Un sujet particulièrement difficile abordé ici par, une fois n’est pas coutume, un homme.
Olivier Ka se délivre d’un poids, d’un démon, celui de l’acte de pédophilie dont il a été victime… L’odieux, l’indicible, l’inacceptable, raconté par un duo brillant.
A la première personne, et avec une voix off lancinante, on est captivé rapidement par l’ambiance de ce récit autobiographique au point de ne plus pouvoir lâcher le livre avant de l’avoir fini. J’ai parfois eu peur que cette fascination ne soit qu’un voyeurisme mal placé mais non, c’est bien l’inquiétude, la compassion, l’empathie, la révolte, et le désir de voir comment Olivier arrive à supporter tout ça qui nous étreint…
Le tout est magnifiquement mis en image par Alfred. Magnifiquement au sens de la puissance, non pas de la facilité et de l’esbroufe.
L’extrême complicité des deux auteurs a sûrement grandement contribué à cette osmose frissonnante mais il y a aussi ce mélange de pudeur, de pardon, de résignation et d’amour qui prend aux tripes.
Ceci étant, il manque un petit truc pour que ce soit la grande baffe. Et peut-être est-ce dû au fait d’avoir confié son histoire à Alfred qui est responsable de ce sentiment ?
Là où Neaud révolte, ou Raphaël Terrier ((A)mère) percute, où Corbeyran et Amélie Sam (Elle ne pleure pas elle chante) envoûtent, Olivier Ka et Alfred arrive à toucher mais sans nous bousculer. Mais que cela ne vous empêche pas de lire un des plus touchants albums de l’année.
Connaissez-vous l’auteur, entre autres, des fameux Carroulets ?
Non ?
Voilà une lacune qu’il vous faudrait combler d’urgence.
D’un humour aussi fin que grinçant, Tofépi est en passe de devenir un monument d’un genre dévoyé par trop de livres médiocres.
Poco Woki est un petit indien qui décide de partir à la chasse. Et, bien entendu, rien ne va se passer comme il le croyait et cela va déclencher une cascade de situations improbables et hilarantes.
En chapitres très courts de 3 ou 4 pages, dont chacune se présente en gaufrier de 12 cases, Tofépi va nous imposer une rythme ébouriffant pour un récit d’une drôlerie jubilatoire.
Fait de non-sense, d’absurde, de grotesque, un pur délire dans le choix de la galerie de personnages, une iconographie impeccablement choisie, l’histoire de ce petit indien ne vous laissera pas indifférent, je m’y engage. Exceptionnel.
Découverte pour moi de cette jeune femme de 30 ans qu’est Peggy Adam.
En mettant en scène ses personnages, elle va nous emmener sur les pistes de ses propres réflexions sur le devenir d’une presque trentenaire, quand la vie vous place devant des moments clés.
Marie et Véra vivent une vie animée, parfois un peu dissolue, et leur entourage, Paul, Joao, Josie et les autres, sont autant de repères en mouvement qui n’aident pas à la stabilité désirée et effrayante à la fois.
Le chemin est quelque peu chaotique et le lecteur est souvent déstabilisé. Ca manque un peu de liant mais c’est aussi le fait d’une certaine forme d’angoisse qui est ainsi bien rendue.
Tout en bichromie, Peggy Adam va a l’essentiel, même si parfois, elle s’organise de façon un peu maladroite. Quoi qu’il en soit, il y a un fort potentiel et cet album ne sera à prendre en considération que dans l’ensemble des quatre saisons qui composeront l’intégralité de l’histoire. A découvrir…
Sentiment étrange après la lecture de cet album. Un sentiment mitigé, qui balance entre enthousiasme et déception.
Le contexte de l’histoire, si je dois en écrire 2 mots, est celui d’un joli gîte du Roussillon dans lequel 5 amis vont se retrouver pour 4 jours à regarder une éclipse.
Durant ce séjour, quelques règlements de comptes auront lieu, conséquence d’un cap des 35 ans difficile à négocier pour chacun d’entre eux.
