière est certes classique mais narrée de manière assez désordonnée, ce qui peut nuire à la lecture.Des indications scénaristiques du genre "deux jours plus tôt" aurait été d'un bon secours sur certaines pages (page 6, par exemple). Une autre réserve réside dans le rôle joué par le sauveur de notre bien aimé détective.(page 41)ou bien dans le baiser volé pendant la parade.
Hormis cela, l'album est de très grande qualité, et bien au dessus du précédent, à mon humble avis, avec quelques innovations comme les pleines pages oniriques ou encore la scène du carnaval.
Et je suis resté admiratif des couleurs employées, et surtout du changement de ton d'une page à l'autre (admirez la scène du restaurant-pages 20 et 21- où lumière et ombre se marient parfaitement; histoire de nous faire baver d'impatience avant la sortie du tome 2 de "l'histoire des aquarelles", ).
A lire et à dévorer d'urgence.
Le premier volume de "l'or et le sang" avait été une révélation et une très bonne surprise l'année dernière, et bien ce deuxième volume est , on peut le dire, jubilatoire.
Les auteurs maitrisent avec perfection l'humour (ah!le discours de Calixte, avec un Mario médusé,devant les rebelles marocains -page 44 et 45-), l'aventure (le souffle de Lawrence d'Arabie plane sur cet opus) et le suspens voire la surprise (voir la dernière vignette de la page 53)
Les dessins épurés de Merwan et Bédouel sont superbes, le tout souligné par les couleurs de Trystram.
Le seul reproche que l'on puisse faire (mais il faut bien pinailler un peu) c'est que l'album se lit trop rapidemement.
Cette série mérite de s'inscrire parmi les séries incontournables à venir et Fabien Nury (avec la complicité de Maurin Defrance) s'impose comme un scénariste redoutable.
Suffit-il d'une bonne couverture pour qu'un album se vende bien ? Il faut le croire ; en tout cas, moi, je suis tombée dans le panneau. Un couverture accrocheuse, sexy et glauque à la fois.. Un thème très à la mode, aussi : le trafic d'organes. Le premier album a tous les ingrédients qu'il faut pour faire monter l'adrénaline. On retient son souffle, on tourne les pages de plus en plus vite.. C'est efficace, rapide, on veut en savoir plus.. Avantage pour le lecteur : l'intrigue tient en 2 albums, qui, ô joie, sortent en même temps.. Bonne idée commerciale aussi, bien évidemment, on ne peut pas s'empêcher d'acheter les 2.. Mais au bout de la lecture du second, quelle déception ! Le soufflé retombe comme une crêpe.. C'est alambiqué, avec confusion des situations, lieux et moments, cela devient incompréhensible et finit en queue de poisson.. sans nous avoir donné réellement tous les éléments de réponse, ce qui, je suppose, donnera aux auteurs l'occasion de nous repondre un album ou l'autre...
Grosse déception et même pointe d'amertume donc, à la fin du dyptique.. l'impression de m'être fait avoir à l'achat...
Moi-aussi, je vais me séparer de cette série… d’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu être amené à acheter les deux premiers tomes des « éternels ». Ah si, c’était le thème des diamants qui m’intéressait…
Car en dehors de ce cadre, le scénario ne m’est pas apparu très folichon. Le lecteur suit les péripéties d’Uma, une jeune héroïne paumée qui va malgré elle imprégner le milieu des diamantaires suite au décès de sa sœur.
Mais qu’apprenons-nous vraiment du monde des diamants ? Franchement, pas grand’chose !
En fait, l’histoire ressemble à une banale enquête policière teintée de scènes d’action, cela aurait été divertissant si les personnages n’étaient pas –à mon avis- trop stéréotypés.
En effet, suivant la mode du moment, les lecteurs pourront apercevoir, dans cette bd, un homosexuel qui n’apporte rien à l’histoire à part jouer le rôle du comique de service et d’ange gardien d’Uma…
De plus, l’héroïne se balade souvent à poil et les méchants sont vraiment des méchants… bref, « Les éternels » accumulent tellement les poncifs que ça m’a gêné la lecture.
Graphiquement, je n’ai pas de reproches particuliers à émettre, le dessin de Félix Meynet me plait moyennement. Son coup de crayon tout en rondeur m’est apparu agréable sans plus et sa mise en page est correcte. Bref, j’ai eu l’impression de me retrouver face à une bd dessinée par un auteur peu inspiré.
