Pour moi, la sortie d’une nouvelle bd d’Etienne Davodeau est un évènement ! Depuis que j’ai lu Un homme est mort, Les Mauvaises gens et Rural !, j’apprécie beaucoup cet auteur car ses récits sont toujours plein d’humanité.
Cette fois-ci, Etienne Davodeau nous propose une fiction à mi-chemin entre un roman graphique et un documentaire.
« Lulu, femme nue » nous présente le destin d’une mère de famille de quarante ans qui largue ses enfants et son mari… pour quelles raisons ? Que va-t-elle faire ? Où va-t-elle ?... ça, je vous laisse le découvrir en compagnie de ses ami(e)s et quelques membres de sa famille qui nous racontent sa fugue !
Ce que j’aime chez Etienne Davodeau, c’est qu’il arrive à chaque fois à me surprendre en proposant des sujets variés qui me touchent et surtout, qui me procurent des émotions !
A chaque fois que je lis une de ses bds (du moins, celles que j’ai nommées dans ce présent avis), j’ai l’impression de participer à ses histoires, c’est comme si ses personnages étaient à coté de moi en train de me raconter leurs quotidiens.
J’ai beaucoup aimé ce premier tome de « Lulu femme nue » parce que malgré son sujet assez délicat à aborder, l’auteur nous présente une histoire qui ne tombe jamais dans le mélodrame : la lecture de cet album m’est apparue très plaisante car les scènes humoristiques y sont abondantes et les personnages sont dans l’ensemble assez attachants et… folkloriques !
J’y apprécié aussi tous les moments de solitude et de plénitude de Lulu retranscrites en séquences sans paroles, ces scènes sont apparues assez touchantes et pleines de sensibilités.
Au niveau du dessin, le lecteur habitué à lire les albums d’Etienne Davodeau reconnaitra sans problème son coup de patte. Le trait de cet auteur est épuré mais suffit amplement à servir son histoire. Par contre, sa mise en couleurs ne m’est apparue aussi irréprochable que ça : les tons utilisés dans cette bd varient peu, par conséquent, il m’est arrivé de ne pas percevoir tout de suite un changement de scènes.
Encore une fois, j’ai énormément apprécié une bd éditée par Futuropolis. En tant que lecteur, ma satisfaction vient du fait que cet éditeur sort des séries qui savent me toucher et qui propose des histoires sortant des sentiers battus.
Avec « Lulu femme nue », Etienne Davodeau nous présente une bd émouvante et terriblement captivante à lire. J’attends impatiemment le prochain tome qui clôturera cette série d’autant plus que le narrateur ne sera pas le même !
Intrigué par son format de poche (pratique pour emporter en voyage !) et par son prix mini (dans un magasin de bd d’occasion), je me suis procuré « Le troisième thé » de Christian Cailleaux. Cet auteur, je le connais pour l’avoir découvert en lisant « R97 - les hommes à terre » dont je fus fasciné par son dessin.
« Le troisième thé » met en scène Félix, un ami de deux antiquaires parisiens spécialisés dans l’art africain. Un jour, ces deux commerçants reçoivent une information d’un sénégalais que des objets apparemment rares et en assez bons états sont abandonnés chez un vieil homme. Ceci est une nouvelle très importante pour les deux antiquaires d’autant plus qu’ils sont en difficultés financières et par conséquent sentent la bonne affaire et l’occasion de relancer leurs commerces. Ne pouvant se rendre sur place au Sénégal, ces deux hommes demandent à Félix d’y aller pour vérifier l’information. Félix l’accepte sans problème en souvenirs de son premier bon séjour dans ce pays…
Je dois avouer que cette histoire ne m’est pas apparue très fascinante. En fait, ce qui fait le charme du « Troisième thé », c’est sa capacité à nous faire sentir l’atmosphère du Sénégal, ses habitants, leurs quotidiens, leurs façons d’y vivre. J’y ai aimé les rencontres avec les gens de cette nation que faisait Félix. J’y ai apprécié aussi la manière dont ce personnage prenait son temps, c’est une ambiance qui m’avait très marqué lors de mes séjours dans les pays du Maghreb (Afrique du Nord) et dont l’auteur y a très bien retranscrite. D’ailleurs, Christian Cailleaux m’a donné l’envie de visiter le Sénégal…
Au fait, il y a une chose qui m’a un peu dérangé dans ce récit, c’est le rôle de la femme africaine : peu bavarde, la plupart du temps illettrée et… bonne ménagère.
Quant à cette histoire d’antiquaires, je reconnais que ce n’est pas ça qui m’a accroché à cette lecture. Franchement, je n’en avais rien à cirer !
J’y aimé aussi le style de Christian Cailleaux. Graphiquement, en comparaison avec « R97 - les hommes à terre », je préfère « Le Troisième thé » qui nous propose une mise en couleurs en bichromie.
Par son mini-format, par son atmosphère bien rendue de l’Afrique (enfin, disons que l’auteur retransmet bien le ressentiment que j’avais eu lorsque j’ai séjourné sur ce continent) et par les relations simples et amicales entre le héros et ces habitants, « Le Troisième thé » m’est apparue une bd très sympa à lire. C’est aussi un album qui me donne l’envie de voyager…
Quant au récit proprement sur le métier d’antiquaire, ça ne m’a franchement pas intéressé.
A noter que l'éditeur a sorti cette bd en deux couvertures différentes, à vous de choisir celle qui vous semble la plus belle...