Tromperies, trahisons, déceptions, peurs, solitude, alors qu’ils ont tout pour être heureux, le questionnement existentiel qui les ronge les pousse tous à la faute…
Tout d’abord, l’intérêt de cet album est principalement de trouver 2 auteurs qu’on a l’habitude de lire sous un autre genre. Le Joe Bar Team pour Fane, et les 500 idées pour glander au bureau de Jim par exemple.
Là, dans un récit plus sérieux, intimiste, dans le genre en poupe qu’est le « roman graphique », on veut voir ce qu’ils ont dans le bide.
Une intro avec les 2 auteurs nous apprend qu’ils ont travaillé à 4 mains, créant chacun 3 personnages et leur donnant vie avec des pensées qui leurs sont intimes.
On sent ainsi une sacrée vitalité chez ces personnages animés des sentiments de leurs créateurs qui se servent de tout ça comme d’un immense défouloir.
300 pages très rythmées qui passent par un panel d’émotions fortes… L’amour, la culpabilité, la colère, la rage, le fou rire, tout ce qui fait le ciment d’un groupe d’amis qui se connaissent depuis longtemps…
On sent bien la dérive de certains comme l’hyper protection des autres… Tout cela fait un chaos sentimental rugueux et explosif.
On comprend ce qui amène Jean-Pierre à ce qu’il fait ce week-end, sa lâcheté aussi, mais on comprend moins d’autres personnages.
Des scènes de flash-backs sont plus fluides que d’autres (Dominique aux alentours de la page 190) et d’autres sont vraiment confuses (pour ajouter au chaos mental du personnage ?).
La scène de la diseuse de bonne aventure est une bonne excuse pour une sorte de confrontation finale mais rompt avec le charme et le déroulement du reste du récit.
Je n’ai pas été trop friand de cette partie même si elle réserve des moments poignants et hilarants. La présence d’Hubert n’y est d’ailleurs pas étrangère !
Par principe, je râlerai sur un peu d’orthographe, ça me choque toujours autant. Exemple 1° case de la page 38 où on goinfre le « d » de « furibond », massacrant au passage Adamo !
Pour le reste, j’ai été plutôt fan.
Un dessin dynamique, des plans vraiment très jolis, de vraies gueules prenantes, les auteurs nous ont régalé. Et comme quoi on peut jouer sur un dessin semi-réaliste et faire passer des émotions. Le découpage est fluide et on ne voit pas passer le week-end.
Ca va vite, c’est prenant, et on passe de spectateur à acteur de cette tranche de vie qui contient assurément des bouts de nous. Le lecteur se sent ainsi complice de situations qu’il aura déjà vécues mais la dédramatisation de l’ensemble, pourtant parfois tragique, permet ce recul nécessaire et confortable pour apprécier le bouquin de bout en bout.
Comme toute tranche de vie, elle commence sans vrai début, et finit sans vraie fin.
C’est ce qui fait le charme et la frustration du genre.
Alors quoi ? On s’emballe pour le côté road-movie statique ou on s’éteint pour le roman un peu inutile qui traite de sujets sans vraiment les approfondir ?
De nature optimiste et enthousiaste, je vote pour le bon moment passé avec JP, Dom, Hubert, Isa, Jan et Héléna pendant 300 pages que je n’ai pas vu passé. Un chouette album.
Les albums de Michel Rabagliati sont des petites bises d’air frais qui balayent nos fronts plein de sueurs en été… D’une plume légère et d’un ton frais, il nous promène dans les recoins de Montréal avec une presque insouciance délicieuse.
Des souvenirs d’enfance aux recettes de cuisine, des travaux de rénovations au sport, nous sommes spectateurs d’éléments simples de la vie mais toujours justes…
C’est très légèrement suranné mais jamais désuet…
Les bloopers de fin d’album sont très drôles et le tout confirme que la série Paul est une très grande série.
Ah, c’est toujours un grand plaisir de retrouver Paul.
Pour ce 5° album, l’auteur nous invite à suivre Paul lors de vacances en famille à la … pêche !