« Les éternels » m’est apparue comme une série dispensable. Le monde des diamants qui m’intéressait est abordé d’une façon trop quelconque pour que le lecteur s’y passionne. De plus, les personnages m’ont semblé trop caricaturaux. Au final, la bd n’est ni plaisante ni déplaisante à feuilleter. Bof…
J'ai aimé l'idée de départ et surtout le final, mais entre les deux, un scénario trop mal exploité à mon goût. L'idée de la rédemption est trop poussée et tourne en rond à force d'être répétée si tant et si bien que cela finit par en être lassant.
En effet, j'ai eu l'impression d'une histoire un peu trop décousue où les tourments de l'un (la trahison), ou de l'autre (le viol) finissent par alourdir la lecture de cette bande dessinée.
Dommage.
Reste le dessin méticuleux de Béatrice Tellier, avec de superbes doubles pages, le tout dominé par la couleur rouge.
Un conte original mais auquel il manque un peu de punch pour en faire une bonne histoire.
J'avoue avoir découvert assez récemment cet auteur complet, qui a fini par m'attendrir.
Après l'excellent "Un homme est mort" et le fabuleux témoignage, "Les Mauvaises gens", Étienne Davodeau nous revient avec cette chronique familiale, enfin presque, puisque l'héroïne, Lulu a décidé tout d'un coup de vivre en rupture de sa famille, de partir, bref de vivre sa vie...
C'est autour d'un repas, sur une terrasse, que nous découvrons l'histoire de Lulu, à travers le témoignage de Xavier, un de ses meilleurs amis. Lulu, mère de trois enfants, mariée à un abruti a décidé de ne pas rentrer chez elle....et tout s'enchaîne.
Une histoire poignante, souvent drôle (car j'ai beaucoup ri à la lecture de cet album) et qui ne vous laissera guère indifférent : Charles et ses deux frères sont irrésistibles et la scène du "restaurant" romantique au camping est à mourir de rire.
La couverture peut nous faire plonger vers la mélancolie mais Davodeau s'en éloigne rapidement et nous offre un hymne, un hymne à la vie, et à la jouissance (carpe diem !).
Encore une fois, Davodeau m'a littéralement bluffé avec cet album, avec un dessin assez épuré et un scénario béton.
Je ne peux que saluer le travail des éditions Futuropolis qui depuis quelques mois nous livrent des bandes dessinées de très grande qualité.
Bande-dessinée pour enfants, "Marine" n'en demeure pas moins une série sympathique à mes yeux. "Le serment de la Tour noire", premier tome de la série, est un bon album d'introduction et nous met tout de suite dans le bain.
Fille d'un fameux pirate, mais désormais orpheline, Marine va devoir retrouver le trésor de son défunt père (donc son héritage) tout en déjouant les pièges de ses anciens ennemis. L'album mêle efficacement tendresse, drôlerie et coups de théâtre; ça sent bon "l'Ile au trésor" de Stevenson sur un ton bien sûr beaucoup plus léger et humoristique. Les personnages sont attachants et ont de bonnes bouilles, aussi bien les gentils que les méchants (plus bêtes que méchants d'ailleurs, un peu comme les Dalton dans "Lucky Luke").
Tout ça est servi par un dessin conventionnel pour le genre mais très agréable à regarder (il me rappelle un peu celui d'Uderzo dans "Oumpah-Pah"), et il ne peut que plaire aux enfants.
En bref, "Marine" est une BD d'aventure pour enfants bien écrite, bien réalisée et fort plaisante.
Je me souviens qu'enfant j'avais découvert et beaucoup aimé "Billy the Cat", une série originale qui changeait un peu des traditionnels "Yakari" ou "Boule et Bill".
En deux mots, c'est l'histoire d'un garnement de 8-10 ans qui, renversé à la sortie de l'école par une voiture, se retrouve au paradis. Là, il parvient à se débrouiller pour retourner sur Terre et ressusciter mais il le sera dans la peau d'un chaton, avec en mémoire son passé de petit garçon.
Une idée de départ originale pour une série qui s'avèrera à mon sens très réussie (du moins les 5-6 premiers albums).
Ce tome 1 est en tout cas fort plaisant, avec une introduction bien menée et une histoire à la fois touchante, drôle et divertissante. Le tout est servi par un dessin soigné qui fourmille de détails et de chouettes trouvailles. Enfin, cerise sur la gâteau, les personnages présentés dans ce premier épisode sont bien travaillés et sont vite attachants, avec une vraie personnalité, en particulier le malfaisant matou Sanctifer, digne des grands méchants des dessins-animés de Walt Disney.