Une lecture agréable.
C’est un scénario original que nous présente Gradimir Smudja pour sa première bd.
L’auteur nous propose de suivre le destin de Van Gogh. D’après Gradimir Smudja, ce n’est pas cet homme qui dessina tous ses fameux tableaux comme « Les tournesols » mais un chat doté d’un talent époustouflant ! Fou, non ?!
Avec une telle idée, le lecteur peut s’attendre à lire une histoire envoûtante et pleine de surprises : bin non finalement parce qu’une fois l’introduction passée, j’ai eu l’impression que le récit tournait en rond. Certes, quelques séquences me sont apparues tout de même étonnantes (l’apparition de Toulouse Lautrec et de son « secret » par exemple) mais j’avoue à chaque fois que le soufflet est retombé vite fait dans la monotonie des péripéties du chat. Pour ainsi dire, je pense que cette histoire aurait gagnée en intérêt si la pagination avait été moins conséquente…
Le graphisme de Gradimir Smudja ? Très personnel, très flamboyant, je ne dirais pas que c’est très beau mais qu’il s’intègre à merveille avec cette histoire ! Par moments, j’ai vraiment eu l’impression de regarder des tableaux réalisés par un impressionniste proche du style de Van Gogh !
Quant à la mise en page, c’est correct mais sans plus, ça se voit que c’est le premier album de Gradimir Smudja car parfois, il faut être attentif à l’enchainement des séquences au risque de « sauter » des cases. Pour le reste, je n’ai pas grand’chose de particulier à constater : les personnages sont facilement identifiables, les décors sont fouillés et respirent bon le Paris et la Provence du XIXème siècle.
« Vincent et Van Gogh » m’est apparue comme une lecture assez plaisante à lire. Comme gros défaut, je ne lui reproche que la présence de longues séquences sans surprise qui estompent les effets de surprise de ce récit. Pour le reste, le dessin très typé de Gradimir Smudja m’a envoûté et convaincu qu’il allait parfaitement à ce scénario.
Je suis tout de même curieux de lire sa deuxième « Le Cabaret des muses » dont on m’a dit le plus grand bien…
« La guerre d’Alan » fait partie des bd qui m’ont le plus touché.
A vrai dire, ce n’est pas vraiment un récit dramatique que nous proposent les auteurs car les scènes larmoyantes y sont pratiquement absentes. Non, en fait, ce qui est touchant avec cette série, c’est qu’Alan Imgram Cope y raconte sa biographie d’une façon très sincère, sans héroïsme exagéré et avec beaucoup de cœur.
A la vue du titre et de la couverture, il est aisé de deviner que la bd raconte le destin d’un soldat américain pendant la seconde guerre mondiale et son après.
Trois tomes sont sortis à ce jour (d’après les rumeurs qui circulent sur la toile, un quatrième album est prévu), le premier met en scène Alan en préparation dans un coup d’entraînement américain, le second le place en France juste après le débarquement des alliés et enfin le troisième raconte la vie d’Alan après le conflit mondial jusqu’à maintenant.
Ce qui m’a surpris quand j’ai commencé à lire cette série, c’est le ton employé : la voix-off, qui raconte les péripéties d’Alan et dont les dialogues proviennent de lui, m’est apparue claire, simple et très compréhensible.
Et puis, il est étonnant de constater que le héros reste sincère et honnête dans ce qu’il dicte. D’ailleurs, Alan demeurera exemplaire dans sa conduite tout au long de sa vie (dès lors, on peut aisément comprendre pourquoi il a gardé d’excellents contacts avec ceux qu’il a rencontrés).
Il est intéressant de découvrir aussi que la guerre n’a pas été vécue de la même façon par tous les soldats américains (et autres) qui ont participé à la débâcle de l’Allemagne nazie. Alan n’a jamais été impliqué illico dans un combat, c’est d’ailleurs un des points originaux de cette série qui ne nous contera aucun grand combat de la seconde guerre mondiale.
Cependant, l’histoire d’Alan nous rappelle qu’une balle perdue peut tuer un homme sans que celui-ci n’ait été directement au combat (D’ailleurs, une des scènes de la bd, qui montre un des soldats allemands mourir devant les yeux d’Alan impuissant, est particulièrement surprenante et… horrible !).
Le troisième tome est mon préféré, c’est assez paradoxal de dire ça parce que cet album se passe après la guerre loin donc de la thématique initiale qui faisait son intérêt.
J’ai aimé ce tome parce qu’Alan se montre particulièrement peu avare en sentiments (les deux premiers tomes se contentent plus à nous raconter les faits), le lecteur y découvre un homme un peu perdu, à la recherche de ceux qu’il a côtoyés et de lui-même… ce tome m’est apparu émouvant car on voit Alan effectuer un bilan de sa vie.
Le dessin de Guibert m’est apparu parfaitement adapté au récit. Les décors sont simples et les personnages sont facilement reconnaissables. En fait, j’ai été impressionné par l’excellente narration alors qu’Emmanuel Guibert n’use jamais de cadrages vertigineux issus du cinéma dans sa manière de mettre en images les propos d’Alan. Cette façon de narrer, le lecteur pourra également reconnaître la patte de Guibert dans « Le photographe ».
Pour peu que vous soyez intéressés par l’histoire et les récits autographiques, je pense que « La guerre d’Alan » est une bd qui vous touchera beaucoup.