De petites saynètes qui s’entremêlent, Rabagliati va encore faire étal de toute sa classe et nous offrir de vraies bouffées de purs sentiments.
Avec grâce, il parvient toujours à jouer de cette corde sensible qu’est la nostalgie tout en gardant une immense pudeur. Des flash-backs personnels qui cependant touchent de manière universelle chaque lecteur.
Il n’hésite pas à titiller les travers de son entourage mais avec une tendresse qui fait mouche.
Au détour du livre, et à sa toute fin, une allusion à une grossesse délicate ne pourra pas vous laisser insensible et vous trouverez sa conclusion vraiment habile… Encore un très grand livre. D’un point de vue personnel, j’ai été moins touché par cet album que par « Paul a un travail d’été » mais là, on entre dans des considérations de lecteur gâté !
Que cela ne vous empêche pas de découvrir un album riche, tendre, drôle, émouvant et d’une grande délicatesse.
Cet album est le premier de Michel Rabagliati en tant qu’auteur de BD.
Dans cette introduction à une série qui comporte pour l’instant 4 tomes, l’auteur nous conduit sur les chemins de son enfance, chargée de souvenirs aussi bons que difficiles.
Dans un habile numéro de flash-back, il transpose ces éléments et évènements riches en émotions par ce qu’il imagine que son enfant traversera à son tour.
Grâce à un ton qui lui est propre et unique, Rabagliati va arriver à nous bercer de situations qui pourraient immédiatement sombrer dans l’inintérêt le plus total ou, pire, dans la mièvrerie guimauve.
Mais non, il responsabilise le lecteur en même temps qu’il se responsabilise lui-même et nous offre un plaisir de lecture rare, riche, émouvant, drôle. Un cocktail qui me plaît, et qui est réussi.
Le trait fin et essentiel de Rabagliati n’est jamais dans l’excès ni la duperie et confirme qu’une bonne bande dessinée est une alchimie difficile dont seuls certains auteurs parviennent à maîtriser les ingrédients. Michel Rabagliati est de ceux-là.
Si je tenais à chroniquer cet album, c’est plus sur l’aspect graphique que pour le fond de l’histoire en elle-même.
Même si l’humour gore, l’horreur à la sauce thriller de Léturgie contient trop de clichés et de poncifs pour réellement passionner le lecteur.
Pourtant, l’album reste de bonne facture et fait passer un bon moment mais non, vous ne tenez pas le chef-d’œuvre du genre en le lisant !
Mais c’est plutôt du côté de Richard Di Martino qu’il faut loucher et se rendre compte de sa progression depuis Malek Slimane !
Gestion du mouvement, composition des cases, gestion des décors, le dessinateur se lâche, se sent à l’aise avec ses personnages et ça se ressent du côté du lecteur.
Alors voilà, à vous de juger finalement !
Le retour de Nic le barbare de la Cité ! Comme à son habitude, le petit Oumouk se trouvera là où il ne faut pas et payera le lourd tribu de la responsabilité d’émeutes citadines.
Cela lui vaudra un peine d’intérêt général dans un environnement terriblement hostile : la campagne. Il sera alors confronté à de redoutables créatures et il lui faudra dominer sa peur et accessoirement grandir !
Pris en tutorat par André Grimbeyroux, il va découvrir les joies de la vie en province.
Etrange livre qui se déroule pourtant sur un fond social sinistre mais qui est parfois à la limite de la farce. Enchaînement de calembours et de situations gaguesques qui pourraient nuire à l’ensemble mais c’était sans compter avec le talent de Manu Larcenet.
Il se permet de nous emmener dans une sorte de complot affairiste délirant sans que ça sombre dans le grotesque et arrive à nous faire rire en maîtrisant son rythme de narration.
A noter la plus que sympathique présence de l’ami Ferri qui prête son crayon pour plusieurs personnage et tout ça sans que l’ensemble ne se dépareille.
Un bon moment de rigolade dans une France qui, décidemment, a peur !
Décidément, ce duo là est bien plus à l’aise avec la petite Nävis qu’avec Spirou.