Bref, si vous voulez offrir une BD de qualité à un enfant et sortir un peu des sentiers battus, n'hésitez pas, "Billy the Cat" est là pour ça !
C’est un ami qui m’a prêté « Renaissance » en ces termes : « Tiens, cette bd vient d’un film », « c’est bien ? » lui demandais-je, « C’est une bd assez spéciale » me répondit-il. Un rapide coup d’œil au contenu de l’album m’a fait apparaître un graphisme soigné et assez personnel, c’est ce qui m’a fait décider de lire aussitôt « Renaissance ».
Le récit se situe en 2054, une jeune femme scientifique est portée disparue, elle semble avoir été enlevée : par qui et pourquoi ? C’est ce que tentent de savoir la police représentée par Karas et Avalon, la société qui emploie cette savante.
Rien qu’à lire ce résumé, on peut déjà avoir quelques pistes sur le mobile de cette affaire… Quant au scénario proprement dit, j’avoue ne pas avoir compris tout de suite l’utilité de mettre en scène cette histoire dans le futur. En effet, cette histoire m’est apparue plus proche d’un récit policier que d’un récit de science-fiction. D’ailleurs, j’ai eu un peu l’impression que le dessinateur n’était pas très à l’aise avec cet univers puisqu’il a du faire appel à Citroën pour « designer » un véhicule.
A mon avis, cette bd souffre d’un gros problème de narration. A la base, cette histoire est super simple à raconter puisque sa trame est linéaire mais les auteurs ont incorporé dans la bd des sauts entre les scènes et des séquences de bavardages qui compliquent inutilement la compréhension du récit.
De plus, le dessin qui a première vue est de bonne facture ne se révèle pas vraiment adapté à la bd étant donné que les personnages sont difficilement différenciables. Seul, le choix du noir et blanc m’est apparu adéquat à ce scénario car il y apporte une bonne ambiance de polar.
Il y a de bonnes choses dans cette bd : une ambiance glauque réussie, un graphisme –disons- « spécial » entre autres mais tout cela est gâché par une narration compliqué et par un dessin qui ne nous permet de bien différencier les différents personnages au premier coup d’œil. Bref, « Renaissance » m’est apparue comme un album très moyen. Dommage car j’ai senti que les auteurs s’étaient beaucoup investis dans cette bd…
Si l’auteur avait été un parfait inconnu, un éditeur aurait-il publié une bd comme « bleu » ? Pour moi, c’est clair : non ! Mille fois non ! Car, cet ouvrage est tellement abstrait, tellement décalé par rapport aux codes traditionnels de la bd et de la production en général que je me demande quelle maison l’aurait publié si ça n’avait pas été Lewis Trondheim (ou un autre auteur célèbre) qui l’avait fait !
A la rigueur, si cet essai avait été mis en ligne gratuitement sur internet pour recueillir l’avis des bédéphiles ou pour montrer qu’il est encore possible d’innover dans la bd, j’aurais sans hésiter félicité l’auteur d’avoir essayé de créer une bd (très) originale mais là, « Bleu » est un album qui se vend (certainement auprès des fans de Lewis Trondheim… et encore !)… et c’est ça qui me désole hautement parce que son scénario est pratiquement inexistant si ce n’est que des bulles de différentes couleurs qui s’assemblent et se séparent et ainsi de suite, parce que le dessin est vraiment minimaliste de la mort grave qui tue grave…
Bref, je n’ai jamais aimé l’abstrait même en peinture où je reste de marbre devant ce genre de toile (par exemple : je ne vois pas trop comment un tableau ne représentant qu’une couleur unique sur toute sa surface peut être considéré comme une œuvre d’art !) alors je vous laisse imaginer ma réaction lorsque j’ai vu ce « truc bleu » !
En découvrant cet album, j’ai eu la sensation très désagréable que des éditeurs de bandes dessinées nous prennent pour des idiots. Sur ce point, je ne remercie pas, mais alors pas du tout, « L’Association » de l’avoir publié. J’espère vivement que « Bleu » fut un immense bide commercial !