La série ne contient pas de grosses scènes de guerre où le lecteur devra se « taper » des combats entre chars ou à corps à corps (à la manière du film « Il faut sauver le soldat Ryan »).
Cependant, je ne me suis jamais ennuyé en lisant « La guerre d’Alan » car j’y ai découvert un personnage principal (Alan) très attachant et une narration impeccable qui m’a procuré un excellent confort de lecture.
Vivement une version intégrale de "La guerre d'Alan" comme l'a fait l'éditeur avec Persepolis !
A lire impérativement !
Pourquoi ai-je mis si longtemps pour réaliser cette chronique alors que je suivais cette série depuis la parution du premier tome ? Tout simplement parce que « Le photographe » est une des séries qui m’a le plus touché et parce qu’il me manquait des mots pour exprimer mon ressenti.
« Le photographe » est le récit de Didier Lefèvre lors de son périple en Afghanistan en compagnie d’une équipe de médecins sans frontière lors de l’occupation russe à la fin des années 80.
De ce séjour, Didier Lefèvre va -comme le titre l’indique- y ramener des photos, il va surtout y revenir la mémoire chargée de souvenirs d’un peuple meurtri mais terriblement attachant et d’un groupe soudé de médecins dont la préoccupation principal est de soigner les blessés de cette guerre quelle que soit la cause.
J’ignore comment Emmanuel Guibert a rencontré Didier Lefèvre (décédé il y a peu…) comme je ne sais pas comment Emmanuel Guibert a fait connaissance avec Alan Imgram Cope (pour ensuite dessiner « La guerre d’Alan »), toujours est-il que je bénis cet auteur pour nous avoir réalisé des séries riches en émotions, hautement intéressantes et très humaines !
« Le photographe » comporte des scènes franchement inoubliables et forts en témoignage : le passage des cols, l’accueil des afghans, la solidarité entre médecins, les moments de tension lorsque les hélicoptères soviétiques passaient par-dessus leurs têtes, les opérations chirurgicales pratiquées dans des conditions épouvantables, la reconnaissance de ceux qui ont été guéris envers les médecins, la dureté des chefs de clans… et j’en passe ! Personnellement, je ne vois pas trop comment on peut ressortir de cette lecture sans avoir été touché par au minimum trois passages !
Rares sont les bds qui m’ont fait partager avec efficacité les émotions du personnage principal, « Le photographe » fait partie de ce genre de bd où j’ai rigolé, ressenti de la peine, découvert des choses, réfléchi… aux péripéties de l’auteur.
Graphiquement, « Le photographe » est assez spécial à contempler puisque des photos en noir et blanc se mêlent au dessin. J’ai trouvé cet essai très convaincant car la présence de ces images apporte une touche d’authenticité bienvenue aux péripéties de Didier Lefèvre. Quant au coup de crayon proprement dit d’Emmanuel Guibert, au premier abord simpliste, il permet de se focaliser sur les personnages et l’essentiel : du grand art !
Bon, finalement, je ne vais pas résumer tout ce que je viens d’écrire, sachiez tout simplement que cette bd m’est apparue inoubliable, incontournable ! Merci mille fois aux auteurs de nous avoir fait partager ce témoignage !
Inoubliable vous dis-je !
Le premier tome m'avait franchement convaincu puis vint le deuxième où je n'ai pas été persuadé par le réalisme de cette histoire. En effet, j'imagine mal la population aller faire des manif' pour défendre un boxeur surtout quand on sait que celui-ci n'a pas eu un comportement irréprochable dans sa vie. Bref, très déçu par ce deuxième tome... et pourtant, j'aime beaucoup le style de Baru.
De Baru, j’avais lu « Cours camarade ! », « L’enragé » et « Pauvres zhéros » avant d’entamer « L’autoroute du soleil ». Ce sont les nombreux avis positifs de bédéphiles qui m’ont poussés à découvrir « L’autoroute du soleil »… je n’ai pas été déçu de cette lecture !
« L’autoroute du soleil » met en scène Karim et Alexandre. Le premier est un tombeur d’origine maghrébine et toujours habillé façon 1950, le second est un looser qui voue une grande admiration pour Karim. Lord d’une virée, Karim va pratiquement se retrouver face à face au mari d’une de ses maîtresses, il ne dit qu’au salut d’Alexandre qui l’a avertit à temps… seulement voilà, ce mari, c’est le docteur Raoul Faurissier, il est membre d’un parti d’extrême droite dont leur credo est de mettre les étrangers dehors. A partir de ce jour, Karim et Alexandre vont être constamment poursuivis par Raoul Faurissier et sa bande qui ont juré leurs pertes…
Avant de réaliser « L’autoroute du soleil » , Baru avait jeté les premières bases de cette bd en accomplissant « Cours Camarade ! ». Ainsi, le lecteur pourra retrouver plus ou moins certains personnages et certaines scènes de « L’autoroute du soleil » en feuilletant « Cours camarade ! ».
Cet album est un sacré road-movie ! C’est une des bd les plus rythmées que j’ai lue jusqu’à maintenant ! Du début jusqu’à la fin de la cavale de Karim et Alexandre, nos deux compères ne vont pas finir de changer de coin ! Ainsi, le lecteur les verra se balader du nord jusqu’au sud de la France sans arrêt (sauf dans la deuxième partie de la bd que je vous laisse découvrir !) ! Même si l’auteur utilise des gros ficelles pour faire rebondir son scénario, j’ai été littéralement accroché par cette lecture, il faut dire que la narration m’est apparue excellente, très fluide : c’est un vrai bonheur de suivre les péripéties de Karim et Alexandre sans prise de tête.