Le costume est à leur taille et le scénariste prolifique est dans son élément.
Tout part encore d’une intrigue mince comme du papier à cigarette et, comme d’habitude, tout est lâché dans un rythme ébouriffant qui tient des meilleurs dessins animés.
C’est beau, enjoué, drôle, gentil et même si le but n’est pas de donner une profondeur particulière au caractère de leur personnage phare, ça éclaire tout de même sur les comportements futurs de toute la clique de la série mère.
Le trait de Munuera, dont je suis de toute façon fan, est délié, gras, plein de courbes, de vitesse. C’est vraiment superbe ! La petite Nävis est magnifique, craquante à souhaits.
Elle est bien cette série jeunesse !
Et voilà donc comment se conclue l’histoire trouble et troublante de Gabriel de la Serna.
Une histoire qui nous plonge dans cette dictature sandiniste violente qui réprime tout sentiment, toute idée, qui brise toute velléité et tout rêve.
Difficile de croire, de grandir, de s’élever dans un environnement aussi hostile.
Entre la fuite de la réalité et la volonté de se réaliser quand même, les personnages vont s’entrechoquer et rien ne laisse jamais indifférent. On ne sort pas indemne d’une telle leçon de bande dessinée.
C’est dû évidemment à un scénario de très grande qualité, où tout est bien campé, de l’environnement politique à la situation géographique en passant par les caractères des personnages. Mais c’est aussi le résultat inouï de la qualité de la mise en scène d’Emmanuel Lepage qui nous offre des planches d’une beauté proprement hallucinante.
Chaque page est le résultat d’un travail minutieux et le choix des ses couleurs est toujours parfait, toujours idéal pour souligner l’intensité de l’instant ou la force d’un sentiment.
On ressent la moiteur tropicale de la forêt, on ressent la peur des protagonistes traqués, on est plongé dans la même excitation des moments intenses, ou bien troublés par les même pulsions sexuelles que ces mêmes personnages ressentent…
Un époustouflante leçon graphique qui est au service d’une histoire forte et complète, qui permet d’aborder un grand nombre de thèmes aussi disparates que la création, la dictature, l’homosexualité, le meurtre… Tout d’une parfaite fluidité et d’une cohérence qui est al marque des grands.
Et derrière tout ça, un message fort, une conclusion idéale… L’espoir…
Diptyque à lire de toute urgence.
Déjà le 3° volume des aventures de Marzi, la petite polonaise.
Toujours composé d’anecdotes qui vont de la plus futile de l’enfance à la plus lourde du climat politique de cette Pologne étouffée et étouffante, cet album marque plusieurs signes dans l’histoire de Marzi.
Même si le ton est toujours le même, et quel plaisir de jouer de la naïveté d’une enfant pour mieux souligner les incohérences d’un régime dictatorial, il s’affine de façon très sensible.
Marzena Sowa se sent plus à l’aise, plus en confiance, et donc en confidences, et nous livre des saynètes touchantes, belles, profondes à la fois, avec un talent de mieux en mieux maîtrisé.
Sylvain Savoia est lui aussi de plus en plus à l’aise et pourtant, c’est un dessinateur chevronné.
Je suis personnellement sous le charme constant de Marzi qui atteint une plénitude plaisante à lire. J’espère que vous partagerez mon enthousiasme.
J’aime quand ce genre de petit miracle se produit…
Lou, c’est d’abord l’histoire d’une magnifique petite fille blonde qui est une enfant de famille décomposée. Une petite fille qui a la tête bien sur les épaules et qui doit prendre en charge sa maman, dépassée par sa vie et dont les attitudes puériles tranchent avec la grande maturité dont elle fait preuve.