Album sorti en mai 2005, La chronique des immortels n'est pas une BD d' heroic-fantasy comme les autres. Elle se démarque des autres productions par la férocité de son intrigue, somme toute assez classique (une histoire de vengeance familiale), qui prend place dans un moyen-âge ténébreux, où les non-dits prennent une place toute particulière et donnent une dimension d'autant plus inquiétante et mystérieuse aux différents protagonistes. L'esthétisme de cet album est également surprenant : des décors fouillés et détaillés sont de véritables tableaux sur lesquels se greffent les personnages (fort bien typés de type "semi-réalistes") sortis tout droit d'une sorte de dessin animé. C'est ce mélange qui donne toute la particularité de cet album unique.
Gibrat est le dessinateur des Femmes par excellence. Même si dans Le Sursis , on suivait l'histoire de Julien, c'est l'image de Cécile qui nous revient en tête.
La même chose pour Le Vol du Corbeau où Jeanne vole la vedette à tout le monde.
Pourtant là, avec "Mattéo", je sens un changement, un changement notable car même si Juliette et Amélie sont toutes deux des personnes très attirantes, elles s'effacent devant la Camarde, à savoir la guerre de 14-18, axe principal de cette bande dessinée.
Plus que les personnages, ce sont les évènements qui font de ce premier album une BD exceptionnelle : du pacifiste bellant de 1914, nous passons à l'amoureux transi des tranchées de 1915, le tout dans une atmosphère pesante et oppressante, avec parfois des raccourcis saisissants de la part de Gibrat, scénariste : comme celui du départ à la guerre -page 23- ou de l'amnésie du commandant -page 50-.
Le dessin de Gibrat est toujours aussi bon, aussi bien dans l'horreur de la guerre que dans les méandres de l'amour.
En changeant d'éditeur, de Dupuis à Futuropolis, Gibrat n'a rien perdu de son talent, au contraire ; seules les couleurs me paraissent quelque peu plus transparentes que sur ses précédents albums.
Une bd se déroulant en Inde entre les deux guerres mondiales ? Chiche ! Voila une bonne occasion de changer mes idées et de découvrir un pays qui m’envoûte avec ses mystères… d’autant plus qu’un rapide coup d’œil sur le contenu d’ « India Dreams » me fait apparaître un dessin d’une grande beauté !
Le graphisme de Jean-François Charles est franchement magnifique ! Le dessin est en couleurs directes, l’auteur utilise la technique de l’aquarelle. Les tons pastels employés dans cette bd retransmettent parfaitement l’ambiance chaude et envoûtante que je me fais de l’Inde. Rien qu’avec ce dessin, je me suis senti en voyage dans ce pays si lointain de nos contrées.
Et le scénario de Maryse Charles ? Eh bien, c’est là que mon enthousiasme lié au majestueux dessin est retombé bien bas !
En effet, résumer l’histoire est un vrai casse-tête ! « India Dreams » regorge tellement de flashbacks que la lecture devient vite lassante et (presque) incompréhensible.
A mon avis, cette erreur dans la construction du récit aurait pu être évitée selon deux façons différentes : soit en réalisant un album complet sur chaque période de cette saga, soit en tranchant nettement les scènes des différents passés par des tons différents (ocres pour des scènes se passant 20 ans en arrière, grisâtres se déroulant 40 ans en arrière par exemples).
Par conséquent, lassé par ces fashbacks, j’ai souvent eu tendance à tourner les pages sans chercher à comprendre (enfin, bon, un peu quand même, il ne faut pas exagérer !) certaines séquences…
« India Dreams » est une bd d’une beauté graphique grandiose. Malheureusement, le scénario est si difficile à suivre à cause de ses incessants flashbacks que la lecture devient vite lassante. Une déception…
Je me suis procuré « L’afghan – Massoud » à l’occasion du festival de bandes dessinées de Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais) où Frédéric Bihel y était présent. En fait, je ne savais pas du tout que cet album avait paru. Après conversation avec le dessinateur, il s’avère que cette bd a été réalisée comme un essai (en accord avec l’éditeur Casterman) avant que Frédéric Bihel ne se lance dans une série plus ambitieuse avec les scénaristes Maryse et Jean-François Charles (on sait maintenant qu’il s’agit de « Africa Dreams »).
« L’afghan Massoud » nous raconte le destin du commandant Massoud (qui signifie « Le chanceux »), de son vrai nom Ahmah Shad le Pandjsheri, depuis la fin de ses études jusqu’à sa mort par assassinat. Pendant la guerre contre les Soviétiques, le commandant Massoud est un homme qui a combattu pour que l’Afghanistan soit un pays indépendant. Pour cela, il tenta d’unir les différentes communautés de son pays contre l’occupant, il tenta aussi d’enrayer la montée de l’extrémisme représenté par les Talibans.