Il faut avouer aussi que les personnages principaux et secondaires sont hauts en couleurs : du pompiste jusqu’au bourgeois en passant par la bombinette facile, tous ont des gueules incroyables, s’ils sont loin parfois d’attirer de la sympathie, il faut reconnaître qu’il est difficile de les oublier ! A mon avis, le point fort de cette bd est justement le fait que l’auteur a su rendre ses protagonistes très marquants.
Et que dire des dialogues ? Baru a -comme à son habitude- parsemé sa bd de commentaires chocs, directs, parfois crus qui dérangent, font rires, remuent nos méninges… moi, j’adore ça !
A travers ce thriller haletant, l’auteur y glisse quelques travers de la société des années 1990. Ainsi, à travers le personnage de Raoul Faurissier, Baru ne fait que souligner la montée des extrémistes et du racisme…
Graphiquement, même si je préfère le dessin en couleurs (« Pauvres zhéros » est un vrai régal sur ce point !) que le noir et blanc de Baru, « L’autoroute du soleil » m’est apparu assez agréable à contempler. J’y ai apprécié la finesse et le dynamisme de son trait, moins certains cadrages où j’ai éprouvé des difficultés à bien saisir ce que voulait nous montrer l’auteur.
Finalement, j’ai aimé « L’autoroute du soleil », j’y ai découvert un thriller haletant, très difficile à décrocher tant la narration est excellente. J’y ai apprécié énormément la présence de personnages très truculents. Si le dessin de Baru ne m’est pas apparu si irréprochables que ça au niveau des cadrages, je reconnais que son trait est très dynamique, très personnel et s’avère parfaitement adapté à ce scénario.
A lire impérativement surtout si vous aimez les road-movies !
J’aime l’humour sous pratiquement toutes ses formes.
Et plus c’est con, plus ça joue sur le comique de répétition, plus je suis friand.
Apparemment, Plunk était donc fait pour me plaire.
Oui mais voilà, malgré une paire de très bon gags, j’ai tourné les pages sans passion, souriant vaguement, et ayant été partiellement diverti.
A noter le retour de l’universalité des gags puisque ceux-ci se déroulent sans texte ni dialogue. Mais dans ce sens, je me rappelle de l’inventivité de Don Martin dans Mad, de la finesse de Mordillo ou de la poésie de Sempé et je me dis que ça n’apporte qu’un dépoussiérage du genre là où James, par exemple avec Comme un lundi, amène un complément modernisé. Le tome 2 sera sans moi et pourtant, il a une super tronche ce Plunk !
Quatrième chapitre des remarquables aventures du Marquis d’Anaon que l’on avait laissé sur un bateau en bien fâcheuse posture. Cette fois, il sera appelé à la rescousse par un ami de toujours confiant en ses capacités d’analyse afin de résoudre le mystère d’une bête effroyable qui terrorise tout un Comté.
Le doute assaille notre héros mais il est ici pour aussi retrouver confiance, et ça se fera avec une sorte d’effet d’écluse…
Les auteurs montrent à quel point ils maîtrisent leurs personnages et on ressent une certaine maestria tant dans le scénario que dans le dessin !
Une histoire finement découpée, qui n’a pourtant rien en soi d’exceptionnel, mais qui fait monter habilement la tension.
Le dessin set à merveille les ambiances, et le récit a cette vraie dose d’inquiétant qui en fait un moment vraiment sombre. Les moments de solitude sur le glacier sont eux-aussi à couper le souffle ! Vraiment brillant ! Et à lire, forcément !
Je me demande ce qui s’est passé pour Olivier Lamy ?! Lorsque j’ai découvert le premier tome de « Colt Walker », à l’époque, je me suis posé la question de savoir si c’était bien le dessinateur de « Wayne redlake » et « Trio grande » qui a réalisé « Colt walker » car franchement, ça n’a rien à voir ! A croire que ses précédentes séries aient été réalisées par Vatine…
Graphiquement, je n’ai pas du tout retrouvé la beauté du dessin de « Wayne Redlake » et « Trio Grande ». Dans « Colt Walker », le coup de crayon de Lamy est très vif, trop vif même car les visages sont tortueux et vraiment affreux, les femmes ne sont pas du tout belles, les décors sont sommaires (bon, il faut dire aussi que ça se passe dans le désert…)… bref, c’est volontairement sales, très sales et c’était le souhait d’Olivier Lamy de rendre cette bd ainsi (rencontré dans un festival où il n’a pas du tout voulu me dédicacer « Trio grande » et « Wayne Redlake »… bonjour l’ambiance !). Les cadrages sont inspirés du cinéma notamment des westerns spaghettis… d’ailleurs, le personnage principal reprend les traits de Clint Eastwood.
Quant à la mise en couleurs aux tons à dominante orange (réalisée par Topaze), je la trouve réussie : elle retransmet bien la chaleur du désert et donne une atmosphère tendue à cette histoire.
Qu’on aime ou pas le dessin d’Olivier Lamy dans cette bd, on ne peut nier que l’auteur a imposé un style volontairement crade qui m’est apparu bien adapté au scénario…
Au fait, je dois avouer que cette histoire est un des pires scénarii que j’ai pue lire à ce jour (avec « L’affaire du siècle ») !