Dans ce 3° tome, Julien Neel nous emmène à la période charnière de chaque individu, de chaque enfant : l’adolescence…
Je ne me pose même plus la question du sexe de l’auteur même si le fait qu’un homme parle en ces termes de ces moments là me paraît merveilleux de justesse…
Julien Neel a une petite fille, mais elle n’a pas l’âge de Lou, et on peut se douter que ce papa poule transpose ses angoisses, ses pensées, ses idées, ses craintes, ses peines et ses joies, dans son personnage de papier…
Lou me semble être une sorte de personnage dont l’origine est l’enfance même de l’auteur, puis de sa proche famille, puis de son épouse, et est le résultat de projections qu’ils doivent évidemment faire… Mais bon sang ce que c’est beau, doux, tendre, et juste !
Petite fille fragile et forte en même temps, perdue dans ses sentiments en permanents mouvements, Lou va voir sa mère devenir heureuse et amoureuse, tandis qu’elle va se perdre, se chercher, douter, pour tenter de mieux se retrouver dans les méandres biochimiques de cette épuisante période de la vie !
Les allégories sont fortes, touchantes, et à chaque fois que Julien Neel s’approche du danger d’un quelconque cliché, il s’en éloigne habilement ou nous fait profiter d’une pirouette d’une grande intelligence et d’une merveilleuse sensibilité…
Les couleurs pastels, le sujet, tout est réuni pour donner dans la guimauve et pourtant, non, ça reste tout simplement cristallin…
Alors bien entendu, je suis peut-être moi-même un peu fleur bleue et le fait d’avoir une petite fille et de m’inquiéter de son évolution joue-t-il un rôle important dans mon appréciation ? Oui… Peut-être… Mais au moins me dis-je que je suis sur la même longueur d’onde de l’auteur et que je me retrouve ainsi bercé parfaitement par le canevas qu’il borde avec cette magnifique série qu’est « Lou »…
J’ai même vu Boulet courir pour aller aux toilettes dans la cour de l’école, c’est dire !
Des planches admirables aux couleurs adéquates, les historiettes se suivent sans être dans le simple gag en une planche classique…
La trame est plus complexe, plus fine, et parfois, à la fin d’une page, même si rien n’arrive, ce qui est décrit prend tout son sens en se révélant à la lumière d’une page suivante qui lie le tout…
J’avoue, lorsque j’ai refermé ce livre, je ne me suis pas endormi tout de suite…
J’ai réfléchi, les larmes aux bords des yeux, à l’enfance qui passe, à ce que nous représentons pour eux et à ce qu’ils représentent pour nous… Julien Neel avait mis en image certaines de mes craintes, et je lui en sais gré…
La planche muette de Lou, qui repasse elle-même sur les points forts de son enfance, que chaque parent s’applique à rendre merveilleux pour son enfant, est un truc qui m’a complètement frappé au cœur…
Enfin, je vais arrêter de m’épancher plus que de raison sur cet album parce que je ne voudrais pas tourner mièvre ! Mais lisez Lou, c’est vraiment le monde magique de l’enfance rendu au public en toute simplicité et en grande sensibilité… Magique !
Cet album était attendu de pied ferme par la meute des lecteurs charmés par le premier tome de Vanyda. Que pouvions-nous espérer de plus sans sombrer dans la redite ?
Et bien Vanyda, en jeune femme sereine, nous répond en nous offrant un récit parfait dans la continuité. On prend les mêmes et on recommence ? Non… C’est mieux ! On évolue.
On en apprend plus sur ces gens comme tout le monde, qui ne vivent rien d’autre que c que nous vivons tous.
Bien entendu, il faut savoir tout d’abord faire preuve d’abstraction et s’extirper de la comparaison dite « à soi »… ça finit par faire dire que c’est facile et que chaque banal mouvement que nous faisons peut être l’objet d’une aventure de 200 pages.
Ensuite, il faut savoir apprécier l’extrême difficulté pour tout narrateur de conter le quotidien, dans ce qu’il a de plus plat et de plus subtil, sans ennuyer, et savoir relever ces parcelles d’intérêt que comportent toutes nos vies.
Vanyda sait faire tout ça et, sans juger, sans prendre partie, sans donner plus d’affection à l’un ou l’autre de ses personnages, sans se mettre en scène, elle réussi un genre nouveau de biographie fiction vraiment enthousiasmant.