C’est donc une biographie de Massoud que nous présentent les auteurs, un personnage que je ne connaissais pratiquement pas. Fan de récits historiques, je fus passionné par cette histoire. A travers ce pays, j’ai pu comprendre assez facilement les enjeux géopolitiques que représente cette région, j’ai pu aussi découvrir pour quelles raisons le commandant Massoud fut respecté par son peuple et bien plus (trop ?) tard par les nations occidentales. J’y ai décelé aussi un personnage attachant, très instruit et respectueux envers ses compatriotes.
J’avais tout de même pas mal d’appréhensions pour acheter « L’afghan Massoud » rien qu’à lire le nom des deux scénaristes sur la couverture car je garde un mauvais souvenir de ma lecture de « India Dreams » des mêmes auteurs. Cette crainte, c’était de me retrouver en train de lire un récit où les séquences du passé et du présent se permutent tellement que ça me rend malade ! Dans « L’afghan Massoud », ces permutations existent mais elles ne me sont pas apparues aussi pénibles que je ne le pensais même si je trouve que ça complique inutilement le récit ! Mais bon, ça passe assez bien car cette histoire ne s’étire pas sur plusieurs tomes.
La couleur directe réalisée par Frédéric Bihel est vraiment très agréable à contempler : on y retrouve les tons jaunâtres et azurs qui caractérisent ces régions, agrémentés de tons chaudes ou froids selon l’intensité dramatique des séquences. Les décors sont détaillés et les personnages sont facilement identifiables. Pour la petite histoire, Frédéric Bihel a fait personnellement de nombreuses recherches pour restituer au maximum les lieux où se rendait le commandant Massoud. Ainsi, la scène du début de la bd représente bien à quelques détails près la pièce où il donna une interview à des journalistes marocains. Bref, graphiquement, c’est du bon boulot !
« L’afghan – Massoud » est une bd qui m’a beaucoup intéressé. Elle y raconte la vie du commandant Massoud d’une manière complète. En plus, le dessin de Frédéric Bihel est –à mon avis- vraiment très agréable à contempler. Cet album devrait donc combler les amateurs de récits historiques. Dommage cependant que la narration ne soit pas plus fluide…
Vraiment bien cette adaptation libre d’un des contes de Grimm par Renaud Dillies ! Cette fable ? C’est « Frère Joyeux », un récit que je ne connaissais pas…
La première surprise pour les bédéphiles fans de cet auteur (c’est mon cas !), c’est au niveau du graphisme ! Renaud Dillies nous présente un style différent de ses autres albums en revenant à ce qu’il faisait à ses débuts : mise en couleurs à l’aquarelle et un trait fin moins direct (par rapport à « Betty Blues » par exemple). Ce dessin, je l’ai vachement aimé ! Les personnages sont très expressifs, les tons employés dans cette bd (majoritairement en ocre et rouge) sont parfaitement adaptés à ce scénario où quelques créatures de l’enfer font leurs apparitions. Bref, ce fut vraiment un grand plaisir pour ma part de contempler ces planches !
Quant à l’histoire, Renaud Dillies nous présente un personnage très attachant au tempérament très ambigu : autant il a des réactions d’une grande générosité quand il s’agit d’aider ses proches, autant il peut être très malin quitte à être ignoble quand il se retrouve dans des situations très compliquées pour lui.
Dans cette bd, les lecteurs suivront les péripéties de « Frère Joyeux » dont son but principal est de croquer la vie à pleine dent. Bref, c’est comme si le bédéphile lisait un road-movie captivant. J’ai particulièrement apprécié le dénouement que je trouve assez surprenant et très représentatif de la malignité du personnage principal !
Après lecture de « Frère Joyeux », je me suis mis à rêver que Renaud Dillies fasse un autre récit de ce genre histoire de mettre de côté de temps en temps ses récits tristes sur fond de jazz ( « Betty Blues », « Sumato », « Bulles et Nacelle », etc…) et histoire aussi de varier ses styles graphiques : j’espère qu’il retentera cette expérience ! Quant à l’abandon de la collection « Tekap », je trouve que c’est vraiment dommage car les quelques albums qui y sont apparus m’ont enthousiasmé et parce qu’elle permettait de mettre des bds à la portée à toutes les bourses (seulement 5€00 l’album !).
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