L’histoire ? Comment dire… elle est pleine de clichés dans le plus mauvais sens du thème ! Le héros par exemple est l’archétype du macho solitaire sans peur et sans reproche. L’histoire est truffée de scènes exagérément violentes qui n’ont parfois rien à faire dedans ! L’humour employé qui se veut ironique ne m’a pas fait vraiment rire : on a le droit à des mauvaises références aux films de Sergio Leone, même un sosie de Jacques Brel apparaît dans cette bd… De plus, les dialogues sont désespérément lamentables, c’est vraiment du grand n’importe quoi !
Dans cette histoire, le héros rencontre des mormons pourris, bin oui, tous pourris ! Je le répète : tout est cliché dans cette bd !
Aussi bizarre soit-il au vu de la médiocrité du scénario, cette série publiée à l’origine et abandonnée par « Soleil » a été reprise par « Dargaud »… ils auraient mieux fait de reprendre « Tequila Desperados » (série écartée elle-aussi par « Soleil » dès le premier tome !).
Pourtant grand amateur de westerns spaghettis, je n’ai pas apprécié « Colt walker ». Ce n’est pas le dessin qui m’a rebuté car je l’ai trouvé approprié à l’histoire mais le scénario de Yann truffé de mauvais clichés qui m’a complètement désolé !
Bon, j’arrête là… si vous voulez lire un bon western : allez plutôt feuilleter les excellents « Wayne redlake », « Trio grande », « On a tué Wild Bill », ou encore le récent « Après la nuit » !
Le titre de cette bd me fait furieusement penser au film de Sergio Léone « Il était une fois en Amérique ». La comparaison ne s’arrête pas là puisque ce long métrage et la série abordent tous les deux une des périodes sombres de l’histoire du pays concerné.
En effet, « Il était une fois en France » raconte le destin de Joseph Joanovici, un immigré juif roumain qui bâtit sa fortune avant et pendant la seconde guerre mondiale.
J’avais beaucoup de méfiance avant de me lancer dans ce premier tome car les précédentes séries de Fabien Nury m’avaient assez déçu dans l’ensemble (Je suis légion et W.E.S.T) et parce qu’un tel titre me paraissait arrogant. Ce fut le contraire !
J’ai été littéralement captivé par cette histoire inspirée par ce personnage réel, je dis bien « inspirée » parce que les auteurs attirent l’attention des lecteurs sur des passages de fiction dans la préface du livre.
Je ne le cache pas : j’aime les récits historiques surtout quand un conteur a le talent de rendre attachants les personnages qui ont réellement vécu qu’ils soient héros ou criminels voire même les deux à la fois. J’aime l’histoire aussi quand un récit met en scène un personnage qui a eu une vie cahoteuse et qui a beaucoup marqué son époque.
Tout cela, je les retrouve dans « Il était une fois en France » !
Certes, la bd, même si elle a eu le don de me captiver du début à la fin, possède quelques défauts dont le principal est de compliquer un peu le récit en permutant/narrant plusieurs périodes de la vie de Joseph Joanovici. Le tout donne une histoire assez dense qu’il faut absolument s’accrocher.
Le dessin de « Il était une fois en France » a été confié à Sylvain Vallée, un auteur qui a repris la série Gil St André. J’apprécie beaucoup sa représentation de ses personnages dont le lecteur peut facilement les différencier d’un coup d’œil. Ses cadrages ne sont jamais très spectaculaires mais ils ont l’avantage de faciliter la compréhension des scènes. Sa mise en page est correcte.
« Il était une fois en France » est une bd qui est bien partie pour être une série historique captivante et intéressante. Elle met en page des personnages réels qui semblent avoir eu des destins riches, qui ont marqué leur temps par leurs bonnes actions et aussi par leurs coups bas (surtout pendant l’occupation !). Une série à suivre absolument pour tous ceux qui apprécient l’histoire de France d’autant plus que le récit est assez touchant !
Cette série, par son format, sa qualité de reliure qui respire le luxe, sa mise en couleurs réalisée à l’aquarelle, m’a intrigué pendant longtemps sans que je puisse la feuilleter… c’est chose faite désormais mais j’en suis ressenti un peu déçu de cette lecture.
« Le Maître de Ballantraë » est, à l’origine, un roman de R. L. Stevenson, le « père » du célèbre « L’île au trésor ». Cette adaptation bd a été réalisée par Hippolyte qui y impose son style très personnel.
Ce récit nous conte la rivalité entre deux frères dans le Royaume-Uni (plus précisément en Ecosse) du XVIIIème siècle. Le royaume est en proie à une crise politique entre le prince Charles et le roi George. Afin que sa famille sorte grandie de ce conflit aussi bien en cas de maintien ou de renversement du pouvoir en place, un aristocrate décide d’envoyer un de ses deux fils guerroyer avec le prince Charles, ce sera James… Bien des années plus tard, le prince Charles est définitivement écarté du pouvoir, James en revient disgracié et en veut à Henry, son frère, qui le tient pour responsable de son malheur… Ce sera le début d’une lutte interminable entre ces deux hommes.
A travers la rivalité entre James et Henry, c’est en fait un combat entre le bien (Henry) et le mal (James) que l’auteur met en scène dans son histoire. C’est aussi grâce au tempérament de feu de James que le lecteur va voyager aux quatre coins de la terre, ce qui en fait un véritable récit d’aventure.