Mais ce n’est pas tout ! Elle ne s’arrête pas en si bon chemin ! quitte à bousculer tous les codes et à tracer sa voie, elle le fait aussi par le biais du dessin.
Résolument inspirée par le trait manga, elle se joue des tics du genre, mets une sauce franco-belge dans son plat, ajoute des décors et développe ainsi un univers qui n’appartient qu’à elle.
C’est épatant.
Les voisins se croisent, leurs histoires s’entrechoquent, leurs destins prennent des tournures inattendues, et tout ce sympathique petit monde est bousculé et pas vraiment épargné par la vie… Comme tout un chacun finalement…
Ceci étant, même si je suis toujours sous le charme, c’est certain, je dois avouer avoir été moins surpris qu’au premier album. C’est parfois ce qui arrive quand de talentueux auteurs banalisent l’extraordinaire ! Bravo.
Lily Love Peacock a eu une vie heureuse mais dissolue...
Fille d’un père très âgé, et plutôt cavaleur, elle n’a pas connu sa mère.
Ce déséquilibre, cette fragilité,cette sensibilité, en plus de sa beauté, vont la conduire au sommet d’une gloire éphémère et superficielle qui lui pèse de plus en plus.
Alors, en quête de mieux, et en quête d’elle-même surtout, elle va vouloir changer sa trajectoire. Et cela devient possible avec une coiffeuse rencontrée en coulisse : Rubis.
Elle va peu à peu se confier à elle et se laisser emporter dans le tourbillon vivant qu’est cette fille sans illusion, mais toujours enthousiaste. Au point même de se laisser convaincre de devenir la chanteuse de son groupe.
Il y a un côté Carla Bruni dans cette histoire de mannequin qui écrit ses textes mais Fred Bernard s’en dédouane aussi habilement qu’humoristiquement.
Reste ainsi la rencontre de deux êtres que tout semble opposer mais que les blessures, vécues différemment, rapprochent…
Tout en mouvement, cet album entrecoupé de textes des chansons écrites par Lily est finalement une suite de chroniques dont l’intérêt majeur est de découvrir la vie de la petite-fille de Jeanne Picquigny, personnage important dans la bibliographie de Fred Bernard.
Je n’ai aucune sévérité particulière à l’encontre de cet album en disant ça mais il est vrai que la multiplicité des albums naviguant des ce genre de sujet fait en sorte que le niveau d’exigence monte peu à peu pour des lecteurs boulimiques comme moi.
Reste de belles ellipses à savourer pour un album somme toute agréable.
Premier album au style très « pub » mais qui lorgne aussi sur le trait de Dupuy & Berbérian, ou de Peyraud.
Passée la couverture flashy dont le orange ou mangue pourrait rebuter, on se retrouve face à un album à la composition pensée longuement et très intelligente.
En effet, on peut suivre l’histoire simultanée de 4 personnages, ou couples, en lisant classiquement le livre de façon verticale, mais aussi de manière horizontale.
Mais non contents de nous offrir cette belle astuce graphique, les auteurs vont nous livrer une chronique du quotidien à trame classique, mais vont jouer habilement su ce qui lie les uns aux autres ces personnages si disparates.
Un très bon premier album que je vous recommande chaudement.
J’avoue n‘avoir jamais été un grand fan des aventures de Spirou mais cette vague de one-shots commencée par Yoann & Velhmann avait rallumé la flamme.
A l’image des Donjon Monsters, je me disais qu’il y avait une possibilité de dépoussiérer le groom et cela avait bien commencé avec « Les géants pétrifiés ».
Mais quand Le Gall présentait son projet, inutile de vous dire que ça tremblait dans les chaumières. Et bien je dois avouer que j’avais peut-être fantasmé le livre et que le résultat ne fut pas à la hauteur que j’avais placé.
Je parle bien d’impression personnelle.