Si je n’ai pas vraiment adoré, c’est parce que j’ai du mal à croire qu’un personnage comme James haïsse à ce point sa famille et c’est aussi parce qu’il y a énormément d’évènements qui ne sont pas explicités dans ce récit (le séjour en Inde, l’entrée dans l’espionnage, comment James a découvert le lieu d’exil de sa famille, etc…). De plus, certaines séquences me sont apparues longues, d’autres trop courtes, j’ai eu le sentiment que l’auteur n’avait pas su gérer le tempo ou reconnaître les scènes les plus importantes. Le tout donne une histoire où je me suis par moments ennuyé devant les élucubrations familiales et par moments enthousiasmé devant les péripéties aventureuses de James.
Graphiquement, je ne peux que saluer le style très personnel d’Hippolyte où l’encrage n’existe pas et où la mise en couleurs faite à l’aquarelle m’est apparue très belle avec ses changements de tons selon l’intensité dramatique des séquences. Par contre, je lui reproche de ne pas avoir rendu ses personnages principaux plus expressifs.
Finalement, c’est vraiment deux très beaux tomes que nous proposent Hippolyte par son graphisme très personnel qui adopte une mise en couleurs très réussie, et les éditions Denoël Graphic qui leur ont donné un aspect luxueux. Quant au récit proprement dit, je n’ai pas été convaincu par la logique des événements et par la narration adoptée (tantôt les séquences me sont apparues trop longues, tantôt les scènes m’ont semblé trop courtes).
Néanmoins, globalement, « Le maître de Ballantraë » est une lecture que je vous conseille non seulement à cause de sa beauté graphique mais aussi parce que les personnages principaux sont, à mon avis, assez attachants.
Bien avant Sillage, le duo Buchet/Morvan s’est fait connaître dans le monde de la bd en réalisant « La quête des réponses ». Cet album est composé de courtes histoires humoristiques sur le monde d’héroic-fantasy. A l’origine, ces récits étaient publiés dans le magazine spécialisé dans le jeu de rôles « Dragon », Delcourt a eu l’excellente idée de les réunir pour concevoir cet album.
Il est intéressant de constater qu’à cette époque (milieu des années 1990), Philippe Buchet avait déjà un sens dynamique du cadrage et de la mise en page ! Le lecteur pourra également remarquer la présence dans ces pages d’une sublime créature de rêve sous les traits d’une elfe qui posera les bases physiques de la célèbre Nävis de « Sillage ».
Les personnages et les monstres (même les animaux !) présentent des attitudes assez expressives, au fil des récits, les héros deviennent de plus en plus attachants.
La mise en couleurs est correcte même si ça sent les premières prémices d’un logiciel informatique au vu des dégradés lisses utilisés. Toutefois, l’ambiance est bien rendue et les tons flashys sont quasiment absents : c’est déjà ça !
Dans l’ensemble, le traitement graphique m’est donc apparu convaincant.
Le thème de la bd est assez original puisque les auteurs tentent de nous apporter avec humour des réponses aux questions que chaque rôliste doit se poser par moments. Je dois vous avouer du plaisir à lire « la quête des réponses » car les récits abordent des thèmes variés et parce que le tout que ce soit au niveau des personnages que des scénarii m’a semblé très sympathique à feuilleter. Quant au comique employé, je ne l’ai pas trouvé hilarant mais la plupart j’avais tout de même le sourire aux lèvres.
Finalement, « La quête des réponses » est pour moi le genre de bd d’héroic-temps qu’on relit de temps en temps pour se délasser. Les courts récits sont suffisamment variés pour que le lecteur n’éprouve pas un sentiment d’ennui pendant la lecture. L’humour employé dans cette bd est léger, sympa, sans plus… Le dessin très dynamique et assez expressif de Buchet m’est apparu bien adapté aux différentes histoires. A lire de temps en temps pour se divertir…
En réalisant « Mattéo », Jean-Pierre Gibrat ne cache pas ses penchants sur la guerre. Ça tombe bien parce que je les partage !
Le récit nous conte le destin de Mattéo, un jeune espagnol vivant en France (dans les landes). Nous sommes en 1914 et Mattéo est secrètement amoureux de Juliette, cette dernière a été recueillie par une famille bourgeoise, les Brignac, propriétaire de terrains vinicoles qui emploie d’ailleurs Mattéo.
Lorsque la guerre éclate, Mattéo, par sa nationalité hispanique n’est pas mobilisé et c’est tant mieux parce que sa famille est hautement pacifique. Ce n’est pas le cas pour Guillaume de Brignac qui est aussitôt envoyé, fier de lui, au front en tant qu’aviateur.
Au fil des jours, Mattéo va se culpabiliser de plus en plus de ne pas avoir rejoint les rangs de l’armée… ce remord, il va l’avoir en constatant que Juliette prendra de plus en plus d’affection pour Guillaume de Brignac, ce « jeune homme courageux, ce héros qui combat pour l’honneur de la patrie »…
C’est un récit engagé, un plaidoyer contre la guerre et la bêtise humaine que nous propose Jean-Pierre Gibrat… et ce n’est pas fini car, apparemment, l’auteur va emmener son personnage principal à travers toute la première moitié du XXème siècle en quatre tomes.
La trame de ce récit est très classique puisque le lecteur suivra certainement l’affrontement (à distance ?) entre Mattéo et Guillaume de Brignac pour conquérir le cœur de Juliette. Pour ma part, ce n’est pas ce sujet qui m’intéresse dans cette bd même si les protagonistes (et les « seconds rôles ») me sont apparus attachants (comme d’habitude chez Gibrat, l’héroïsme est… craquante !).
En fait, ce qui fait –à mon avis- le véritable intérêt de cette histoire, c’est qu’elle nous emmène à travers les hauts faits de cette époque en France et peut-être même ailleurs. Rien que pour ça, je pense que cette nouvelle série de Jean-Pierre Gibrat sera plus intéressante sur le plan historique que « Le sursis » et « Le vol du corbeau » du même auteur. Dommage que l’auteur ait cru bon de caricaturer les bourgeois en méchants et les paysans en gentils… mais -je le répète- ce n’est pas ce sujet qui me fait passionner pour cette histoire.
Graphiquement, c’est du… Gibrat, je veux dire par-là que les lecteurs retrouveront le même dessin que dans « Le sursis » et « Le vol du corbeau » (collection « Aire libre ») : même personnages (seuls les noms changent), même mise en couleurs, même décors (sauf pendant les scènes de combats bien entendu)… ils ne seront pas dépaysés ! Je pense qu’on ne peut pas reprocher à Jean-Pierre Gibrat de ne pas faire évoluer son dessin tellement c’est beau et maitrisé ! Bref, graphiquement, c’est du grand art !
Il est à noter que le papier des éditions Futuropolis rend les tons de cette bd plus granuleux, moins nets et moins brillants que ceux reproduits par la collection « Aire libre » (éditeur « Dupuis »), c’est assez curieux puisque les couleurs ont tendance à dépasser le bord des cases et le crayonné est visible par endroits, mais ça reste très beau à contempler !
Etant fan de récits historiques, je me réjouis du fait que Jean-Pierre Gibrat réalise une épopée où ses personnages principaux vont apparemment traverser la première moitié du XXème siècle. C’est cet aspect qui m’intéresse dans « Mattéo » loin devant la passion du héros pour Juliette et sa rivalité avec Guillaume de Brignac.
Et comme j’aime beaucoup le dessin de Jean-Pierre Gibrat, je ne demande qu’une chose : vivement la suite !
Au vu des excellents avis sur cette série de la majorité des internautes, j’avais à cœur de découvrir « V pour Vendetta » d’autant plus que sa version cinématographique venait de sortir. Ma lecture soulève plusieurs remarques :
Premier constat : Le dessin et la colorisation me rebutent beaucoup, je pense même qu’une version noir et blanc de cette série aurait plus préférable à cette mise en couleurs « démodée ». En l'état, le trait de David Lloyd n’est pas assez lisible pour moi.
Deuxième constat : Je n’aime pas le début. Il y a trop d’invraisemblance dans le scénario. Pour exemples, je ne comprends pas pourquoi l’Afrique est la cible de plusieurs bombes atomiques, est-ce que des terroristes se sont amusés là-bas ? Je trouve bizarre aussi que les habitants de Londres ne soient pas irradiés malgré l’explosion d’une bombe à proximité de cette capitale, de même que la ville n’ait pas été plus atteinte par la hausse des eaux comme dans le reste de l’Europe… je suis conscient qu’Alan Moore a fait cette introduction de cette façon pour planter le contexte mais je trouve tout de même très dommage que ce début soit irréaliste.
Troisième constat : Je n’aime pas les longues séquences « théâtrales » pour démontrer l’horreur et les travers d’un régime totalitaire, c’est vraiment surréaliste de voir que « V » ait pu reconstituer tout seul des énormes décors sans se faire dévoiler…
Quatrième constat : Je déteste « V ». A un moment de l’histoire, un personnage clé de la série lui dit en gros qu’il en a marre de ses devinettes… j’ai eu ce même sentiment à la différence près que je l’ai ressenti pratiquement dès le début de ma lecture au point de vouloir tourner les pages à la va-vite pour revenir au cœur de l’intrigue.
Pour conclure, je ne pense pas que je m’étais vraiment préparé à la lecture de ce comics. Je m’attendais à découvrir un triller sur fond d’espionnage avec beaucoup d’action, j’ai finalement lu une BD qui met le lecteur en garde contre le fascisme, les extrêmes en mettant en scènes de nombreuses séquences de tension psychologique. Personnellement, j’aurais adhéré à ce scénario si ces séquences avaient été suffisamment réalistes, ce ne fut pas le cas… dommage !
Premier album des carnets de Joann Sfar, « Harmonica » n’a pour seul objectif de la part de l’auteur que de nous faire partager sa passion pour la musique et en particulier pour l’harmonica.
N’allez pas croire que cette lecture est inintéressante, bien au contraire ! Car Joann Sfar nous dévoile les petits et nombreux secrets sur l’harmonica, et surtout, il nous fait partager avec plaisir son grand amour sur les instruments de musique en général. Ainsi, on découvrira au fur et à mesure de la lecture son attirance de plus en plus forte pour l’ukulélé initié en grande partie par son ami et compère Lewis Trondheim. Et puis, Joann Sfar a une façon tellement désinvolte et amusante de raconter ses aventures que j’ai pris énormément de plaisirs à lire ce petit carnet.
En dehors de ses diatribes sur l’harmonica, l’auteur nous fait partager aussi ses petites habitudes quotidiennes en particulier avec Tautmina, sa petite fille, il nous invite également à participer avec lui aux divers festivals (bd et animations) qu’il a pus aller. Ces séquences me sont apparues sympas à découvrir d’autant plus qu’elles permettent de mettre une parenthèse bienvenue aux scènes où il nous explique comment fonctionne un harmonica.