Du point de vue graphique, je n’ai pas grand-chose à dire. Je trouve même que Le Gall offre de jolie trombines à nos héros et, par un découpage rythmé, le tout donne une certaine noblesse. Ceci étant, les spécialistes pourront m’éclairer de leurs lanternes sur le réalisme de la première case. Le pare-brise de la voiture de gauche reflète un immeuble dont la ligne est onduleuse. Il me semble que la courbe du pare-brise est nette et qu’ainsi le reflet de l’immeuble devrait l’être aussi non ? Enfin, trêve de pinaillage !
Maintenant, que serait le meilleur dessin du monde sans une histoire à la hauteur ?
Et bien là, il serait malhonnête de dire que c’est un grand album.
J’ai beau me répéter que c’est d’abord à de jeunes enfants que s’adressent ces albums, je me dis que cette série là est plus ciblée « adultes » et que des trames aussi légères que celle des « Marais du temps » ne devaient pas fonctionner…
C’est léger, mais qu’importe, on peut tout accepter mais bon… le neveu Jean-Eudes qui … enfin… bon… voilà quoi !
A vous de voir mais préparez-vous à quelques regrets cependant… Reste le dessin de Le Gall et l’attente du prochain tome avec Tarrin…
La grande tradition du conte semble être le cheval de bataille de Vehlmann.
Après un très réussi « Dieu qui pue, Dieu qui pète » avec le même ami dessinateur qui mettait en scène des contes africains, voilà partis les auteurs sur les chemins de l’Orient pour cet album enlevé.
Sur un ton très contemporain comme l’ont démocratisé Trondheim et Sfar avec leur série Donjon, Vehlmann se lâche et s’en donne à cœur joie.
Une histoire de conte ultime à trouver pour un concours sert de trame à l’album. Entre prophétie et réalité, les aventures des personnages principaux du livre vont nous offrir des situations liées avec extrême fluidité.
Ca commence par une très belle page N&B qui met dans l’ambiance et ensuite, c’est Pulp Fiction ! Tout se recoupe, s’enchevêtre, avec maestria.
C’est très rythmé, drôle, émouvant, et parfois même érotique, mais cela reste avant tout une très belle aventure comme on aimerait en lire plus souvent.
A noter une paire de fautes d’orthographe qui dénotent un peu mais que cela ne vous empêche pas de vous procurer cet excellent album.
Toujours les mêmes réflexes méfiants à l’égard des productions Bamboo, j’avoue avoir été séduit, pour ne pas dire hypnotisé, par cette couverture d’Arno Monin.
Premier tome d’un diptyque publié dans la collection « Angle de vue », celui-ci nous mène à la découverte d’une campagne française en 1941 et de Simon, petit juif d’une dizaine d’année.
Ce dernier va se heurter à la cruauté déjà naturelle de ses jeunes camarades, mais va aussi sentir monter l’émergence forte de l’anti-sémitisme.
Commence alors pour lui une sorte de fuite en avant pour se protéger de l’horrur que nous connaissons tous.
Loin des pièges qui parsèment habituellement ce genre de récits, Laurent Galandon, nous sert un récit intime et touchant, sans pathos ni sur-émotivité, tout en nuances et subtilité.
Le racisme est présent, le dérèglement des personnalités qui finissent exaltées par une étrange légitimité, puis la souffrance contenue et pudique de Simon, tout est finement articulé pour donner un récit vraiment de très grande qualité.
Le dessin anguleux d’Arno Monin n’est pas sans rappeler celui de Pedrosa, ou d’autres encore, mais a un charme indéniable. J’ai hâte de découvrir le dénouement de cette histoire.
Après un premier tome surprenant, à la couverture mémorable, on s’attendait à une suite passionnante. Et bien non. Soleil a laissé les choses se délayer dans le fadasse, et l’histoire n’a plus rien d’intéressant. C’est une histoire bateau, si je puis dire pour ces pirates, qui utilise du fantastique pour masquer les incohérences du scénario. Je suis d’autant plus sévère que j’avais été enthousiaste pour ce tome introductif paru l’année dernière…
Il reste pourtant de belles pages, de belles cases, mais là aussi, les influences de Michel, aussi nobles soient-elles, ne sauvent pas un ensemble décevant. Dommage.
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