Sympa, convivial et distrayant : voilà les mots qui me reviennent à la lecture d’ « Harmonica ». Sans être un indispensable des carnets de Joann Sfar, cet album vous fera passer un bon petit moment de détente.
Elu "meilleur album de l'année" au festival d'Angoulême 2008, "Là où vont nos pères" est une bd qui nous conte le voyage d'un immigré. Celui-ci va quitter les siens et son pays pour s'installer (et surtout, trouver du travail) dans une contrée totalement étrangère à sa culture et à tout ce qu'il a connu.
La première chose qui m'est venue en finissant cette lecture, c'est le mot : "intelligent".
"Intelligent" car l'auteur, Shaun Tan, à mon avis, a eu la pertinence de créer un univers imaginaire, fantastique dans lequel aucun lecteur ne pourra affirmer que "Là où vont nos pères" est une autobiographie réelle d'un immigrant. Il y a une volonté forte de la part de Shaun Tan d'éviter la confrontation d'idées avec l'actualité et les sujets polémiques sur l'immigration.
"Intelligent" car le lecteur découvre en même temps que le héros les découvertes et les difficultés à s'adapter dans ce pays d'accueil. Ainsi, dans cet album, les écrits (et donc, la langue) sont représentés par des hiéroglyphes imaginaires (et par conséquent, incompréhensibles !) comme lorsque le héros reçoit des documents de la part des autorités ou lorsque celui-ci se balade dans la ville avec la présence de noms d'enseignes extraterrestres !
De plus, la faune, la flore, la technologie employée et autres sont complètement dépaysants !
En conséquence, j'ai eu l'impression de vivre en temps réel les péripéties de notre héros comme un étranger l'accompagnant !
"Intelligent" car le trait de Shaun Tan et sa bonne faculté à mettre en page son récit ont réussi à me retransmettre la découverte (la bd comporte de somptueux plans larges où le lecteur pourra contempler l'environnement dans lequel évolue le héros) et à me procurer des émotions (notamment, quand le héros quitte son pays natal. Les gros plans sur les personnages y sont, dès lors, légions).
Toutefois, je dois reconnaître que l'absence de dialogue m'a tout de même déconcerté. J'aurais préféré découvrir quelques onomatopées afin de renforcer, par exemple, l'ambiance urbaine dans laquelle évolue le personnage principal.
Cependant, ne soyez pas rebutés par cela car cette bd m'est apparue très plaisante à lire, notamment parce que le récit comporte des scènes très poétiques et intimes qui ont su me toucher, et parce que le thème de l'immigration est très intelligemment traité.
A découvrir absolument !
Quitte à choquer les inconditionnels de Gibrat, j'ai a émettre plusieurs critiques: le scénario du vol du corbeau n'est pas bon il est même ennuyeux. Il n'y a pas beaucoup d'action.D'autre part les dialogues sont pauvres au niveau de la langue française, et n'apportent rien au récit. Rien de brillant.L'auteur semble s'appesantir pour décrire certaines situations comme si l'inspiration lui avait fait défaut.
( la prison, les toits )
Le personnage de jeanne comme celui de Cécile, est bien dessiné , mais est ce que ça suffit pour en faire un album intéressant?
Reste la couleur , la palette, ici encore Gibrat produit un album bien en retrait par rapport au Sursis, certaines cases sont carrément bâclées au niveau couleur.
( cf. page 50 tome 2 le train,page 56 tome 2 les soldats et la neige )
Le sursis avait fait naitre certains espoirs
de voir un illustrateur s'approprier la palette d'un CARL LARSSON, on en est loin.
Gibrat n'a pas donné a son ambition l'exigence qu'elle mériterait.
Je trouve au contraire le scénario très bon, plausible vu la demande de sensationnel de la télé.
Le personnage de Vince Hummer est une trouvaille (va-t-on le revoir dans la série ?). Des points de vue contradictoires sur le Dakar sont bien exposés, la controverse amène de la tension et correspond bien aux critiques qu'on peut faire de l'évolution de cette épreuve. Très sympa à lire, et très instructif.
Malgré toute l'admiration que j'ai pour Cosey, j'ai eu du mal à me passionner pour cet album.
Sans doute à cause du format (4 histoires courtes) qui frustre le lecteur que je suis. (Je suis en effet beaucoup plus friand de romans que de nouvelles).
En outre j'ai la nette impression que le dessin m'a paru beaucoup moins abouti qu'à l'accoutumé, comme si Cosey avait été pressé d'achever son album.
Quant aux histoires, elles ne m'ont guère touchée hormis sans doute "Sur l'île" (ah l'amour de la lecture !) où l'on retrouve l'atmosphère calme voire reposante propre à l'univers de Cosey.
Cet album se lit vite, trop vite et c'est d'ailleurs ce qui m'avait rebuté de l'acheter à l'époque.
Bande dessinée à emprunter.
|
Les plus prolifiques :
Coacho (475) .
herve (370) .
yannick (352) .
Quentin (185) .
yvan (160) .
okilebo (122) .
Pierre-Paul (107) .
Lef' (105) .
cycy (103) .
alban (96) .
FatalJack (95) .
Sep (86) .
bretwalda (78) .
eddy (71) .
Nathan (65) .
le régulateur (64) .
goodcarma (59) .
Jean Loup (52) .
Ronny (50) .
Kieran (50) .
|